[TERMINE] Contrôle ta particularité, ou elle te contrôlera. ¦¦ Sean D. Bower. ¦¦

29/12/2014

Je devais m'entraîner, me défouler, rien qu'un peu. J'avais tellement envie de maîtriser ma particularité à la perfection. J'allais aux marais, sachant pertinemment que je serais seule et tranquille, personne ne pourra me déranger, là-bas. Je ne savais pas si des particuliers s'y rendaient souvent pour une raison quelconque. Je me doutais juste qu'à cette heure-ci, il n'y aurait pas une mouche pour me déranger.
Le soleil était haut dans le ciel alors qu'il était encore tôt : environ neuf heures du matin. Il faisait légèrement frais, et vu que j'étais frileuse, j'avais enfilé un t-shirt sous mon pull, même si l'on était en fin d'été. Je suivais le chemin qui menait jusqu'à la sortie de la boucle. Je n'avais pas l'intention de sortir, il y avait un petit rond d'herbes vertes avant cette dernière, entourée de marais. Il fallait faire attention de ne pas trop reculer et de ne pas tomber dans un des marais. Peu de monde en était revenu vivant.

Je trouvai vite la petite plaine de quelques mètres à peine au milieu des marécages. Bien entendu, il n'y avait personne. C'était comme mon endroit à moi. Je fermai les yeux, prête à utiliser ma particularité. Je levai la main, et le vent se mit à souffler de plus en plus fort, jusqu'à en devenir un mistral à plus de cent kilomètres à l'heure. Mes cheveux volaient, me gâchant la vue. Le vent était tellement fort qu'il me fit reculer de plusieurs pas d'affiler. Pendant quelques instants, je crus que je n'allais pas réussir à l'arrêter. Je fis encore quelques pas en arrière, puis je me rendis compte qu'un marais était juste derrière moi. Encore un pas, et j'étais bonne pour tomber et couler. Le vent me bouscula, et il s'arrêta au moment où je heurtai l'eau marécageuse.

28/01/2015

L'air de ce matin était plutôt frais. J'avançais dans la foret près du marécage. Je ne voulais pas m'approcher de trop près, je n'etais pas suicidaire !
Assis sur un rocher, je sortais ma lame, pour regarder le soleil miroiter sur l'acier. Un doux vent vint balayer mes cheveux blonds. Cependant ce n'etait pas normal. Le vent venait des marécages. D'habitude il venait de la plage, le mistral, pas de l'entrée de la boucle. Je fronçais les sourcils pensif, avant de me lever. Il y avait quelque chose dedans. Ce souffle ne pouvait pas venir tout seul.
La curiosité prit le dessus, je m'enfonçais dans le marécage, aux aguets, en faisant bien attention ou se posaient mes pieds. Bientôt mes chaussures, furent crottées de boue, une odeur de terre humide, d'herbe envahissait l'air, le rendant désagréable. Ma lame devant moi, je faisais attention, on ne savait jamais ce qui arrivait ici, et au moins si je tombais, je pourrais me raccrocher à la terre en l'enfonçant dedans, pour éviter de laisser ma peau des les profondeurs de ce sable.
Le cairn n'etait plus très loin, plus que quelques mètres et pour l'instant rien. Le vent s'était même calmé. J'avais rêvé ? Non quand même pas. Je regardais les alentours, une sorte de plate forme d'herbe pourrait assurer ma sécurité, au moins le temps que je décide de la marche à suivre. Mais lorsque j'atteignais enfin l'herbe, mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Hope était là, mais elle s'enfonçait doucement vers les profondeurs mortels, dont elle ne saurait se sortir seule. Sans même lui dire quelque chose, j'attrapais une des rares lianes qui pendaient des arbres. Je la coupais rapidement et vérifiant qu'elle restait solide. Parfait. Je m'approchais, en faisant attention de ne pas tomber avec, puis la lui donnais.

- Tu ne lâche pas, surtout pas !

Un ordre, un seul ordre. Si elle n'exécutait pas, elle pouvait dire adieu à sa vie. Je serrais les dents et tirais la jeune fille, qui sortait doucement de la terre. Mes mains étaient moites, peu pratique, surtout maintenant, et j'aurais tout fait pour avoir un torchon où m'essuyer. Mais il n'y avait pas et je devrais faire sans.
Crasseuse, je la dévisageais quelques secondes, liane encore en main puis je la lâchais avant de m'approcher et de lui tendre la main pour l'aider à se relever.
La surprise fut vite remplacée par la colère. Elle fichait quoi ici ? Elle voulait mourir ? Pourquoi elle allait dans le trou paumé du monde là où si elle mourrait on ne retrouverait jamais son corps ! Mais estimant qu'elle avait eu assez peur, je lui attrapais le bras pour l'éloigner du piège à rat.

- Tu pensais à quoi en venant ici ?! Hope !

Mon ton était sec, mais mon visage reflétait toute l'inquiétude que je ressentais. Si elle était morte, j'aurais fait quoi moi ?
Surpris par mes propres questions, je la fusillais tout de même du regard.

29/12/2014

C'était une sensation horrible et répugnante. Horrible parce que je coulais dans les profondeurs du marais, même en me débattant de toutes mes forces. Répugnante parce que l'eau me collait à la peau, les algues s'emmêlaient dans mes cheveux et le goût... Le goût était vraiment une torture. J'arrivais toutefois à rester à la surface, même si je ne voyais presque rien. Allais-je vraiment mourir dans ces conditions-là ? Allais-je arrêter de me débattre quand je n'aurais plus de force, et couler comme un poisson mort ? A l'intérieur de moi, j'étais déjà morte. L'utilisation de ma particularité m'avait déjà épuisé, et bouger les bras et les jambes dans tous les sens dans ce liquide épais pour essayer de sauver ma peau m'achevait. Mais au moment où mes forces allaient me lâcher, j'entrevis une silhouette sur la terre ferme. Des cheveux blonds partant dans tous les sens, des yeux noirs vifs. Ses yeux noirs. Il me lança une liane que je pris sans attendre, Sean était ma seule chance de survie. Il réussit à me tirer de ce piège, et je m'affalai sur la terre ferme, toussant mes poumons. Je ne voulais qu'une seule chose : me laisser tomber et me reposer. J'étais épuisée. Mais Sean ne m'en laissa pas le temps, il m'empoigna le bras, et je me relevai, puis il m'entraîna là où nous pouvions être à l'abri.

Quand j'eus fini de tousser mes poumons, je croisai ses yeux. Il était en colère, c'était facile à deviner. Il me fusillait du regard, et quand il me cria aux oreilles, je me sentais toute petite. J'allais lui répondre quand l'eau marécageuse me remonta dans la gorge et je m'éloignai pour vider mes tripes. C'était vraiment horrible à voir, mais j'étais obligée. Je repartis vers Sean, trempée d'une couleur verdâtre répugnante. Je sentais vraiment mauvais, et pendant une seconde, je plaignis le jeune homme devant moi de devoir supporter une odeur aussi dégoûtante.

« Je voulais juste m'entraîner... Je suis désolée. » dis-je d'une voix rauque et à peine inaudible.

Je me laissai tomber par terre, m'asseyant sur la terre mouillée. Je respirai fort, j'avais l'impression que mes poumons étaient imbibés d'eau. Je passai mes cheveux mélangés à l'algue derrière mes oreilles. J'étais dans un état catastrophique.

« Je te remercie. » déclarai-je doucement, la gorge encore nouée.

Je ne savais même pas si il m'avait entendu, je voulais juste qu'il sache que je lui en étais reconnaissante, que je pouvais le remercier des millions de fois si il le voulait. Il m'avait sauvé la vie, et, malheureusement, je n'arriverais jamais à lui rembourser ça.

28/01/2015

Ok, elle partit vider son estomac dans un coin. Je fermais les yeux en faisant dos à la jeune fille. Elle etait dans un mauvais etat ! Trempée de haut en bas, de la boue collait de partout, des algues dans ses cheveux. Eurk. Et maintenant voilà qu'elle allait rendre dans un coin. Génial.
Lorsqu'elle revint, elle s'assit immédiatement, je fis de même mais en laissant un (gros) espace. Elle ne sentait pas forcément la rose, plutôt l'eau tournée avec un mélange d'herbe. Enfin peut-être pour un Nez serait il possible d'identifier chaque fragrances. Mais heureusement pour moi je n'en étais pas un, et vous décrire l'effluve que transportait Hope etait mission impossible.
Mes jambes pliées, je me frottais le visage comme pour me sortir d'un mauvais rêve. Enfin de nous deux, c'était elle qui avait vécu le pire. Mourir étouffé et noyé dans des sables mouvants, là où personne ne retrouverait son corps, c'était totalement idiot. Et sans mentir, je ne préférais meme pas penser aux deniers instants horribles où on sentirait nos paumons se remplir de ce liquide crasseux pour venir nous assassiner.
Je relevais la tete.

- J'allais pas te laisser crever le dedans quand même. Si tu dois mourir fais le dignement. C'est idiot ça.

Je n'avais pas tord, mais après avoir dis cela, j'esperais qu'elle ne le prenne pas mal. Avec un peu de chance elle serait trop sonnée pour comprendre ce que je venais de dire. Oh et puis de doute façon, ce n'etait pas un problème, j'allais essayé de me rattraper avec la suite.

- Niveau entraînement, fais le dans un endroit .... Moi dangereux on va dire.

Je la regardais quelques secondes avant détourner le regard pour fixer ce qui avait failli la tuer.

29/12/2014

Assise en tailleur, je regardai le sol. Je n'en croyais pas mes yeux. Comment avais-je pu être aussi stupide pour venir m'entraîner dans un endroit aussi dangereux ? J'étais vraiment quelqu'un d'écervelée. Je n'écoutais même pas ce que me disait Sean, je revoyais sans cesse cette boue infâme qui me brûlait les yeux, j'avais sans cesse ce goût horrible au fond de la gorge et cette odeur nauséabonde au bout du nez.
A bien y réfléchir, si je devais mourir, personne ne me regretterait. Sauf Eden, ma meilleure amie, mais elle s'en remettrait vite. Je n'étais pas vraiment importante dans ce monde, je ne servais qu'à accomplir les tâches ménagères que les Ombrunes nous demandait, dans la maison des particuliers. Qui me pleurerait ? Personne.
Je levai mes yeux bleus vers Sean et son regard croisa le mien. Il m'avait sauvé la vie. Il aurait pu s'en aller sur le champ, ne voulant pas être témoin d'une expérience pareille. Mais il était resté et avait risqué de tomber lui-aussi dans le marais pour me sauver. Sean était quelqu'un de courageux. À partir de maintenant, j'allais le voir d'une toute autre manière.
Je me demandai quand même si il avait vécu une expérience de ce genre au cours de sa vie. Il était plus vieux que moi et aurait très bien pu vivre ça.

« Tu m'as sauvé la vie. D'autres seraient partis en me voyant. »

Je fis un sourire en coin. Ce n'était pas vraiment une situation amusante, mais mieux valait rire que pleurer. Et même si j'aurais dû pleurer après avoir failli mourir, aucune larme ne coulait. J'enlevai mon pull, j'avais un chemisier juste en dessous de ce dernier. J'essayai de me nettoyer le visage le mieux que je pu, et il ne resta que quelques traces de boue sur mon visage.

« Comment je pourrais te remercier ? J'y tiens beaucoup. »

Pour moi, je lui devais quelque chose en retour. Rien ne rembourserait ce qu'il avait fait, bien sûr, mais au moins faire un geste.

28/01/2015

Elle ne m'avait pas écouté, au moins je ne la mettrais pas en colère avec mes réponses stupides.
Elle aussi fixait en silence ce qui avait failli l'anéantir avant de me regarder, et je fis la même chose dans un geste synchronisé avant de détourner mes prunelles marrons. J'arquais un sourcil, dubitatif. Si une personne dans cette boucle faisait cela, elle était indigne d'etre ici. Ça n'avait peut-être aucun rapport pour vous, mais moi si. Un particulier avait la chance d'avoir un don, de contrer le temps et il n'osait pas aider quelqu'un ? Pitoyable.

- Les autres auraient été des lâches, je ne suis pas un lâche.

Je regardais le vide, repensant aux rares moments où je m'etais interrogé sur la suite. Si j'étais dans le bon chemin. Et à chaque fois, je doutais. Alors je ne pensais même plus au futur, j'agissais au présent, pour ne pas avoir peur de l'avenir. En étant seul dès 12 ans, on pouvait avoir peur de ce qui allait arriver. Mais je n'y pensais pas, je vivais, mangeais, faisais ce que je devais pour survivre un jour de plus.
Si j'avais réellement réfléchi à la manière dont procéder pour aider Hope, elle serait sûrement morte. L'idée de tomber avec elle ne m'etait même pas venue. Juste le fait qu'elle soit en danger et que j'etais le seul à pouvoir l'aider. Et doutez vous bien que si j'avais posé sur la table toute les hypothèses de ce qui pouvait arriver, nous y serions encore, sauf que la jeune fille, elle, ne serait plus de ce monde.
Je la dévisageais un moment, avant de la regarder de haut en bas et de froncer le nez.

- Pour me remercier ? je rigolais un peu avant de continuer, - Vas te rincer à la rivière dans la foret. L'odeur de cette merde te colle, c'est ... Horrible.

Je me relevais, lançais un dernier regard aux sables mouvants avant de tendre la main pour aider Hope.

- Je t'accompagne, je voudrais pas que tu te noie.

Je souriais, moqueur, mais sans méchanceté, là n'etait pas le but. Je voulais juste la taquiner. Je faisais en sorte que ce sourire devienne sincère. Malgré l'odeur qu'elle transportait, être avec la jeune fille ne me déplaisait pas. Je la trouvais... Amicale, gentille, rassurante même. Je clignais des yeux une à deux fois, regardant son visage avant de détourner les yeux honteux.

- Tu viens ?