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 Perdus dans la jungle

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Anaïs Young
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyVen 30 Déc - 23:48

La discussion m'avait chamboulée. Pour être plus claire, elle m'avait tout simplement ruinée. Victor avait pris les documents, et était parti, comme ça, en me claquant à la figure que William serait sûrement mort d'ici peu. Il mentait ! Il mentait ce n'était pas possible autrement ! Les infirmiers ici allaient le soigner ..! Et il allait s'en sortir, ce n'était pas possible autrement. S'il n'était pas mort là-bas en pleine jungle, il ne pouvait pas mourir non plus ici avec tous le matériel et des docteurs à disposition. Il était fort, William, il allait y arriver, il allait s'en sortir… Victor avait pris les documents, puis il était sorti, comme si cette discussion n'était pour qu'il qu'une broutille alors qu'elle me ravageait de l'intérieur. Comme de l'acide, elle me rongeait, et me détruisait. Elle brûlait de l'intérieur, et je n'avais plus qu'une envie : trouver un coin et y mourir. C'était trop, trop pour mon corps, trop pour mon esprit, je n'étais pas capable de supporter cette pression… J'allais déchirer tous les autres dossiers présents dans cette tente pour essayer de me calmer lorsque le… le mec là, je n'avais aucune idée de qui c'était, puis je n'en avais pas grand chose à faire, rentra de nouveau, accompagné d'un de ses soldats. Je le vis, et n'y fis pas plus attention, les yeux rivés sur les documents qui me tentaient de plus en plus. Lorsqu'il se mit à parler je dus prendre une grande et profonde inspiration pour éviter le moindre geste compromettant. Je devais faire revenir Victor. Il ne pouvait pas partir comme ça, je lui avais donné ses dossiers bon Dieu ! Et et ! Merde quoi ! Je serrai les dents, sans écouter le laïus de l'homme. Je fixai le vide, un point invisible, et fronçai les sourcils en parlant de "Miss Young". Pitié, appelez moi Anaïs, ne poussez pas le bouchon trop loin non plus, vous m'avez déjà roulée dans la farine, ne faîtes pas comme si vous aviez du respect pour moi. Ainsi le charmant de jeune homme à côté de lui me servirait de lèche-botte ? A sympathique, je n'aurais pas cru être en prime surveillée comme un gosse de dix ans. M'enfin, de toute façon mes déplacements risquaient de se résumer à "infirmerie - toilette" puis peut-être qu'un jour je me noierais dans la cuvette, c'est aussi une possibilité. J'arquai un sourcil à sa mention de chose "exceptionnelle". Quoi ? Il ne voulait pas qu'il neige en pleine jungle ? Ça pourrait être drôle quand même, surtout de voir sa tête, celle des soldats d'ici, et encore plus celle de Vladimir. Oh que oui, très drôle. Après tout ce que j'avais vécu, j'avais bien le droit de m'amuser un petit peu, non ? Histoire de leur faire payer. Si William mourrait… Etait-ce utile de préciser que personne n'y survivrait ? Non ? Bien, nous étions donc d'accord sur la chose, tout ne dépendait que plus d'eux maintenant. Je le regardai, l'air de dire "vous êtes sérieux ?" puis secouai la tête, désabusée. Y'avait pas à dire, j'étais à bout, et personne n'arrangeait les choses. Puis il se tourna, et chercha dans ses papiers. Euh, très bien, et moi dans l'affaire ? Je bougeais ? J'allais où et. Ah oui, lui. J'observai le jeune militaire. C'était avec ça donc que j'allais passer mes futures journées ? Boarf, je m'y ferai, dans le pire des cas je me réfugierai dans le compartiment des femmes ou dans les douches, il ne m'y suivrait pas.  
Néanmoins, je sursautai brusquement quand il se tourna et nous gueula de, je cite, "dégager le passage". Poussée par la surprise, je me mis comme une grande, toute seule sur mes deux jambes, et sortis de la tente, suivis par le… le soldat. Il faisait toujours aussi sombre, dehors. Je balayai le camp du regard. William avait été transporté où ? J'étais complètement perdue, et puis tout était sombre, c'était dur de s'y retrouver.  Je me retournai en entendant la voix du soldat. Je n'avais pas envie d'être méchante, il n'était pour rien lui, puis j'étais certaine que cela devait l'ennuyer de devoir me surveiller. Oh, je ne m'attendais pas à grand chose. La seule chose que je voulais pour le moment, c'était savoir où était William, et qu'on me foute la paix. Alors autant y aller doucement, pour lui dire de se casser bien gentiment.

- T'embête pas avec ça, je suis certaine que tu as autre chose à faire que t'occuper d'une gamine comme moi, pas vrai ?, un léger sourire, très faible, se dessina sur mon visage, et je levai les yeux pour sonder son visage de mes yeux clairs, trop clairs.

Gamine qui avait sûrement le double de son âge. Mais il ne pouvait pas le savoir, et si tout se passait comme le voulait le "colonel" alors il ne le saurait jamais. S'il savait. S'il savait ce qu'ils leur cachaient, que ces deux individus qui venaient d'entrer dans le camp n'étaient pas forcément normaux, que l'un avait fait un beau séjour en hôpital psychiatrique, qu'il était vieux de la seconde guerre mondiale et… La tête me tournait. Je fronçai les sourcils, et portai une main à ma tempe. Ok, ne pas tomber, ne pas tomber. Ce n'était pas parce que je sentais soudainement la rotation de la terre sous mes pas que je devais me plier à la gravité. Je titubai quelques secondes.

- Je vais…

Oui, j'allais quoi ..? Exactement. Dormir était impensable, même si j'étais épuisée, je ne parviendrais jamais à m'endormir. En plus avec… Il avait dit quoi ? "Le quartier des filles" donc chambre commune, donc vie avec plein d'autres femmes qui me regarderaient sûrement de haut comme pour dire "comment peut-on envoyer une gosse dans la jungle ?" et moi qui n'aurais qu'une envie : leur cracher au visage. En plus j'arriverai en pleine nuit, bonjour le moment gênant. Non non. Aller me doucher ? Encore mieux, je n'avais aucune idée des têtes possibles d'une douche dans un camp militaire mais bon, je préférais encore me laver dans une cascade. Je ne savais pas ce que je voulais, je ne connaissais même pas l'endroit, je ne voyais rien, et bordel…  Je clignai plusieurs fois des yeux, et vis enfin à peu près nettement. Ce n'était pas gagné, pas gagné du tout.

- Puis zut, laisse-moi crever aussi, ça facilitera la vie de tout le monde, lâchai-je en grimaçant, d'une voix dépourvue de tout sentiment.
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Kaï Jenkins
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptySam 31 Déc - 0:27

        Okay... En mauvais état la fille. Elle a quoi, dix-sept ans à tout casser ? Kaï n'était pas très doué pour approximer les âges, à vrai dire c'était la première fois qu'il essayait, donc bon. En tout cas, mieux valait ne pas traîner juste devant la tente du saint patron sinon ils allaient se faire chapitrer. Il avait pensé qu'elle voudrait une douche mais elle n'avait pas l'air décidée. Après avoir marché je ne sais combien de temps dans une jungle, c'est ce qu'il aurait voulu, en tout cas. Est-ce qu'il avait autre chose à faire ? Kaï faillit hausser les épaules. Oui, c'est sûr que ça ne l'arrangeait pas mais il fallait bien que la lubie du colonel passe. C'était un moyen comme un autre pour Kaï de prouver qu'il n'attendait pas de faveur et qu'il était comme les autres.

        "Les douches sont vides à cette heure tu seras pas dérangée," dit-il, évasif, en se demandant s'il devait insister.

          Il fallait bien qu'elle se lave pour dormir, non ?.. Il ne pouvait pas l'amener dans les salles des soldats il y aurait forcément du monde et elle avait l'air exténué. Et "laisse-moi crever aussi" ? Commet ça, aussi ? Ah oui, le type qui était avec elle ! Il était... Non, il ne pouvait pas être mort, si Birn s'occupait de lui. Cette femme avait un sacré caractère, elle ne renonçait jamais. Et c'était aussi une excellente chirurgienne, il connaissait pas mal de monde qui lui devait la vie.

          "Le type qui était avec toi va pas mourir si c'est Birn qui s'occupe de lui. Elle serait capable de ressusciter les morts, si elle le pouvait. Si quelqu'un peut l'aider c'est bien elle. En fait, lui et toi, vous..."

         Il allait demander "coucher ensemble ?" avant de se dire que c'était pas correct. Il avait passé trop de temps avec son voisin de chambrée qui venait du Texas et parlait comme un charretier.

        "... Êtes ensembles ?" finit-il donc en se rattrapant de justesse.

          Elle vacilla sur ses jambes. Bon, plus tard les questions, s'il ne voulait pas qu'elle s'effondre devant lui il fallait qu'ils bougent.

          "Bon viens on va ailleurs et si tu veux on parlera après."

         Il l'entraina vers le bâtiment des douches, tout en la soutenant. Il ouvrit la porte, et ils passèrent devant le bureau de Martha. Kaï fut soulagée de ne pas la voir là, elle devait vérifier des stocks. Ils s'arrêtèrent en face des douches et il l'assit sur un banc. Il se laissa tomber à côté d'elle. Le néon grésillait. Il fallait espérer qu'il ne s'éteindrait pas au moment où un malheureux sera plein de savon sous la douche. Elle ne semblait pas vouloir bouger tout de suite.

        "Alors ? Il t'est arrivé quoi ?" demanda Kaï, curieux.
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Anaïs Young
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptySam 31 Déc - 11:58

Il me rattrapa de justesse avant que je ne finisse à genoux, les mains dans la terre du camp. Je ne m'étais pas attendue à sa question, je pensais la réponse évidente, pour tout dire, mais apparemment il demandait confirmation. Je serrai les lèvres et me la mordis en me disant que s'il ne survivait pas, plus jamais je ne sentirai ses lèvres contre les miennes, plus jamais il ne me prendrait dans ses bras, plus jamais je ne le verrai sourire, plus jamais je n'entendrai son sourire... et mon envie de m'écrouler n'en fut que plus grande. Mais je me tins à lui, et il m'emmena dans un grand bâtiment, qui, une fois rentrés, à l'odeur, était des douches. Il me déposa sur le banc sur les côtés, et je jouai avec ma gourmette, légèrement mal à l'aise. Cette situation était tellement étrange. Je n'étais pas habituée à être de retour dans une vie où l'âge est important, où l'on vieillit, pas plus non plus à être dans un camp militaire, sous les yeux d'un garçon dont je ne connaissais ni de vue alors encore moins son prénom.

- Merci, soufflai-je, épuisée.

Il fallait bien le remercier aussi, sans lui je me serai lamentablement étalée en plein milieu de la route. Je me passai une main sur la tempe, une nouvelle fois. Assise, les mouvements de la Terre paraissaient se calmer, c'était déjà mieux. Et... la question tant attendue s'échappa de ses lèvres. Je m'y attendais à celle-là, comme j'allais m'y attendre de nombreuses fois durant mon séjour. Sauf si je ne restais à part de tout ce... groupe. Et j'avais déjà pris la décision que c'était ce que je ferai. Si ce militaire devait me suivre alors qu'il en soir ainsi, il serait le seul à bénéficier de ma personne. Le reste... la seule idée de les voir inspirait en moins un certain stress que je sentais au fond de ma poitrine. Je n'avais pas envie d'être l'événement du mois, d'être au centre de tous, de sentir leur regard posés sur moi, de devoir leur parler, leur raconter... bon, il fallait le faire au moins une fois, pour tout déballer. Cela m'aiderait peut-être. Je n'en avais vraiment aucune idée, mais au point où j'en étais. Je le fixai dans les yeux un instant avant de détourner le regard.

- Pas grand chose, après avoir passé trois jours dans un camp, entourée de femmes qui ne parlaient      pas un mot d'anglais, je suis enfin sortie avec les documents grâce à lui. Alors on a décampé, jusqu'à rencontrer hum…, comment lui expliquer une chose qu'il ne connaissait pas ? Un estre ..? Allez-y pour trouver quelques choses. Je mis de longues secondes avant de continuer, un contretemps, qui l'a blessé à ce point. Puis on a dû traverser un ravin, le pont a cassé, on est tombé. Je sais pas comment on a fait pour ne pas se noyer. Il l'était à moitié, j'étais pas vraiment non plus dans un bel état, je passai un doigt sur ma joue un peu bleuie avec la plaie qui la recouvrait, et grimaçai en regardant ensuite mes mains déchiquetées, on a trouvé un autre moyen de passer le ravin, et… Son état s'est détérioré, sans que je puisse rien faire, au point d'en arriver à des      chances de survies minimes…

Je laissai les silences planer quelques secondes, tandis que mon regard se couvra lentement d'un long voile sombre.

- Crois-moi, j'en ai connu des bons, de médecins, et même les meilleures ne peuvent tout soigner, si Victor dit qu'il n'a que peu de chances de s'en sortir, cette Birn peut être très bonne dans son domaine, elle ne pourra rien faire.

Execpté quelques personnes, que je n'étais pas en mesure de contacter. Il y avait bien Victoria, dans la boucle de Miss Tit, et le guérisseur de Vladimir, mais personne… personne ne pouvait venir. Parce qu'il n'avait "aucun compte à nous rendre". Ça me tuait cette déclaration de Victor, tout l'Institut venait de me décevoir énormément.
Profondément blessée par mes propres paroles, je retrouvai soudainement assez de force pour me lever, et murmurer d'une voix blanche un : "je vais me laver" très discret. Je n'avais pas eu bizarrement une envie comme ça de me laver. Non, je ne voulais juste pas me mettre à pleurer comme ça, face à lui. Pas tout de suite. Je continuer de me répéter qu'il y avait encore de l'espoir, que William n'était pas encore condamné, mais plus les secondes passaient plus mon côté pessismiste prenait l'avantage sur l'optimiste, et plus il me narguait en me disant que William n'avait aucune chance. Je l'avais dit moi-même il y a quelques secondes. J'essayais de ne pas y croire. L'idée que William puisse me quitter était insupportable. Je demanderai au garçon de m'amener là où ils l'avaient mis. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, et épuisée pour épuisée je n'étais plus à ça près. Je devais le voir, c'était juste... capital. Je devais le voir, vivant, le voir respirer. J'avais envie de me blottir contre lui et de pleurer toutes les larmes de mon corps. Je levai un instant les yeux, remarquant qu'en réalité, c'était des douches communes. "Hé merde, murmurai-je en secouant vainement la tête.

- Finalement je vais peut-être avoir besoin des vêtements.

Sous entendu : "peut-être qu'il serait temps que tu sortes d'ici aussi".
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Kaï Jenkins
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyDim 1 Jan - 18:21

          Kaï regretta sa question sur la relation qu'ils entretenaient entre eux quand elle baissa les yeux et garda le silence. Ce n'était pas très intelligent de sa part de causer de ça alors qu'elle venait tout juste de sortir de l'enfer de la jungle. Il conclut néanmoins qu'ils étaient ensemble, peut-être en aura-t-il confirmation dans les jours qui viennent. Lorsqu'elle raconta comment elle était arrivée là, Kaï oscilla entre l'impression qu'elle se fichait de lui et le fait que si elle lui avait menti, elle aurait trouvé un meilleur mensonge que ça pour se justifier. Elle avait été enrôlée dans une mission commando, ou quelque chose comme ça ? Mais elle était quoi au juste, un agent secret recruté au berceau ou quoi ? Kaï avait du mal à croire ce qu'elle lui racontait, mais il fallait bien trouver une explication plausible à son arrivée ici et à l'état de santé de son mec.
           Le "je vais prendre ma douche" sonnait la fin de la discussion pour le moment. Kaï se leva et sortit en l'informant qu'il allait lui chercher de quoi s'habiller. Une fois dans le couloir, il se demanda où donc il allait dénicher des fringues qui lui irait. La plus petite femme qui demeurait dans le camps s'appelait Nicole, mais elle faisait seulement une demi-tête de moins que lui. En général, les petits gabarits ne s'engageaient pas trop dans l'armée.

            "Vous rodez près des douches des filles, Jenkins ?"

           Kaï se retourna et se retrouva nez à nez avec Martha.

            "Euh, non, enfin si mais... Vous n'auriez pas des vêtements qui puissent aller à une fille grande environ comme..."

           Il approxima sa taille par rapport à lui-même et mis sa main à hauteur d'épaule.

           "ça ?"

           Martha fronça les sourcils, méfiante.

           "Jeune homme, vous savez que les prostituées ne sont pas acceptées dans cet établissement, même si vous les habillez en soldat."

           De que... Quoi ? Kaï rougit en se rendant compte de ce qu'elle imaginait. Non mais il n'était pas comme ça tout de même ! Martha avait comme qui dirait le don d'aller droit au but et disait la plupart du temps ce qu'elle pensait de tout et de rien. C'était bien la seule personne à pouvoir critiquer le colonel sans risquer sa place. Elle râlait très souvent après lui et le traitait de vieux ronchon, ce qu'il lui rendait bien. Kaï les aurait bien vu mari et femme. Mais là n'était pas la question, il fallait tout de suite dissipé le malentendu.

            "Non non, y'a une fille qui est arrivée ce soir avec un type à demi-mort, ils sortaient de la jungle et...
            - Aaaah oui ! l'interrompit-elle en balayant d'un simple de la main la suite des explications, j'ai entendu parler de ça,on va lui trouver quelque chose à se mettre sur le dos à cette fille."

           Tout en parlant, elle passa devant lui et continua sa route jusqu'à la laverie, tout en continuant à parler :

          "Non mais il paraît que le jeune homme qui l'accompagnait est entre la vie et la mort. On les a expédiés dans la jungle tous seuls, ces gosses ! Non mais à quoi pense le colonel ? Je te jure, c'est une honte ! Ah, tiens, ça sera certainement un peu trop grand mais ça devrait convenir," finit-elle en lui tendant une tenue réglementaire, à laquelle elle ajouta des sous-vêtements.

           Martha regarda le tas dans les mains de Kaï, puis Kaï.

           "Apporte-les lui. Et conduis-toi bien avec elle !"

           Non, Martha n'était pas sa mère. Et oui, elle se conduisait comme ça avec tout le monde. C'est ainsi que Kaï se retrouva planté dans le couloir avec un tas de vêtements pliés dans les mains et des sous-vêtements féminins sur le dessus. Il avait l'air fin, tiens. Le jeune homme se secoua un peu et fila jusqu'à la douche.

             "Je dépose les fringues à l'entrée," annonça-t-il en haussant la voix pour couvrir le bruit de l'eau.

            Il entrouvrit la porte et plaça la pile sur un banc, en évitant d'imaginer la fille en train de se doucher. Il se laissa tomber sur le banc dans le couloir, chamboulé. Non mais il faisait n'importe quoi, il était temps qu'il aille se coucher. D'ailleurs, il était sûr que les gars étaient déjà dans leur lit, eux. Kaï se passa une main sur le visage pour se réveiller et attendit qu'elle ait fini.
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Anaïs Young
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyDim 1 Jan - 20:52

Comme je l'avais insinué le garçon se leva en me disant qu'il allait me chercher des vêtements. Je lui répondis d'un vague hochement de tête et pénétrai une bonne fois pour toute dans la pièce aux douches, en refermant avec lenteur la porte derrière moi. La salle était immense, elle laissait présager le nombre de personne qui devait les utiliser. Je me sentais encore plus petite entre ces quatre murs blancs, et une vague odeur de propre flottait dans l'air. Je déglutis, ma gorge se serra, et je me passai une manche sur les yeux. Deux larmes silencieuses coulèrent le long de mes joues. Puis je pris une grande et profonde inspiration. Si je n'avais pas craqué jusque là, alors je pourrai tenir. Et puis j'allais le voir après, et il serait vivant, dans un sale état sûrement, en même temps il n'était pas non plus en grande forme quand ils l'avaient emmené, et rien ne pourrait le réparer en si peu de temps. C'était à la patience et à l'espoir de jouer maintenant. Elles allaient devoir se battre contre mon pessimisme, et elles avaient intérêt à gagner. Parce que mes nerfs ne supporteraient pas grand chose, déjà qu'ils ne supportaient plus grand chose en ce moment. Heureusement que l'autre garçon avait l'air gentil, j'aurais pu tomber sur pire et... En remarquant que cela faisait déjà cinq bonnes minutes que j'essayais de calmer ma respiration, adossée contre le mur de la douche, et que je n'avais enlevé aucun vêtement, je me dis que je devrais me bouger. Mes habits crottés et collant (je ne m'en rendis compte qu'à cet instant) furent jetés pèle-mêles en un petit tas un peu éloigné de moi, et je finis nue sous une pomme de douche. Je pris les premiers savons qui me tombèrent sous la main, et cherchai l'eau tiède, pour m'y glisser dessous. Les yeux dans le vague, je fis taire mes pensées en secouant la tête. Si je me laissai engloutir par celles-ci, je me connaissais trop faible pour en supporter les autres pensées conséquentes. Alors autant éviter de souffrir inutilement, je verrai ce que diraient les médecins, je verrai, et je le verrai. C'était le plus important, je le verrai. Je sursautai et eus un mouvement de recul en tentant de cacher ma poitrine et mon intimité en général lorsque la porte s'ouvrit, mais le garçon eut la courtoisie de ne poser uniquement les vêtements au sol. Je me rendis en même temps compte que je tremblais sans que je ne sache pourquoi, que cela faisait déjà un moment que j'étais sous la douche, et que je n'avais pas de serviette pour me sécher, oui aussi. Parce que depuis le temps, j'étais propre, bien sûr, mais l'envie de sortir de la douche n'avait pas encore pointé le bout de son nez. J'étais encore dans la chaleur rassurante, dans un petit cocon un peu coupé du monde. J'aurais juste aimé que William soit là aussi, et qu'il me prenne dans ses bras en me disant que nous allions y arriver. Mais je n'étais pas avec lui, et je n'allais pas y arriver. Je pris mon courage à deux mains, refermai la douche, et après quelques secondes me décidai quand même à m'habiller, mouillée ou pas. Demander une nouvelle fois quelque chose au jeune homme me semblait mal poli, je n'aimais pas me faire servir de la sorte, pas plus que de devoir dépendre de quelqu'un. Alors bon, je ne risquais pas d'attraper la crève, bien que les vêtements mouillés et collant n'étaient pas non plus des plus agréables. J'enfilai le soutien-gorge et la culotte, puis mon pantalon et mon t-shirt à la va-vite, essorai mes cheveux avec ma main et emportant en même temps ma paire de chaussette et je sortis. Le militaire était assis sur le même banc que tout à l'heure, et je me rendis compte que j'avais oublié ma pile de vêtements de tout à l'heure. Et zou, demi-tour, pour revenir trente secondes après, munie de mon linge sale, que je ne savais pas où mettre. Par conséquent, je le déposai à côté de moi, et m'assis à mon tour à côté du garçon pour mettre mes chaussettes.
 
 - Comment tu t'appelles ? , demandai-je sans lever les yeux en enfilant la seconde.

Je voulais bien l'appeler "le garçon, soldat, militaire, type, mec" mais bon, ce serait peut-être plus agréable si je connaissais son prénom. Je fis des ourlets au bas du pantalon qui était un peu grand quand même, et sentis le t-shirt me mouler la poitrine à cause de l'eau. C'était gênant. Je me sentais horriblement gênée mais je fis tout pour ne pas le montrer, et y arrivai, et remplaçai mon rougissement par une moue perplexe.

- Et hum, t'aurais pas des chaussures ? Les miennes ont un peu pris l'eau dans la ravin...

Je remarquai en parlant que je faisais exactement ce que je ne voulais pas faire : réclamer, ou l'embêter de nouveau pour aller chercher quelque chose. Bordel, mais en même temps ma situation ..! Ma mère me disait toujours de me débrouiller par moi-même, sauf que c'était délicate là. Je pinçai les lèvres. Ma gêne ne s'arrangeait pas, et le rouge refoulé commençait à me monter de nouveau aux joues. Je finis par me taire, à court d'autres explications.
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Kaï Jenkins
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyDim 1 Jan - 22:37

        Kaï se rendit compte qu'il était vraiment un crétin en la voyant sortir de la douche habillée (ce qui était normal, elle n'allait pas sortir à poil non plus), mais quelque chose clochait : elle dégoulinait sous ses vêtements qui lui collaient à la peau.

         "Mais quel con ! J'ai oublié la serviette !"

         Bordel... Si elle sortait comme ça elle allait se faire sauter dessus par tous les mecs du camp. Certains n'étaient pas franchement fins, alors l'âge ou la virginité, ils n'en avaient rien à foutre. Mais quel con, Kaï, le premier truc que tu prends en allant à la douche c'est ta serviette - et ton savon, mais ça on s'en fout - et d'où tu veux qu'elle sorte une serviette ? De son soutif ? Franchement tu t'améliores pas avec l'âge. Et elle n'avait pas osé ou voulu demandé, elle aurait dû, parce que là, elle n'avait pas vraiment fière allure. Et lui qui était resté sur son banc comme un con ! Mais pourquoi elle n'avait pas demandé, c'était de l'orgueil ? Ou juste le fait de privilégier le pratique, de faire les choses avec ce qu'on a et puis voilà ? De ne pas vouloir dépendre des autres ? En tout cas il allait falloir que Kaï s'améliore question logistique, parce que là bonjour.

             "Non mais demande la prochaine fois, je suis vraiment un crétin. Et je m'appelle Kaï. Et tu peux pas sortir comme ça, tiens," dit-il en enlevant sa veste et en lui tendant.

              Les chaussures... Où est-ce qu'il allait dénicher des chaussures ?

              "La fille de Martha a peut-être laissé des chaussures à ta taille, viens, on va la voir. Je te préviens, elle aime parler et... En fait comment tu t'appelles ?"
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyDim 1 Jan - 23:21

- Mais non, c'est juste que…

Il ne me laissa pas le temps de finir. Bordel, je voulais juste qu'on me foute la paix à l'origine. Je ne voulais pas qu'on s'occupe de moi de la sorte, me donner des vêtements, bientôt ils allaient me nourrir (ce qui était normal d'accord, mais la seule personne qui me permettait de manger depuis des années était Miss Tit) me donner un lit, me loger, j'étais le centre de l'attention, encore et encore, alors que je voulais juste éviter cette situation. Trop d'inconnus, trop de comportements étrangers, trop de choses auxquelles je n'étais pas habituée et je ne serai plus jamais habituée. Qu'il doive me garder comme un gosse était déjà assez bizarre en soit et là... Je n'arrivais pas à exprimer le pourquoi de mon malaise. Mais il était bien présent, bien bien présent. Il m'avait coupée pour ainsi me donner son prénom et... sa veste. Je le fixai étrangement. Il était sérieux ? Il me donnait sa veste ? Mais au pire j'allais rester dehors ou dans l'infirmerie toute la nuit, d'ici demain ce serait sec non ? Et le problème serait réglé, pas besoin d'en faire tout un cirque, pas besoin de sa veste et... Je me frottai le visage. Bien, il n'abaissait pas son bras, et avait l'air décidé à ce que je la prenne. ça ne m'arrangeait pas moi, pas du tout. Je n'en avais pas besoin, il n'avait pas à faire ça pour moi, il n'avait pas à faire quoi que ce soit pour moi. Et il était pas foutu de voir que ça me mettait plus mal à l'aise qu'autre chose ..? Je saisis sa veste à contrecoeur, la mis sur mes épaules, parce que je ne voyais pas quoi faire d'autre, et le remerciai d'une voix timide. Oui, j'avais perdu toute la confiance en moi que j'avais eu en face de Victor, mais lui c'était différent, la situation était critique, et puis Victor je le connaissais, j'étais à bout en colère. Maintenant j'étais à bout lasse, à bout fatiguée, et être en présence d'une personne qui me témoignait autant... d'intérêt ? Il me donnait sa veste juste parce que j'étais mouillée bon Dieu ! Oui, j'avais de quoi me sentir à côté de mes pompes, de quoi me sentir gênée. Je serrai les dents et secouai la tête, en décidant d'être franche.

- T'as pas à t'occuper de moi comme ça, j'ai pas à te réclamer quoi que ce soit, ça ne se fait pas, c'est juste... bizarre, fis-je avec une grimace. C'est pas dans mon éducation, finis-je de but en blanc.

Je baissai une nouvelle fois les yeux sur mes chaussettes. Boarf, de toute façon, c'était dit maintenant. Passons à autre chose. Je mis sa veste complètement, c'était ce que ferait une fille en sortant de la douche encore mouillée, non ? Elle aurait froid non ? Alors je fis comme si j'avais froid, sans véritablement trembler, mais au moins en mettant une couche de vêtements au dessus, bien que ce ne soit pas le cas. Quant-au sujet des chaussures : il était lancé, je ne pouvais rien faire d'autre. Puis bon, j'aurai l'air un peu idiote à marcher à pieds nus, ça d'accord.

- D'accord, marmonnai-je à l'idée d'aller voir Martha, ou la fille de Martha, je n'avais pas vraiment compris, puis je répondis à sa question d'une voix un peu plus forte : Anaïs.
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Kaï Jenkins
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyLun 2 Jan - 0:48

         Il fallait avouer que Kaï avait un peu de mal à la suivre. Dans son éducation ? On était plus dans les années où les pères giflaient leurs gosses à table s'ils prenaient la parole sans demander la permission, donc demander ne posait pas de problème, pour lui. Elle était étrange, ou du moins elle parlait étrangement. Ce qui n'était pas forcément une mauvaise chose, mais ils ne se connaissaient pas, donc il ne mesurait pas ce qu'il devait prendre au sérieux ou pas. Il fallait un temps d'adaptation pour se comprendre, et tout et tout. Il ne demandait pas sa confiance ou quoi que ce soit, juste à savoir si oui ou non il devait la suivre partout comme un chien, ou bien s'inquiéter de son impulsivité ou quelque chose de ce goût là. Là, tout de suite, elle ne paraissait pas impulsive pour un sou, mais le contexte était particulier, et d'ailleurs après Martha la chambre des aspirantes semblait une bonne halte histoire d'aller dormir. Kaï se promit d'abréger l'entrevue avec Martha et toqua à la porte de son bureau. La femme ne mit pas longtemps à ouvrir, en ronchonnant.

        "Quoi encore ? Oh, mais c'est la jeune fille en question ! Bienvenue chez nous, mais tes vêtements sont trempés !"

       Martha comprit rapidement et jeta un regard noir à Kaï :

       "La prochaine fois, utilisez un peu votre tête ! Bon, entrez, que vous faut-il cette fois ?
      - Des chaussures, si tu as, répondit Kaï en la suivant.

       Il fit signe à Anaïs de faire de même, et Martha trouva ce qu'elle cherchait au bout de quelques minutes de farfouillage.

       "Bien ! Elles devraient t'aller. Je vous aurais bien préparé quelque chose, mais à cette heure... Tiens d'ailleurs où va-t-elle dormir ? Vous tombez de sommeil, tous les deux, vous devriez aller au lit.
       - Au quartier des aspirantes au deuxième, et oui, c'est ce qu'on va faire. Merci Martha."

         Kaï se releva et ils s'éclipsèrent. La voix de Martha les poursuivit dans le couloir :

          "Sinon, ma porte est toujours ouverte !"

          Le jeune homme enregistra l'information - c'était pas tous les jours que Martha faisait une telle proposition, mais en même temps ce n'était pas vraiment un jour comme les autres - et stoppa en bas des escaliers, se tournant vers Anaïs.

          "J'ai rien oublié, là je te montre où tu dors et c'est tout ?"
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Anaïs Young
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyLun 2 Jan - 13:14

- Ce n'est…

Je levai les yeux au ciel. D'accord on ne me laisse pas parler une fois, pas de soucis, ça arrive. Mais tout de même, laissez moi ouvrir la bouche et vous répondre. Mon cerveau est un peu fatigué, mais je suis toujours en état d'articuler, laissez-moi juste le temps ! Je fronçai les sourcils. Je laissai tomber quant-à l'idée de dire que ce n'était pas la faute de Kaï. Elle parlait trop, trop vite (il m'avait prévenue en même temps) et ne laissait que la jeune homme parler, alors bon. Ils allaient être longs, ces jours dans le camp militaire. Je ne pouvais pas retourner dans la jungle ? Donnez moi le matériel, et j'y serai tranquille au moins. Juste tranquille, c'était ce que je voulais, rien de plus… Je décidai de ne rien ajouter. Martha entra dans la pièce, suivit de Kaï, qui me fit signe de les suivre ; je ne pus que m'y résoudre. La dame se mit à fouiller dans des placards, et, miracle, me sortit une paire de chaussure qui ne devrait pas être trop trop grande pour mes petits pieds. En attendant, je m'étais appuyée contre un mur, le regard dans le vague, pour ne pas paraître aussi faible que ce j'étais en réalité en tombant ou en trébuchant. L'idée de me reposer m'enchantait et m’écœurait en même temps. Mon corps avait besoin de sommeil, mais j'avais peur des pensées qui viendraient si j'arrêtais quelques secondes de bouger. Je ne voulais pas, et pour le peu que je cauchemarde une nouvelle fois… Non non, pas tout de suite, je n'en… n'étais pas capable. Martha me tendit donc les chaussures, j'utilisai le mur, pour m'aider à les mettre, fis les lacets, et me redressai en montrant ainsi que tout allait bien. Elles étaient toujours un peu grandes, mais je n'allais pas m'en plaindre, oh non, ils étaient déjà bien assez généreux avec moi comme ça. Je murmurai un "merci" à peine audible et hochai la tête. La femme aborda justement le sujet un peu… tangible du moment, et même si je n'avais encore rien montré de ma non envie d'aller dormir, ce ne saurait tardé. Je ne pouvais pas retenir Kaï plus longtemps à cause de mes propres conditions, j'étais certaine qu'il avait des entraînements demain, dans un camp militaire, c'était normal. Or, moi, on ne risquait pas de me réclamer, alors que je sois à la ramasse ou non, ça ne changeait pas grand chose. Nous sortîmes du grand bâtiment, et le jeune homme me demanda s'il n'avait rien oublié. Non non, j'avais bien une petite faim mais cela attendrait demain, et non… Bah non, j'étais propre, bien mal à l'aise dans sa veste, un peu mouillée, mais j'avais des chaussures aux pieds et, apparemment, un lit qui m'attendait. Bien que je n'aie aucune idée de le rejoindre, et je lui fis savoir :

- Non. Montre-moi l'infirmerie, ou je ne sais pas comment vous appelez ça, mais là où ils l'ont amené, et après… T'auras qu'à aller dormir, sans même lever les yeux, je sus que cela n'allait pas être gagné si facilement.

Néanmoins, il accepta de me montrer la grande tente qui faisait office d'hôpital pour William. Ainsi il était là-dedans… Lentement, je m'en approchai, et alors que j'allais y entrer, un grand - très grand - homme fit son apparition à l'entrée, comme s'il m'avait attendue durant tout ce temps, et qu'il attendait la seconde parfaite pour jouer son numéro. Je levai la tête.

- J'aimerais le voir et…
- Non, restez dehors, ils n'ont pas fini de l'opérer, répondit-il en me coupant, une nouvelle fois.
- Mais…
- Ce n'est pas possible je vous dis, et il referma la tente en vitesse, comme s'il était pressé de clore cette conversation.

Je restai là, pantelante, les yeux rivés sur l'entrée, encore estomaquée. Les dents serrées, les yeux humides, je pris un grande inspiration. D'accord, très bien. Hé bien j'allais attendre, j'avais toute la nuit devant moi. Entre Victor et lui, je me faisais refouler assez souvent en ce moment. Et… Ah oui, il y avait Kaï, là, juste là, qui ne me lâchait pas d'une semelle. Mais foutez-moi la paix, s'il vous plait, foutez moi la paix, laissez-moi seule…

- Va te coucher je te dis, juste…, je vis qu'il ne bougeait pas d'un pouce, MAIS VA-T-EN ! J'AI JUSTE BESOIN D'ÊTRE SEULE ! SEULE TU COMPRENDS ?! JE VEUX JUSTE… Juste…

Je ne pus retenir mes larmes plus longtemps. Bordel voilà, je n'avais plus que l'air d'une petite gamine apeurée. Je tentai de les retenir, en vain, elles glissaient le long de mes joues, et même si j'essuyais mes yeux, il y en avait toujours plus qui coulaient. J'avais peur, tellement peur, qu'il meurt, de finir seule, d'être de nouveau abandonnée au milieu de personnes inconnues. Et lui là lui, qui s'occupait de moi alors qu'il ne devrait pas, il n'avait pas à le faire, parce que personne ne le faisait jamais à part… à part William et Louis. Je me mordis le pouce, fort, pour ne pas faire trop de bruit, pour ne pas hurler crier ou gémir pour que mes larmes silencieuses restent silencieuses et que personne ne les entende. Mais lui, lui était là, lui il voyait tout… Je mis ma tête entre mes mains pour me soustraire de son regard, pour fuir tous les regards, pour tous les fuir, eux ces inconnus avec qui je me sentais mal à l'aise. Ils n'étaient même pas des particuliers ! J'étais juste une étrangère qui désirait s'enfuir ou plus vite. Et j'étais seule, plus seule que jamais, perdue dans la jungle, avec William qui allait peut-être mourir. Je n'avais plus personne, vraiment plus personne. Et toutes ces choses qui s'accumulaient, ce n'était pas possible de les supporter. J'avais besoin de lui, besoin de savoir qu'il allait vivre, besoin qu'il me prenne dans ses bras et me rassure. Ouais, j'étais juste une gamine perdue, et j'en avais conscience en cet instant.
Et Kaï ne partait pas, il restait là, à me regarder dans ma lamentable situation, à essayer de me démener dans mes larmes. Je m'essuyai les yeux de la paume de mes mains.

- Va-t-en, s'il te plait, va-t-en, murmurai-je.
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyLun 2 Jan - 19:28

Elle voulait aller voir le type à demi-mort avec qui elle était en couple (d'après le peu de choses que Kaï avait réussi à comprendre). Le jeune soldat n'eut pas le cœur de lui refuser ça, même si il lui semblait que c'était plutôt une mauvaise idée. Elle voulait être complètement désespérée, ou quoi ? La suite des événements se passa encore plus mal qu'il ne l'avait imaginé. Ils se firent proprement refoulé à l'entrée, ce qui était parfaitement compréhensible - et ils avaient eu de la chance que Birn soit occupé à l'opérer, sinon ça aurait été une autre pair de manches. Kaï se retourna vers Anaïs pour essayer de lui remonter le moral et de la convaincre d'aller se coucher - parce qu'elle en avait besoin, ça crevait les yeux, et lui aussi d'ailleurs - quand elle se mit à pleurer et à lui hurler de dégager en même temps. Kaï ne réagit pas tout de suite, déconcerté par cette réaction, et se demanda comment une si petite chose pouvait faire autant de bruit et faire aussi peur tout d'un coup. Elle craquait juste, elle avait peur pour son compagnon. C'était triste de la voir comme ça.
Kaï hésita un instant en se demandant comment elle allait prendre son geste, puis la serra dans ses bras :

"ça va aller, ça va aller... Tu dois être forte, tu es la seule qui le connaît vraiment ici, n'abandonne pas maintenant..."
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyLun 2 Jan - 21:05

Comment j'avais fait pour me retenir jusqu'ici ? C'était tellement agréable de pouvoir enfin tout lâcher, de hurler ma colère, ma tristesse et tout mon désespoir. J'avais finalement envie de pleurer encore et encore, si tous mes sentiments pouvaient couler sur ma peau et me laissaient en paix comme le faisaient les larmes, alors oui, je voulais bien tout pleurer. Par contre, je fus énormément surprise de sentir soudainement des bras se poser sur mes épaules pour me rapprocher de lui c'était… Kaï. Kaï venait de me prendre dans ses bras pour me serrer contre lui. D'abord surprise, je finis par puiser dans cette étreinte le réconfort dont j'avais besoin, et je déposai ma tête contre lui, les yeux rivés sur la tente où William était. Je voulais le voir, ce n'était pas compliqué, j'avais besoin… besoin de savoir. Mais ce n'était pas possible, pas possible, pas possible… Je réprimai un sanglot et calai mon front contre son torse pour reprendre ma respiration. Je devais me calmer maintenant. Reprendre mon souffle, mes esprits aussi. Il n'y avait que cela à faire, puisqu'ils ne me laisseraient pas rentrer. J'aurais pu batailler des heures que la réponse aurait toujours été la même, il n'y avait rien à faire, je ne verrais plus William aujourd'hui. Mon coeur se serra, et je mis de longues secondes avant de sentir ma gorge se dénouer un peu, bien que l'envie de pleurer, elle, restait toujours aussi forte. Je me rendis compte seulement quelques minutes, que je commençais à peser tout mon poids contre lui, tant j'étais épuisée. Si seulement William avait été là... j'aurais dormi contre lui, je me serais sentie en sécurité, je l'aurais senti vivant, contre moi et... Une brusque mais fugace grimace déforma mon visage. Arrête, arrête. Pense à autre chose, autre chose bon Dieu ! Et la seule chose qui me vint à l'esprit fut la mort de Louis et l'idée qu'il risquait de finir comme ça aussi. Ma vie n'était qu'un enfer, un enfer dans lequel je me noyais lentement. Je n'arrivais plus à respirer. Mais je devais m'en dégager, je devais... je devais relever la tête pour attraper l'air. Malheureusement il était loin... tellement loin... Alors que le fond approchait, doucement. J'étais au bout du rouleau. Au bout du rouleau et qu'importe ce à quoi je pensais, tout se résumait à une catastrophe. Penser à ma famille était douloureux, penser à Louis était douloureux, penser à William était douloureux... Je n'avais plus rien, et j'aurais donné tout l'or du monde s'il l'on avait pu me débrancher le cerveau, juste pour un nuit. Juste quelques temps, juste... comme si j'étais morte.
Je relevai la tête pour le regarder, me préparant à l'avance au supplice de mes pensées, une fois je me retrouverai dans le noir, seule.

- Merci, dis-je pour la quatrième fois au moins depuis que j'étais ici. Je.. Hum, je veux bien que tu me montres où je dois dormir… Et... Je te laisse tranquille, finis-je d'une voix faible, triste, éteinte.
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyMar 3 Jan - 22:20

         "Tu ne me déranges pas," fit aussitôt Kaï sans réfléchir.

         Il n'aimait pas voir les gens pleurer en général - oui, il n'était pas très endurci pour un soldat, mais c'était plus fort que lui. Surtout quand c'était une fille, qu'elle était jolie, et qu'il se sentait utile depuis le début de cette prise en charge mal menée. Entre la serviette et le peu de mots qu'ils avaient échangé depuis qu'elle avait débarqué ici, puis la crise de larmes, tout allait de mal en pis. Elle n'avait pas l'air méchante, peut-être que dans les jours à venir, il aurait l'occasion de causer avec elle, parce que maintenant, soit elle était trop crevée, soit c'était beaucoup pour elle, soit on ne la laissait pas vraiment causer, on se contentait juste de lui présenter les choses les unes après les autres (et Kaï était inclus dans le "on" en question). Probablement un peu de tout ça à la fois. En vérité, il déciderait dans les jours à venir de si elle le dérangeait ou pas, mais pour l'instant il voulait juste s'assurer qu'elle retrouve son lit et Kaï le sien.

          "ça roule," dit-il en retraversant l'espace qui menait au bâtiment qu'ils venaient de quitter.

           Deux étages plus haut - grimpés avec un œil sur Anaïs, manquerait plus qu'elle tombe dans les pommes et se paye un trauma crânien en dégringolant, Kaï ouvrait doucement la porte de la chambre des cadettes. Des lits étaient disposés en ligne le long des murs. Une table de chevet et une étagère rudimentaire pour chacun, ce n'était pas vraiment le luxe.

           "Ton lit est là, chuchota-t-il pour ne pas réveiller les autres en le lui désignant. Les draps sont propres."

            Il marqua une pause, fit le tour des lieux du regard, puis revint à Anaïs.

            "Si t'as besoin de quelque chose descends voir Martha. Je te laisse, bonne nuit."
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyMer 4 Jan - 13:17

- Bonne nuit Kaï, chuchotai-je à mon tour.

Le jeune homme referma la porte, emportant la lumière avec lui et me laissant dans l'obscurité. Je baladai mon regard sur un peu toute la pièce : il y avait beaucoup de lit, avec beaucoup d'autres femmes dedans, ça s'entendant aux nombreux bruits de draps, aux respirations parfois plus bruyantes, mais le tout restait calme... j'étais la seule éveillée et nous n'avions réveillé personne. Je me déchaussai, enlevai la veste de Kaï et la déposai au bout du lit avant de glisser mes jambes dans les draps. Je venais de changer définitivement de monde. Ces draps n'étaient pas aussi doux que ceux de chez Miss Tit, mais je me surpris à savourer tout de même leur contact sur mes bras et mes pieds. Je passai mon bras sous l'oreiller et mis ma veste, en respirant profondément. Bien, ça c'était fait, et maintenant ? La tâche la plus compliquée, parce quoi que je fasse je pensais toujours à la même chose. Soit William, soit Louis, soit l'un, soit l'autre, encore et encore... Il n'y avait aucun bruit, et l'obscurité ne me laissait aucun échappatoire. Mais le sommeil vint, longtemps après.
La nuit fut courte et longue en même temps, selon le point de vue. Courte parce qu'il était tard quand Kaï m'avait amenée ici, mais longue pour moi, très longue, surtout quand je finis par me réveiller en sursaut, au petit matin, lorsque toutes les autres femmes étaient entrain de se lever. La respiration hachée, transpirantes, je me rallongeai sagement en sentant leur regard perplexe. Déjà qu'elles devaient se demander ce que je faisais ici... oui moi aussi, je me demandais encore pour tout dire. Mais pour le moment, j'étais encore trop perturbée par ma nuit, et la surprise de ne pas me réveiller dans la boucle dans la boucle de Miss Tit (oui j'avais cru quelques instants que j'y étais. J'avais même cru que j'allais me lever pour aller rejoindre William dans la forêt, mais les voix qui n'étaient pas là habituellement m'avaient alarmée, et montrée que non, je n'étais pas chez moi). J'étais ici. Dans le camp miliaire, dans ce qui allait être mon lit durant quelques temps. Je fis de nouveau le regard désobligeant de certaine femme, quelque chose comme : "mais ce n'est qu'une gosse, qu'est-ce qu'elle fout ici ?". Un regard aux alentours m'avait aussi montré que je faisais partie des plus jeunes... physiquement. Sinon le reste ne devait pas a moitié de mon véritable âge. Tout en continuant de parler entre-elles, elles finirent par sortir, jugeant sûrement que je n'étais pas une de leur occupation. Et puis la salle devint vide, et calme. Plus calme que cette nuit. Je ramenai mes genoux contre ma poitrine, et finis calée contre le mur en mettant le drap sur mes jambes. D'une grande inspiration, je pris tout mon courage possible, et posai ma tête contre le mur en fixant la porte. Une nouvelle journée, le soleil s'était levé. En même temps il n'allait pas rester couché juste parce que William était entre la vie et la mort... William... Je devais toujours le voir comme hier ils m'avaient... Ouais, ils m'avaient laissée à la porte. Je jouais avec mes cheveux tout en réfléchissant. Mais je n'osais pas bouger, je n'osai pas sortir de la chambre tout de suite, et je priai silencieusement pour que Kaï vienne. On faisait quoi dans un camp militaire ? Ils n'allaient tout de même pas me faire courir ou quelque chose comme ça... Je n'étais pas assez en forme, j'avais certes repris un peu de force durant ces courtes heures de sommeil, mais je restais toujours fatiguée. J'espérai aussi que mes cernes se verraient moins, parce que bon, il allait se demander ce que j'avais fait de ma nuit, après. Dans une phase de demi-sommeil, puis au final de véritable sommeil sans rêve, je m'endormis contre le mur, dans cette position tout à fait inconfortable.
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyJeu 5 Jan - 20:58

       Kaï sortait de l'entraînement, trempé de sueur. Se lever ce matin n'avait pas été facile mais il l'avait finalement fait et c'était parti pour une nouvelle journée espérons-le pleine de (bonnes) surprises (et d'efforts vu les séries qu'il venait de finir, le sergent-chef n'y était pas allé de main morte). Il était presque 9h et il était déjà fatigué. S'il n'avait pas ses huit heures de sommeil, il avait du mal à tenir sur la longueur de la journée : d'ailleurs, il était dans la lune quand Georges, un de ses meilleurs amis, lui tapa dans le dos. Il avait fini de manger et n'allait pas tarder à partir en mission de repérage comme la plupart des autres jeunes. En tout cas, il avait l'air de vouloir prendre des nouvelles.

       "Alors, il paraît qu'on t'a assigné une gonzesse ?"

       Kaï leva les yeux au ciel.

       "Bonjour à toi-aussi, Georges. Je vois que t'as pas changé depuis hier, toujours aussi mature."

        Georges rit, et se mit à sa hauteur pour parler.

        "Oh, ça va, tu sais que je rigole. De toute façon, Emily m'attend au pays, mais le pays, c'est loin, pas vrai ?
        - Tu sais qu'elle te tuerait si elle l'apprenait ?"

        Une ombre passa dans les yeux de Georges. C'était un sacré coureur de jupon mais Emily avait, elle, un sacré caractère. C'était la seule fille qu'il n'avait pas trompé jusqu'à présent, et pour cause, elle savait le mettre à sa botte. Ils s'aimaient tout en s'engueulant souvent. C'est beau, l'amour.

         "Ouais, et elle me couperait certainement les couilles aussi. Bon, et la nana en question, c'est vrai ce qu'on raconte ? Que c'est une gamine bien roulée ?"

         Kaï arqua un sourcil.

         "On raconte ça ?
         - Ouais, bon, nan pas vraiment, ça c'est ce que j'en ai conclu en la voyant vite fait l'autre jour. On dit juste qu'on sait pas pourquoi elle est là, que le type qui était avec elle va pas tarder à rendre l'âme et que toi, t'es au milieu de ce bordel. Alors, raconte, pourquoi ils sont là ?
         - J'en sais rien.
         - Et le mec y s'est pris quoi pour finir en bouillie ?
         - J'en sais rien.
         - Bon Dieu, Jenkins, tu sers à quoi ?
         - J'me demande des fois aussi.
         - Roooh faut pas dire ça, t'es beau, t'es grand, t'as plus qu'à l'allumer la petite inconnue pleine de mystères. T'es plein de mystères toi-aussi, assemblez vos mystères et puis hop !
         - Elle est avec le mec à demi-mort, Georges. Et d'où tu penses que j'ai envie de me faire une gamine ? s'insurgea Kaï.
         - Alleeer, t'es pas si vieux ! Non, vraiment non, t'es sûr ? Ok, non, conclue-t-il en voyant ma tête. Ah, je dois y aller, fit-il en entendant le sifflet. A plus mec ! Tu me raconteras, on rentre ce soir !"

        Kaï le regarda s'éloigner en secouant la tête sans pouvoir s'empêcher de sourire tout seul. Cet olibrius était vraiment un phénomène. Bon, assez rêvassé. Une bonne douche plus tard, il était devant la porte du dortoir des filles - chose qui ne lui arrivait jamais - et frappa avant d'entrer directement. Il réveilla Anaïs.

        "Merde, excuses-moi je croyais que t'étais levée. Tu veux rester ici ou on va... ?"

       Voir ton mec que t'as pas pu voir hier ?
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyVen 6 Jan - 18:36

Je me relevai brusquement, les yeux grands ouverts, prête à utiliser mon don contre la personne qui venait d'entrer et oula bordel non ! J'évitai la catastrophe de justesse en comprenant seulement après que c'était Kaï. Je m'étais rendormie… Bon Dieu, il m'avait fichue une frousse ! Encore un peu et il aurait fini avec un bâton de glace particulièrement tranchant dans le ventre. Il avait de la chance que j'aie remarqué qui il était tout de suite. Beaucoup de chances. Le niveau de discrétion à propos des choses exceptionnelles aurait été à revoir, puis nous aurions eu un second blessé sur les bras, ce dont je n'avais pas particulièrement envie, non. Si je devais me venger de quelqu'un d'avoir laissé William sans chance de survie, c'était Vladimir, et non ce pauvre Kaï qui s'occupait de moi depuis hier. Me remettant lentement de ma surprise, je me passai une main sur le visage qui me servit aussi à me réveiller

- C'est rien c'est rien, vaut mieux être réveillé comme ça que par…

Les yeux blancs d'un estre ? L'image d'un William dans un caveau ? Le sang de Louis ? Mouais nan, mon début de phrase allait faire tâche dans cette conversation, mais disons que je ne pouvais pas vraiment la finir. Pas en face de lui en tout cas. Je n'en revenais pas de m'être endormie, moi qui avais eu tant de mal hier soir, voilà que je tombais net sans même m'en rendre compte ! M'enfin, j'avais au moins pu récupérer un peu, c'était bien. Maintenant j'avais en face de moi une nouvelle journée, qui ne me tentait pas vraiment pour tout dire. Mais j'étais réveillée et Kaï là, donc au fond... Je dégageai mes draps, pris les chaussures et les mis, et me relevai en finissant de faire les lacets. Rester plus longtemps dans le lit ne me paraissait pas raisonnable, ma conscience me le disait que j'avais à me lever, que je n'avais pas le choix.

- Aller le voir me paraît être la meilleure option, conclus-je.

Nous sortîmes du dortoir, traversâmes le centre où je ne fus même pas surprise par le nombre d'individus habillés avec les vêtements militaires qui s'agitaient autant que des abeilles dans une ruche. Automatiquement, je sentis des regards intrigués me fixer, et je baissai les yeux en fronçant les sourcils pour éviter de les regarder en face ou d'avoir à les affronter. J'étais bien devenue l'événement du camp, une vraie bête de foire sous les sourires des hommes, principalement, de ce camp. Je fis tout ce que je pus pour les ignorer et accélérai le pas pour rejoindre au plus vite Kaï, qui m'avait devancé de quelques pas. Je frissonnai et rentrai la tête dans mes épaules, comme si cela allait m'aider à me dégager de se sentiment d'être observé.
 Cette fois il n'y avait personne devant la tente pour m'empêcher d'entrer. Ce n'est qu'en passant à l'intérieur que je vis un... "infirmier" assit à côté de l'entrée en question. Silencieuse, et sans vraiment regarder l'infirmier, je m'approchai de William, allongé sur le lit. Il avait les yeux fermés, et était relié à différentes machines, un peu partout en réalité. Sur le coup, je fis un pas en arrière, surprise et en même temps pas tant que ça. C'était... Etrange de le voir ainsi, je me sentais... brisée, comme si mon monde s'écroulait une seconde fois, comme si je risquais de mourir avec lui, que si les machines cessaient, alors tout le reste deviendrait poussière en s'effondrant sur moi. Sur nous. Hésitante, ayant peur d'aggraver encore plus la situation en approchant, je finis par faire les derniers pas, et m'appuyai sur son lit. Je scrutai son visage, avec le sentiment de ne pas l'avoir vu depuis des mois. J'avais cette impression, l'impression que nous nous étions quittés il y a un siècle et nous revoilà... je me mordis la lèvre et lui pris la main, doucement, de peur de le casser un peu plus. Je m'assis à coté de lui, proche de son visage, et sentis une nouvelle fois mes yeux s'humidifier. Sois forte, s'il ne peut pas t'aider à te battre, alors c'est à toi de l'aider, et pour ça, tu dois être forte. Forte. Je fermai les yeux un instant et les rouvris. Je remis correctement ses cheveux derrière ses oreilles, le prenant presque pour une poupée de porcelaine, et caressai sa tempe silencieusement, avec des gestes tendres, délicats. Mon pouce rencontra la peau de sa joue, que j'effleurai elle-aussi, avec tendresse, et suivis les traits de son visage, avec désespoir. Un désespoir qui ternissait mes pupilles, les rendant sombres, grises. Tout me semblait tellement irréel. Je n'acceptais toujours pas la réalité et... Je serrai inconsciemment sa main dans la mienne, les yeux rivés sur son visage, et déposai mes lèvres contre son front en un baiser.   
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Kaï Jenkins
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyVen 6 Jan - 19:38

        Aussitôt dit, aussitôt fait, Kaï la conduisit à bon port. Il fit mine de ne pas voir les nombreux visages qui se tournaient sur leur passage. Anaïs avait revêtu l'uniforme, mais difficile de passer inaperçue avec des cheveux aussi blonds. Ils slalomèrent entre les gens et finirent par arriver à la hauteur de la fameuse tente. Pas besoin de la convaincre d'entrer, Anaïs franchit elle-même le seuil, et Kaï la suivit. Les rumeurs avaient dit vrai : le type était vraiment en mauvais état. Kaï l'avait déjà vu la veille, mais maintenant ça crevait les yeux. Une machine battait la cadence en écho à son cœur, un bip difficilement discret au rythme relativement lent pour le moment. ça voulait dire qu'il dormait ? Une perfusion transparente était suspendue du côté droit du lit, avec une poche de sang, le tout relié à son bras. Il avait un teint pas terrible, presque aussi blanc que ses draps. Kaï jeta un coup d’œil à Anaïs qui s'avança et s'assit doucement sur le lit. Le jeune homme détourna les yeux et remarqua Henson, dans un coin, qui s'éclipsa, certainement pour aller chercher Birn dans les salles avoisinantes. Il revint un peu plus tard, suivi du médecin. Anaïs n'avait toujours pas bouger, et Kaï commençait à se sentir de trop.

           "Nous le maintenons en coma artificiel pour qu'il ne souffre pas. Je vais baisser les sédatifs pour qu'il reprenne conscience mais je ne garantis rien."

           La brune leva les yeux vers Anaïs en la scrutant sans se gêner.

           "Vous avez bien conscience qu'il n'en a plus pour longtemps, et qu'il faut vous préparer ?"

            Birn n'attendit pas de réponse et ajouta après avoir vérifier les perfusions :

           "C'est fait, je vous laisse."

           Elle fusilla Henson et Kaï du regard, et le message était clair : vous avez intérêt à les laisser tranquille. Kaï crut bon de prévenir :

          "J'attends dehors."

          Et ils sortirent, laissant Anaïs seul avec lui.
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William O'Leary
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyVen 6 Jan - 20:07

         William était dans une sorte de brouillard permanent, plein de flou et de non-dit, des choses qui s'étaient passées un jour et qui se noyaient parmi du rien. Le néant, quelque chose comme ça, de toute façon il ne réfléchissait pas, il n'avait rien à faire, juste à attendre. Il n'était pas bien, il n'était pas mal, rien de tout cela n'avait court ici. Il n'avait même pas conscience d'attendre quelque chose, d'être dans une gare, ou quelque part au milieu de nulle part où une part de lui agonise. Où il agonise en silence, loin de tout, dans ce flou capitonné, une bulle ni froide ni chaude qui n'apporte rien comme elle n'enlève rien. Un univers absent, où tout est absent : lui, le décor, même ses pensées s'étaient tirées il y a belle lurette. Lorsque... Lorsque quelque chose les avaient infectées peu à peu, comme un poison, une gangrène létal qui aspire la vie sans bruit. Il avait essayé de combattre, de garder les idées claires, de les empêcher de l'enfermer, lui et son esprit, dans un espèce de labyrinthe sans queue ni tête qui n'était que plus pénible à chaque minute qui passait, mais... Il avait échoué. Il fallait croire qu'il avait échoué, parce qu'il se souvenait vaguement... De s'être perdu. De s'être perdu en lui-même, si c'était possible. ça paraissait bête à dire, mais c'était ce qui était arrivé, ou du moins en avait-il eu l'impression. Il s'était perdu dans son labyrinthe de cerveau, au milieu de ce... Fouillis provoqué par quelque chose, quelque chose qui l'avait brûlé dès l'instant où il avait été touché, quelque chose qui... Qui provoquait sa mort. Comment ça, sa mort ? Il n'était pas en train de mourir, il... Il ne pouvait pas mourir, il ne...
           Ses pensées se dissipèrent de nouveau, comme un tableau qu'on efface, comme un dessin qu'on gomme. Tout juste un résidu de crayon à papier restait dans sa mémoire, une vague forme qu'il ne savait pas déchiffrer. William émergeait peu à peu. On le forçait à aller dehors, à se précipiter hors de sa tête, mais la transition se faisait lentement. Ses sens se réveillaient, et avec eux une douleur sur tout le côté du corps. Il l'avait presque oublié, celle-là ! Il n'avait pas la force de bouger, il était complètement perdu, embrouillé. Il entendait un bourdonnement qui s'estompait peu à peu, il était quelque part et il ne savait pas, qu'est-ce qui se passait ?..
            La machine à côté de lui s'emballa, comme son cœur quand il commença à paniquer.
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Anaïs Young
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyVen 6 Jan - 22:34

Le « bip bip » régulier sans transforma en un « bip bip » paniqué, rapide, un « bip bip » qui démarrait une course et n'annonçait toujours rien de bon. Je regardai d'abord la machine, alerte, puis William devant moi. Je n'avais pas répondu à la femme médecin par peur de craquer si j'ouvrais la bouche. J'avais juste serré les dents, en me contentant de l'ignorer. Le prochain qui osait dire une telle chose, je l'étranglais. On pourrait me faire la morale sur les choses exceptionnelles, de toute façon ils seraient morts, alors bon, je n'en n'avais pas grande chose à faire. Garder mon calme ne fut pas une mince affaire, et ce fut justement le bruit des machines qui attirèrent mon attention une nouvelle fois. Il se réveillait ? Enfin, se "réveiller" façon de parler, disons qu'il sortait du coma artificiel ? Comme elle l'avait dit ? Pourquoi son rythme cardiaque était si rapide ? Ce n'était pas normal, si ? Je fronçai les sourcils, avant de comprendre à peu près le déroulement de la chose. Si William se réveillait (j'avais un peu l'impression de parler d'un ours qui sortait de son hibernation, et si en même temps je pensais ceci, j'avais toujours l'arrière pensée que l'ours risquait de ne jamais se réveiller). Rien que l'idée de "coma artificiel" me faisait dresser les poils des bras, et me plongeait dans un long mutisme de détresse. Je ne demandais qu'une chose : sortir de cette maudite situation qui était plus un cauchemar qu'autre chose. Un long cauchemar, un trop long cauchemar.
Donc William se réveillait ? Je n'en avais pas la confirmation, puisque Kaï et l'autre était sorti, mais aussi la femme médecin. J'étais seule dans la tente, et ma situation psychologique ne m'aidait pas vraiment à réfléchir à ma situation. J'avais en même temps envie d'hurler à l'aide, d'éclater en sanglot (comme tout le temps en ce moment), ou aussi de lui crier de se réveiller, parce que je n'en pouvais plus de vivre avec cette peut constante au ventre, de cette vie qui se déroulait pour le moment sans lui. Puis, au fond de ma panique, ressortirent les vieux souvenirs, où je sentais le coeur de William se mettre soudainement à cogner contre sa poitrine pour se répercuter contre mon corps. Quand son teint devenait blême (quoi que l'il ne pouvait pas être plus blême qu'en cet instant) et que les cauchemars revenaient à l'attaque. Mais il ne pouvait pas faire de cauchemar dans un coma ? Quoi, cela se voyait tant que ça que je n'y connaissais vraiment rien et que j'avais une trouille finie ? Forte j'avais dit, forte. Retrouver son sang froid, et prendre la situation en main. Je pris une grande respiration, en serrant toujours plus sa main contre la mienne. C'était sûrement de là que je tirais mes dernières ressources. Je ne savais pas comment m'y prendre, comment faire pour qu'il m'entende, comment savoir s'il m'entendait, comment, comment... Je caressai son front, et l'envie d'être prise dans ses bras me fit trembler ; ne craque pas. Je m'avançai un peu vers son visage.

- William, tu es en sécurité, je suis même là. On est dans la caserne militaire. Chut, calme-toi William s'il te plait, il n'y a aucun danger, je veille sur toi, il n'y a aucune raison d'avoir peur...
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William O'Leary
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyVen 6 Jan - 22:51

          William ouvrit les yeux (à moins qu'il ne les ait ouvert avant ? Il ne l'avait pas remarqué, si c'était le cas) et sa vision s'affina doucement. Il était où ? Il était dans un truc, comment on appelait ça, une tente ? En tout cas, c'était couvert, et il y avait un drôle de bruit, qui se répétait à l'infini, strident, et qui lui donnait mal à la tête. William fronça les sourcils. Que quelqu'un la débranche, bordel ! Le jeune homme se remit à respirer convenablement en entendant la voix d'Anaïs. Il était complètement dans le potage, des médicaments circulaient dans ses veines pour lui éviter de sentir quoi que ce soit et c'était pour cela qu'il avait tant de mal à reprendre pied dans la réalité. Et quelle réalité ! Il lui manquait un gros morceau de mémoire, apparemment, parce que même malgré ce qu'ils lui avaient donné, sa peau le tirait sur une ligne sur tout le côté gauche. Et William connaissait bien cette sensation.

          "Bordel, ils m'ont découpé," siffla-t-il d'une voix de vieillard, enroué comme jamais.

          Huuum ils y étaient pas allés de main morte. Il se sentait pâteux, pas génial génial, enfin bref. Il leva les yeux vers Anaïs. Ah, putain, elle était là ! Toute propre et tout, et près de lui, et vivante, et...

          "Salut princesse," fit-il avec une intonation tout aussi rauque.

           Il n'avait jamais eu cette voix-là, et ses poumons produisaient un drôle de sifflement, encore pire que dans la jungle. Comme un vieux pneu troué en fin de course. William secoua la tête intérieurement (c'était plus rapide que de se rappeler comment on faisait pour faire marcher ses muscles) et concentra son attention sur Anaïs.

             "ça va ?"
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptyVen 6 Jan - 23:49

Princesse, avait-il dit, princesse. Il parlait, il parlait comme toute personne sensée, comme toute personne vivante ayant eu le don de parole à la naissance. Je me sentis soupirer malgré sa voix rauque, rêche, qui ne faisait qu'appuyer sur son état déplorable. Bordel, il parlait, bordel j'aurais aimé l'entendre parler pour toujours, juste sa voix, son timbre me rassurait, comme une berceuse chantonnée à un enfant. Tant que j'entendais sa voix, alors il respirerait, et tant qu'il respirerait il ne mourrait pas. Princesse, ce simple mot était tellement de chose, alors que pourtant, ce n'était que des lettres formant des syllabes, puis un sens. Mais à quoi faut-il faire attention ? Au sens, ou au sentiment qui l'accompagnait ? A ce que l'on ressent au fond ou à une définition du dictionnaire ? Les souvenirs aussi, mais eux ils jouent un rôle dans les sentiments, les fois où il m'avait appelée princesse... à la cascade, où nous avions fait l'amour, à l'Institut, dans la boucle.. Des fragments de temps, perdus à jamais, échoués dans nos esprits comme des navires en quête d'équipage. Et Princesse se rapportait aussi à une foule de sentiments : amour, confiance, paix, sérénité, le calme infini, les branchages de la forêt, sa main sur moi. Son sourire qui brillait et illuminait mon visage. Mon coeur se gonfla pour se crisper une nouvelle fois. J'avais dû manger un caillou et il me retombait sur le cœur, il n'y avait pas d'autres solutions. On ne pouvait pas se sentir si légère soudainement pour ensuite se sentir plus lourde qu'une montagne. Ça répondait à sa question d'ailleurs non ? Si "ça va ?". Je me mordis la lèvre. J'avais juste mon petit ami qui entre la vie et la mort, avec un médecin qui venait de me dire que ses heures étaient comptées et ce même petit ami qui me demandait si j'allais bien. Je respirais la joie de vivre, c'était évident. J'aurais aimé plaisanter, ne pas l'inquiéter, le faire sourire, mais à la dernière seconde, la vérité m'échappa.

- Non, non ça va pas, murmurai-je, la gorge sèche, serrée, avec un faux sourire aux lèvres, qui était normalement là pour ma réponse d'origine.

Le problème fut que justement, ces lèvres en question tremblèrent, et le ras de marée inonda tout. Les premières larmes passèrent par le coin de mon oeil, et malgré mes essais pour les ravaler, elles finirent par couler, poursuivies par d'autres, comme si elles s'étaient toutes données le mot pour mouiller mon visage. Je me passai les mains sur les yeux pour les enlever, puis je finis par sourire toute seule de ma douleur silencieuse, et débordante. Tellement débordante que la vérité m'avait échappée, que je n'avais su la retenir. Je me frottai une nouvelle fois le visage, sans réussir à le fixer dans les yeux. Mais je ne pouvais pas lui balancer tout le reste, brut ainsi...

- J'ai peur, fis-je d'une voix faible, qui finalement, résumait parfaitement toute la situation.
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William O'Leary
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptySam 7 Jan - 9:55

         William, rendu peu réactif par tout ce qui était arrivé, amorça un mouvement pour, je sais pas moi, se redresser, la prendre dans ses bras, quelque chose comme ça, mais il abandonna bien vite : ses muscles pesaient comme un plombs et son estomac menaçait de passer par-dessus bord s'il essayait. Il gémit en revenant à sa position de départ. Tout ce qu'il pouvait bouger était son bras droit, et encore ce n'était même pas possible à cause des multiples perfusions qui en partaient. Difficile de faire autrement pour les médecins, l'autre bras était dans un sale état. William fut donc condamné à la regarder pleurer dans l'impuissance : il ne pouvait même pas la prendre dans ses bras pour la rassurer, lui demander ce qui ne va pas... Elle avait peur ? On la traitait mal, ici ? A cette pensée, la colère flamba en William - enfin une réaction normale de sa part, alors qu'il n'était plus que l'ombre de lui-même - en imaginant malgré lui ce qu'Anaïs avait pu subir. Et il avait une imagination très fertile. Non, ce n'était pas ça, ils n'avaient pas l'air méchant ici, et... Mais qu'est-ce qu'il racontait ? La fatigue se faisait déjà sentir alors que ça faisait deux minutes qu'ils parlaient.
           "Pourquoi ? Je suis là moi, il t'est arrivé quoi, ils se conduisent mal ici, ils..."
          Tandis qu'il tentait de passer en revue les possibles options à son mal être, une pensée s'imposa à lui : et si, justement, il n'était plus là. Mais... Il l'avait opéré, il allait s'en sortir, non ?.. Son petit doigt lui disait que toute cette faiblesse, toute cette douleur qu'il ne sentait plus vraiment, seulement quand il respirait, cette sensation tenace que ce n'est plus votre corps que vous habitez, qu'il se désagrège peu à peu, tout cela ne l'avait pas quitté. Malgré qu'ils soient arrivés à bon port. Malgré l'intervention. La fatigue n'aidait pas, mais il finit par comprendre.
           "Je vais mourir, c'est ça ?" demanda-t-il de sa voix affreuse, éraillée, qui ne lui correspondait plus.
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Anaïs Young
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptySam 7 Jan - 10:33

- Tais toi !, criai-je.

Mon coeur allait imploser. Pourquoi persistaient-ils tous à le dire ? De la bouche de William en plus ce n'était que plus douloureux. Je ne pus retenir un sanglot, et je dus tourner complètement le visage pour me reprendre. Tout était sans espoir, sans aucun espoir. Les minutes passaient, et plus ils me répétaient qu'il allait mourir, qu'il allait y passer, et plus ces mots me scindaient le coeur en deux, plus mon esprit se perdait dans les ténèbres du désespoir. Je n'arrivais pas à imaginer de quoi demain serait fait, rien que cet après-midi, alors qu'il était déjà assez tard, me paraissait être un néant infini.  Comme si le monde s'effritait, qu'il perdait tout son sens et s’obscurcissait. Sauf qu'il n'y avait aucune étoile dans cette noirceur, rien pour me montrer le chemin, mais tout pour m'y perdre. Et sa question… Comment vouliez-vous que j'y réponde ? Dire ces mots à haute voix les rendrait encore plus blessant, plus réels, plus assassins et impitoyables. Je n'accepterai jamais de dire ce que eux ne cessaient de ressasser. Il fallait s'accrocher, jusqu'au bout, jusqu'à la fin. Je l'avais toujours fait… Mais la pression était intense, cette fois si, il n'y avait pas pire supplice que de le voir mourir à petit feu sans pouvoir faire quoi que ce soit. Le voir mourir sous ses yeux, imaginer la suite. Mais au fond, que l'on se dise que la fin était proche, on n'est jamais prêt à rencontrer la mort. Ils pourraient me dire encore et encore, que je devais me "préparer" même si l'idée s'incrustait enfin dans mon esprit, sa mort n'en serait que plus douloureuse. On n'est jamais prêt à supporter la mort d'un être cher, le passé et le présent sont différents, bien que les deux soient douloureux, et la seule chose que je pouvais préparer dans ma situation était l'écroulement entier de ce qu'avait été ma vie jusque ici. Mais pas que. Il y avait aussi mon écroulement, ma destruction, ma fin. Anaïs allait s'éteindre en même temps que lui. Je commençais à disparaître déjà, noyée dans ma peine, écrasée par mon mal, perdue dans mes tourments. Je baissai la tête.  

- Tu ne peux pas mourir, j'ai besoin de toi, parvins-je à sangloter doucement.
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William O'Leary
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptySam 7 Jan - 11:03

        William n'attendait pas spécialement de réponse, mais celle-ci fut violente. Donc, c'était vrai. Il l'avait senti rien qu'en posant la question. Il était cassé, définitivement, et les médocs lui permettaient juste de mourir un peu plus lentement, sans sentir grand chose. De rendre la mort un peu plus douce, en somme. Interdit, William ne répondit pas. Il n'arrivait pas à y croire. Il allait vraiment... Sa vie allait vraiment... S'achever ici ? Il n'y croyait pas, il ne voulait pas y croire. Mais Anaïs en était la preuve flagrante. Bon sang. Son cœur s'emballa de nouveau, et il ne pouvait pas le faire discrètement à cause du bip qui retentissait dans la pièce. Qui ne paniquerait pas face à l'imminence de sa propre mort ? Malgré tout, William lui commanda de ralentir, et avec soulagement, il constata que ça au moins, il pouvait encore le contrôler. Toute petite victoire face à l'effondrement de tout. Il avait envie de chialer comme un gamin de cinq ans. Ne pleure pas devant elle, elle ne te voit jamais pleurer, s'ordonna-t-il en détournant les yeux dans un sursaut de pudeur. Il réussit à soulever sa main pour la passer sur son visage plus creusé que dans son souvenir. Et Vladimir, l'Institut ? Un particulier, une aide magique, c'était tout ce qui pouvait le sauver si la médecine humaine ne pouvait rien, non ? Anaïs avait déjà certainement demandé. Si elle était encore là et qu'aucun guérisseur n'était intervenu, c'était que ça avait échoué, par un moyen ou un autre. William respira un bon coup - enfin, avec le peu de ressources que ses poumons lui fournissaient encore - et ravala son désespoir et sa colère, pour le moment. Être dans le déni lui permettrait de ne pas devenir dingue dans l'immédiat. Il ne pouvait pas accepter ça, ce n'était pas possible. ça prendrait du temps, du temps qu'il n'avait pas dans l'immédiat. Les sanglots d'Anaïs lui déchirait le cœur et l'esprit, rendant les choses encore plus dures qu'elles ne l'étaient déjà, le ramenant à sa condition de mourant. Mais au moins, elle était là. Elle est là, c'est le principal. Elle est là, tu te souviens ? C'était injuste, terriblement injuste. Il jalousa pendant une seconde le fait qu'elle soit en vie, elle. Tout le monde est égoïste quand on sent sa fin proche. Mais si les rôles étaient inversés, il serait certainement devenu dingue en la voyant comme lui. Alors c'était certainement mieux comme ça.
           William ne savait pas quoi dire. On dit quoi à quelqu'un qui pleure à côté de vous parce que vous allez mourir ? On le rassure ? On lui dit que ça va aller alors que la personne en question sait pertinemment que non, ça ne va pas aller ? William était épuisé. Il voulait s'endormir, se réveiller dans la boucle de Miss Tit. Il voulait que tout cela ne soit qu'un putain de cauchemar. Mais c'était bien trop réaliste.

          "ça va aller, Anaïs. Tu vas t'en sortir, c'est le principal."

          Il n'en pensait pas un traitre mot, mais ça n'avait pas d'importance. Le jeune homme sentit une boule se former dans sa gorge. Bordel, que c'était dur.
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Anaïs Young
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptySam 7 Jan - 12:03

Comment pouvait-il dire de telles choses ? Bien sûr que non que ce c'était pas la principal ! Il allait mourir ! Mourir, il ne comprenait pas quoi dans ce mot ?! En une seconde pouf ! Plus de William, plus rien, rien, juste un grand vide, en une seconde pouf ! Je serai de nouveau seule, plus seule que jamais, sans rien ne personne ! En une seconde j'aurai tout perdu, même la chose qui me faisait vivre. Comment pouvait-il donc dire que j'étais le principal ? Non je n'allais pas m'en sortir, pas s'il n'était pas là. Je ferai quoi moi après ? Je retournerai dans la boucle de Miss Tit, comme si rien ne c'était passé, comme si je n'avais pas perdu mon meilleur ami, puis mon petit ami à quelques semaines d'intervalles ? Je devrais me comporter comme une particulière normale, pas du tout perturbée par sa vie ? Je n'étais plus comme au début, à mon arrivée dans la boucle, les choses, les événements m'avaient changée. Les estres, l'Institut, William, ils m'avaient tous faite évoluer d'une certaine manière, et je ne serai pas capable de vivre une vie normale de particulière en leur disant adieu. Je ne serai pas capable de vivre sans lui. Pourquoi ne le comprenait-il pas ? Ce n'était pas difficile pourtant. Je n'en pouvais plus, je n'en pouvais plus de penser à ceci, à toute cette douleur flagrante et déchirante. Qu'il vive ou qu'on me tue une bonne fois pour toute, après tout, le nombre de fois où j'avais déjà failli y passer… Entre l'estre avec Robbin, le pyromane, la falaise, et tant d'autres choses, il y aurait dû avoir une moins une chose qui m'aurait fait rendre l'âme. Pourquoi le destin décidait-il de se mettre au travers de notre chemin et de se jouer de nous ? Pourquoi n'étais-je pas morte avant aujourd'hui. D'ailleurs… William tiendrai-il toute cette journée ? Mourrait-il demain ? Ou après demain ? Peut-être dans une heure ne serait-il déjà plus là, envolé à tout jamais. Et dire que je ne supportais déjà plus mes propres pensées, comment tiendrais-je encore une journée ? Comment ..? Je secouai la tête, désespérée.

- Non, , fis-je en relevant les yeux vers lui, avec un air sérieux qui se voyait derrière les larmes, si tu meurs, je meurs, et tu le sais. J'ai bien trop perdu pour supporter de vivre sans toi.

Tu es tout ce qu'il me reste. Et je l'embrassai, délicatement, pour ne pas gêner encore plus sa respiration, puis mes lèvres se mirent à trembler, et je dus relever le visage. Je veux bien d'une mort avec toi, mais jamais je ne veux connaître une vie sans toi. S'il n'y avait rien après la mort, alors nous serions dans le néant à deux, ou alors au contraire, dans l'au delà. Alors que la vie, s'il mourrait, alors je n'aurais plus aucune route à suivre comme il ne serait pas là pour me guider. Il valait mieux mourir que vivre. Je préférais abandonner, parce que je n'avais plus l'espoir, plus le courage nécessaire pour avancer. Pas sans lui. Je passai ma main sur son visage pour enlever mes larmes qui avaient coulé sur sa peau.

- Je t'aime, soufflai-je.
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William O'Leary
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MessageSujet: Re: Perdus dans la jungle   Perdus dans la jungle - Page 5 EmptySam 7 Jan - 18:54

          Arrête, Anaïs, par pitié, arrête-toi. Je veux pas t'entendre, je veux pas t'écouter, je veux pas te voir, je veux juste tout oublier et faire semblant, parce que sinon, sinon je ne sais pas, sinon je tombe, sinon je devient fou, sinon je finis par me rendre à l'évidence et c'est la plus terrifiante des options qui soit. Je veux pas me rendre à l'évidence, je veux fermer les yeux et ne plus te voir me rappeler ce qui arrive et ce que je ne peux pas empêcher, je veux oublier ce que j'ai entendu ou ce que j'ai compris, ne plus me souvenir et juste... Je veux vivre bordel. Je veux vivre. William sentait son cœur se fissurer, comment elle pouvait lui dire ça alors que... Alors que dans peu de temps il ne pourrait même plus profiter de sa présence ? Qu'ils allaient juste être... Séparés pendant l'éternité ? Même pas séparés, c'était pas ce qui convenait, non. William allait juste souffrir et disparaître. Souffrir, avec un peu de chance, pas vraiment, il se sentirait comme maintenant, complètement anesthésié, ou un truc du genre, mais... Il allait disparaître. Et le monde allait continuer à tourner, William le savait bien, il n'était pas indispensable à la planète et heureusement, mais... Mais il ne pouvait pas mourir ! Il ne voulait pas mourir ! Sa positivité, ou du moins ce qui lui avait permis, pendant quelques minutes encore, de garder son calme, se fendilla.

         "Arrête, s'il te plaît arrête," murmura-t-il d'une voix éteinte, à deux doigts de la supplique.

         Il détourna les yeux, luttant pour ne rien faire paraître, luttant pour rester maître de lui, mais quand elle lui dit qu'elle l'aimait, ce fut la parole de trop. William craqua, enchaîné à ce lit qu'il ne pouvait plus quitter, et se mit à pleurer. Il avait honte, honte de se montrer aussi faible, il avait honte de pleurer, honte d'être un homme qui avait peur de mourir. Il ne pouvait pas rester courageux face à ça, il ne pouvait pas rester immobile, attendre simplement sa fin. Il ne pouvait pas.
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Perdus dans la jungle
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