Et paf... la poubelle |Innocence Denali + Estre|

A la lisière de la forêt se mouve une silhouette à l'attitude décontractée, le ciel n'était plus teint que d'orange et de bleu, un bleu qui ce fonçait de minutes en minutes. Déjà quelques éclats d'étoiles apparaissaient timidement. La nuit serait, à n'en pas douter, claire et lumineuse ; mais tout cela notre protagoniste n'y faisait pas attention, il avait l'habitude.. alors il n'entendait que le calme de la rue alors que les habitants rentraient chez eux, ne pouvait que percevoir les odeurs moins extravagantes maintenant que les étalages étaient bien à l’abri dans les boutiques que closes. C'est dans cette atmosphère calme et chaleureuse de ce début de soirée qu'il s'avança sur la rue pavée de pierre.
Il n’émettait pas un son, n'était qu'une présence dans ce lieu désert, qu'une personne parmi tant d'autres, rien qu'une ombre parmi celles qui s'étiraient lentement mais sûrement sur le sol dallait. Son esprit était à l'affut, comme toujours. Maintenant que la foule avait disparu, il guettait les pensées de ce qui l'entourait, complètement déployé en attente de quelque chose. Quoi ? Rien il l'espérait, mais en dehors du manoir à cette heure ci, il n'était pas des plus rassuré.

Le bruit qui retentit dans le silence le fit sursauter et se retourner violemment. Il vit une poubelle rouler et leva les yeux vers sa direction inverse avec une méfiance nullement contenue. Son esprit capta une seconde avant qu'elle ne les prononce les paroles qui résonnèrent par la suite dans la rue vide, et il ne put s'empêcher de sourire avec amusement, faisant disparaître sa méfiance après avoir brièvement fouiller son esprit. Juste les choses en surface et rien de bien concret. Juste ce qu'elle était et qui elle était. Rien de plus. Il n'hésita pas plus longtemps à s'approcher. Trois pas, c'est tout ce qu'il fit pour montrer qu'il souhaitait lui "parler" ou tout du moins attirer son attention autre que sur cette pauvre poubelle sans envahir son espace personnel et vital. Bien qu'alors il se trouvait derrière elle, il n'avait aucun intention de la surprendre. Juste, comme sa voix était inexistante, il lui fallait bien s'approcher pour faire savoir sa présence, peut être aurait-il du faire du bruit..

Max avait décroché sa première mission, et avait eu quelques jours à peine pour s'y préparer. Il en était encore surexcité et ravi. Il était honoré d'avoir été choisi à son âge, pour quelque chose qui lui semblait de grande envergure. Cela le ferait monter en grade au sein de la confrérie des estres, il en était sûr. Il avait l'apparence d'un garçonnet de neuf ans, avec de courts cheveux blonds, une adorable bouille d'ange, et une petite taille qui le rendait innocent. Mais le principal objet de son déguisement consistait en une paire de lentilles bleues, qui camouflait ses yeux vides. Ajoutez à cela un sourire auquel il manquait une dent. Malgré cette apparence inoffensive, Max n'en restait pas moins un estre. Avec plusieurs armes dans son sac à dos bleu et vert orné d'un petit train -pour souligner l'ironie de la situation.
Le petit estre avançait dans les rues de la ville. On lui avait indiqué l'entrée de la boucle, mais l'endroit où logeaient les particuliers restait inconnu. C'était sa mission : se faire guider à la maison en se faisant passer pour un nouveau particulier. Il pourrait ensuite y faire un peu de repérage -nombres, entrées, sorties, protection ... Son premier but était donc de repérer des particuliers, puis de les convaincre de le ramener avec eux. Il devrait ensuite se faire la malle, et rejoindre ses complices. En espérant que cela se passe bien. Max aperçu de personnes, un peu plus loin dans une ruelle. Une jeune femme blonde d'une vingtaine d'années, et un homme qui semblait plus âgé, mais qui ne devait pas dépasser la trentaine -ou de peu. C'était des particuliers. Il le savait. Il s'était gavé de leur sang dans une autre vie, et bien qu'il n'en avait aucun souvenir, il reconnaissait leur odeur. Il ignorait quelle particularité possédaient ces deux-là, mais espérait qu'elle ne gâcherait pas sa mission. Il se mit aussitôt à pleurer, une chose qu'il avait appris à faire sur commande, et s'avança en tremblotant vers les deux jeunes gens.

« Ex-excusez-moi ... sanglota-t-il. Je suis perdu, je comprends rien ...  »

Il avait l'espoir qu'ils tombent dans le piège, il l'espérait profondément. « Pitié, pitié, pitié, pitié, pitié, pitié, pitié. » se dit-il intérieurement.