Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas...

02/01/2015

Malgré tout je m'attendais à quelque chose comme "moi aussi" enfin un truc dans le genre. Même si ce qu'il me dit n'était pas hors sujet ni méchant, c'était juste frustrant. Frustrant de se demander ce qu'il ressentait pour vous, frustrant de ne pas trouver ce qu'il éprouvait en ce moment. Si je pouvais rester neutre comme ça... Enfin lui y arrivait, mais à des moments ça pétait et lorsque ça le faisait, valait mieux ne pas être dans les parages. Même si j'avais déjà vus et eus ça au moins trois fois en 5 jours.
Un long blanc semblait prendre possession des environs. Chacun dans ses pensées, je regardais ses yeux tandis qu'il faisait la même chose, puis je détournais le regard pour le reposer sur les vaguelettes de la rivière.

- Maintenant je le sais.

Répondis-je donc au bout d'un moment, avec sourire de coin. Je pliais à moitié mes jambes en les tenant
Après un long moment de silence, je décidais de le rompre.

Explique moi, même avec ce que tu ressens, tu n'arrives pas à me toucher. J'ai l'impression que c'est pire qu'avant. Tu te rends compte que la nuit dernière tu voulais que je vienne ? C'est toi qui m'avais enlacé, toi qui m'avais embrassé. Et là, je peux encore moins m'approcher, je me trompe ?

Je ne le regardais pas. Je continuais de fixer le fort courant de la rivière. Ce n'était pas réellement une hypothèse, ou une question, plutôt une affirmation. C'était comme ça que je voyais les choses. J'attendais juste qu'il acquiesce, et me donne une raison valable. Si ça se trouve, il préfèrerait éviter le sujet en me posant une autre question tout aussi délicate, auquel je répondrais sûrement. De toute façon je n'avais rien à cacher. Je m'étais déjà ouverte à lui il y a trois jours, en lui dévoilant mon passé. Et il avait fait de même. Même si après, il était partit, je savais ce qu'il cachait. Ce qui provoquait sa sorte de phobie du contact. Mais je ne pouvais rien faire, je me sentais aussi impuissante que face à la fièvre de hier...

03/01/2015

William fronça les sourcils en entendant son affirmation. Ce pourrait être une question posée sur un autre ton, mais Anaïs attendait surtout qu'il confirme sa supposition et lui explique le pourquoi du comment de la chose. Sauf qu'elle avait tout faux sur ce coup-là, ce qu'il ne contrôlait pas n'empirait pas ni ne s'améliorait pas, c'était tout le problème. Mais au moins, ça ne pouvait pas être pire. Il ne voyait pas pourquoi elle disait ça, c'était le cas depuis le début.

William grinça des dents lorsqu'elle amorça son avant-dernière phrase. C'était terrifiant et incroyablement frustrant de l'entendre énoncer ce qu'il avait fait ces derniers jours, alors qu'il était dans un état second. Il ne s'en souvenait pas plus que du reste, et il n'aurait jamais imaginé une seule seconde être l'auteur de tels actes sous le coup de la fièvre. Des bons comme des mauvais.

"Non, ça n'empire pas. ça ne bouge plus depuis un moment je pense. Et non, je ne m'en rends pas compte."

Je ne peux pas m'en rendre compte.

02/01/2015

Je devais faire quelque chose. Au fond de moi, je le savais. Je devais et voulais. William etait un humain mais c'était comme si il lui manquait un des cinq sans face aux autres. Je n'osais pas le regarder, en fait je continuais de fixer les vaguelettes de la rivière. Pensive, je cherchais une solution. Une solution, et non une question. Je n'avais plus de question, maintenant je devais trouver un moyen. C'était un casse texte avec un cercle vicieux. Je ne pouvais pas l'approcher pour le soigner, pour l'aider ou autre. Je ne pouvais rien faire pour lui en quelque sorte. Mais vous ne me connaissez pas. Je ne vais pas lâcher juste pour ça, je l'avais déjà prouvé. Têtue, je savais où j'allais.

- William, jure moi de me faire confiance. Apres tout ce que j'ai fait, tu me dois bien ça.

Premiere étape, ok. La deuxième maintenant. Elle allait moins lui plaire, comme les suivantes d'ailleurs.
Je me retournais vers lui, le regardais.

- Donne moi ta main.

Je n'attendais pas. Je la pris et posais la paume de ma main sur la sienne.

- Maintenant tu fermes les yeux et tu penses à tout ce que tu veux. Sauf un cauchemar. La plage, la foret, le vent dans les feuilles. Ce qui tu veux et que tu trouves agréable, ne fais pas attention à ma main.

C'était pas facile, je m'en doutais. Mais s'il était intelligent et courageux, il essayera. De toute façon essayer n'a jamais tuer personne. Enfin si mais ça ne fera jamais venir des sepulcreux.
Je voulais voir comme il allait s'en sortir. Il avait voulu repousser mes limites, je le ferais aussi mais pour lui.
Je faisais passer doucement ma main sur la sienne en essayant de juste frôler au debut. À la fin, je la posais totalement mettant mes doigts entre les siens.
Pense à autre chose William. Ou combat ces monstres. Je peux te macher le travail, mais tu dois quand même faire le plus gros. ah mon plus gros désespoir...

03/01/2015

William ouvrit la bouche pour répondre que bien sur il lui faisait confiance - sinon il ne l'aurait jamais laissé venir ici avec lui, en premier lieu - mais il sentait arrivé une proposition idiote à des kilomètres. Malheureusement, il avait vu juste : Anaïs sortit carrément le grand jeu, le plus dangereux de tous. Elle n'était tout de même pas sérieuse ? Après ce qu'elle lui avait annoncé le matin même, elle était prête à recommencer la même bêtise ? Elle en avait marre de vivre, ou quoi ? Sauf qu'elle ne lui laissa pas le temps d'exprimer ses pensées et passa directement à l'acte. Horrifié, il la vit approcher sa main et la plaquer sur la sienne le plus simplement du monde, sans même penser une seule seconde aux conséquences de ses actes. Déjà William ne l'écoutait plus. L'envie irrationnelle de rompre ce contact le tenaillait et monopolisait toute son attention. Il luttait pour ne pas céder, terrifié. Pour se rappeler qu'il avait une personne à qui il ne voulait pas faire de mal devant lui. Mais c'était inscrit dans ses réflexes corporels : lorsqu'il avait peur ou était surpris, immédiatement, il cherchait une arme pour se défendre. Et la personne s'effaçait pour laisser place à l'horreur complète, au tableau sanglant dans toute sa splendeur.

Et William avait déjà un couteau dans la main et s’apprêtait à rompre ce toucher qui le terrifiait tant, aveuglé par ce passé dont il n'arrivait pas à se défaire.

02/01/2015

Horrifiée, je regardais le couteau avant de retirer mes mains. Il ne pouvait pas faire face à ces souvenirs ? Il n'y avait pas d'opération pour extraire des cauchemars ? Mes sourcils froncés j'attrapais la lame me faisant une belle ligne rouge sur ma main. Je la gelais en déformant mon petit sourire. Je le fixais avant de lâcher la lame recouverte de glace, de me lever et de m'asseoir bien plus loin sur le bord de l'eau. Je regardais la fine ligne avant de plonger ma main dans l'eau froide de la rivière. Je lançais un regard -peu amical- à William.

- Tu crois que je n'avais pas eu peur lorsque tu as essayé de m'étrangler ? J'aurais pût te laisser là dans ta folie, mais je suis quand même restée, j'ai essayé de t'aider malgré tout. Je n'ai plus pensé à ce qui s'est produit. Quand passeras-tu un cap ?

Mon menton sur les genoux je regardais le vide. Je ne m'attendais à aucune réaction de sa part. Prête à parer si il voulait continuer je sentais déjà une brise de froid me traverser.
J'aurais pût le laisser délirer dans son coin là. Je ne l'aurais jamais revu, je n'aurais pas à faire tant d'efforts pour garder mon calme ni me faire des peurs pareilles.
Je ne voulais pas attendre d'excuse, d'affirmation, de question. Je ne voulais plus rien entendre à par le bruit de l'eau. J'essayais de l'utiliser pour calmer mes nerfs à vifs. J'aurais eu moins de regret après ces deux nuits si j'etais parti juste après son acte. Là, ça me déchirait le cœur, plus que je ne le laissais voir.

03/01/2015

William se rendit compte qu'il avait une fois de plus dépasser les bornes. Mais c'était couru d'avance. Dès le début. Comme toujours, la peur ressentie et l'impuissance confondue formèrent un cocktail explosif et il se laissa emporter par la colère. Il se leva aussitôt, furieux contre Anaïs. Il n'avait rien demander de tout ça, il était aussi une victime dans l'histoire, et depuis bien plus longtemps qu'elle ! Elle croyait quoi ?! Que parce qu'elle était là tout à coup hop ! Tout serait le mieux dans le meilleur des mondes ?! Elle rêvait là ! Ils savaient tous les deux depuis le début que sa tentative était vouée à l'échec, inutile de se voiler la face, seulement Anaïs n'était pas capable de l'accepter ! Et évidement, c'était lui le fautif dans l'histoire.

Le jeune homme, tremblant de rage, avait envie de frapper quelque chose, et il se contenait à grand peine.

"Mais qu'est-ce que t'as cru en faisant ça ?! siffla-t-il entre ses dents. Que soudain j'aurais plus de problèmes ?! Je contrôle pas, t'entends ?! JE CONTRÔLE RIEN !"

Cette fois-ci, il avait hurlé, effrayant les oiseaux les plus proches. Il ne supportait pas la pitié, mais l'accuser de faire ce qu'il ne provoquait pas, c'était le pompon !

Quand à ce qu'il s'était passé durant les deux derniers jours, il en avait marre de s'excuser pour ce qu'il n'avait pas conscience de faire. Il ne s'en rappelait même pas.

Enfin ça, c'était ce qu'il en conclut l'esprit clair, des heures plus tard.

Parce que pour l'instant, il était incapable de réfléchir correctement. Trop de tension imprégnait l'air déjà saturé d'ondes négatives. Et l'odeur du sang n'arrangeait pas les choses. Dans un sursaut de lucidité qui lui souffla qu'il n'allait faire qu'empirer la situation s'il restait, il remit ses chaussures sans les lasser, enfila son tee-shirt et lança un : "je vais courir" incisif qui n'attendait aucune réponse.

De toute façon, il était déjà parti.

02/01/2015

On devait y passer.
Il ne le pensait pas, mais moi, j'en étais presque sure. Et puis tant pis, il pouvait partir comme il venait de la faire, moi je restais là. Je m'appuyais contre un rocher en fixant le vide. Je n'adressais pas un regard à William, je me contentais de hocher la tête. Comment pouvait-il ne rien contrôler ? Il était maître de son corps, des ses membres, il devait pour s'empêcher. La peur etait un ennemi qu'il devait combattre. Sinon notre relation aura toujours une séparation, et je ne pense pas que lui même le voulait. Pensive j'avais attendu un long moment au même endroit sans meme me soucier de si quelqu'un arrivait.
La maison devait être au nord. Ou au sud. Je ne savais pas. De toute façon je ne comptais pas bouger de là.
Apres un long moment, quelqu'un revenait. Il etait le seul à savoir que j'étais ici. Le seul à connaître la foret. Donc je n'avais pas beaucoup de doute sur qui etait derrière.

- Excuse moi, mais je pense réellement que cela est la seule solution. Même si tu ne supporte pas. Je ferais tout ce que je peux pour t'aider.

03/01/2015

William courut un long moment droit devant lui (en évitant les arbres tout de même) le plus vite possible. Il voulait évacuer cette rage qui le mettait hors de lui et qui déformait ses faits et gestes. Il y eut tout de même un moment où il du s'arrêter, d'abord parce qu'il ne savait plus où il était à force de foncer droit devant et que s'il s'éloignait trop vers le nord il risquait de sortir de la boucle sans le savoir et de vieillir d'une bonne décennie en un rien de temps, après parce qu'il était sur le point de cracher ses poumons tellement il s'infligeait un rythme démentiel. Aucune chance qu'il tienne un kilomètre de plus à cette cadence. Or il était encore remonté contre Anaïs et ça ne risquait pas de changer avant au moins une bonne demi-heure.

S'appuyant contre un arbre, il reprit son souffle et pivota sur lui-même pour s'orienter. Bon, il connaissait ce coin-là, il était pas très loin d'une autre de ses planques. Mais pas question de s'y arrêter. William se traça vite fait un itinéraire qui revenait à son point de départ et se remit à courir, à un rythme plus acceptable. Son souffle était régulier, les arbres défilaient dans son champs de vision et les battements de son cœur s'accélérèrent de nouveau. Il était bien, il lui semblait qu'il pouvait tenir des heures comme ça. Il laissa l'effort balayer ses pensées négatives.

Il avait tort, parce que sa récente maladie avait tout de même laissé des traces et il du raccourcir sa boucle parce qu'il se sentait faiblir. Il s'arrêta un peu avant le coin de rivière où il avait laissé Anaïs pour faire des étirements et se demanda brièvement si elle était toujours là. De toute façon, où est-ce qu'elle pourrait être autrement ? Après s'être dématérialiser pour aller chercher des vêtements propres (bermuda et tee-shirt sans manches, c'était le plus pratique) et s'être encore une fois baigné dans la rivière puis changer, William jeta un coup d'oeil au soleil et détermina qu'il ne devait pas être loin de deux heures de l'après midi. Le temps passait vite, c'était fou ! Il avait loupé le déjeuner mais attendrait bien encore une heure avant de manger, le temps de digérer l'effort. En tout cas, il était bien calmé, et entra dans la clairière l'esprit bien plus clair qu'il ne l'avait quitté. Il alla s'asseoir sur la pierre plate où reposait encore sa gourde, la déboucha et commença à boire de petites gorgées.

Anaïs était bien là et brisa le silence en le voyant revenir. William, les yeux fixés sur la rivière, lui répondit aussitôt de mauvaise grâce :

"ça ne m'aide pas que tu te mettes en danger pour rien."

Surtout si je suis le danger en question.

02/01/2015

Je me crispais et serrais les dents. Dans un sens j'etais en tord, je ne niais pas. Je ne pouvais pas nier. Mais je voulais l'aider. Ce n'etait pas ça le principal ?
Je plissais les yeux, en colère avant de me lever vers William, qui buvait.

- On doit faire des choses dangereuse pour arriver à ce que l'on veut.

Et j'en ferais jusqu'a ce que ça marche, que cela te déplaise. Je ne pouvais pas rester sans rien faire. Alors autant prendre le taureau par les cornes, cette expression marchait très bien, surtout maintenant. Ma main sans coupure dans une de mes poches, j'utilisais l'autre pour remettre une mèche de cheveux en arrière. Mon pied se mît a taper le sol avec irritation, je restais encore éloignée pour le moment. Déjà, je ne voulais pas m'approcher, étant donné que je n'avais aucune idée de sa réaction, et de deux, cela m'étonnerait qu'il accepte de me voir prêt de lui tout de suite.
Plantant mon regard froid dans le sien j'ajoutais d'une voix plutôt sèche.

- Tu es ce que je veux, sinon je serais partie depuis longtemps.

Depuis le début au moins. Lorsqu'il avait failli me rentrer dedans et qu'il m'avait engueulé.
J'accompagnais ma phrase d'un sourire que je voulais naturel.

03/01/2015

William était bien d’accord, étant donné qu’il repoussait souvent ses limites physiques et mentales, mais toujours dans un cadre bien défini. Entre faire des expériences et risquer de tuer la personne qui lui était la plus chère, il y avait un grand pas tout de même ! Quand il était parti, il croyait qu’elle avait abandonné l’idée de le guérir de son problème, mais en fait il n’en était rien. Elle avait peut-être dit ça sous le coup de la déception, mais ce genre de phobie – puisque c’en était bien une – ne se guérissait surement pas en un jour. Cela le désespérait assez souvent pour qu’il en prenne conscience.

William leva les yeux au ciel, excédé. La suite de la phrase, par contre, le surpris tellement qu’il prit quelques secondes à reprendre contenance. Il ouvrit la bouche sans trouver quelque chose d’intelligent à répliquer, puis la referma. Et en désespoir de cause, changea de sujet :

« De là à se tuer, il y a de la marge. »

Cela dit, elle n’essayait que de l’aider, mais ce n’était peut-être pas la bonne méthode. Lui avait depuis longtemps abandonné l’idée de reprendre une vie normale, Anaïs soufflait sans le savoir sur une braise d'espérance à peine rallumée.

« Il faudrait neutraliser le cœur du problème, suggéra-t-il, hésitant. Le tout est de savoir ce que c'est. »

02/01/2015

Je faillis sourire amusée en voyant comme il voulait éviter la conversation. Enfin la dernière phrase. Je ne lui en voulais pas, il n'avait peut-être pas l'habitude. Il n'avait pas l'habitude d'entendre ça pour lui. C'etait sûrement la première fois.
À mon tour d'ignorer et ce fut la première. Je n'avais aucune réponse valable à lui donner. Donc autant passer à la suite immédiatement.
Pensive, je regardais le ciel quelques secondes avant de poser mes prunelles sur le jeune homme.

- Tu me l'as dit avant hier. je cherchais au fond de mes pensées, comme formuler ma phrase avant de continuer, Tout aurait commencé après l'attaque des sepulcreux, lorsque tu t'es réveillé avec du sang sur toi.

Je me sentis gênée de parler de son passé. Surtout que c'etait le pire moment de son passé. Et que déjà, lorsqu'il m'en avait parlé il était terrifié.

- Et tu m'avais dit que tu sentais le sang, des que l'on te touchait.

Perdu dans mes pensées, je cherchais une logique, quelque chose qui pourrait le sortir. Juste un détail dans ce qu'il m'avait dit. Je devais trouver. Je ne m'arrêterais pas avant. D'une voix hésitante j'ajoutais:

- Donc, tu dois contrer ce sang, mais comment ?

Je m'assis à côté de lui en faisant attention à ne pas être trop proche. Pour une fois qu'on pouvait en parler, pas la peine de le brusquer et de l'eloigner.

- Je pense que tu devrais t'habituer, déjà à un simple contact. Comme tout à l'heure, si tu as une autre solution, dis le moi.

Je regardais ses mains puis les miennes. Je cherchais en vain une solution. Et cela m'énervait de ne pas en trouver. Je remettais rapidement mes cheveux dans mon dos avant de regarder la rivière, les sourcils froncés, toujours entrain de chercher un indice qui nous amènerait à la solution de l'enigme...

03/01/2015

William secoua la tête, désillusionné. Il se demandait si Anaïs ne le faisait pas espérer pour rien, mais il ne pouvait pas s'empêcher de l'écouter quand elle disait qu'il pouvait être guéri. C'était humain, après tout, mais les échecs leur feraient mal à tous les deux. Et si sa phobie ne pouvait pas évoluée dans le bon sens ? Pire, si elle empirait ? Comment ferait-il pour supporter la compagnie des autres, lui qui les croisaient déjà si rarement ? Cette perspective le faisait trembler d'avance. En comprenant cette hypothèse dans son raisonnement, acceptait-il l'aide que voulait lui fournir Anaïs, sachant qu'elle pouvait peut-être ne rien faire bouger du tout ? Les progrès seraient lents, s'il y en avait. Mais William n'était pas complètement idiot. Il fallait bouleverser les choses pour que ça évolue. Et il était prêt à prendre le risque.

Ce dont il était beaucoup moins sur, c'était le futur rôle d'Anaïs dans tout cela. Lui il ne lui arriverait rien physiquement, sauf si elle le gelait sur place. Mais elle risquait fort et il n'était pas certain qu'elle s'en rendait compte. Pourtant, elle avait l'air décidé, alors il ne fit pas de commentaire à ce sujet.

"Ce n'est pas totalement vrai, soupira-t-il. Je le sens après un moment. Mais mes réflexes corporels, je ne peux pas les contrer, ils sont là pour justement rompre le contact avant que je sente le sang."

Il sortit un couteau et se mit à jouer avec, baissant les yeux.

"C'est une réaction à la peur. J'ai peur qu'on me touche."

02/01/2015

Donc c'etait plus difficile ce que je pensais. Ses réflexes faisaient en sorte qu'il ne ressente pas le sang. Sans s'en rendre compte il avait peur des autres, cas les autres fournissaient forcément un contact, meme inconsciemment. Je me souviens que lorsqu'il m'avait porté la premiere fois. Il y avait eu un contact, mais pas accompagné apres d'un des réflexes. Comme lors de la fièvre. Ses réflexes n'étaient donc pas "en service" et il pouvait toucher. Or conscient et lucide, c'était impossible. J'écoutais ce qu'il me disait sans me sortir de mes profondes pensées. Anaïs, tu sais que ses réflexes ne marchent pas toujours, tu dois trouver une solution pour qu'ils ne fonctionnent que lorsqu'il le veut. ou qu'il les dirige. Je le regardais quelques secondes jouer avec son couteau. Maintenant j'avais l'habitude. Je me frottais les yeux avec irritation. Rien ne me venait et je m'auto énervais comme ça.
Et si en fait ce n'était pas possible ? Et si j'aimais un garçon que je ne pourrais jamais toucher ? Si j'étais amoureuse du seul haptophobique de la maison ? J'étais douée moi.
De toute façon je savais que si je perdais espoir et l'envie de battre ça, je le perdais avec. Or c'était ce qui me donnait encore plus la rage. Je ne voulais pas le perdre. Pas perdre la personne qui comptait le plus pour moi. Je serrais les dents avant de dire.

- Peut-être que si tu , j'avais eu un long moment d'hésitation. Ce que j'allais de dire semblait sortir d'un fou. Mais c'était peut-être ce qu'il fallait. Je ne savais pas.Si tu te forçais, toi meme à toucher quelqu'un pendant un long moment...

C'était idiot. Mais je n'avais trouvé que ça. Quelque seconde apres seulement je répliquais:

- Non, c'est idiot, ça marcherait pas.

03/01/2015

William n'arriva pas à dissimuler le sourire qui lui montait aux lèvres. Sa proposition était des plus... Imagées ? Vas-y touchons nous un long moment toi et moi Anaïs. Hum. William était un solitaire mais il était aussi un adolescent, dans sa tête comme dans son corps. Le fait qu'il ne vieillisse pas et son tempérament de fonceur (sauf dans certaines situations) n'arrangeait pas les choses. Comment prendre sa proposition au sérieux dans un contexte pareil ? Bon, certes ce n'était pas faisable parce qu'il ne pouvait déjà pas supporter un contact qui durait plus de quelques secondes, alors un "long moment" n'en parlons pas, ce n'était tout simplement pas possible. Non, ce qu'il fallait, c'est... Apprendre à surmonter sa phobie, à contrôler cette peur, parce que éviter les situations critiques comme on pouvait le faire lorsqu'on était claustrophobe était hors de question. C'était ce qu'il faisait pour le moment, et ça ne se passait pas vraiment bien, autant pour ceux (enfin, celle) qui voulait pouvoir le toucher que pour lui, qui redoutait sa propre réaction face au contact en question.

"Il faudrait..."

William déglutit difficilement.

"Supprimer mes réflexes pour que j'affronte directement ma peur ?"

Qui était cent fois pire que ce qu'il ressentait quand on le touchait maintenant. ça promettait. Cette hypothèse le rebutait déjà.

02/01/2015

Je ne vis pas son sourire qui se créa après ma suggestion. Et bien heureusement. Je n'aurais pas été indignée, loin de là. Justement j'aurais ri et je n'aurais pas su retrouver mon sérieux pour réfléchir convenablement au problème.
On avait tous un esprit étrange. Tous une pointe de folie. Tout dépendait de la personne en face de nous, et comme William, des paroles pouvaient le faire imaginer ... Des choses. Si je faisais partit de ses folies ça ne me dérangeais pas, tant que ses folies duraient et arrivaient un jour.
Son sourire avait disparu plutôt rapidement car après, il déglutît avec difficulté avant de me donner son idée. Et je ne savais pas comment l'exécuter. À moins de l'accrocher à un arbre et... Bon arrêtez là ! Je cherche une solution ! N'allez pas vous imaginer des trucs. Pour la peine, je ne finirais pas mes pensées. Voilà.

- Comment veux tu faire ?

Il allait réussir à faire ça ? C'etait pire que mon hypothèse pour lui. Ça se voyait à des kilomètres. Je levais les yeux vers lui avant qu'une lueur d'inquiétude vienne s'emparer de mes prunelles claires. Je ne savais pas si il avait quelque chose derrière la tete. Mais jusque ici tout les plans qu'il avait eu n'étaient pas forcément à mon goûts et j'avais peur de celui ci ...

03/01/2015

William n'aimait pas, mais pas du tout l'idée qui se profilait dans son esprit. Il la repoussait désespérément tandis qu'elle s'imposait à sa raison comme la plus logique, la moins idiote pour entreprendre l'idée qu'il avait exprimé tout haut. Être impuissant le rebutait beaucoup, mais en même temps lorsqu'il pouvait agir il manquait d'arracher la tête d'Anaïs de peu. Pour l'instant, elle s'en était sortie seulement avec une balafre à la main - il évitait de penser aux marques sur son cou pour ne pas péter les plombs - mais il suffisait d'une seconde, d'un centimètre de trop pour qu'elle se vide de son sang dans ses bras sans qu'il ne puisse rien faire, puisqu'il n'avait pas le don de guérir les autres. Et ça, c'était le pire qu'il puisse arriver. Ou non, disons la pire chose irréversible qui pouvait arriver.

Parce que ressentir sa terreur poisseuse, c'était le pire psychologiquement qu'il avait à subir. William n'avait pas peur de grand chose, en dehors de ça. Il avait été relativement préservé avant cet événement, mais depuis... On ne pouvait pas dire que ça lui avait porté bonheur d'avoir assisté à cette tuerie et d'être le seul à en être ressorti vivant, ça c'était certain.

William était incapable de formuler ce qui jaillissait de son esprit.

"Je sais pas," finit-il par dire sans savoir s'il était convainquant ou non.

Mais si, tu sais.

Il cherchait surtout à se convaincre, en fait. Parce que s'attacher, avoir les mains liées, se mettre complètement à découvert, c'était impossible que ce soit la solution.

02/01/2015

Je me mordais la lèvre inférieure. Je pense que en ce moment il avait une idée en tête. Mais se serait bien la même que la mienne. Or si deux êtres bien différents pensent que une chose est la plus propice pour aider, alors ça devait être la solution.

William, je suis désolée. Mais ....

Vous devez vous dire que j'étais contente. Pour pouvoir le toucher comme ça. Mais loin de là. Ça m'écœurait plus qu'autre chose. Pas le fait que se soit William, non, ça c'était bien. Mais je savais que lui n'apprécierait pas. Des le debut, le simple fait d'être attaché, ensuite viendra le contact, la haine qu'il éprouvera envers moi à ce moment. Et si cela ne fonctionnait pas et que à la fin il me haïssait pour toujours ? Cette idée nous rebutait donc tous les deux. Mais elle s'imposait à notre esprit comme un tunnel dans l'obscurité. Je le regardais quelques secondes avant de baisser les yeux, gênée.
Nous étions donc deux tarés qui cherchaient une solution sombre et semée d'embûches.
Mais cela devait marcher !

- C'est peut-être la seule solution...

Dis à voix basse, sans oser relever les yeux.

03/01/2015

Non non non non NON ! Merde, ce n'était pas possible ça, comment pouvait-elle avoir suivi le même raisonnement que lui ? S'il ne lui en avait pas parlé, il n'aurait même pas eu à envisager l'éventualité de finir attaché stupidement à un arbre ! C'était juste hors de question, inimaginable. Anaïs ne devrait même pas penser à ça ! Après tout ce qu'elle a vu, tu penses qu'elle est à un coup de colère de plus ou de moins ? Sans écouter sa petite voix raisonnable intérieure, il se leva d'un bond, énervé.

« Non. Pas question. Ce n'est juste pas possible, même pas envisageable, pas... »

Il continua à déblatérer des phrases sans queue ni tête, se préparant malgré lui à l'épreuve qui l'attendait. William finit par croiser le regard de la jeune fille extrêmement calme face à sa réaction. Il avait envie de la gifler, rien que pour ça. Mais il ne fallait pas chercher bien loin pour reconnaître qu'elle avait raison. S'il était attaché, il ne pouvait pas tenter de rompre le contact et devrait affronter sa peur. Et accessoirement, il ne pouvait pas non plus tenter de la blesser ou de la tuer.
Presque désespéré, horrifié rien que par l'idée de mettre ce projet à exécution, il chercha vainement une once d'hésitation dans les yeux d'Anaïs, sans en trouver une seule trace. Il finit par arrêter de faire les cent pas et capitula, non sans une bonne demi-douzaine de jurons. Il se téléporta dans la cabane et prit la corde avant de se matérialiser à l'endroit où il avait laissé Anaïs.

« Ok, alors allons-y. Attache-moi, » dit-il, le visage fermé.

Il se crispa lorsqu'elle approcha la main. Ce n'était pas gagné.

« Non, en fait je vais le faire. »

En deux trois mouvements il manipula la corde pour qu'elle forme un nœud compliqué à défaire. Tout en faisant ça, il alla jusqu'à l'arbre le plus proche. Il se passa la corde avec difficulté autour des poignets dedans – l'un des deux était encore douloureux, ça n'allait pas l'arranger, mais tant pis. Puis il s'assit et fit signe à Anaïs d'approcher.

« Attache la corde à l'arbre, ça devrait aller. Et puis après... »

Après elle savait quoi faire. Sans commentaire.

02/01/2015

Je ne m'attendais pas à ce qu'il acquiesce, je pensais plutôt qu'il allait partir, me laisser là, et revenir dans deux heures comme il l'avait déjà fait. Au contraire, il se leva brusquement, je le regardais tentant de garder un visage neutre, dépourvu d'émotion. Là, en ce moment, je ne ressentais rien à part de la peur. Je ne savais pas ce qui allait se passer. Comment il réagirait après. Ce qui se passera après. L'inconnu ne me faisait pas forcément peur, enfin d'habitude. Si je continuais de pincer ma lèvre à ce point elle serait ensanglantée avant la fin de la journée. Ce ne serait pas des plus pratique. J'essayais de relâcher la pression sans y arriver.
Lorsqu'il revint avec la corde, je m'avançais pour la prendre lorsqu'il recula. Ça promettait pour la suite. Je retirais alors ma main rapidement, sans réussir a dissimuler ma gêne.
Une fois les nœuds autour de ses poignées, fait, je pris la corde et m'agenouillais près de l'arbre pour finir.
Je hochais simplement la tête, la gorge serré je n'aurais même pas sus murmurer quelque chose d'inaudible, rien ne pourrait sortir.
Je le regardais quelque seconde, l'inquiétude devait briller dans mon regard claire. Mais je détournais le regard le plus vite possible, je ne voulais pas qu'il la voit.
Après de longues minutes à réfléchir sans oser le regarder j'approchais mes mains de ses épaules, pour qu'elles les frôlent. Doucement, ma paume la toucha pour se poser totalement. Je ne faisais pas attention à lui, je savais que si je le faisais je ne serrais pas capable de continuer. Je resterais pétrifiée, avant de fuir, et de le laisser sur le tronc.
La panique s'empara de moi quelque seconde, je le regardait, avant de prendre dans ses poches, ses couteaux et de les lancer au loin. Je respirais calmement en reposant mes mains sur ses bras. Ne pas le regarder, ne pas faire attention à ses réactions. Anaïs ! Concentre toi !

Je n'y arrivais pas. Le souffle court, je cherchais une issue à la situation, mais aucune. Je devais le faire, et je me demandais pourquoi j'avais dit cela.
Doucement, je fis descendre mes mains jusqu'a ses bras, où je le lâchais. Mes membres tremblaient, je voulais arrêter. Et je savais que lui aussi.
Mais je ne pouvais plus, plus maintenant, c'était trop tard. Mes mains, hésitantes, vinrent frôler ses joies avant de remonter vers ses tempes, pour finir dans les cheveux. Quatre mots tournaient en boucle dans mon esprit Ne fais pas attention. Ne fais pas attention. Ne fais pas attention. , je fermais les yeux, respirais calmement avant de continuer. Le souffle court, je les fis redescendre, elles passèrent de nouveau sur ses joues pour aller dans son cou vers sur son torse. J'ecartais rapidement mes mains, avant de froncer les sourcils. Je ne pouvais pas échouer, pas maintenant. Plus maintenant. Et à ce rythme nous n'aurons jamais fini, tout dépendait ce moi, de ce que je faisais. J'approchais mon visage du sien, pour faire en sorte que mes joues le frôlent et que mon souffle caresse son visage. Après de longue minute comme ça, je lui susurrais quelque chose :

- Je n'aime pas te faire ça, je n'aime pas te voir souffrir, pardonne moi.

Mon ton était plus que suppliant, je fermais les yeux, mes lèvres se posèrent sur sa joue tandis que je me relevais cherchant où me poser désormais.

03/01/2015

William testa rapidement les cordes. Il était bien attaché. A genoux, dos à l'arbre.

Le jeune homme essaya d'oublier où il était, ce qu'ils avaient l'intention de faire un instant plus tard. C'était peine perdue, il ne pouvait pas s'empêcher d'être extrêmement tendu alors que rien ne s'était encore produit. Comment donc est-ce que ça pouvait bien se passer quand on savait ce dont il était capable pour que, justement, il n'ait pas à revivre ça ? Comment est-ce qu'il pouvait être assez fou pour tenter de faire un truc pareil ? Anaïs avait beaucoup plus d'influence sur lui qu'il ne le croyait jusqu'alors. Il était sur le point de faire le truc le plus stupide de sa vie pour elle, tout de même. Mais comment... Comment allait-il supporter ce qui allait suivre ? Comment allait-il réagir face à... Face à, enfin... Il n'avait pas envie de le faire. Il ne voulait pas en parler. La panique le submergea lorsqu'il la vit approcher. Ne regarde pas, crétin, lui souffla la voix de la raison. Sauf qu'il en était incapable. Il ne pouvait pas détourner les yeux, obnubilé par le danger potentiel que représentait Anaïs. Il ne la voyait même plus comme une personne, simplement comme... Comme... Merde.

Il voulu trancher le lien. Impossible. Il était attaché. Calmes-toi, calmes-toi, elle ne t'a même pas touché. Aller, Will, tu peux le faire. Tu peux... Tu peux...

Il ne parvenait plus à aligner deux pensées correctes tant la panique le submergeait. Sa respiration était irrégulière, il avait peur, il devait couper le lien tout de suite. Mais quelque chose l'empêchait d'agir. Il devait éliminer la menace, il en avait besoin. Maintenant !
Sans même s'en rendre compte, William se débattit, tirant sur les cordes de toutes ses forces sans même un gémissement tandis que la corde entaillait la chair déjà malmenée par endroits. Elle se tendait, mais ne cédait pas. Il se débattit violemment, horrifié en comprenant qu'il ne pouvait rien faire face au raz-de-marée d'émotions qui le menaçait, à présent tout proche. Il avait envie de hurler, de partir loin d'ici, de...

Mais idiot ! Tu peux partir, ton don est de pouvoir t'échapper de n'importe quelle cage, ces cordes ne devraient pas poser de problème. Téléportes-toi ! Téléportes-toi !

Il n'arrivait pas... Il n'arrivait pas à se concentrer. Il arrêta soudain de se débattre.

William ouvrit les yeux. Il avait mal partout, enveloppé dans une torpeur passagère. Il voyait un plafond. Un plafond blanc, d'un blanc éclatant. Il avait envie de rester dormir, il était bien. Et puis il se rendit compte que quelque chose coulait sur son front, parce qu'un liquide allait dans ses yeux. William leva le bras pour l'essuyer. Sa main entra du même coup dans son champ de vision mais n'alla pas plus loin. Le garçon cilla. Une fois. Deux fois. Elle était rouge. Sa main était écarlate, poisseuse d'un liquide qu'on reconnaissait entre milles : le sang.

C'est alors que l'odeur le prit à la gorge. Une odeur puante, une odeur affreuse, une odeur qu'il avait souvent senti lorsqu'il se coupait. William se redressa d'un bond, si vite que sa vision tangua. Il était allongé sur un corps déchiqueté vêtu d'une chemin à rayures qui ne ressemblait plus à grand chose. C'était Jean, Jean le charpentier, Jean le braillard. Il n'avait plus de jambe. Horrifié, William tenta de se lever, sans croire que le massacre avait eu lieu, pour se réveiller, pour...

Il n'y arriva pas. Un corps était à moitié affalé sur lui. En tirant désespérément pour se libérer, William eut le malheur de le retourner. C'était Vince. Vince, le télépathe. Vince, dont les yeux morts fixaient à présent le plafond sur le voir. Vince, Vince... Non... William, trop choqué pour pleurer, le secoua en lui hurlant pour qu'il se réveille, pour qu'il cesse de lui faire une blague, pour qu'il se réveille maintenant et que tout redevienne comme avant. Il ne le fit jamais. William était vautré au milieu de son sang. Il en était couvert. C'était celui de son mentor, de celui qui lui avait tout appris qui était étalé sur lui, qui l'avait protégé de l'attaque. Mais pas de cette vision d'horreur pure.

Il y en avait partout. Des cadavres. William se leva, chancelant. Il hurla. Vomit. Hurla encore, sanglotant en même temps. Il se blottit dans un coin de la pièce, sans pouvoir détourner les yeux de Vince qui avait été éventré. William voulait mourir. Maintenant. Il voulait mourir pour pouvoir se réveiller, mais la vision de Vince lui apparaissait dès qu'il clignait les paupières. Et ce rouge, ce rouge, ce rouge qui ne voulait pas partir, il ne voulait pas partir, il restait collé à lui comme pour le maintenir sur place, pour l'empêcher d'avancer, pour l'empêcher de vivre, ce sang, ce sang, tout ce sang ! IL NE VOULAIT PAS PARTIR ! Il avait beau frotter, frotter frénétiquement, il demeurait intact, il lui collait à la peau, comme... Comme... Ce sang ! Il le retenait sur place, il l'empêchait d'avancer, il était là, quelque part, toujours là, à s'insinuer partout, à gangréner tout ce qu'il touchait, il était toujours là, aux aguets, pour lui faire peur, pour le terrifier un peu plus, comme le sceau de l'enfer gravé à jamais sur sa peau. Il fallait qu'il parte, ce sang, il fallait qu'il parte ! MAINTENANT ! VA-T-EN ! VA-T-EN ! lui avait-il hurler. La terreur rentrait par sa peau, dans son âme, son cœur, elle lui comprimait les poumons, il ne pouvait plus respirer, il hurlait à s'en déchirer la voir, il se tut, l'abomination commise était toujours là, elle n'avait pas disparu, et puis ce sang, ce sang, ce sang...

Il ouvrit les yeux, le teint aussi blanc qu'un cadavre. Anaïs était là mais il ne la voyait pas, les images du carnage comme imprimé sur la rétine.

Il avait vaguement conscience qu'elle était là, quelque part, il devait s'accrocher à cette idée, il devait lui dire qu'il n'allait plus tenir, qu'il n'allait plus pouvoir s'accrocher, le sang était partout.

"Lâ... che... moi." balbutia-t-il en un souffle.

Elle ne devait pas l'avoir entendu. Le sang était partout, il emplissait ses narines, il s'insinuait sans sa bouche, étouffant ses hurlements de détresse, dans son nez, devant ses yeux. C'en était trop.

Il s'évanouit, vaincu par l'horreur.

Et juste au moment où Anaïs décolla son front du sien, William vacilla durant de longues secondes... Puis bascula sur le coté et s'étala dans l'herbe.

02/01/2015

Je m'écartais donc, je savais qu'il avait murmuré quelque chose, mais je n'avais pas compris, sa voix était trop tenue. Cependant je fus surprise et horrifiée de le voir sombrer et basculer sur le côté.
La peur envahit totalement mon visage, je partais chercher un de ses couteaux, puis je revins, couper les liens qui le retenait à l'arbre. Je ne savais plus que faire. C'etait ma faute ? Je m'approchais pour enlever la corde qui lui lacerait les poignets. De belles lignes rouges s'étendaient tout autour, un plus que l'autre, qui avait déjà été amoché par le précédente nuit.
Je ne pouvais pas le laisser, étendu comme cela ? Mais en même temps, j'avais peur de le toucher. Avait-il revécu ce soir si sombre pour lui ? Enfin sombre, pourpre de sang. Le pire moment de sa vie ? Il venait de la revivre ... Par ma faute ?
Soucieuse, je cherchais que faire. Malheureusement je ne pouvais rien, tout demander un contact et c'etait bien une des choses que je ne ferais pas. Pas maintenant. Pas après ce qui venait de se passer. En fait je ne pouvais que attendre, attendre qu'il se réveille. Attendre pour pouvoir m'excuser, peut-être de fuir. D'avoir terriblement honte. Je ne voulais pas me dire que par ma faute il supporterait peut-être moins les contacts. Que notre tentative venait d'échouer lamentablement et qu'il s'etait éloigné de moi, une nouvelle fois. Désespérée face à moi, face à lui je me frottais le visage avant de m'asseoir non loin. D'un geste nerveux, je tirais des touffes d'herbes qui gelaient immédiatement sans que je ne puisse faire quoi que se soit.
Bon, Anaïs, tu as merdé. Tu vas pas recommencer, mais tu vas l'aider.
Je me relevais tremblante et m'approchais de William, toujours étendu dans l'herbe. La dernière fois, il m'avait dis d'aller immédiatement aux claques. Mais je n'allais pas le faire quand même ? Pas alors que sa peau était aussi blanche qu'un linge. Mais il nous était passé quoi par la tête ?! Pourquoi avais-je dit cela ? Je n'aurais jamais du, j'aurais du me contenter de ce que j'avais, c'est à dire : rester avec William pendant de longues journées.
Et là, il ne voudra sûrement plus me voir, plus me regarder. Rien. Plus de William, plus rien.
Cela, je ne le voulais pas, mais c'etait trop tard. Je devais attendre qu'il se réveille pour avoir son "verdict". Et de nouveau je me pinçais la lèvre avant d'arrêter et de la frotter.

- Pardonne moi d'avoir fait ça, pardonne moi pour tous les tords que je t'ai déjà fait.

Peut-être était il semi-conscient, peut-être entendait-il ce que je disais. Mais j'en profitais. Tout était de ma faute. Pourquoi est ce que je m'étais obstinée à le suivre ? Si j'étais partie, nous n'en serions pas là. Cependant ce qui était fait, était fait. Je ne pouvais plus remonter le temps -du moins moi- et laisser William dans sa solitude.
Je me levais alors, j'en avais assez fait, il se réveillera sûrement d'ici peu, me haïra comme jamais personne ne m'a jamais détestée.
Alors, je m'apprêtais à prendre un chemin...

03/01/2015

William remua, la respiration tranquille. Il fronça les sourcils puis ouvrit finalement les yeux. Ses paupières papillonnèrent pour s'habituer à la luminosité ambiante. Il n'était pas en colère. Pas non plus triste au point de se mettre à pleurer. C'est ce qu'aurait fait n'importe quelle personne censée dans sa situation, pourtant. Il se sentait vide, juste... Déconnecté de la réalité. Trop sonné pour penser, pour agir. Très lentement, il ramena son bras vers l'avant. Il ne sentait plus ses mains à partir du poignet, et se les frotta mécaniquement, toujours affalé par terre sur le flanc, sans se rendre compte qu'il les abimait encore plus. Il ne sentait plus ses doigts, le sang recommençait à circuler mais il était toujours aussi blafard. Sonné, éteint. Comme si on avait appuyé sur interrupteur de sa vie et balayé toutes ses émotions en quelques secondes. Comme s'il n'était plus qu'un pantin, rien qu'une enveloppe corporelle dénué de tout ce qui faisait sa personnalité.

Juste... Éteint.

Il regardait droit devant lui en se murant dans un silence de plombs.

02/01/2015

Je lançais un dernier regard à William, qui devait être au sol, yeux clos, perdu dans ses cauchemars, tout ça par ma faute. Cependant quelque chose venait de changer, des paupières étaient ouvertes, il se frottait énergiquement les poignets.
Je baissais les yeux avant de revenir vers lui. Il ne semblait rien vouloir dire. C'etait plus simple, je n'aurais rien à dire non plus.
Inquiète pour lui, je m'approchais pour m'asseoir à côté. La gorge serrée par sa réaction, celle ci ne venait pas comme je l'aurais cru. Laissant le silence s'installer doucement. Je n'arrivais même pas à savoir si il était calme, agité, choqué ou autre chose. Et de ce fait je ne savais pas quoi lui dire.
Au bout de longue minute à penser à lui et la douleur qu'il avait eu à sabir, je lui demandais :

- Je peux... Te mettre au moins de la glace sur tes poignets ?

J'attendais sa réponse, pas la peine de le braquer plus qu'il ne le devait déjà être. Je regardais ses mains, avant de me préparer à créer de la glace.

03/01/2015

William donnait l'impression de se réveiller d'un long rêve. Ou plutôt d'un cauchemar dont des bribes lui revenaient lentement, tout comme la perception du monde qui l'entourait. Sonné, ahuri, incapable de faire le point, il s'était perdu dans ce qui lui semblait des souvenirs diffus. Il ne savait pas exactement ce qui s'était passé, encore trop embrumé par la violence de l'impact mental qui lui avait littéralement coupé le souffle. En tout cas, il était par terre, la joue dans l'herbe, et... Détaché. Ses poignets lui faisaient d'ailleurs un mal de chien, et puis... Et puis... Des bribes de cauchemar lui revinrent en mémoire et il déglutit avec difficulté. Il fallait... Il voulait bouger, faire quelque chose, partir d'ici, fuir ce... Ce massacre, enfin...

Il se sentait nauséeux, et transpirait. Quelque chose n'allait pas. William tenta de se redresser, mais faillit finir le nez dans les pâquerettes tant le monde tournait autour de lui. Il fronça les sourcils. Il connaissait ces symptômes, c'était juste une...

Quel crétin ! Il faisait une hypoglycémie, il avait sauté le déjeuner après avoir couru un demi-marathon et deux jours de crève ! Mais il avait quoi dans la tête ? Rien du tout, apparemment. Il n'avait aucune notion du temps, mais il fallait qu'il mange du sucre, maintenant. Ou alors il allait encore tomber dans les pommes. Il fallait qu'il se lève maintenant, qu'il aille chercher quelque chose. Là, tout de suite, manger quelque chose était la dernière chose qu'il avait envie de faire parce qu'il avait un peu la nausée, mais c'était ce qu'il fallait faire.

Si avant il était blême maintenant ça ne s'arrangeait plus du tout. Sa peau d'ordinaire bronzée par les rayons de soleil de ce 3 septembre 1940 était blanche comme un cachet d'aspirine. Il n'allait pas réussir à se lever. Anaïs lui parlait. Il la fixait à travers les points noirs qui scintillaient devant ses yeux.

"Je fais une hypoglycémie."

Sa voix lui avait semblé si rauque qu'il ne l'avait pas reconnu. En tout cas, elle avait résonné très clairement et Anaïs devait avoir compris. Un peu de concentration, que diable ! LEVE-TOI !

Dans un effort qui lui sembla surhumain, il se hissa sur ses jambes. Merde. Il allait tomber. Téléportes-toi avant. Aller, vas-y !

William disparut. Et réapparut exactement là où il l'avait voulu, il se rattrapa au mur de justesse et s'empêcha de s’assommer contre les planches de bois. Il fouilla dans la malle et finit par trouver ce qui ressemblait à une boîte de bonbons au miel. Il s'assit contre le mur, en mit plusieurs dans sa bouche et les croqua en attendant que son malaise passe. Et puis après un moment qui lui sembla une éternité, ses tremblements cessèrent, mais il ne se sentit pas d'attaque pour manger autre chose. Il resta là, contre le mur, les bras sur ses genoux repliés. Le temps sembla ralentir, s'étirer pour que les secondes durent des heures.

Et la réalité le rattrapa.

Ils étaient morts. Tous. De la manière la plus horrible qui soit, égorgés comme des porcs. Ils n'avaient même pas eu le droit à des funérailles correctes, personne ne les regrettait.

A part lui. Et il était seul.

Il s'aperçut qu'il pleurait lorsque les gouttes tombèrent sur sa chemise, dévalant ses joues à n'en plus finir. Le flot semblait ne plus vouloir s'arrêter. Comme le gamin qu'il était lorsque tout ça c'était passé, William resta là, secoué de sanglots douloureux, les yeux fixés droit devant lui sur quelque chose que seul lui pouvait voir.

02/01/2015

Pas de réponse. Je me penchais pour le regarder, on ne sait jamais, il se serait rendormi sous le choc. Mais il n'en etait rien. Justement, il essaya de se lever une première fois avant de se recoucher ou du moins de retomber. Et il retenta, je me levais en même temps, l'entendis crier qu'il faisait une hypoglycémie avant de se teleporter. Surprise j'avais tenté de lui attraper la main. Mais trop tard. Bien trop tard. William etait partit, et je ne savais même pas comment rentrer à la maison. Je restais un moment à regarder où le garçon avait disparu puis je regardais les alentours avant de réfléchir rapidement. Avec un peu de chance, il serrait dans l'ancienne cabane et si je n'avais de chance il ne serait pas là, je n'aurais qu'à errer dans la foret jusqu'à retrouver la civilisation. Et étant donné que je ne savais pas où j'étais, je ne savais pas où je devais aller.
Je regardais la rivière non loin, avant de prendre la route que j'avais prise ce matin.
Je me souvenais de ce chemin, c'était deja ça, et aux bouts de longues minutes à marcher parmi les herbes et les fougères, la maisonnette apparue.
Pas de bruit, pas de vent, rien. Juste le silence et le frémissement des feuilles habituels. Je m'approchais doucement et entrais dans la maison.
Je fus surprise de voir William contre un mur, les yeux emplis de larmes qui continuaient de glisser le long de ses joues. Cette fois c'était lui qui avait besoin de réconfort, mais je ne savais pas comment le lui apporter. Je m'avançais en essayant de faire le moins de bruit possible, avant de m'agenouiller en face de lui.
Sans attendre une quelqu'onque réaction, je l'enlaçais et posais ma tête sur son épaule. J'espérais qu'il ne repousserait pas mon geste, qu'il accepterait et comprendrait que je voulais juste l'aider. Cependant, je décidais de le lâcher. Peu certaine de sa réaction, je me mis à côté de lui, dos au mur sans rien dire. Il n'y avait plus à dire. Il n'y avait plus rien à faire. Une jambe à demi pliée, l'autre totalement étendue, je posais mes au sol avant de soupirer, lasse.

» « Il est des rêves qui nous bordent et nous bercent, et d'autres qui nous froissent et nous blessent. » {Evan H. Caster • Alex Smith}
» PREMIER EVENT - Les estres sont parmi nous ! [rp : 2/2]