Voler une banque

02/01/2015

Les yeux de William s'écarquillèrent un peu, chassant larme et désespoir de ses traits, remplacés par une agréable surprise. J'esquissai un fin sourire. Mon stratagème fonctionnait, son attention était happée parce mes mains, plutôt que par n'importe quelle pensée fugace et assassine qu'il pouvait bien trouver. Je hochai la tête, et retournai mes mains à plusieurs reprises, avant de lui en tendre une, un peu hésitante.
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- "Non. C'est de la glace, entièrement."
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Je scrutai son visage, pour détailler sa réaction. Ces mains de glace, je les lui présentais avec une certaine fierté. Elles étaient le fruit d'années d'entraînement avec mon don, depuis que nous nous étions rencontrés. Sans lui, je n'aurais certainement jamais découvert que j'avais les capacité de faire des choses aussi extraordinaires. Sans lui, je n'aurais jamais osé imaginer de telles choses, je n'aurais jamais essayé de me dépasser. Je me souvenais encore de nos débuts, où j'étais fatiguée de faire sortir des stalagmites du sol, alors que désormais, je faisais ça d'un claquement de droit. Ma puissance avait au moins quintuplé, et je ne doutais plus de mes capacités à battre William dans un face à face... Si un jour il acceptait de se mesurer à moi, ce qui ne risquait pas d'arriver avant un moment. Je devais lui laisser du temps, pour se remettre de tout ça, se réparer, maintenant qu'il était enfin sorti de sa propre tête. Mais je ne doutais aucunement que, lorsqu'il aurait repris du poil de la bête, lui aussi me verrait comme un nouveau défi. Je passai une de mes mains sur son visage, pour en chasser les dernières traces de larmes, ce qui dut lui faire, manifestement, assez froid aux joues.

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- "Je me suis beaucoup entraîné pour ça. Bon, ça a certaines faiblesses, mais je peux transformer mon corps entier si je veux. "

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J'ouvris les bras avec un air théâtrale.

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- "Je suis un gilet par balle ambulant maintenant," remarquai-je pour plaisanter, avant de froncer les sourcils, et de me dire que c'était de mauvais goût, au vu de la situation, mais que c'était également accidentel. "Je crois. Mais c'est beau non ?"

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Je ne savais désespérément plus comment finir pour rattraper ma bêtise.

03/01/2015

C'était de la vraie glace ?.. Bon poser ainsi la question semblait quelque peu stupide étant donné la nature du don d'Anaïs, mais il fallait dire que la surprise était de taille. William ne pensait même pas qu'il était possible de faire une chose pareille. Ce qui était certain, c'était qu'Anaïs avait sérieusement progressé depuis qu'il la connaissait ! Bien que, dans le temps, ces sculptures en glace étaient fort belles et précises quand elle s'y mettait, ce n'était pas très utile au quotidien. Et cela n'avait strictement rien à voir avec un tel niveau de maîtrise. William savait qu'elle avait été capable de geler le sang d'un estre dans la Boucle de la Tour, mais cela s'était déroulé sous le coup de l'adrénaline après un grand choc émotionnel, à savoir la mort de Louis qu'il allait évité de lui remettre en mémoire. Elle était tombée dans les pommes juste après, quand il l'avait trouvé elle était alors très mal en point... Mais peut-être que la balle qu'elle avait alors dans l'épaule avait eu quelque influence, non ?..

Bref, jusqu'à ce point, il ne s'était pas rendu compte d'à quel point Anaïs était devenu forte. Elle avait grandement perfectionnée son don, et il avait toujours du mal à croire ce qu'il avait devant les yeux. Ce n'était pas une couche de glace, l'image du sentir apparaissait même à travers, déformée. Elle lui toucha la joue avec sa main, et il fut témoin qu'elle était bel et bien gelée. Mais cette glace-là devait avoir une densité énorme si, comme Anaïs le lui apprenait, elle arrêtait les balles. William lui servit un sourire, la bourde à propos des balles lui passant complètement au-dessus de la tête.

"Les balles, carrément ? Et tu peux bouger normalement comme ça ?"

Voilà à quoi elle passait certainement ses après-midi à l'Institut. Au final, elle était devenue aussi compétente que lui. Côté offensif, elle le battait maintenant à pleines coutures. Eh bien, il n'avait pas vu ça venir ! Une pointe de fierté l'envahit, bien qu'il sache qu'il n'en était pour rien. Il la savait depuis longtemps capable de se défendre, mais là, impossible d'ignorer la preuve matérielle qu'il avait sous les yeux.

"En tout cas bravo, c'était génial ! Plus personne ne t'arrive à la cheville, maintenant."

02/01/2015

J'étais fière. William ne pensait plus, du moins en apparence, à tout ce qui s'était passé. Il avait besoin de changer d'air, et de pensées. Ainsi, tout semblait aller dans ce sens. Et puis, j'étais aussi fière de l'impressioner de la sorte. Ce n'était pas rien, de voir ses prunelles briller de cette même fierté que nous partagions tous les deux en cet instant. Je lui souris, et bougeai mes doigts pour lui montrer que tout fonctionnait correctement, étonnamment. Mon corps ne prenait pas la rigidité de la glace, et cela me surprenait moi-même. C'était réellement de la magie, dans le cas présent. Enfin, j'étais sûre que je pouvais trouver une raison tout à fait plausible, comme pour les fissures dans mes mains suite à l'impact de la balle, mais j'allais devoir y réfléchir un moment pour trouver quelque chose de plausible et proche du réel.
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Le compliment qu'il me fit me réchauffa le coeur, mais je n'y croyais pas totalement. Je doutais fortement que "plus personne ne m'atteigne à la cheville" pour ainsi dire. J'étais sûre et certaine que William, vif d'esprit comme il l'était, trouverait toujours un moyen de me neutraliser, comme il l'avait fait à l'entraînement dans le hangar avec Ivy. Et puis, mon don n'était pas infini, et je n'étais pas restée entièrement de glace pendant très longtemps, je n'avais pas testé mes limites, et par conséquent, je ne savais pas où ma puissance s'arrêtait. Je devrais peut-être m'en inquiéter avant de tomber dans les pommes un jour, sans comprendre pourquoi. Enfin, un jour, mais pas aujourd'hui.
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Je lui souris et secouai négativement la tête.

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- "Dis pas n'importe quoi. T'es toujours plus fort que moi, j'en suis certaine."

03/01/2015

William se contenta de sourire.

"Alors, c'est que tu te sous-estimes toujours."

Il n'était plus capable de tenir face à elle. Il n'avait de toute façon pas l'intention de retenter l'expérience de sitôt, il lui semblait avoir trop à rattraper dans sa propre mémoire pour éviter d'ajouter des expériences de cette ampleur à son palmarès. Il avait reçu trop de bosses, et risquer un peu trop de fois sa vie - et même leurs vies, la plupart du temps, pour ne serait-ce penser recommencer à se battre à peine revenu. Il était malgré tout content qu'Anaïs travaille sur elle et atteigne ses objectifs. Il n'y avait pas de doute au fait que réussir une telle prouesse avait nécessité des heures d'entraînements, Anaïs n'était pas du genre à exagérer les choses dans ce genre de contexte. Pour une des premières fois de sa longue vie, William se sentit vieux et fatigué. Comme si, tout à coup, les années venaient de lui tomber dessus et qu'il aspirait soudainement à la retraite. Au moins le temps de se retrouver.

Jusqu'à la prochaine mission.

02/01/2015

William affirma que c'était que je me sous-estimas toujours. Etait-ce réellement le cas ? Je demeurai silencieuse un moment, pour y réfléchir plus consciencieusement. Dans ma tête, c'est quasiment impossible d'être devenue plus puissante que William. Il avait toujours été le guerrier du couple, celui qui était indéniablement le plus fort. Il trouvait toujours un moyen de palier une force et à s'y adaptait à merveilles. Alors que moi, je ne m'adaptais à rien du tout, tout ce qui nous sauvait à chaque fois c'était des actes uniquement désespérés à la puissance dévastatrice : la banque, la falaise, les estres. Tout n'était qu'ultime réflexe de survie. Alors j'avais beau être certainement infiniment plus puissante que William, il saurait sans nul doute faire pencher la balance à son avantage.
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Je haussai les épaules. Il était vain de continuer sur ce chemin risqué et épineux. Je lui jetai un regardet lui tendis une main en espérant qu'il la prenne.

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- "Tu te sens mieux ? "

03/01/2015

William cessa de sourire. Il n'aimait pas faire semblant, mais il devrait peut-être le faire, pour rassurer Anaïs essentiellement. Il verrait plus tard. Quand il aura mis des mots sur ce qui s'était passé. Quand il aura digéré les faits et quand il sera passé à autre chose. Un processus fastidieux et long, qui devrait déboucher sur une réponse, ou du moins, l'impression de retrouver une identité. C'était ce qu'il fallait espérer, parce que là, tout de suite, il ne voyait pas vraiment d'issue. Il ne croyait pas qu'il puisse y avoir une issue. Et c'était trop douloureux à vivre, trop douloureux à penser. Peut-être devrait-il demander à l'Institut s'il était possible de reprendre des cachetons... Non, il avait trop honte, il se sentait de toute façon sali. Il avait trahi tous ceux qui s'y trouvaient et mit en péril toute l'organisation de l'établissement, sans parler des boucles qui en dépendaient. D'ailleurs, allait-il être puni pour ça ?.. L'angoisse de cette idée l'étreignit et il s'efforça de l'ignorer en parcourant les arbres des yeux. Tout cela était trop récent. Le temps guérit tout, il fallait qu'il s'accroche à cette idée. Il n'avait plus qu'à fournir une réponse sincère à Anaïs, en espérant qu'elle était en mesure de comprendre.

"Je n'en sais rien."

Il saisit la main d'Anaïs sans trop réfléchir à ce qu'elle voulait faire. De toute façon, il se laisserait guider.

02/01/2015

Mon regard s'assombrit quelque peu, bien que j'essayai de ne pas le montrer. Alors je détournai un instant le regard vers la forêt, puis souris doucement en serrant sa main en retour. Je pouvais comprendre comment William se sentait. L'imaginer, non, car sa peine était trop lourde, son désarroi trop grande, la situation trop tordue pour que je puisse comprendre exactement ce qu'il avait vécu. Mais il avait traversé l'enfer, et que je n'avais pas été là pour lui. Pire, j'avais douté. Mais j'allais me rattraper. Oui. L'Institut allait nous laisser seul un moment. J'allais tout expliquer, de A à Z, à Victor et Hisoka, ils comprendraient. Ils savent à quel moins le monde des particuliers est bien plus complexe que ce que l'on pense. Ils entendraient raison, j'en étais certaine.
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J'enlaçai mes doigts à ceux de William et finis par hocher la tête.
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"C'est pas grave, tu as tout le temps du monde."