Gé-ni-al. [Anaïs Young]

29/12/2014

6h00
Mon réveil sonna, interrompant mon profond sommeil. Il était fou que, dans l'éternité d'une boucle, nous avions encore des horaires à respecter à la lettre. Mais il en était ainsi, peut-être pour nous forcer à vivre normalement. J'arrêtai la sonnerie en grognant, et me levai, faisant grincer le parquet sous mes pieds nu. Je m'approchai de la fenêtre, de laquelle je voyais le jardin quasiment vide de la maison. L'agitation viendrait plus tard. Pour l'instant, tout le monde dormait, sauf ceux qui, comme moi, avaient d'autres choses à faire.
Je retirai ma chemise de nuit et enfilait une robe et des collants. Je me recoiffais soigneusement, m'assis au bord de mon lit pour mettre mes chaussures, puis sorti de la chambre sans bruit. Je refermai lentement la porte, et descendit les escaliers silencieusement. Je devais aujourd'hui descendre au village avec Hope, ma meilleure amie. C'était plutôt rare que cela arrivait, j'en étais donc plutôt contente. Une fois en bas, je me dirigeais vers la cuisine, en espérant y trouver mon amie. Elle n'y était pas. C'était étrange, parce qu'Hope n'était jamais en retard. Sourcils froncés, j'allai alors voir le tableau où était inscrit la liste de tâches et ceux qui étaient chargés de la faire. A côté de mon nom n'était plus inscrit « Hope Brown » mais « Anaïs Young ». Anaïs Young, avec qui je venais de me disputer pas plus tard que la veille, et que j'aurais bien aimé ne plus croiser pendant quelques jours, le temps que les choses se tassent. Je soupirai bruyamment, d'avance énervée. Un garçon un peu plus jeune que moi, qui était déjà affairé dans la cuisine, sourit discrètement.

« Mauvaise pioche ? » supposa-t-il.

Bouillonnant intérieurement, je me forçais à lui répondre avec un sourire.

« Tu l'as dis. »

Je reparti alors d'où j'étais venue, empochant une liste de courses laissée en évidence sur une table. Le programme avait dû être changé au dernier moment. Voilà pourquoi Hope n'était pas là, et pourquoi Anaïs devait encore dormir. J'aurais pu partir sans elle. Mais je n'avais pas envie de la priver de ses corvées. J'aurais pu, mieux encore, me transformer en Hope, ou en n'importe qui, pour ne pas avoir réellement à lui reparler. Mais je ne l'ai pas fait. C'était une bonne idée, pourtant, elle n'en aurait jamais rien su.
Je remontais les marches à pas de loups, et toquai à la porte de la chambre d'Anaïs. Je laissai passer quelques secondes, entendant quelqu'un bouger à l'intérieur, avant de lui laisser mon message.

« T'es de corvée avec moi, on part au village à six heures trente. Tâche de ne pas me poser un lapin. » dis-je d'une voix haute et claire.

6h30
J'attendais devant la porte, adossée contre le mur de la maison. Anaïs ne devrait pas tarder à arriver. Si elle avait décidé de venir. Dans le cas contraire, elle pouvait compter sur moi pour la traîner par les cheveux.

02/01/2015

Salut.

29/12/2014

J'attendais depuis cinq minutes devant la maison quand la porte d'entrée s'ouvrit à toute volée. Je commençais à croire qu'Anaïs ne viendrait. Peut-être était-elle moins têtue que ce qu'elle affirmait. Ou peut-être avait-elle décidé de mettre ça de côté, pour une fois. A moins que notre ombrune ne l'ait forcée à venir. Quoi qu'il en soit, elle était là, et apparemment même de pas trop mauvaise humeur car elle esquissa un petit sourire.

« Salut. » souffla-t-elle en passant à mon niveau.

Je lui ai répondu sur le même ton, ne voulant pas paraître trop avenante. J'avoue que que ce coup-là, elle m'a prise au dépourvu. On se mit en route, sans un mot. Nous avons traversé silencieusement le jardin, et aucune de nous deux n'a ouvert la bouche avant d'arriver dans les bois. La température chuta d'un coup, l'endroit étant privé de soleil au début de la matinée. Il fallait bien regarder où on mettait les pieds pour ne pas trébucher, si bien que nos regards ne se croisaient que peu, et très rapidement. Je ne savais pas trop quoi penser d'Anaïs, la colère de la veille étant retombée. Plutôt rancunière néanmoins, ce que je lui demandai ensuite me surprit :

« Ca va ? »

02/01/2015

Nous avions marché sans qu'aucunes de nous deux ne disent un mot. Enfin nous arrivâmes dans le bois. Moi j'avais plutôt l'habitude de venir ici avec William, ce n'etait pas un problème. Même si nous prenions pas du tout le même chemin que pour aller dans la petite clairière je me sentais à mon aise.
Ça question me laissa perplexe. Elle se fichait de moi nan? Je n'avais pas oublié les événements d'hier. Je haussais un sourcil.

-Euh.... Oui.

Je ne la comprenait pas bien sur ce coup. La dévisageant je continuais à marcher vers le centre ville.
L'idee m'avait effleurer de demander pardon, mais je me retins. Ce n'etait pas ma faute si la fille se sentait comme dans la peau d'une vieille. Moi je lui avais juste demandé de me montrer son don.

C'est encore loin?

Je ne connaissais pas la route, j'y étais il y a très longtemps. Je trouvais ça ennuyeux a mourir de faire des courses.

29/12/2014

« Euh ... Oui. »

Je me baissai pour passer sous une branche qui tombait un peu trop bas, et remit une mèche de cheveux qui s'était détachée derrière mon oreille. Un léger chemin s'était tracé dans l'herbe au fil du temps. On pouvait voir la terre certains endroits, parsemée de cailloux de toutes tailles.

« C'est encore loin ? » demanda Anaïs.

Cela faisait cinq minutes qu'on marchait. C'était encore loin, oui, très loin ... Surtout en telle compagnie. J'attendis quelques secondes avant de répondre, histoire de donner une estimation du temps qu'on mettrait à parcourir le reste du chemin. Il fallait encore traverser la forêt, descendre le long des fermes, et ensuite seulement on arriverait en ville ...

« Plutôt, oui. Encore trente minutes, en allant vite. »

Je me mis à marcher plus vite, à faire de plus grands pas. Il ne passa que quelques minutes avant qu'une idée de m'effleure l'esprit. C'était le genre de truc qui faisait plutôt prendre leurs moyens aux gens, en général. C'était aussi le genre de truc qui forçait le respect : ils se rendaient compte que je pouvais m'incruster dans leur vie, les remplacer, ruiner tout ce qu'ils avaient. En bref, le genre de truc qui j'avais envie de montrer à Anaïs à cet instant. J'attendis qu'Anaïs regarde au sol, avant de me servir de ma particularité : ni une, ni deux, me voilà devenue Anaïs Young. Légèrement plus petite et plus légère. Une des premières choses que je remarque à chaque fois. Sensation de froid au niveau des mains. Ça devait être sa particularité. J'étais toutefois incapable de m'en servir. Je me tournai vers elle, et je pris plaisir à la regarder dans les yeux avec ses propres yeux.

02/01/2015

Je soupirais. À quoi servait le temps ici ? Nous ne vieillissons pas, il n'était donc pas notre ennemi mais en même temps il m'énervait. Devoir regarder les secondes passer à une lenteur... Et les heures qui passent comme de l'eau dans un robinet, c'était... Horrible.
Je posais mes yeux sur mes pieds, et continuais d'avancer. Je ne dis plus rien avant un moment. Cependant je relevais la tête, ce n'était plus Éden qui marchait à côté de moi mais... Moi. Surprise je fis un bond en arrière. C'était quoi cette blague pourrie ? Je dévisageais ... Enfin je me dévisageais avant de comprendre. Elle posa son regard, mon regard, dans le mien. Je ne savais pas qu'il était aussi ... Froid. Bleu, blanc. Ça avait un côté charmeur et ,comme je vous le disais avant, froid. Si il ne gênait pas les gens de mon entourage, ce n'était pas un problème. Je fixais mon ego physique. Je soupirais de nouveau. Je ne savais pas ce qu'elle voulait faire. M'embêter ? Si c'etait le cas elle avait réussi, mais je ne laissais rien paraître.

-C'est bon t'es contente de ton petit jeu là ?

Moi aussi si je voulais je pourrais créer une statue de glace la représentant. Mais pour ça, j'avais besoin de temps, de patience et de calme. J'en avais deux sur trois. C'etait déjà ça.

29/12/2014

Anaïs fit un bond, sans doute surprise. C'était hilarant, et j'eus du mal à ne pas éclater de rire. Je m'attendais plus ou moins à cette réaction-là (qui était normale, logique), mais c'était toujours aussi drôle. Elle se reprit rapidement, ne voulant sûrement pas paraître déstabilisée devant moi. Je la comprenais, sur ce coup-là. Elle avait un ego, une fierté, et c'était quelque chose que je possédais moi aussi. Je préférais ça.

« C'est bon t'es contente de ton petit jeu là ? »

En réalité, j'étais plutôt contente, mais je n'en dis rien. Je continuai à avancer, avec ces jambes inconnues, espérant qu'elles tiennent le rythme. Je comptais cependant reprendre mon apparence avant de sortir de la forêt, dans laquelle nous étions plus ou moins cachées. Personne ne s'aventurait jusqu'ici. Dans les collines, en revanche ... Au bout de quelques pas, je me suis tournée vers Anaïs :

« Tu voulais que je te montre ce que je pouvais faire. Eh bah voilà. » lui dis-je en haussant les épaules.

Je n'avais pas souris, mais mon ton n'était pas agressif non plus. Simplement neutre, toutefois prêt à se charger de reproches, si nécessaire.

02/01/2015

Elle se croyait drôle ? Nan mais vraiment là. Cela lui faisait peut-être rire mais pas moi. Pour moi c'était plus ... Étrange. Sentir une personne qui marchait exactement comme vous. Qui vous ressemblait physiquement. C'était déstabilisant. Et c'était ce qu'elle voulait. Qu'on ne me dise pas qu'elle n'avait rien contre moi ! Et si elle pensait que j'allais exploser de rire face à elle, enfin moi. Je me renfrognais et continuer à avancer en essayant de ne pas faire attention à Éden. Mais c'était plutôt compliqué.
Décidée à ne pas perdre mon sang froid j'essayais de ne pas me vexer. Ça aussi c'était dur. Je serrais les dents en passant en dessous d'une branche avant de me mettre à sa hauteur. Tu veux jouer à ça avec moi ? Bien.

- Si tu aimes prendre ma personnalité tu aimerais prendre mon don.

Je tentais de prendre le même ton qu'elle avec un petit sourire. C'etait un défi que je lui lançais. Je n'etais même pas sûre qu'elle sache l'utiliser. Tant mieux pour moi. D'un simple geste je givrais une branche avant de la regarder, en essayant de retenir un sourire mesquin.

29/12/2014

« Si tu aimes prendre ma personnalité tu aimerais prendre mon don. »

J'ai haussé un sourcil, indignée, tandis qu'elle givrait une branche à côté de moi. Je crois qu'elle essayait de m'impressionner mais ça n'a pas marché : j'avais déjà vu un tel spectacle des centaines de fois ... Ce n'était plus aussi impressionnant que les premières fois où je l'avais vue faire, évidemment. On se lasse de toutes choses, même les plus particulières.

« Eh, que ce soit clair : je ne prends pas ta personnalité. Je prends ton apparence. J'ai toujours ma propre personnalité, là-dedans. »

Je prenais le reste de sa phrase comme un défi que je ne pouvais relever. Je ne pouvais pas maîtriser les particularités de ceux dont j'empruntais l'apparence. Sauf les particularités qu'on ne choisit pas de contrôler : l'invisibilité ou la lévitation, pour ne citer que les plus courants. Celle d'Anaïs n'en faisait pas parti.

« Et aussi, je ne peux pas utiliser ta particularité. Mais ce n'est pas grave, puisque je n'aime pas tellement prendre ton apparence, je n'aimerais pas tellement prendre ta particularité. Je l'ai fait parce que tu me l'avais demandé. »

J'ai recommencé à marcher un peu, ne me retournant qu'après plusieurs mètres pour regarder si Anaïs me suivait. A la base, je voulais simplement lui montrer, pas que ça tourne en défi ridicule de gamines qui cherchent à savoir quelle particularité est mieux que l'autre. Je n'avais pas envie de me donner en spectacle comme ça. Peut-être qu'elle le voulait, mais il fallait qu'elle se trouve un autre partenaire, alors, parce que ce ne serait pas moi. Je redevins moi-même, à mon plus grand bonheur.

« Ne tourne pas ça en défi, ça partait d'un bon sentiment, cette fois. »

02/01/2015

Ah oui ? Et pourquoi il y a quelque seconde je t'imaginais bien prendre ma place et achever le peu de vie qu'il me restait ici ? Pourquoi je te voyais te faire passer pour moi et rompre tout lien avec autrui ? Tout cela je l'avais imaginé certe. Mais elle pouvait le faire. Elle pouvait ruiner ma vie comme si je n'étais qu'un simple pantin à modeler.
Je levais un sourcil sans répondre. Même pas en rêve, je n'allais pas user de la salive pour ça. Je pouvais être gentille garder mon calme. Mais je n'aimais pas que l'on me cherche comme elle venait de la faire. Je n'acceptais pas.
C'était déjà ça. Si une personne intelligente était en face d'elle et qu'elle avait mon apparence on pouvait le voir vite, puisqu'elle ne pourrait pas user mon don. Bien fait. Ça, j'etais sûre de la garder. Je n'avais encore trouvé personne avec le don de la maîtrise de la glace et être l'unique ne me dérangeait pas. Elle décidait de ne rien ajouter ? Tant mieux. Je pouvais me calmer sans recevoir des petites réponses acerbes. Je ne voulais pas l'avoir en ennemi, je voulais juste voir son don, rien ne plus. Lorsqu'elle redevint elle même, je me détendis. De toute façon je m'apprêtais à lui demander. Avoir vous même devant vous n'etait pas agréable.

- Éden attends.

J'accélérais le rythme pour me mettre à côté d'elle.

- Avoue que ce n'etait pas le meilleur moyen de me montrer ta particularité et que je pouvais le prendre mal ,comme je l'ai fais. Donc je propose que l'on oublie ça.

29/12/2014

« Eden attends. »

Anaïs fit quelques pas vers moi, et je me remis à marcher. Elle marcha à mon rythme, visiblement décidée à échanger quelques mots avec moi. Je ne savais pas à quoi m'attendre, parce que même si ses yeux lançaient des éclairs quelques secondes plus tôt, elle m'avait appelée plutôt gentiment.

« Avoue que ce n’était pas le meilleur moyen de me montrer ta particularité et que je pouvais le prendre mal, comme je l'ai fait. Donc je propose que l'on oublie ça. »

Je manquai de lever les yeux au ciel -j'avais trop de fierté pour accepter un truc comme ça aussi facilement. J'avais, malgré les années, gardé un côté rancunier. C'était stupide, je savais bien, mais on a tous nos défauts. Nous avons continuer à marcher jusqu'à l'orée de la forêt, à quelques mètres de là. Je voyais les fermes de là où j'étais, nous n'étions plus très loin.

« OK. » répondis-je néanmoins avec un petit sourire.

02/01/2015

Vraiment ? Elle était d'accord ? J'avais eu un gros doute après avoir posé cette question, nombreuses personnes m'auraient ignorées totalement avant d'accélérer. Bon je n'allais pas me plaindre. Je souriais à mon tour, hache de guerre enterrée, fait.
En parlant de chose à faire, je pris la liste pliée dans ma poche. Un peu chiffonnée, je la dépliais pour lire ce qu'il fallait. C'était principalement de la nourriture pour les particuliers.

Liste de course. Éden S. Blueman - Anaïs Young
-Baguettes
-Filet de Bœuf
-Tomate
-Œuf
-Farine
-Beurre
-Levure
-Pavé de cabillaud
-Blé.

En fait nous devions aller un peu partout, chez le boulanger, le poissonnier, à la boucherie ect...
Oui, ce sera donc une longue balade dans toute le village, à transporter des sacs et faire des allés retour dans les rues. Génial. Je soufflais avant de voir apparaître Cairnholm et ses nombreuses maisons.

Peu de temps après, nous entrâmes dedans. Comme toujours une règle d'or était imposée. Ne jamais regarder les habitants dans les yeux, ils nous poseraient des questions et un particulier ne saurait pas répondre à des personnes normales.
Je regardais Éden avant de poser mon regard sur la liste de course, toujours dans ma main.

- On va où en premier ?

Je lui tendais le bout de papier avant de reporter mon attention sur l'activité. Quand on pense que ces gens faisaient et vivaient toujours la même chose, sans jamais s'en apercevoir. Ou se dire que cette dame dans la rue, dans le présent est morte, que cet enfant qui joue avec son ballon à peut-être été à la guerre et n'en n'etait pas ressortit. Moi je n'avais pas connu la guerre, mais de nombreux livres en parlaient et je me souviens de ma classe de troisième, lorsque mon don n'etait pas encore découvert, où je vivais normalement avec des amis, normaux.
Je me souvenais de nombreux courts de mon ancienne vie, s'était fait pour.
Et maintenant, je me dis que je suis dans cette période, passée. Je ne cherchais pas à comprendre pourquoi l'on m'avait mise dans cette boucle et non dans une plus... Récente. Cela ne me gênait pas, je n'y pensais pas. J'etais bien à la place où j'etais.
Après ce moment où j'avais laissé mon regard divaguer, je me retournais vers Éden, attendant sa réponse.

29/12/2014

Une liste de courses banale, à priori. J'avais l'habitude, et les quantités ordinaires en tête. J'ai sorti l'argent de ma poche, et je l'ai recompté -quelque chose que je faisais souvent avant d'arriver en ville. Ça ne m'était encore jamais arrivé, mais on pourrait me le voler, qui sait ? Tout le monde avait besoin d'argent, avec la guerre qui faisait rage tout autour de nous -jusqu'au dessus de nos têtes. Je crois que ni Anaïs ni moi n'avait l'air très impressionnante, et il valait mieux faire profil bas avec cet argent. Surtout que je ne savais pas trop d'où il venait, et qu'on pourrait facilement nous accuser de l'avoir volé nous-même.

« On va où en premier ? »

Habituellement, je commençais par le fond de la rue pour ensuite la remonter, ce qui évitait les allers-retours les bras chargés. J’entraînais donc Anaïs dans la petite "foule" qui traînaillait dans la rue principale. Dans cette foule qui, dans le présent, était morte. Un frisson me parcouru, et je m'obligeai à l'ignorer. Nous n'avons pas contré la mort ; nous ne faisons que la retarder. Et cela au prix de mille et une choses, dont la première était de vivre parmi des gens morts il y a des années. C'était assez morbide, et j'avais beau m'y être fait, je ne pouvais pas m'empêcher d'y penser. Les humains sont faits ainsi : certaines choses les horrifient et les intéressent à la fois. J'ai poussé la porte de la boulangerie avec un soupir, puis j'ai retrouvé mon sourire habituel.

« Bonjour ! » ai-je lancé à l'homme derrière le comptoir, alors que la délicieuse odeur du pain chaud m'envahi les narines.

02/01/2015

Et la réponse ? Je la regardais avant de soupirer exaspérée, ça lui arracherait la bouche de me répondre ? Avec l'argent dans sa main, je mis instinctivement la mienne dans ma poche pour sentir les ronds froids sur mes doigts. Je lançais un regard sur la liste, la boulangerie en face, boucherie à gauche, poissonnier ? Je parcourais la rue emplie de personne d'un regard, avant de voir la vitrine avec des poissons. Éden était déjà partit vers la boulangerie. Elle était si gourmande ? Je faillis rire, mais me retins, avant de m'éclipser dans la foule, vers le magasin en question.
Dedans, il y avait peu de monde, le poissonnier me salua gentiment d'un signe de la tête, que je lui rendis en souriant. C'etait quoi déjà sur la liste ? Ah oui, le pavé de cabillaud. Je détaillais les poissons, je ne risquais pas de le trouver, c'etait sur. Mais qui s'y connaissait en poisson dans la maison ? Et puis voir leurs orbites vides n'étaient pas ce que je préférais. Sans parler de l'odeur. Comment faisaient ces gens pour vivre à longueur de journée dans cette puanteur ?!
L'homme me fixait, sûrement en attendant que je demande ce qu'il me fallait. Je souriais à moitié.

- Du cabillaud s'il vous plait.

Il hochait la tête avant de s'approcher de la glace pleine de poisson. Il en prit un pour me le mettre dans un sachet. Je payais la note avant de sortir, sac en main.
Éden était-elle encore dans la boulangerie à baver face aux pains aux chocolats ou était elle sortie ? Je m'approchais du lieu qui sentait bon les confiseries, c'était tentant, mais je ne rentrerai pas. Les pièces dans ma poche partiraient vite sinon.
Je souriais de mes propres pensées avant de rechercher Éden.

29/12/2014

Quand je suis ressortie, Anaïs n'était plus dans mon champ de vision. J'ai grommelé un instant, agacée, et me suis postée au milieu de la rue. J'ai posé mon sac de farine et de pains par terre et l'ai attendue un moment, les bras croisés. A vrai dire, je me sentais un peu responsable d'elle -j'étais la plus âgée, c'était à moi de veiller sur elle. Et j'avais réussi à la perdre en cinq minutes. Était-elle seulement rentrée dans le magasin avec moi ? Ou est-ce qu'elle était allée flâner ailleurs ? J'ai scruté la rue des yeux, énervée mais aussi inquiète. J'avais envie d'aller la chercher dans chaque commerce de la rue, mais je ne pouvais pas me permettre de la louper si elle en sortait. Mon esprit a commencé à imaginer des théories plus folles les unes que les autres quant à l'explication de la disparition d'Anaïs. Et si elle s'était faite enlever ? Ou peut-être qu'elle avait été tuée ? Et s'il y avait un estre dans la boucle ? « Mon Dieu ! » C'était possible, après tout, il y avait bien eu un estre il y a seulement quelques semaines ...
Je me suis rendu compte alors que j'aimais bien Anaïs malgré tout, parce que les particuliers étaient ma famille, et qu'elle en faisait partie. Même si elle était énervante, ou qu'elle se moquait de moi, j'avais l'habitude de la voir depuis des années, même sans lui adresser la parole, et elle faisait partie de mon quotidien ... Elle a très vite coupé mes idées noires en sortant de la poissonnerie. J'ai reprit mon sac et me suis avancée vers elle au pas de course.

« Ah, bah te voilà ! me suis-je exclamée en arrivant à sa hauteur. Tu aurais pu me dire où tu allais. »

[Très nul, mais bon ]

02/01/2015

Très vite, Eden approcha, et me fit immédiatement une reproche. Elle n'avait pas besoin de faire la mère poule. Je le connaissais même si je n'y venais que rarement, beaucoup trop ennuyeux pour moi. Et puis je prenais juste ce qu'il fallait acheter, pas de quoi s'inquiéter. La poissonnerie était juste en face de la boulangerie. S'il y avait eu un problème, elle m'aurait entendu crier. A moins qu'elle n'ait des problèmes d'auditions. Elle ne m'en avait pas parlé et avait toujours très bien entendu jusque ici. Bref, ça ne servirait à rien de penser ainsi.
Je levais discrètement les yeux au ciel avant de hausser les épaules. Nous venions de nous excuser, je ne rien dire qui serait néfaste ou cassant. Se taire n'était pas une si mauvaise idée, mais j'avais la langue plutôt bien pendue, j'allais devoir faire un effort. en premier lieu, je lui devais des explications, non ? Je ne m'excuserai pas, puisque je n'avais rien fait de mal, mais si elle devait inquiéter autant savoir pourquoi j'étais partie.

- C'est pas la mort, je voulais juste qu'on en finisse vite, faire les courses, ce n'est pas ce que je préfère. Expliquais-je donc.

Je raffermis ma prise sur le sac pour pas qu'il ne glisse, avant de lui demander :

- Si on ne prend pas tout ce qu'il faut, tu penses que l'ombrune nous fera la peau ?

Ce n'était pas que je voulais arrêter là et aller me balader autre part, mais l'idée était tentante.

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