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 L'an de grâce 1745, Paris.

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William O'Leary
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MessageSujet: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyMer 26 Juin - 15:34

Certaines rues de Paris demeuraient des égouts à ciel ouvert. Les pots de chambre qu'on y vidait par la fenêtre et les ordures entassées y contribuaient largement, et William finit de vider sa vessie, écœuré par l'odeur. Il se remit en marche, pressant le pas comme il le pouvait.
La nuit était déjà bien avancée. Il venait de passer une soirée fructueuse, même s'il avait largement dépasser le temps escompté. Il fallait dire que son contact était introuvable, et qu'il avait dû mener sa petite enquête pour savoir ce qu'il lui était arrivé. À sa grande surprise, l'homme qu'il avait invité à boire, se délestant au passage d'une partie de sa bourse, avait fini sous la table avant lui. Il faut dire qu'il avait commencé avant son arrivée, heureusement pour William qui n'avait pas l'habitude de prendre un verre, et encore moins plusieurs. Il avait perdu le compte au bout du quatrième, mais se découvrait une résistance à l'ébriété qu'il ne se connaissait pas. Enfin, résistance toute relative, il se doutait bien qu'il allait regretter ces longues heures de beuverie le lendemain matin, mais sa taille et sa corpulence devaient bien jouées dans la balance, non ? Il était bien content de ne pas avoir mêlé Anaïs à cette histoire. Avec son poids plume, elle n'aurait pas résisté bien longtemps. Arrivé devant la porte de la grande maison, il vérifia deux ou trois fois que c'était bien la demeure qu'on leur avait mis à disposition avant de frapper. Il était très joyeux, mais encore assez lucide pour tenter de faire preuve d'un maximum de discrétion. À propos de discrétion, Victor leur avait certifié que les domestiques étaient dignes de confiance, mais Anaïs et William venaient d'un autre temps, sans parler du fait qu'ils n'étaient pas censés être ensemble ici. Ils n'étaient même pas mariés dans la vraie vie... William refusa de s'appesantir sur l'idée, Anaïs venait d'une famille bien moins pratiquante que lui, de toute façon. Sa propre mère aurait eu honte de savoir qu'il vivait avec une femme et commettait le péché de chair sans d'abord l'avoir présentée devant Dieu.
         William congédia la seule servante encore restée debout qui lui avait ouvert, tentant de paraître le plus naturel possible. Une fois qu'elle fut hors de vue, il monta dans les appartements d'Anaïs. Malheureusement, son équilibre hasardeux et le peu de lumière ne lui rendait pas la tâche facile et il jura en français comme un charretier quand il se cogna dans un meuble certainement fort couteux. La lumière se fit et il se trouva nez-à-nez avec Anaïs, en chemise de nuit et une chandelle à la main. Pris sur le fait, il ouvrit de grands yeux puis hasarda un sourire un peu gêné.

        "Salut, princesse... Désolé, je ne voulais pas te réveiller."

         Il devait faire pâle figure, dépenaillé comme il était et imprégné de vin bon marché et de l'odeur sympathique des tavernes enfumées. Mais la mission avait été menée à bien ! Il enleva sa veste et commença à se battre avec les boutons de son gilet, inconscient du regard d'Anaïs sur lui.
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Anaïs Young
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyVen 28 Juin - 18:15

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLa mission était la plus complexe et sans aucun doute la plus délicate que nous ayons jamais eu à réaliser. Il s'agissait de voler (pour changer) un marquis au placé de la Cour de Louis XIV. J'étais intimidée par cette époque peu commune, et un peu dégoûtée aussi. ça puait partout, et hors de question d'utiliser de l'eau, pas à cette époque, non ! C'était tellement plus hygiènique de simplement poser des linges chauds. J'avais terriblement envie de me doucher, de me laver, de prendre du savon et de retirer toute la crasse de mon corps mais c'était catégoriquement impossible. Alors je devais bien prendre sur moi.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb D'ailleurs parlons-en, du fait d'être en France, dans un monde où personne ne parlait l'anglais car ils étaient considérés comme des ennemis incontestés. J'avais appris la base, notamment grâce à William, et je parvenais à aligner quelques mots, principalement des formules de politesse telles que "je vous en prie" ou "bonne soirée" même si je ne savais pas si c'était réellement d'époque. Et le pire dans tout ça, c'était que j'étais censée me faire passer pour une de ces princesses des pays du nord, alors Victor m'avait appris d'autres bases (plus approfondie néanmoins que celle de français) en russe. Et il avait été intransigeant comparé à William, que ce soit sur l'accent ou la prononciation, la conjugaison ou l'accord en genre et nombre. J'en avais passé, des soirées à relire des fiches aux lettres étranges et fraîchement intégrées que je peinais encore à utiliser. William n'y comprenait rien du tout, moi non plus, et je me perdais entre le français et le russe, ce qui le faisait bien rire d'ailleurs. Moi pas, parce que c'était tout ce sur quoi mon camouflage reposait : ma capacité à parler une langue.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbIl s'en accomodait plutôt bien, William, d'être en France, et de pouvoir parler librement. En parlant de William, il était parti depuis déjà plusieurs heures et le soleil s'était couché. Il devait retrouver le contact de Victor pour savoir où il était le plus facile d'approcher du marquis de plein jour pour jouer de mes "cha rmes". Je n'avais pas de montre, pas d'horloge, je pouvais simplement me baser sur la hauteur du soleil, qui ne voulait absolument rien dire à cette heure parce qu'il n'était même plus dans le ciel. Et j'étais pas astrologue pour connaître l'heure en fonction de la lune. Qu'importe.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJ'attendais dans le lit, quand la porte s'ouvrit. Il y eut un bruit sourd suivi de peu par des jurons français que je comprenais enfin (seulement à moitié). Il était rentré. En robe de chambre blanche d'époque, je me levais, le discernant plus ou moins nettement grâce à la lueur de la chandelle sur la commode en face de moi. Et en m'approchant, je constatai de plus en plus l'odeur alcoolisée et de fumée qui se dégageait de son corps tout entier. Je pris la chandelle et me tournai vers lui. Il me remarqua seulement à cet instant et s'excusa, avant de baisser le regard sur son gilet et d'essayer de le déboutonner.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbIl puait vraiment, surtout lorsqu'il parla. Mais bon Dieu où est-ce qu'il avait traîné ?
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- Tu m'expliques ? demandai-je plus froidement que je l'avais voulu.
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William O'Leary
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyVen 28 Juin - 23:51

          Anaïs lui demandait des explications, certainement que d'être réveillée en pleine nuit par un olibrius pareil devait la mettre de mauvaise humeur. Il avait envie de lui dire "mais ne vois-tu pas que j'ai réussi ? J'ai les informations qu'il nous faut, après lesquelles je cours depuis tant d'heures !". Mais, évidemment, elle ne pouvait pas le savoir s'il ne la mettait pas au courant des faits. En attendant, ces fichus boutons lui donnait du fil à retordre, ses doigts étaient trop gourds, ou alors ils avaient rétrécis - les boutons, pas les doigts. De toute façon, William était incapable de faire deux choses à la fois actuellement, alors il abandonna les boutons, puisque ceux-ci ne veulent pas s'ouvrir et se laissa tomber sur le guéridon dans lequel il avait malencontreusement foncé.

          "Hum... Y'avait ce type, Léonard Aubéry, le contact de Victor... Impossible à dénicher. J'ai fini par trouver un homme, Campbell... Un jacobite avec un accent à couper au couteau, qui le connaissait, commença William en enlevant une de ses chausses. Putain, incompréhensible son accent, tu l'aurais entendu jurer en crachant par terre !"

       Visualisant la scène, il laissa échapper un gloussement, enleva une de ses chausses, puis se reconcentra sur le sujet principal en sentant le regard d'Anaïs sur lui. Que disait-il, déjà ? Ah oui ! Le bar.

       "Oui oui enfin, fallait bien faire connaissance, je savais qu'il gardait des informations. J'ai p't'être un tout petit peu... Un tout petit petit peu..."

        Sentant le fil de ses pensées lui échapper, William chercha la fin de sa phrase, sans grand succès et trouva donc une autre tournure.

        "On a bu un verre, puis deux, enfin ça s'est éternisé et il a fini par cracher le morceau : notre homme s'est fait arrêté la semaine dernière, il est rendu dans les geôles privées du Marquis Charles d'Aragon, et il sera transféré à la Bastille dans cinq jours, s'il est encore en vie."

       William sourit, goguenard, et tira sur sa deuxième botte qui atterrit par terre.

       "Je sais pas quelle tête a le contact de Victor, mais d'après Campbell, il a de la chance d'être vieux et moche, parce que le Marquis aime s'amuser à la torture des jeunes gens. La deuxième de ses passions après la chasse."

        Il rit comme à une bonne blague, finit d'enlever ses bottes, et leva les yeux vers Anaïs. Maintenant que son histoire, certes intéressante, était terminée, il se retrouvait sans rien avoir à penser de précis. Quoique, Anaïs était très peu vêtue, et un autre dialogue lui revint en tête. A la lumière de la bougie, sa peau blanche prenait des teintes cuivrées magnifiques. William se leva, avança jusqu'à se trouver à quelques centimètres d'elle et baissa la voix.

       "Il dit que les lass de skye sont les plus jolies filles qu'il n'a jamais vu... J'ai même pas pu lui dire que la mienne est de loin la plus belle..."

       Lascivement, ses mains s'égarèrent sur les hanches de la jeune femme, et William se pencha pour chuchoter, tout doucement, le plus secret des secrets à l'oreille d'Anaïs.

        "Secret professionnel oblige."

        Et ses mains remontèrent inexorablement vers la poitrine d'Anaïs - qu'elle avait très belle par ailleurs - oubliant que celle-ci tenait une chandelle un peu trop proche des manches de sa propre chemise.
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyDim 30 Juin - 23:39

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbSon "un tout petit peu un tout petit peu" était un bel euphémisme par rapport à l'état dans lequel je venais de le retrouver. Il était complètement amoché, voire pire que la fois où Ivy nous avait emmené dans un bar moderne. Peut-être parce que, à ce moment, j'étais plus très fraîche non plus alors j'en avais eu moins conscience. Je ne savais pas vraiment. C'était pas dans nos habitudes de finir saouls, surtout en pleine mission. Il fallait juste prier pour que Victoir n'ai pas ouïe de ce léger détail.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbça s'annonçait peut-être plus compliqué vis-à-vis de cette histoire de torture. Si de base j'étais si peu enchantée à l'idée de devoir me rapprocher d'un de ces nobles de XVIIIème, alors que penser d'un noble tortionnaire de jeune femme, n'est-ce pas ? Heureusement que William avait trop bu pour se rendre compte du risque que cette opération prenait, du risque que je prenais.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbPassant outre mes réflexions et mon manque d'entrain croissant, je pris à peine conscience des mains baladeuses de William, qui s'averaient justement trop baladeuses pour son état d'ébriété avancé, l'heure avancée et les conditions générales actuelles qui sentaient de plus en plus le roussi. Je posai la chandelle sur le meuble le plus proche, pris ses mains et les laissai tomber le long de son corps. Il valait mieux dormir, on y réfléchira plus au clair demain, quand il serait moins... ouais, quand il sera plus lucide.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJ'entrepris de déboutonner son gilet comme il essayait de le faire tout à l'heure, puis le fis glisser le long de ses bras avant de lever des yeux on ne peut plus sérieux vers lui.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- Je pense qu'il vaudrait mieux qu'on aille juste se coucher, un William éméché n'est pas mon plus grand fantasme.  
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William O'Leary
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyLun 1 Juil - 0:50

William la regarda avec émerveillement défaire ces fameux boutons. Comment pouvait-elle avoir tant de dextérité dans les mains ? Lui avait eu beau essayer, rien n'y faisait ! Il se trouva en pantalon et en chemise, une fois le gilet ôté. Fantasme ? Oh, lui il en avait bien qui comprenait Anaïs, un lit comme celui-ci et aucun de ces serviteurs à la mords-moi-le-noeud qui ne cessaient d'aller et venir dans la maison comme des fourmis. Ils n'avaient pas le droit à l'erreur, et William avait été de nombreuses fois contraint de s'éclipser au plus vite de la chambre d'Anaïs. Ils ne pouvaient pas avoir de relation, ici, et les ragots étaient bien trop vite colportés aux oreilles de tous dans ce milieu où les adultères étaient monnaie courante et animaient les conversations de boudoir.
Heureusement, l'intendante, Mathilde Comillault, était au courant de leur "liaison" et avait juré devant Dieu de ne rien dire. La connaissant très pieuse, William n'avait pas d'inquiétude de ce coté-ci. Mais leur intimité du Chalet lui manquait, même plus que cette question de mariage qui lui tournait dans la tête depuis un moment déjà.
        Mais pour l'instant, il avait trop bu pour se préoccuper de tout cela. Anaïs le poussa sur le lit et éteignit la chandelle. Elle allait faire le tour dudit lit quand William (avec une énergie surprenante compte tenu de la situation) la saisit par la taille et l'entraîna avec lui sur le lit. Il adorait l'avoir dans les bras. Il lui fit des bisous dans le cou sans la lâcher.

          "Moi aussi j'ai des fantasmes... Faudra que tu me dises... Comment tu parviens à toujours... Toujours être parfaite..."

          Il s'endormit aussitôt sans relâcher son étreinte, en ronflant légèrement.

************************************************

         "Mais si, monsieur, c'est un excellent remède contre le mal des tavernes !
         - Je ne veux pas en entendre parler, Madame Comillault, et je vous en conjure, ne me parlez plus jamais d'huile de ricin !
         - Très bien, monsieur, oh, mais voici justement milady !
"

         William était attablé dans la salle à manger, cherchant à reprendre le dessus sur son estomac en piteux état et le martellement qui ne voulait pas s'arrêter dans son crâne. Il ne boirait plus jamais de cette piquette, plus jamais ! Le lever avait été d'une rare violence, et Anaïs avait pratiquement dû le jeter hors du lit pour qu'il évacue les lieux avant l'arrivée des domestiques. Depuis, il s'était lavé le visage et le torse et s'était rhabillé convenablement, pestant intérieurement contre le vin, les servantes et les gueules de bois en général. Comme le voulait le protocole, il se leva en voyant Anaïs arriver dans une de ces magnifiques robes de l'époque, rayonnante, et s'inclina.

          "Milady, comment allez-vous, ce matin ?"

         Mieux que moi, ça se voit d'ici, songea-t-il en se disant qu'il fallait impérativement qu'ils discutent de la manière d'aborder la suite des événements... En privé.
         Parce que, maintenant qu'il était un peu plus sobre, William avait pris brutalement conscience de la dangerosité de ce qu'ils s’apprêtaient à faire. L'opération se compliquait. Il fallait qu'ils trouvent un moyen de voir ce Léonard pour savoir ce qu'il était advenu du collier, et cela impliquait une excursion dans les geôles du Marquis, qui n'avait pas la réputation de les faire visiter à qui veut. Il lui semblait même que le Marquis d'Aragon était très secret quant à ses petits péchés mignons. Le statut d'Anaïs ne pouvait pas les aider ici, car une dame ne vient normalement jamais dans les cuisines de sa propre maison, alors dans les cachots d'un homme qu'elle ne connait ni d'Eve ni d'Adam... William, malgré son cerveau en compote, avait bien trouvé un moyen d'entrer dans ces cachots, mais cela n'allait pas du tout plaire à Anaïs. Après ça, il fallait prier pour que le collier soit entre les mains d'un gentilhomme naïf qui se laisserait charmer facilement. William grinçait encore des dents à chaque fois qu'il imaginait Anaïs "charmer" un autre homme que lui, avoir accepté cette mission était sans aucun doute l'idée la plus stupide qu'il ait jamais eu.
          "Il faut que je frappe le Marquis," déclara de but en blanc William dès qu'il eut refermé la porte du petit salon où il s'était isolé avec Milady pour... En fait, il avait oublié le prétexte qui les avait menés dans cette salle, qui était à présent le cadet de ses soucis.
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyLun 1 Juil - 15:44

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbIl avait fallu s'habiller, comme tous les matins depuis le début de cette opération et, comme tous les matins, c'était un galère sans nom. Heureusement qu'il y avait des domestiques pour m'aider. Ces robes à attacher par derrière, ces coiffures que je n'étais certainement pas capable de faire par moi-même, et ce maquillage infâme qui me grattait et asséchait ma peau tant il était inadapté. Déjà que je n'en mettais pas en général, c'était un brusque changement que de devoir porter des habits si encombrant, des parures si brillantes et d'avoir l'air, somme toute, d'une poupée de la Cour. Et pourtant, je devais avouer que mon reflet dans la glace n'était pas si mal, bien que pas de mon époque, ni spécialement dans mes goûts. Je paraissais... propre.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbAprès bien une heure à devoir se préparer, je pouvais enfin descendre. Je devais surtout aller voir William pour l'instant, savoir comment il allait après le réveil de ce matin si peu agréable. Nous n'avions pas trop eu le temps de nous attarder, pressés par l'arrivée des domestiques (ce mot me dérangeait, il sonnait comme animal domestique, vraiment je détestais cette époque).
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbWilliam m'attendait avec Mathilde dans la salle à manger, ils se levèrent à mon arrivée, et s'inclinèrent. Je hochai la tête.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- Une nuit un peu agitée, mais ça va, avouai-je non sans une certaine pointe de malice.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe me permettais de parler presque familièrement, parce que je savais que, dans tous les cas, Mathilde et la plupart des autres domestiques, voire la totalité, ne comprenait pas l'anglais. Et puis, soudainement, William exprima son idée à haute voix. Elle me laissa perplexe quelques secondes, pantelante, et Mathilde du bien voir qu'une certaine forme de tension venait d'électrifier l'air de la salle à manger.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbSon proposition sonna d'abord comme une mauvaise blague. Il avait encore de l'alcool dans le sang, y avait d'autres possibilités pour expliquer une telle réflexion. On était à une époque où le vol était puni en coupant la main du voleur et lui, la meilleure idée qu'il avait, c'était de frapper un marquis assoiffé de sang à la morale douteuse ? Je pris sur moi pour rester calme, et cela se vit sur mon visage fermé.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- Mathilde, peux-tu nous... laisser ?, lui demandai-je dans un français assez imparfait.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLa servante en question obtempéra rapidement, prenant avec elle un panier de linge propre et sortant de la pièce. Je pris alors mon temps pour m'asseoir sur la chaise, bien que ce fut assez difficile à cause de cette robe, qui me sortait soudainement par les trous de nez.  

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- Tu te rends compte de ce que tu envisages de faire ? C'est plus que du suicide William !
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William O'Leary
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyLun 1 Juil - 16:26

        William avait masqué un sourire quand Anaïs évoqua sa "nuit agitée". Hum, il n'avait bien entendu rien à voir avec ça, comme sa gueule de bois monumentale tendait à lui rappeler. Quant à son plan... Il savait qu'Anaïs n'allait pas le prendre bien, mais il ne voyait pas d'autres solutions. Il pensait que Mme Comillault était partie, mais ce n'était apparemment pas le cas. Il n'avait pas encore l'habitude des domestiques à tous les coins de pièce. Il devait être plus prudent. Bon sang, ce qu'il avait mal à la tête ! Surtout quand Anaïs élevait la voix, qui partait dans les aigus sous le coup de la colère. Colère dirigée, à raison, contre lui et son idée stupide. William grimaça. Ce n'était pas de sa faute si la mission s'avérait bien plus ardu que prévu à peine arrivés ! Et dire qu'ils n'étaient censés rester qu'une poignée de jours... Comme ils étaient enfin seuls, il s'autorisa à s'asseoir et se massa les tempes.

       "Moins fort, marmonna-t-il, j'ai la tête grosse comme une citrouille."

         Une fois que les battements de sa tête se furent calmés un peu, il continua en lui jetant un coup d'oeil :

         "Si tu as une autre idée, je suis toute ouïe. Être assez proche du Marquis pour visiter ses geôles nous prendrait des semaines, et même si l'on essayait ainsi, tu es une femme et je ne suis pas un noble. Il se peut que nous ne parvenions jamais à nos fins. La seule manière d'entrer, c'est en tant que prisonnier. Par contre, je ne pense pas pouvoir éviter le fouet. Bien sûr, ça ne me fait pas plus plaisir qu'à toi, mais je suis solide et on a pas beaucoup de temps. J'ai repensé au duc, celui qui vient d'Orléans, qui doit une faveur à Victor. Il pourrait intervenir en ma faveur par la suite."

         Pour que tu n'aies pas à aller demander une faveur personnelle au roi de France ni à quiconque. William, ombrageux, serra les poings à cette idée, mais se força à se calmer. Le moins qu'on puisse dire, c'était que ce genre de mission contribuait à améliorer son self-control. La moitié du temps, il allait devoir accompagner une Anaïs à tomber par terre au milieu de nobles aux conversations futiles et aux mœurs légères. Il n'avait pas le choix, et il savait que ça ne plaisait pas à Anaïs d'être exhibée comme un objet d’apparat. Elle était bien plus que ça.

        "Il y a une grande réception chez un très bon ami du Marquis demain, et je pense que Jared, tu sais, ce gentilhomme qui cache son crâne chauve sous une perruque, celui qui aime le piano, peut nous obtenir des invitations."

         Il leva les yeux vers Anaïs, s'attendant à affronter ses foudres, mais malgré tout curieux d'avoir son avis.
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyLun 1 Juil - 23:53

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbD'un côté il avait raison, mais d'un autre, ma conscience et même mon être tout entier criait que c'était mauvais, si mauvais. Comment ça "il ne pensait pas pouvoir éviter le fouet" ? Le but principal était de récupérer ce collier et d'en ressortir vivant, voire au mieux indemne. Et lui voulait carrément chercher l'embrouille et la pire situation possible ? Et si les plaies d'infectaient ? C'était pas le summum de l'hygiène la Cour de Louis XV,  la peste pouvait régner, ils ne connaissaient pas l'antiseptique et... non non c'était définitivement une mauvaise idée.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb Je plongeai mon visage dans mes mains, fatiguée. C'était vraiment la pire des opérations. Parce que nous faisions des choses horribles volontairement. Je soupirai. Je ne savais définitivement pas quoi faire, quand William avait les choses bien en main, comme d'habitude.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe faillis lui faire remarquer aux tous les hommes, ou presque, portaient des perruques, mais ça me semblait assez mal venu dans la situation actuelle. Alors je me contenter d'hocher vaguement la tête, pour lui montrer que je l'écoutais toujours. Il n'y avait pas d'autre solution, de toute façon, c'était la seule unique parce que je n'avais pas de miracle en stock.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- Et tu veux le frapper là-bas ? Devant toute une foule de convives ..?
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyJeu 11 Juil - 23:11

       William leva les yeux vers elle.
        "Je ne sais pas. Tout dépendra de ce qui se passe à cette réception."
********************************


        William broyait du noir. Il avait révisé tout ce qu'il avait pu trouver à propos de leurs futurs hôtes, ce qui lui semblait bien peu par rapport à ce qu'ils devraient tous deux affronter. Il avait l'impression de ne pas avoir le pouvoir d'influer les choses et il détestait cela. Il s'était préparé pour l'occasion, un tailleur réputé de Paris était passé brièvement pour livrer les vêtements confectionnés sur mesure. Si William avait été moins accaparé par cette fameuse soirée, il aurait pu apprécier la richesse de son propre costume : par dessus sa chemise blanche lacée aux manches, son gilet habituel avait été remplacé par un gilet aux broderies fines dorées et argentées. Il avait accepté la veste longue, la paire de pantalons noire et même le foulard blanc, mais avait insisté pour garder ses bottes, bien plus confortables que les chaussures à talonnettes et à grandes boucles qui le feraient passer pour un géant auprès de tous. Le tailleur en avait été outré mais il s'était passé de ses commentaires. L'épée et le ceinturon étaient aussi de vigueur. Quant à la perruque, il avait les cheveux un peu trop longs (et indisciplinés) pour pouvoir la mettre correctement et il se demandait encore ce qu'il était censé en faire alors qu'ils étaient sur le point de partir. C'était normalement de rigueur pour les sujets français, mais il n'en était pas un. Anaïs n'était toujours pas là,  cela faisait des heures qu'elle était retenue dans sa chambre avec les domestiques. Il était en train de vaguement se demander si ce serait malvenu d'aller toquer à la porte de sa suite à l'étage, quand il entendit ses pas se préciser dans l'escalier. Il leva les yeux, prêt à lui dire que "milady, il est temps d'y aller", mais en resta bouche-bée.
        Elle était resplendissante. Sa robe impressionnante par son volume était d'un gris perle presque blanc, orné de broderies complexes sur le corset qui faisait ressortir sa taille très fine et rehaussait sa poitrine. Sa coiffure élaborée qui devait lui avoir pris des heures lui découvrait le cou, orné lui-même d'un bijou magnifique dont la couleur rappelait ses yeux. Lesdits yeux bleus le fixaient tandis qu'elle descendait vers lui, et William ne savait plus où donner de la tête.
        "Je... Tu... Par le Christ, tu vas faire sensation," souffla-t-il en anglais lorsqu'elle fut presque à sa hauteur, en essayant de reprendre contenance.
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyLun 15 Juil - 1:33

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb Ce serait mentir que de nier le confort d'être ainsi chouchoutée, maquillée et bien habillée. Le seul problème était la levée aux aurores, car le temps de préparation était incommensurable et aujourd'hui plus que d’habitude. Il fallait être prête pour la réception, il fallait être parfaite pour attirer le regard des aristocrates et ainsi gagner quelques confidences ou ragots de la Cour du Roi, qui tenaient la plupart du temps du vrai et du faux. Or, dans le cas présent, qu’importe l’infime partie de vraie pouvait être une piste pour trouver le détenteur du collier. Les domestiques avaient ramené et nettoyé la robe que Victor m’avait donnée, et elle brillait de mille feux. Je m’en rendis compte seulement après, une fois portée. Le corset me sciait les côtes pour rétrécir un peu plus ma taille - cette fameuse et malsaine mode de l'époque mais passons - et j’avais l’impression d’avoir un nid d’oiseaux que la tête. Elle était si lourde ! Encore quelques broches de plus et ma tête tanguerait de droite à gauche en bougeant trop. Mais le résultat était indéniable appréciable. Elles faisaient du bon travail, ces demoiselles, et je le ferai savoir auprès de Victor, pour qu’elles aient le paiement qu’elles méritaient.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb Après presque trois heures de dure labeur, je pus enfin me lever, me contempler dans le miroir et les remercier d’un brave sourire sincère. Il fallait descendre maintenant. Je devais tenir les côtés de la robe pour ne pas me prendre les pieds dedans, surveiller mon équilibre avec ces hautes chaussures tout en vérifiant les marches, pour ne pas tomber. Ça serait ballot de se casser une jambe à cette époque hein ? Je dus également avoué avoir attendu et avoir été impatiente de voir la réaction de William à cette robe et ce maquillage. Et la réaction fut plutôt… remarquable. Ses yeux brillèrent et ses compliments quoi que dissimulés derrière une remarque un peu amusante, me firent monter le rouge aux joues. Je continuai de m'avancer jusqu'à sa hauteur et me retins de l'embrasser. Alors je le fixai simplement, amusée, tentante.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- Tu trouves que ça me va bien ce style d'époque alors ? Ça va être compliqué au chalet de s'habiller comme ça tu sais...
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyLun 15 Juil - 17:01

          Maintenant qu'il la voyait de près, le résultat était encore plus renversant. William se retint de la prendre par la taille et de l'embrasser un peu partout. Son self-control allait être durement éprouvé durant les heures qui allaient suivre, parce qu'il n'y avait aucun doute : tous les hommes de l'assistance allaient être éblouie par cette magnifique princesse russe sortie de nulle part, auréolée de jeunesse. Quand elle était si proche, il ne revenait pas de la chance qu'il avait de l'avoir à ses côtés. Mais il n'aurait pas l'occasion de se pavaner avec elle à son bras. Il avait en fait la furieuse envie de tout laisser tomber et de la kidnapper sur-le-champ pour que jamais elle n'arrive jusqu'à cette réception et tous les yeux avides qui l'y attendraient. Mais ils n'avaient pas fait tout ce chemin pour rien, et il était plus que temps de mettre leur plan à profit. Cette soirée serait décisive et marquerait leur entrée dans le monde de la noblesse française. Il était d'une importance capitale qu'ils fassent bonne figure et la beauté d'Anaïs leur serait d'une grande utilité, et ça, même William ne pouvait le contredire.

          "Tu serais attirante même avec un sac à patates sur le dos, soupira-t-il théâtralement avant de marmonner pour lui-même : et c'est bien le problème. Si milady veut bien me suivre."

          Il lui offrit son bras pour l'accompagner à la voiture avancée dans la cour privée. Il se rendit bien vite compte que la robe était vraiment très imposante et très peu pratique. ça devait être une horreur à supporter. Sans compter le corset affreusement serré.

          "Tu es sûre que tu arrives à respirer, avec ça ?" demanda-t-il hors de portée de voix du cocher en lui ouvrant la porte afin qu'elle puisse grimper sur le marche-pied et s'installer.

        Il rentra à sa suite et se dit qu'il avait oublié sa perruque. Ah, quelle malchance ! La calèche s'ébranla et les voilà partis vers l'inconnu.
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyJeu 25 Juil - 23:18

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbC'était le genre de compliment qu'il me faisait souvent. Peu habile avec ses mots et avec ses émotions, il se dépatouillait comme il le pouvait pour s'exprimer. Alors les compliments pouvaient être rares, mais il montrait sa reconnaissance par d'autres moyens que je connaissais pour l'avoir connu il y a déjà des années. Le temps passait vite, et il avait fait parti de ma vie depuis toujours, de mon point de vue, car ma vie sans lui est moindre par rapport au monde que nous avons créé depuis. Sans lui je ne serais rien, sans lui ma vie n'aurait aucun sens, aucune lute, aucun but. William me tendit son bras, que je pris comme le voulait la tradition, et nous sortîmes. Il faisait frais dehors, je le sentais sur mes bras et mes clavicules découvertes, sans que cela ne m'atteigne. Et puis vint le moment où il fallut rentrer dans la calèche. Ce fut très compliqué, sans abîmé la robe, sans abîmer la calèche non plus, sans me marcher dessus ou sur la robe, et William dut m'aider en me tenant la main pour que je ne perde pas l'équilibre, mais je finis malgré tout par m'asseoir sur les fauteuils rouges.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbSa question était justifiée, j'étais justement entrain de me dire la même chose : que c'était vachement difficile de respirer en étant assise. Je devais me tenir bien droite pour laisser un sembler d'air entrer dans mes poumons et...

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- Pas trop, avouai-je avec un sourire amusé pour passer ma gêne. Mais il faut souffrir pour être belle !

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbCette blague ne parut pas le faire beaucoup rire, et après coup, je compris que ce n'était pas spécialement drôle. Victor m'avait prévenue que si des servantes me demandaient si je voulais être plus fine et me casser les côtes... je devais absolument refuser, ce qui tombait assez sous le sens. Mais j'aurais pu être prise de court ou ne pas bien comprendre. C'était quelque peu... inattendu comme demande après tout, surtout au XXIème siècle où la science savait que tous les os de notre corps sont là pour une raison. Ouais. Drôle d'époque.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbNous arrivâmes au palais du roi soleil, Versailles, pour la réception. Il y avait beaucoup de calèches et de chevaux, comme Grelot, bien qu'ils aient tous l'air bien plus grands et athlétiques que notre propre monture. William m'aida à descendre une nouvelle fois, je vérifiai que ma robe était bien mise, ainsi que mes cheveux et quand je fus sûre, j'attendis qu'il me tende de nouveau de bras. Je sentis mon coeur se serrer d'appréhension face à cette salle luxueuse. J'avais peur, de ce que je devais faire, de cette foule. Et si quelqu'un me débusquait ? S'il y avait des estres ? Pire, si je faisais une gaffe ? Je fis sentir ma peur à William en serrant un peu plus fortement son bras tandis que nous montions les marches du château. Je sentis son odeur quelques instants encore, couplée à la fraîcheur de la nuit, et il me lâcha pour me faire passer en premier dans le palais.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe fus d'abord aveuglée par la lumière du grand lustre de cristal au dessus de notre tête. Et je vis enfin tout le reste de la salle. Ornée d'or, de miroir et de meubles finement décorés, la pièce avait un haut plafond et était bondée de monde. Beaucoup de femmes, tenant le bras d'autres hommes, certaines se retournèrent vers moi et je sentis leur regard brûlant. Au contraire, des hommes se retournèrent également, et je sentis leur regard chaud sur moi. Je fus prise d'un frisson qui traversa tout mon corps, mais contrôlai mon allure, laissant naître du bout de mes lèvres rosées un fin sourire à la fois respectueux et tentant. Il était temps de rentrer dans la rôle de cette jeune princesse russe à la recherche de nouveautés et d'un nouveau monde. Je n'avais pas spécialement l'habitude de jouer la comédie, et je ne savais même pas si j'étais convaincante. Peut-être pas, peut-être que mon sourire était ridicule et peu engageant. Qu'importe. Un homme à l'entrée, un servent, annonça notre arrivée.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- Anastasia Alexeïevna Vorontsov, princesse de Russie, et son traducteur, Louis d’Angleterre.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbCe nom compliqué, et dans un sens, imposant, fit retourner de plus en plus de têtes. Les invités russes se faisaient rares ici, voire événementiel et aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle. Je serrai le bras de William dans le mien, jaugeant du regard la cour française.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- Je crois qu'on est repéré, plaisantai-je.
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William O'Leary
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyDim 1 Sep - 1:59

Le décor, flamboyant, reflétait l'opulence de cette classe privilégiée de la société, loin de la famine qui sévissait dans les campagnes, de la pauvreté qui laissait des parents affligés devant la maladie de leurs enfants et des milliers de mendiants dans les rues. Quand tout cela cessera donc ? La révolution française allait mettre le roi à genoux, et Paris à feu et à sang. Sans oublier les répercussions de la Terreur sur les provinces...
       William se dit que c'était une bien triste période pour la France. Lui qui donnait bien peu d'importance à la richesse ostentatoire était écœuré par tant de faste. Mais il garda bonne figure et un sourire aimable aux lèvres alors qu'il repérait Jared, sa seule connaissance qui leur avait d'ailleurs obtenu cette invitation. Il guida Anaïs vers le noble d'un certain âge, qui s'interrompit en pleine conversation et s'inclina pour faire le baise-main à Anaïs.

       "William ! Voici donc votre charmante princesse. Madame, je suis enchantée de faire votre connaissance. Vous ne m'aviez pas tout dit au sujet de sa beauté ! Laissez-moi vous présenter mon épouse, madame du Moncour, et le trésorier de sa Majesté, le Baron Bonnier de la Mosson."

        William s'empressa de traduire à Anaïs qui répondit d'une voix claire en le remerciant. La conversation s'orienta sur ses raisons de venue à Paris et la "beauté" de la ville. La femme de Jared les introduisit auprès d'un groupe d'autres femmes dont William se serait bien passé, étant à présent le seul homme dans la conversation car Jared et le baron s'étaient éclipsés. Un serviteur portant un plateau avec du champagne lui permit de se reposer un peu le gosier, il ne s'était pas rendu compte jusqu'ici combien parler tout le temps était fatiguant. Il en proposa aux autres convives. Il comprenait aussi tout ce que les deux plus jeunes filles minaudaient entre elles à couvert, en particulier à son propos. Si même lui le remarquait, c'était qu'elles n'étaient pas du tout discrètes. Tout à coup, il aurait fort souhaiter être ailleurs, luttant pour paraître un minimum intéressé par une longue conversation sur les manches de la robe d'Anaïs qu'elles trouvaient magnifiques (et qui servaient surtout à dissimuler ses cicatrices pour ne pas avoir à justifier leur provenance). Ils étaient deux dans ce cas, Anaïs n'avait pas l'habitude des conversations aussi frivoles sur le pouponnage et la mode qui s'éternisaient. Son application faisait l'admiration de William dont la patience n'était pas le fort, et l'aida à ne pas avoir l'air exaspéré.
          Les trois femmes finirent par prendre congé et William laissa échapper un soupir de soulagement.

        "Bon sang j'ai cru qu'elles n'allaient jamais nous lâcher la grappe, marmonna-t-il en anglais en reprenant une autre gorgée de champagne avant de se tourner vers Anaïs. En tout cas, tu tiens ton rôle à merveille."

          Anaïs allait répondre lorsqu'elle fut interrompu par l'annonce du roi. Le silence se fit, et le Marquis se détacha de la foule pour lui parler avec tout le respect qui lui était dû. Les yeux de William furent avant tout attirés par le roi, dont les atours étaient si richement décorés qu'il était difficile de se tromper. Il n'avait pas un visage spécialement harmonieux, et la perruque qui le surmontait, très volumineuse, n'arrangeait rien. Il se tenait droit, appuyé sur une canne qui faisait plus office d'objet d’apparat qu'autre chose. Ainsi, c'était cela le roi, qui avait droit de vie et de mort sur tous ses sujets... Il était accompagné d'un groupe de courtisans qui le suivait comme son ombre, uniquement des hommes, et de l'annonceur qui se devait d'introduire chaque convive au roi. Le regard dudit roi fit le tour de la salle et ne tarda pas à remarquer Anaïs. William se crispa en le voyant la détailler de la tête aux pieds avec une lubricité à peine contenue. Bon sang, ce type se croyait tout dû !.. Il se contint et s'inclina très bas, tandis que Anaïs exécutait une petite révérence.

          "Ainsi donc, ma chère, vous avez voyagé de si loin jusqu'en France. Que nous vaut votre délicieuse présence ?"

            William s'empressa de traduire, redressant la tête après un signe de main du roi.

            "Votre Majesté. Je suis en visite afin de rapporter au tsar combien Paris est magnifique et accueillante. Je suis pour l'instant ravie.
           - Bien... Je vous souhaite un bon séjour."

          Et il s'en alla, avec un dernier regard peu ragoutant. C'était une manie pour les hommes de considérer les femmes comme des objets tout juste bon à attirer les yeux par leur beauté ? Bon, il ne pouvait normalement pas les blâmer vu la tenue et la prestance naturelle d'Anaïs - elle avait le port d'une reine, une peau laiteuse, des yeux à tomber... - mais il avait subitement une envie furieuse de la charger sur son épaule et d'aller l'enfermer à double-tour quelque part, loin de tous ces regards libidineux. Sa vieille jalousie le suivait décidément partout, malgré ses efforts pour l'étouffer. Le roi s'éloigna finalement, et William se rendit compte que ce qui faisait surtout de lui un roi était cette assurance dangereuse, cette vénération officielle sous le feu des projecteurs qui lui donnait une aura si écrasante. William reporta son attention sur le Marquis, qui discutait à présent avec un autre membre de la cour, à proximité de l'entrée.
           C'était un homme de taille moyenne, à la trentaine entamée, à la chemise à jabot et au gilet impeccable, qui portait plusieurs bagues de grande valeur aux doigts. Vu d'ici, il n'avait pas l'air spécialement dangereux. William dut interrompre son observation pour jouer les traducteurs auprès de deux couples qui venaient se présenter à Anaïs. Il continua du coin de l’œil d'observer le Marquis, qui alla chuchoter quelque chose à un petit homme assis dans un large fauteuil, apparemment bien aviné, qui faisait grand bruit et importunait une jeune dame. Il semblait vouloir qu'elle s'assoit avec lui. Le Marquis l'en dissuada apparemment, et l'interpelé partit vers le fond de la salle, si brusquement qu'un serviteur faillit renversé son plateau lorsqu'il le percuta.
En voyant le regard de William, un des monseigneurs auxquels ils parlaient leur révéla qu'il s'agissait du frère cadet du Marquis, à la réputation plus que douteuse, qui était fréquemment au centre des esclandres et dépendait de son frère pour subsister. "Monsieur le Marquis a bien du mérite de le supporter, ajouta-t-il, lui qui est si cultivé, avoir un frère pareil..."
        La brebis galeuse de la famille, hein ? Un peu plus tard, lorsque William jeta un coup d'oeil à l'horloge. La nuit était déjà bien avancée, le roi s'était retiré et la plupart des courtisans aussi. Les personnes avec qui ils parlaient leur firent voir les jardins. Là, sur un banc, le Marquis discutait avec son petit frère. De près, on pouvait voir pourquoi il avait si peu de succès avec la gente féminine. La petite vérole avait laissé des marques sur son visage qu'il avait très laid au départ. William s'inclina (encore).

       "Monsieur le Marquis, pardonnez-moi de vous interrompre, mais Madame Alexeïevna Vorontsov, princesse de Russie, souhaitait vous féliciter pour cette soirée et vous saluer avant de partir."

         Le Marquis glissa un regard vers Anaïs, et consentit à lui donner l'attention qu'elle méritait.

          "Madame, je suis enchanté de vous voir parmi nous. Peut-être pourrions-nous nous revoir dans les prochains jours, puisque nous n'avons pas eu le temps de faire plus ample connaissance. J'organise couramment ces soirées et je serai heureux et flatté de vous y revoir."

         Elle lui avait déjà tapé dans l’œil, comme tous les autres. Mais ce qui intéressait William, c'était plus son petit frère... Son talon d’Achille évident. Anaïs, habile malgré la fatigue de la soirée, le remercia et demanda qui était l'homme qui était avec lui.

          "Je vous présente Charles, mon frère cadet."

         Le Marquis attendit que son frère se lève en vacillant. Son teint rougeaud luisait à la lumière de la salle ouverte toute proche. Il s'attarda plus que nécessaire sur le baise-main. William attendit la remarque de trop, le geste déplacé, n'importe quoi qui put le faire passer à l'action. Mais rien, et le Marquis s'empressa d'entrainer Anaïs dans son sillage vers la Grande Salle pour l'éloigner de son trop déluré de frère. C'est fichu pour cette fois, se dit William, quand il entendit une voix s'élever.

         "Elle est foutrement bien faite, pour une putain russe."

        C'était l'occasion qu'il attendait. William, qui fermait la marche, se retourna et lui colla une droite magistrale qui l'envoya par terre. Charles mit de longues secondes à comprendre ce qui venait de se passer. Ses petits yeux porcins écarquillés, il ressemblait à un enfant (très laid, l'enfant) prit en flagrant délit de chapardage. Cependant, Charles se mit à l'invectiver plus vite qu'il ne l'aurait crû, faisant un tel vacarme que le Marquis et Anaïs firent demi-tour.

        "Qu'est-ce qui vous prend, roturier ? demanda le Marquis par-dessus les "maraud, va-nu-pieds ! je te ferai jeter en prison, pourrir en enfer !" de son frère.
         - Ce misérable a souillé de ses paroles l'honneur de ma maîtresse."

        Le Marquis était, de toute évidence, bien embêté. Mais son privilège de classe passa par-dessus le reste. Il dévisagea William.

        "Vous avez conscience que je me dois de vous punir pour avoir osé porter la main sur mon frère ?"

         William soutint son regard.

         "J'en affronterai les conséquences."

        Anaïs demanda ce qu'il se passait, et le Marquis accorda à William le droit de lui expliquer. Une fois que ce fut fait, elle se retourna vers lui et le regarda droit dans les yeux avec un aplomb formidable.

         "En Russie, votre frère aurait déjà eu la tête coupée pour ce qu'il a fait. J'ai besoin de mon traducteur mercredi, et je ne souhaite pas qu'on lui coupe une main. Faites ce que vous voulez de lui d'ici-là."

         Le Marquis ouvrit la bouche, demandant d'un regard ce qu'elle venait de dire avec tant de détermination. William traduisit. Le Marquis réfléchit.

        "Très bien, ce sera donc le fouet. Trente coups. Demain matin, dans mon domaine. Mes gens y assisteront.
        - Quoi ? Seulement trente ? Il en mérite quatre-vingts ! Ou cent !
" s'égosilla Charles qui s'était relever en se tenant la mâchoire.

        Il n'en obtint que cinq de plus, malgré son insistance acharnée et ses postillons abondants - il semblait vraiment vouloir que William finisse en charpie. Le Marquis commanda à ses hommes de congédier poliment les derniers invités et de mettre en geôle William. Celui-ci expliqua ce qui se passait à Anaïs tandis qu'on lui arrachait son gilet, sa ceinture et même ses bottes et qu'on l'enferrait. Alors que le Marquis s'éloignait et que les serviteurs la menait vers la sortie, elle alla vers le Marquis.

        "Je veux être présente pour la flagellation. Après tout, c'est de mon traducteur qu'il s'agit.
          - Voyons, ce n'est certainement pas un spectacle pour une dame de votre rang. Cela peut être assez... Barbare, si vous me permettez le terme.
"

        Mais Anaïs n'en démordit pas, et William se demanda pourquoi diable elle voulait y être. Ça n'allait pas être une partie de plaisir, pourquoi se l'infliger aussi ?.. Elle finit par avoir l'abdication du Marquis et s'en alla, escortée par deux serviteurs et le laquais de Victor qui l'attendait pour monter dans la voiture.




***********************************************************************




 

        Les geôles du Marquis étaient froides et sombres. Lorsque la porte se referma derrière lui, William se fit la réflexion qu'une fois de plus, il était enfermé. Il réprima un instant de panique. Il détestait décidément les endroits clos, mais celui-ci n'avait rien à voir avec l'Institut. Il s'assit par terre, faisait cliqueter la chaîne qu'il avait aux pieds. Dans un coin, un seau de bois pour faire ses besoins, et dans un autre, une cruche vide.

        "Bienvenue chez toi, mon vieux," songea-t-il tout haut.

        Et il s'adossa à la pierre, fermant les yeux pour somnoler malgré le froid et l'humidité.
        Il dormait presque lorsqu'un coup le cueillit au visage. Il ouvrit les yeux, affolé, cherchant ses couteaux à tâtons. Il n'y en aurait pas, cette fois-ci. Le coup se répéta, on le tenait par la chemise, et les encouragements à voix haute à le tabasser l'indiquait que son assaillant n'était pas seul. Merde, une vengeance de l'autre ?.. William balança un coup de pied dans les parties intimes du type qui le tenait, qui se plia en deux. Il reçut un coup de pied dans les cotes qui lui coupa la respiration et était destiné à le plaquer par terre, mais il roula sur lui-même malgré l'espace restreint et se remit sur ses pieds. Il empoigna le bras d'un des deux types restants et le tordit en un angle improbable, le cassant efficacement. Il se jeta sur le dernier, qui n'était autre que... Charles. C'est ce que William comprit quand il couina de surprise, projeté contre le mur. William se baissa rapidement et utilisa la chaîne pour l'étrangler.
 
         "Arrêtez ! Ou je tue votre maître !"

        L'un des deux, celui qu'il avait frappé aux parties intimes, s'arrêta net. L'autre se lamentait toujours en tenant son bras blessé. Eh bien, ils avaient fière allure, les soldats français !

         "Sortez de la cellule.
          - Faites ce qu'il dit ! faites ce qu'il dit !
" s'égosillait Charles.

        Il avait de la voix, pour quelqu'un qu'on étranglait presque. William resserra son emprise et il se tut. Les deux autres finirent par sortir comme il l'avait demandé, et William balança Charles dehors avant de refermer sur lui la porte.

        "Tu ne perds rien pour attendre..." proféra comme menace Charles en repartant, ce dont William ne se souciait guère.

        Il relâcha sa vigilance lorsqu'il fut sûr qu'ils soient partis - et apparemment, les deux hommes qui l'accompagnaient étaient ses cousins, William était donc parti pour se mettre à dos toute la famille. Mais il était presque certain que ceux-ci n'allaient pas aller se vanter d'avoir été rossé par un prisonnier seul. William évalua qu'il ne lui restait qu'une poignée d'heures avant le lever du soleil. Le jeune homme inspecta les dégâts. Il avait mal aux côtes et aurait certainement un œil fermé le lendemain - sa pommette commençait déjà à enfler sérieusement - mais n'avait rien de casser. Il respira un grand coup, soulagé. ça commençait bien.

          "Eh, petit, t'es encore vivant ?" demanda soudain une voix faible.

        William plissa les yeux et s'approcha de la cellule adjacente. Il y distinguait vaguement une forme allongée en chien de fusil.

         "ça peut aller. Qui êtes-vous ? Vous êtes Léonard ?
        - Co...Comment connais-tu mon nom ?
        - J'étais censé vous retrouver il y a quelques jours. Et au lieu de ça, je suis rendu ici. Où est la pierre ?
        - Ta voix est très jeune, je suis surpris. C'est le Marquis qui l'a, j'ai tenté de la dérober mais j'ai échoué... C'est pour ça que je suis là.
"

        Ledit Léonard avait l'air au bout du rouleau. Sa voix ne tenait qu'à un filet à certains moments, et des quintes de toux le secouait communément. Il n'en a plus pour longtemps et il le sait, comprit William.

       "Je ferai bon usage de ces informations, promit William.
        - N'essaye pas de voler le Marquis... Il a des chiens, et un frère tordu."

       Et moi j'ai une princesse russe, rétorqua mentalement William, mais il n'ajouta rien. La forme de l'homme bougea pour se rapprocher de la grille qui les séparait.

        "Vous devriez économiser vos forces, avertit William.
        - Cela ne changera rien à mon sort. Je veux te voir."

        William se demanda comment c'était possible à travers cette pénombre. L'homme resta si longtemps silencieux que le jeune homme crut qu'il s'était endormi. Finalement, un dernier filet de voix s'éleva.

        "Dis... A Victor... Que ma dette est payée.
        - ... Je le ferai,
" promit William.

        Et ce fut le silence. Un silence oppressant qui dura jusqu'au matin.




***********************************************







       William fut réveillé brutalement et eut tout juste le temps de jeter un coup d'oeil vers la cellule voisine alors qu'on le trainait au-dehors. Le soleil matinal lui brûla la rétine de son seul œil valide, l'autre devait tirer méchamment sur le noir. Devant la propriété avait été montée une petite estrade, avec un épais poteau en bois. Des gens étaient déjà rassemblés devant. On fit monter William dessus, il retira sa chemise.

       "As-tu quelque chose à dire pour te défendre ?" demanda le Marquis, tout fringant dans son habit bleu foncé, après avoir marqué une subtile hésitation en voyant l'état de son visage.

        Derrière lui, William distingua les fameux cousins - dont l'un arborait un bras en écharpe, sa femme, et avec elle... Anaïs. Elle avait revêtu une robe moins tape-à-l’œil que la veille qui lui saillait tout de même à ravir. Un serviteur leur tenait une ombrelle pour les protéger du soleil. Pourquoi est-ce que tu es là, Anaïs ?...
William détacha son regard d'elle et reporta son attention sur le Marquis.

        "Non monsieur. Tout a déjà été dit.
       - Bien... Puisqu'il en est ainsi...
"

       Il fit un signe de la main et un membre de son escorte l'enferra au poteau. Ses mains étaient maintenus à hauteur de son visage, les coudes un peu près à 90°. Il se sentait étrangement à découvert, son dos exposé à la foule. Il entendit alors une voix qu'il aurait aimé ne pas reconnaître s'élever.

        "Voilà ce qu'il en coûte de frapper un homme de haut rang ! Mesdames et messieurs, le châtiment est de quarante coups de fouet !"

       Celui qui tenait le fouet était donc Charles. Bien sûr, il n'allait pas se priver de cette joie après cette nuit, songea William. Il faisait son show en s'adressant à la foule et on entendait dans sa voix l'excitation malsaine. Il avait même ajouté de lui-même cinq coups malgré l'avis de son frère, mais maintenant qu'il avait déclaré ça en public, le Marquis ne pourrait pas revenir dessus, fût-ce pour garder les bonnes faveurs d'Anaïs. Charles était un malade. Et quand je pense que c'est proche de ce dégénéré qu'elle va devoir évoluer pour pouvoir voler le collier...
Cette pensée fit enrager William. Mais bientôt il eût autre chose à penser. Il serra les dents afin de faire le moins de bruit possible. Il ne comptait pas donner le moindre plaisir supplémentaire à son bourreau.
        Et le premier coup de fouet tomba.
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Anaïs Young
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyDim 13 Oct - 23:03

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbAlexeïevna Vorontsov voilà le nom tordu que Victor m'avait pondu, après qu'il m'ait faite apprendre le cyrillique. Oui, tout devait être parfait, je devais avoir un accent russe au possible, et savoir enchaîner des phrases, mais plus que des petites phrases minables, comme je le faisais en français. En même temps, d'un côté j'avais un  professeur qui essayait de m'apprendre un nouvel alphabet, et de l'autre William qui essayait de m'apprendre le français avec ses mots compliqués, ses doubles lettre, ses accents qui allaient dans tous les sens et le pire du pire c'était sans aucun doute la conjugaison ! De combien de temps m'avait-il parlé en tout ? Le français était une torture par sa consistance, le russe par ses différences avec les langues latines. Mais je n'avais pas réellement le choix, et tous deux avaient à cœur que je parvienne à les maîtriser. Alors je fis du mieux que je pus.Travaillant avec les deux, sans relâche, m'endormant dans des livres où les lettres se mélangeaient, ou les mots perdaient leur sens. La pire éventualité était sans aucun doute que je ne confonde des mots russes et français et que pour cela, ils se doutent de quelque chose. Bon, ce ne devrait pas arriver, j'étais une bourgeoise d'une lointaine région ayant beaucoup voyagé, je ne devrais pas être soupçonnée de quoi que ce soit. Et puis, à cette époque, on ne croyait les femmes capables de rien, alors bon, je ne devais pas risquer grand chose.



_____


Tout devait être impeccable. Mes cheveux, le maquillage, ma robe. Je me sentais mal, j'avais la nausée, mais William s'était trop mis en danger pour que je le permette plus. Encore ce matin, je me demandais comme avais-je pu accepter un tel plan. Je ne devais pas craquer. J'étais forte maintenant. Je devais rester forte, même quand William était en prison, loin de moi, entre les mains de bourreaux qui auraient très bien pu le tuer dans la nuit... qu'est-ce que je racontais ? William était le bourreau des bourreaux, rien ne lui arriverait, la paranoïa me faisait perdre la raison. Mathilde me pressa.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Il est bientôt l'heure, votre carrosse vous attend vite! »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe vérifiai une dernière fois mes cheveux et mes lèvres. Rien ne dépassait, pas de mèche, pas de couleur. La talque était bien mis sur ma peau, j'étais aussi blanche qu'un cadavre, mais c'était ce qui plaisait à cette époque. Et j'avais cette aiguille, cachée dans mes cheveux, en dernier ressort. Je descendis les escaliers, aidée par les domestiques, qui me firent sortir. Une calèche appareillée d'un cheval blanc au poil long et aux pattes musculeuses, typique des pays froids, m'attendait dehors. Victor avait prévu, comme toujours, au détail prêt.



_____



L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLa justice se faisait selon les lois du seigneur, à cette époque. Aucun droit ne répondait aux préjudices, et ces seigneurs assuraient le pouvoir de créer des lois, mais aussi de les appliquer. Une des plus connues était sans nul doute que qui faisait violence au roi recevait violence. Or, le frère du  marquis se prenait sans nul pour un roi et réclama, pour sa claque, le claquement du fouet.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLe marquis m'invita à m'asseoir à côté de lui, dans l'espace réservée à la Cour tandis que le peuple, qui pouvait y assister dans les tribunes, se rassemblait. Je leur jetai un regard glacial. Comment pouvait-il se rassembler pour voir la souffrance d'autrui ? Etaient-ils donc tous des animaux à cet époque ? J'accordai un sourire glacé à une petite qui me pointa du doit, et une bourrasque glacée vint ébouriffer ses cheveux et rougir son nez. Il y eut une vague de frisson dans ce morbide public, pour laquelle je tirai une certaine satisfaction. Le marquis posa sa main sur la mienne et je ne me détournai pas. Non, c'était là tout l'objectif de l'opération ; gagner la confiance du marquis.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLe frère du marquis, ce fameux Charles d'Aragon, jouant son rôle de bourreau à la perfection, arriva sur la petite estrade où était le plus souvent pendu les voleurs. William lui fut amené, les mains nouées, sans chemise, et le laid prit le fouet à deux mains. La foule applaudit. Mes nausées s'aggravèrent subitement. Je pris une grande respiration, et le marquis dut sentir ma crispation.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Je vous avais averti. Ce n'est pas un spectacle pour une dame de votre rang, si je puis me permettre. »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe lui souris, bien que je n'ai pas tout compris.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- "ça ira, merci, ", répondis-je en un mauvais français.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLe marquis sourit et cacha un rire. De toute évidence, il avait compris que je n'avais pas compris, tant mieux. Je fermai les yeux quelques secondes, concentrée. Il était évident que je  n'allais pas laisser William prendre quarante coups de fouet sans rien essayer. Quand je rouvris les yeux, je sentis qu'il me regardait. Je croisai son regard, sentant le picotement de mon don au bout de mes doigts. Sourde aux cris ambiants et à la voix de Charles, je fixai William, les sourcils froncés. J'y avais longuement réfléchi cette nuit, faut dire que je n'avais pas eu grand chose d'autre à penser, toute seule dans le lit. Et je m'étais dit que le froid pouvait atténuer la douleur, a contrario de l'empêcher. Alors, au vu de mes capacités, j'essayais de faire comme avec Ivy, lorsque mon corps entier s'était transformé en glace, mais cette fois sur William. Ce fut... étrange. J'avais surtout peur de lui faire plus de mal qu'autre chose, et je n'avais pas son ressenti sur la situation. Puis les coups tombèrent. Un à un. William n'accorda aucun cri, souffrant en silence, comme toujours. L'air autour de moi se refroidit encore. Ma respiration s'accéléra, je ne pouvais quitter des yeux la silhouette de William. J'avais soudainement chaud. Je sentais des gouttes couler dans mon dos, et ces nausées, mon dieu ces nausées qui remontèrent dans ma gorge et me serraient le cœur. Hagarde, je perdis le file des événements. Combien de coups déjà ? Quelle heure était-il ? Où était William ? Et le marquis, était-il parti .. ? Le monde se mit à tourner, je vis dans ma vision périphérique que le marquis était toujours là, il n'avait pas bougé.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe me sentis si faible, sur l'instant. Mes yeux papillonnèrent, je luttai, mais rien à faire, le noirceur m'absorbait. J'entendis un faible
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Madame Vorontsov ..? »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbAvant de ne plus rien voir, de ne plus rien entendre.



_____


L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbEn me réveillant, je n'étais plus sur la place publique, mais dans la chambre. Mathilde se tenait à côté de moi. Où était William ? Toujours là-bas ? Je m'étais évanouie ? Mais pourquoi ?
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- «Mathile ? »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe lui demandai ce qui s'était passé, en russe, puisque de toute façon je ne savais pas le lire en français, et elle me regarda, elle aussi perdu.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Je ne comprends pas, Madame, » s’excusa-t-elle, mais même ça, je peinai à le comprendre, un mal de crâne frappant mes temps.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbNéanmoins, elle désigna mon ventre, comme si là était toute la solution depuis le début. Je le regardai alors, interloquée.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Vous êtes enceinte.  »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe fronçai les sourcils, cherchant une tâche sur ma robe de nuit – tiens, je n'avais plus de corset serré à en étouffer - , quelque chose, mais il n’y avait rien. Et William ne m’avait pas apprise ce que voulait dire être « enceinte ». Voyant mon incompréhension, elle répéta.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Bébé, vous avez un bébé.  »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbCette fois, le sens parut plus clair, même trop clair. Bébé, ça paraissait très proche d’un autre mot.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Baby ? Dans mon ventre ?  » repris-je dans un mauvais français, en oubliant presque ma couverture.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbElle hocha la tête rapidement, heureuse que je comprenne. Je me surpris à rire.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « J’ai pas... J’ai pas baby dans mon ventre, pas possible.  »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbMais la servante continuait de secouer la tête, de répéter « Si si si » et ce fut comme tomber d’une falaise. D’une immense, immense falaise. Je fis plusieurs pas en arrière, lentement, jusqu’au lit pour m’y asseoir. Je blêmissais à vue d’oeil. Enceinte, alors j’avais... un enfant, dans mon ventre ? Le bébé, un bébé de William et moi ..? Elle paraissait sûre d’elle, tellement sûre. Je posai une main sur mon ventre. Non, ce n’était pas possible, vraiment. Je ne pouvais pas être enceinte mais, c’était donc ça la raison de ces nausées, ces vertiges ..? Oh mon Dieu non. Je sentis mes yeux me piquer étrangement. Ils s’humidifièrent et des larmes coulèrent le long de mes joues. Qu’allait dire William ..? Il avait déjà exposé très clairement son point de vue sur la question. En voyant mon état, la servante s’approcha.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Vous avez fait cela avant le mariage, c’est donc cela qui vous rend dans un tel état de détresse ? »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe ne comprenais rien à ce qu’elle me racontait. Je devais voir Victor, faire un test de grossesse pour être certaine. Je ne pouvais pas faire confiance à la médecine du Moyen Âge. Mais... Il fallait finir la mission avant et et... j’attendrais pour en parler à William, attendre d’être sûre et certaine de cela, que j’avais bien un petit être dans mon ventre qui venait de lui et de moi.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Qui est le père ?  »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbCette fois je compris, le dernier mot seulement. Père, mère, maman, papa, j’avais appris ce vocabulaire de base. Or, je savais que père voulait dire celui qui était à l’origine de ce supposé bébé. Je me mordis la lèvre, hésitante. Que risquais-je à lui dire ? Elle n’était qu’une servante après tout, et puis elle avait promis de ne rien dire à Victor.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Je... C’est le, le... traducteur ..?  » fis-en français, doutant du dernier mot.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbSes yeux s’entrouvrirent légèrement et elle s’assit à côté de moi, en déposant sa main sur mon genou. Je sursautai à ce contact, surprise, perplexe et perdue.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Vous vous aimez ?  »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbNouvelle difficulté à comprendre. Aimez. Aimer, vous, pronom quelque chose comme ça euh... Si je l’aimais ? C’était ça ? Je pinçai les lèvres. Une princesse devait réagir comment lorsqu’elle était enceinte de son traducteur hein ? Parce que bon au Moyen Age c’était inconcevable de ne pas être mariée suite à une relation arrangée par les parents. Et lui dire, ça ne compromettait pas la mission ? Risquait-elle de parler ..? Et devais-je dire la vérité ? Oh mon Dieu j’étais perdue. William vient m’aider. Mais il ne vint pas, évidemment.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Lai...laissez-moi,  » l'implorai-je.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbMon langage se faisait de plus en plus laborieux, et j’avais l’impression de sentir des gouttes de sueur perler dans mon dos. La servante hocha la tête et je me rendis compte, après coup, que je venais de dire que je n’aimais pas William.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Venez il est temps d'aller manger, et puis le marquis a assisté pour vous attendre,  »clôtura-elle gentiment.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe ne compris toujours pas un traître mot de  ce qu'elle venait de dire, si ce n'est qu'il était question du marquis. Quoi qu'il en soit elle m'aida à me relever,  à me rhabiller, puis elle recoiffa mes cheveux tandis qu'une très jeune fille, nommée Camille, me remaquilla, avant de descendre.

_____


L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLe marquis était en bas, debout dans le salon principal, assis dans le canapé, devant la cheminé, entrain de boire quelque chose. Il me sourit, je fis une légère révérence.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Excusez-moi, » articulai-je avec un fort accent. « Je ne voulais pas déranger vous. »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Votre délicatesse est toute à votre honneur, chère Anastasia. Vous êtes une femme de la cour, pas des rues, de tels spectacles ne siéent pas à votre personne, et je ne m'en étonne pas. »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbIl me sourit, et je fis de même, bien que je ne comprenne pas le moins du monde son vocabulaire bien plus compliqué que ce que William avait essayé de m'apprendre. Je m'assis sur le canapé en face de lui et demandai à Mathilde un thé chaud.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Vous vous sentez mieux? »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe hochai la tête, assez silencieuse. William n'était pas là pour traduire, c'était une catastrophe. Et les catastrophes s'enchaînaient, encore et encore. Je pris une grande respiration, et un long silence pénible s'ensuivit. Le Marquis me jetait de nombreux coup d'oeil, auxquels je fis mine de ne pas réagir.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Comment est votre royaume? » demanda-t-il soudainement.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbPrise de court, et connaissant le mot « royaume » je compris malgré tout aisément où il voulait en venir. Je regardai le feu, l'air ailleurs, plutôt pensive et inquiète. Je n'avais pas vu William, j'étais enceinte, tout allait pour le pire. J'ouvris la bouche pour lui répondre une fois, puis la refermai, avant de parvenir à m'exprimer :
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Très beau, en hiver, quand forêt pleine de neige partout. Grandes forêts chez moi, grandes et belles. Je jouais beaucoup quand j'étais petite avec sœurs et frères. » (je levai les yeux vers lui) "Grandes montagnes aussi, difficiles à traverser et dangereuse. Mais très belles de loin. Beaucoup de rêves et de créatures mystérieuses là-bas. »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLa gorge sèche, je me tus une nouvelle fois, et me retournai vers le feu. Mathilde revint précisément à cet instant pour me servir mon thé. Je la remerciai d'un hochement de tête. Constatant mon mutisme, le marquis se prit à raconter ses propres histoires.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Je jouais également souvent avec mon frère, Charles, en hiver, dans le jardin du château, entre deux leçons de latin. Souvent, nous partions dans le second château, dans la région de notre tante. Elle a été mariée à un cousin de Louis le Bien-Aimé, ils ont une des plus grande région de la France. Elle avait beaucoup de chien et vivait souvent seule. C'était un soldat qui préférait les guerres de conquête au confort de son palais. Alors elle s'occupait seule. Tout était toujours impeccable. Nos lits quand nous allions nous coucher jusqu'aux plats que cuisinaient ses domestiques. »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJ'écoutai d'une oreille distraite son histoire, imaginant aisément le petit chien de Charles jouant parmi d'autres chiens. Mais je devais bien entretenir la conversation, alors je m'enquis :
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Et vous ? Vous n'êtes pas un... soldat? »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLe marquis esquissa un sourire et secoua la tête.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Il ne me plaît guère d’assassiner des innocents pour prendre leurs maigres richesses. Les impôts de mon royaume me suffisent largement. Je me satisfais aisément du territoire que mon père m'a offert à sa mort, bien que Charles insiste souvent pour nous allier avec notre beau-frère afin d'envahir les Ottomans. Mais leur unicité est bien supérieure à la notre, ce serait des bévues irréparables. »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe hochai la tête. La conversation continua ainsi un temps, jusqu'à ce qu'il se lève et déclare devoir rentrer. Mathilde le raccompagna à la porte et je pus enfin soupirer. Je devais parler à Victor.

_____



L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbMathilde me fit jurer de faire attention dehors, chose que je lui promis, avant d'entrer dans la calèche. Le cocher fit claquer ses rênes et les chevaux se mirent en marche. Je devais retrouver le contact qui nous avait amené jusqu'à la maison de Mathilde. C'était un homme, habillé en moine, avec une tonsure, un peu enveloppé et dont il manquait une main, et le nez. Victor m'avait expliqué que c'était le sort réservé aux voleurs récidivistes. Mais ce pauvre homme avait besoin de nourriture une famille, alors il s'était mis à marchander avec des hommes particuliers, aux pouvoirs particuliers. S'il était repris une dernière fois à voler, alors on lui couperait la tête. Mais il devait savoir comment contacter Victor. Donc je devais le voir, c'était impératif.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLe cocher me sortit des modestes quartiers, pour entrer dans les plus pauvres. J'avais changé de robe, pour une moins voyante, mais toujours luxueuse. Elle était d'un jaune simple, bien moins lourdes que celles que je portais devant le marquis. Par rapport à elles, celle-ci était presque confortable. Et puis, elle brillait surtout moins que les autres. Le cocher s'arrêta devant la maison du moine. Je descendis alors et frappai. Une fois, deux fois. Personne ne me répondit. En frappant une troisième moi, c'est la fenêtre de la maison voisine qui s'ouvrit. Une vieille dame au visage usé.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Qu'est c'est que vla ? Une tite bourgeoise comme toi ne doit pas traînasser ici ! Va-t-en donc inconsciente! »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Je cherche homme qui habite là. Vous l'avoir vu ?
 »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- C't'Enguerrand ? Pas d'puis une bonne heure nan. Il doit être parti parier aux combats d'coq, tu dois pouvoir le trouver c'pas loin. Continue par là-bas, t'entendras bien vite le cri des bêtes. »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe la remerciai poliment avant de dire à mon cocher de m'attendre ici, et partis vers le sens indiqué. Effectivement, j'entendis bien vite le cris des poulets, mais aussi celui des hommes. Mais tous me fixaient, évidemment. Une bourgeoise dans un si bas quartier, c'était dangereux, c'est pourquoi je priais de toutes mes forces de vite trouver cet Enguerrand. Malheureusement, c'est un autre qui me tomba dessus, bien plus vite. Un homme aux mains noires de crasses et poilues m'attrapa par les cheveux et me tira dans une des basses rues. Je tombai dans une flaque, mélange d'excrément et d'eau croupie. Quatre hommes m'entouraient. Quatre hommes dont il manquait des dents, des cheveux, leurs vêtements étaient troués et tous me regardaient, assoiffés.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Eh bah que fous une demoiselle ici hein ? C'est pas votre genre de venir dans nos rues ! » ricana celui qui m'avait attrapé les cheveux.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbUn autre, celui à qui il ne restait que les dents de devant, s'approcher et me força à me relever par les cheveux. Je me débattis, mais la robe gênait mes mouvements et mes chaussures glissaient. Il me cracha au visage, je faillis en vomir.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « C'est qu't'est vachement plus belle que c'qu'on voit d'habitude, hein ? Tu vas passer un p'tit temps avec nous, et commencer à apprécier notre compagnie j'crois, parce que nous, on va apprécier la tienne! »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbIl accorda ses paroles d'un rire gras. J'aurais aimé ne pas avoir à faire ce que j'allais faire, mais je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas laisser les événements se dérouler comme le pyromane. C'était impossible. Ils me violeraient, alors que j'avais tous les moyens pour me débarrasser d'eux en quelques secondes. Alors je ne perdis par mon temps. Je posai ma main sur celle de celui qui tenait, et une explosion de glace les éjecta sur les murs de la ruelle, les assommant et me dégageant le passage. Je pris mes jambes à mon cou, retournant à la calèche et ordonnant au cocher de partir. Tant pis pour Victor.


_____


L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbEn rentrant, Mathilde m'insulta sans nul doute de tous les noms d'oiseau possible, en voyant l'état de ma robe. Mais je ne lui racontai rien de l'accident. Elle le sut bien assez tôt quand, durant la nuit, un quart du village se pressa à notre porte, torches en mains, hurlant à la sorcière, désireux de la voir et de recevoir justice.  Finalement, tout était pire maintenant, alors que je n'avais pas imaginé ça possible. Heureusement, le peuple fut bien vite forcé de retourner chez lui, sous les forces armées du marquis. Mais le peuple réclamait vengeance et hurlait à la sorcière. Alors rien ne pourrait l'en empêcher.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbC'est ce que m'expliqua le marquis, lendemain. Il me demanda si tout était vrai, chose que je niai, évidemment, prétextant ne jamais être sortie d'ici. Mathilde témoigna et jura sur son honneur. Mais à cette époque, les femmes n'avaient pas d'honneur, alors cela ne servit pas. Il m'expliqua que pour calmer la colère du peuple, il fallait une réponse de dieu. Que pour savoir si je mentais ou non, c'était lui qui nous le dirait. Or, je ne croyais plus en dieu depuis un moment. Je savais principalement que quand j'avais besoin de lui, il n'était plus là, alors pourquoi serait-il là aujourd'hui ? Il ne me sauverait pas. J'allais mourir.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLe marquis me conseilla de ne pas aller chercher William tout de suite. Sortir serait trop dangereux. J'irai demain. Et l'ordalie serait faite ce soir. Ce soir, la voix de dieu me témoignerait alors sa clémence ou, au contraire, sa condamnation.
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William O'Leary
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyMer 16 Oct - 23:10

      William devait admettre que Charles était plus retors qu'il n'y paraissait aux premiers abords.
        Il avait perdu conscience à un moment durant la flagellation, comme c'était à prévoir, et s'était réveillé dans sa cellule, recouvert de sa chemise qu'il avait fini par retirer après un bon paquet d'heures passées à alterner entre périodes de somnolence et d'inconscience. Il y arriva après nombre de - douloureuses - contorsions et de pauses tout aussi nombreuses en se demandant qui avait bien pu avoir l'idée saugrenue de remettre une chemise sur le dos d'un type qui vient d'être fouetter. Il déconseillait d'ailleurs fortement la flagellation, ce n'était pas bon pour la santé. Et ça fait un mal de chien. Impossible de trouver une position confortable. Sans parler du sol de pierre noir de crasse de la cellule qui lui servait de matelas, saleté qu'il avait tant bien que mal tenter d'éloigner au maximum de son dos meurtri, sans grand résultat cependant. William aurait des choses à redire au tenancier de l'établissement.
         Charles avait en plus décidé de lui mener la vie dure : il avait passé le lendemain - ou surlendemain, William ne savait plus vraiment - à brailler comme un veau, à moins qu'il ait payé quelqu'un pour le faire à sa place, en tout cas, les conversations de poivrots qui résonnaient jusqu'à sa cellule étaient certainement censés l'empêcher de dormir, maintenant qu'ils n'osaient plus pénétrer dans son cachot. Heureusement pour William, qui, de son œil au beurre noir, voyait à peine les ombres. Las, il avait fini par se tourner vers le mur tout au fond de la cellule, le plus loin du bruit et des gravillons qu'ils avaient essayé de lui balancer. Le jeune homme avait compris qu'il avait de la fièvre après un temps indéfini : il tremblait et finit par remettre sa chemise en désespoir de cause, et se couvrir de ce qui était censé servir de couverture.
      Le pire arriva quand il fut réveillé par une puanteur qui le prit à la gorge. Il ouvrit les yeux et se trouva nez-à-nez avec le cadavre de Léonard. Ses yeux fixaient un point indéfini, la couleur de son teint oscillait entre des teintes grisâtres et brunes, et pour couronner le tout, des rats étaient apparemment occupés à lui dévorer ce qui lui restait de chair sur les os. Quant au teint de William, il vira au vert quand il sauta en arrière en se cognant au passage, luttant pour ne pas vomir. Bon sang, mais qu'est-ce que c'était que ça ?..
Des rires s'élevèrent. Charles et un de ses cousins le regardait, heureux de leur blague. Encore un coup de ces abrutis !.. William oublia sa nausée et sentit la moutarde lui monter au nez. Il avança à grands pas, ce qui surprit la famille pourrie jusqu'à la moelle qui le retenait ici, et empoigna le col de Charles, le plaquant contre les barreaux qui les séparait. En un instant, la terreur remplaça la surprise dans les yeux de Charles et William s'en délecta à un point !.. L'homme était plus petit que lui, et se tenait sur la pointe des pieds sans pouvoir résister à sa poigne. Lui qui était tout propre sur lui formait un contraste saisissant avec le prisonnier. William avait l'air d'une bête, les cheveux hirsutes, les vêtements souillés de sang séché, un début de barbe lui mangeant le visage et les yeux fous. Sa colère était presque palpable. Leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

     "Alors, Charles, on ne rit plus ?"

      Sa voix baissa encore d'un ton.

     "ça t'amuse de jouer avec la mort des autres ?"

      Un méchant coup donné par le cousin vint malmener son poignet et William esquissa une grimace de douleur. Le coup se répéta, tout aussi violent, et un craquement se fit entendre, forçant cette fois le prédateur à lâcher sa proie. William, mécontent, en profita pour cracher sur le visage de Charles avant de reculer contre le mur.

      "J'ai respiré le même air que lui, dit-il en montrant le cadavre d'un signe de tête. J'ai bu la même eau. Et j'ai la fièvre. Je n'en ai plus pour très longtemps. Bientôt ce sera à vous de mourir comme moi et comme lui."

      Un beau ramassis de conneries, du moins il fallait l'espérer. Mais Charles ne le savait pas. Une chance que William ait pensé à se servir du cadavre qui commençait à sentir depuis qu'il était revenu dans sa cellule pour se débarrasser des imbéciles nés qui lui menaient la vie dure avant qu'ils ne le déplacent dans sa cellule. Il lui aurait été difficile d'improviser dans ces circonstances.
     Charles prit la poudre d'escampette, talonné par son cousin.
          William, sentant ses forces et son moral le quitter, perclus de douleur, s'accroupit lentement et mit sa tête entre ses bras. Dieu qu'il souhaitait être ailleurs, qu'il voulait voir Anaïs, dormir dans un lit, avoir un vrai repas. Voir Anaïs. Il ne savait pas ce qu'elle était devenue depuis la flagellation, mais elle devait forcément être en sûreté. Pourquoi n'étaient-ils pas dans le Chalet, là où ils avaient vécu les meilleures années de leur vie commune ? Il en rêva, ou plutôt il en délira, dans les heures qui suivirent.
        Le temps semblait s'écouler comme une mélasse tantôt chaude tantôt froide, interminable. Durant quelques moments de lucidité, William vida la cruche d'eau fraiche que le garde lui avait laissé, pris en pitié. Il réussit même à lui voler un peu d'alcool après avoir longuement regardé ledit garde s'assoupir peu à peu. Là, il glissa une main au travers des barreaux, l'étirant au maximum, et attrapa du bout des doigts la bouteille restée par terre. Il en renversa une partie mais arriva tout de même à s'en servir sans en vider la totalité du contenu. La suite ne fut pas une partie de plaisir. William enleva couverture et chemise - qui lui parut avoir fusionné avec son dos - et versa le reste de la bouteille d'alcool, à vue de nez du mauvais rhum. Il lui fallut de très longues minutes pour s'en remettre, mais c'était mieux que rien. A présent, il puait tellement, mélange de sang, de sueur, d'humidité mauvaise et de saleté, qu'il ne sentait pas vraiment la différence.
        Étrangement, Charles ne revint plus.




**********************************************



      A sa grande surprise, le Marquis lui rendit visite. Il congédia le garde qui avait changé depuis la dernière fois. En le voyant arrivé ainsi apprêté, tiré à quatre épingles, William se demanda s'il comptait voir Anaïs et la jalousie le dévora tout cru, avant de s'en aller quelques secondes plus tard.

       "Vous n'avez pas bonne mine."

      William ne put empêcher un ricanement de passer ses lèvres.

        "Vous êtes perspicace, Marquis. J'ai connu mieux, en effet.
      - Votre Maîtresse arrive dans quelques heures. J'ai besoin que vous traduisiez notre conversation."

      William s'anima, se redressant un peu. Il força son cerveau embrumé à faire un effort langagier. Il voulait absolument savoir si Anaïs allait bien.

       "Comment se porte-t-elle ?
        - Je crains qu'elle n'ait dû subir le châtiment de l'ordalie."

      William fronça les sourcils. Un châtiment n'augurait rien de bon. Mais il n'avait aucune idée de ce dont parlait le marquis.

       "Qu'est-ce donc que cela ?
      - Quelqu'un a affirmé l'avoir vue user de sorcellerie. Mais ne vous inquiétez pas, j'étais présent, Dieu a décidé qu'elle n'était pas le suppôt du Malin.
        - QUOI ?"

        William se leva brusquement, tournant en rond comme un lion en cage, la colère flambant dans ses veines. Qu'est-ce qu'ils avaient osés faire subir à Anaïs ?! Bon dieu, il n'aurait jamais dû quitter ses côtés dans cette ville de malheur, non, pire, dans cette époque de malheur. Il respira amplement, tentant de se calmer après avoir invectiver une bonne dizaine de fois dans sa barbe dieu, le diable, le peuple et même Victor de ce bourbier. Autrefois, il aurait bien frappé le mur à coups de poing mais son poignet lui faisait déjà suffisamment mal comme ça, et il avait pris des cours de gestion de la colère. Bien que dans ces circonstances, il avait furieusement envie de ne rien gérer du tout. Il se retourna vers le marquis.

       "Vous dites qu'elle a été gracié ?
       - Oui, Notre Père, dans sa miséricorde, a signifié à tous qu'elle n'était pas une pécheresse. Ce dont je ne doutais pas," crût bon de préciser l'homme.

        ça, j'en doute pas, mon p'tit père, vu comment tu t'emploies à la mettre dans ton lit, pensa très fort William, néanmoins sans faire de commentaire désobligeant bien que la tentation lui brûle les lèvres. William se rassit lentement pour ne pas souffrir plus que nécessaire, décidé à obtenir le plus d'informations possibles. Par chance, le marquis ne semblait pas décidé à repartir tout de suite. William se demanda quelle était la véritable raison de sa venue. Après un très long silence, il se demanda même s'il ne s'était pas endormi sur son siège. William commença lui-même à somnoler, abruti de fatigue, appuyé d'une épaule contre le mur.

         "Je ne sais pas quoi penser de vous, William."

        Le jeune homme rouvrit les yeux.

       "Pourquoi cela ?
        - Vous parlez bien, cela va sans dire. Mais vous êtes très jeune, et je ne vous pense pas capable de déchiffrer le russe. Il est très étrange qu'un monarque vous ait choisi pour accompagner sa fille dans un si lointain pays."

         Le marquis était donc convaincu par le numéro d'Anaïs mais pas par le rôle de William. Difficile de prétendre que la beauté de la jeune fille n'y était pour rien.

      "Pour ne rien vous cacher, mon père était celui qui avait été choisi pour cette tâche, mais il a été touché d'un mal inexplicable juste avant le départ de la princesse. Il a fallu trouver un remplaçant et j'avais les compétences requises. Une chance que la princesse ait eu une nourrice anglaise. J'ai vécu quelques temps au palais, puis nous sommes partis. Vous connaissez la suite."

       William pencha la tête.

       "Et je suis peut-être plus âgé que j'en ai l'air, monsieur," ajouta-t-il à brûle-pourpoint.

       Heureusement, le Marquis ne sut pas quoi faire de cette information. De toute façon, celle-ci dépasserait son entendement, comme d'ailleurs celui de tous les autres. Peut-être qu'il pensa qu'il délirait, ce qui ne serait pas étonnant. Le Marquis se leva, décidé apparemment à partir.

       "Je dois dire que je ne pensais pas vous retrouver en vie. Ce ne serait pas la première fois qu'un prisonnier décède.
      - Ceci en dit long sur la sûreté de vos prisons. Votre frère est un imbécile.
"

        Encore une fois, le marquis ne fit pas de commentaire. Ses yeux intelligents s'arrêtèrent sur le fond de la cellule où pourrissait le cadavre de Léonard, et d'un signe de doigt, il commanda à ses hommes de venir ouvrir la cellule. William recula par réflexe, se forçant à rester calme malgré son instinct qui lui criait de se débattre. Il l'étouffa presque dans l’œuf, gardant un flegme apparent.

         "Ces messieurs vont vous redonner figure humaine. J'ai demandé à une connaissance de jeter un œil sur votre dos."

         Aussitôt dit, aussitôt fait. William eut le droit à un baquet d'eau froide disposé dans l'arrière-cour, preuve que son apparence laissait vraiment à désirer, et William se nettoya sans plus de concession avant de s'habiller, toujours sous la surveillance d'un garde, histoire de lui rappeler qu'il était à la merci du bon vouloir du marquis. On le conduisit ensuite dans une chambre de bonne qui n'était pas occupée, et ol s'avéra que le médecin militaire auquel le marquis avait fait appel n'était pas très compétent, insistant pour lui faire une saignée pour évacuer ses humeurs qui, selon lui, lui donnait la fièvre. Il fallut toute son énergie à William pour contrecarrer ses plans.
         Quand, enfin, il eut une minute de répit, William savoura le silence de la pièce. Il frissonna, encore torse nu puisqu'on avait ausculter, nettoyer et bander son dos, et remit avec des gestes lents sa chemise, sans le gilet assorti posé non loin, inutile de se faire du mal. Le petit miroir accroché à coté de la fenêtre lui renvoyait l'image d'un homme aux traits tirés, fatigué, avec un œil au beurre noir qui commençait à se résorber, et une barbe de quelques jours qu'il s'employa à raser, se coupant à deux reprises parce que ses doigts tremblaient. Les coupures passaient inaperçues si on ne le regardait pas de près, et le fait d'avoir pu rapidement se laver lui donnait une impression de renaissance partielle, nuancée par la légère fièvre qui ne l'avait pas quitté. Il se rassit sur le lit, regarda dehors le grand parc, et se demanda vaguement ce qu'il faisait là, à milles lieues de tout ce qu'il connaissait. Soudainement, une violente impression de non-sens, comme si tout ce qui l'entourait n'était plus rien, l'étreignit. En parallèle, il eut la furieuse envie de tout abandonner, de s'allonger et de dormir tout son saoul. Il lui tardait de voir Anaïs, de savoir comment elle allait, et, il est vrai, de sentir la fraicheur de son don réguler sa température, soulager son visage tuméfié et son poignet douloureux. Il songea avec tristesse qu'il n'avait pas été là pour la soutenir quand elle avait été accusée de sorcellerie, et se demanda encore une fois avec inquiétude ce qu'il s'était passé de grave pour qu'elle ait à user de son don. Il finit par somnoler.
         Lorsque le marquis le fit appeler, William rongeait son frein depuis un bon quart d'heure dans l'antichambre, il avait été tiré d'un cauchemar dont il ne se souvenait pas par un domestique.

        Il se trouva nez-à-nez avec Anaïs, dans une robe bleutée qui rappelait la couleur de ses yeux.  Encore une fois les cheveux relevés, et le teint très blanc à cause de la poudre, elle se tenait droite,  un sourire aimable aux lèvres. Elle était assise sur un fauteuil devant une petite table, aux côtés du marquis. William eut une furieuse envie de l'étreindre, de la sentir contre lui, de savoir ce qui s'était passé lors de son absence, et ses émotions se reflétèrent sur son visage. Heureusement, le marquis était tourné vers la jeune femme, il ne vit donc pas la joie céder à une peine profonde teintée d'inquiétude sur le visage du traducteur. Celui-ci s'avança, jusqu'à se tenir juste à côté d'Anaïs, et s'inclina maladroitement - son dos le faisait souffrir. Il se redressa un peu, cligna une fois de trop des paupières, s'appuyant discrètement sur le dossier d'un des fauteuils.
       Encore une fois, il allait dire des mots vides de sens, il en avait une conscience aiguë. Jouer la comédie n'avait jamais été aussi pénible qu'en cet instant, où, inquiet et malmené par la prison, William était forcé de garder son masque, mettant ses nerfs à rude épreuve. Alors, Anaïs était à la fois celle qui risquait de le faire se trahir autant que celle qui pouvait le sortir de là. Tout dépendait de combien d'actes durerait ce théâtre qui n'avait jamais paru aussi grotesque à William. Il s'efforça de ne pas buter sur ses mots, de ne pas se laisser influencer par le maelstrom d'émotions qui l'assaillaient.

      "Madame, je... Je suis heureux de vous revoir."
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Anaïs Young
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyJeu 17 Oct - 21:15

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe ne comprenais rien. Toujours rien. Et William n'était pas là. J'avais peur. Peur de ce que ces fous furieux allaient me faire. Mais je restais calme, le visage impassible. Je ne devais pas perdre ma prestance. Mathilde m'implorait d'aller voir Victor, de tout abandonner, que c'était trop risqué, que je n'allais pas en revenir. Mais je ne pouvais pas abandonner si tôt. William avait fait un trop gros sacrifice pour que je laisse cette chance passer, et puis le Marquis prenait de nombreuses pincettes avec moi, c'était évident qu'il préférerait ne pas écouter la voix du peuple. Mais celui-ci grondait, et dans plusieurs année la révolution française renverserait tous les privilèges, instaurerait la Terreur, et la machine politique des droits de l'Homme se mettrait bientôt en place. Le Marquis n'en avait plus longtemps, mais il ne pouvait pas le savoir.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe ne pris pas la robe la plus coûteuse, ni la plus luxueuse, au contraire, je pris la plus simple, quand la calèche du marquis arriva devant la demeure. Je pris une profonde inspiration, eus un frisson de terrible terreur, fermai les yeux, revis William un instant, puis je descendis dans la rue. Deux gardes m'amenèrent et me poussèrent sans ménagement vers les chevaux. Le marquis m'attendait à l'intérieur. Il ne pipa mot, je ne lui accordai aucun regard. Et les chevaux s'en allèrent.


_____


L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbNous arrivâmes en dehors de la ville, à côté d'un lac. Je fus prise d'un nouveau frisson. La calèche s'arrêta, le marquis sortit, et de nouveau, les deux gardes m'aidèrent sans grande conviction. Un pan du peuple nous avait suivi. Ils tenaient fourches et braséreaux en mains. Leur voix bourdonnait. Mais le marquis fit silence.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « La princesse Vorontsov Alexeïevna de Russie est aujourd'hui accusée de sorcellerie. Nous nous en remettons à la décision de Dieu. Lui seul est apte à dévoiler la vraie nature de la princesse. Elle sera donc attachée et jetée à l'eau. Si elle parvient à remonter, alors l'eau aura voulu rejeter ses péchés du diable. Elle sera alors pendue sur place publique. Au contraire, si elle ne remonte pas, alors l'eau la considérera comme pur et honnête. (il me jeta un coup d'oeil) Et quiconque osera porter de nouveau de telles accusations sur la princesse sera pendu sur place publique. »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbIl y eut des hurlements dans la foule. Des cris d'animaux. Je voulais que William vienne. Je voulais qu'il me prenne dans ses bras, qu'il soit là, qu'il soit au moins pour me dire au revoir... Je n'avais pas grand espoir. Je ne donnais pas chère de ma peau. J'étais terrifiée, et Victor ne venait pas nous sauver comme il avait sauvé William dans la jungle. Le marquis m'entraîna dans une barque où s'était déjà assis un curé et... Ce curé était Enguerrand ? Lui aussi me reconnut, car il ouvrit en grand sa bouche. Mais il ne dit rien. Je ne dis rien non plus, sachant sa famille en jeu. Tant pis. Ce n'était pas sa faute après tout, j'avais utilisé mon don volontairement, et le peuple l'avait vu. Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbEnguerrand m'accrocha les mains avec de la corde, puis deux rameurs commencèrent à nous éloigner de la rive. J'avais envie de pleurer. Mais ce n'était pas le moment. Pas devant le marquis, pas devant un peuple. Une fois au milieu du lac, le faux curé me fit me lever. Mes mains étaient bien attachées, il venait de le vérifier pour la troisième fois. Il regarda le marquis dans les yeux, puis s'exécuta en me faisant me lever et mettre au bord du bateau. Je regardai l'eau. Elle était noire, et semblait profonde. Y avait-il des poissons ? Peut-être qu'un serait assez gros pour m'avaler tout entier. Je n'espérais plus grand chose de cette époque. Ils accrochèrent ensuite à mes mains liées une nouvelle corde, pour me remonter. Avant qu'ils ne me poussent, j'eus un sourire.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Si Dieu décide de ma culpabilité, alors vous aurez l'empire de mon tsar dans vos campagnes. Priez pour qu'il soit clément,  », fis-je, en anglais.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbIls ne comprirent certainement pas tout, mais certains mots se ressemblaient. Ils pouvaient en reconnaître le sens. J'ajoutai malgré tout dans un mauvais français :
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Vous direz à mon traducteur que notre forêt était de loin la plus belle de tout le royaume.  »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbEnguerrand hocha la tête, avant que je ne prenne une grande respiration, et qu'il ne me pousse dans l'eau. J'entendis malgré l'eau dans mes oreilles un « Que dieu soit miséricordieux » avant de couler.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJ'essayai d'abord de me concentrer sur ma respiration. Je repensai ensuite à William, à la maison de Miss Tit et à Louis, à Kaï même, puis à ma sœur, et ma famille. Il y avait Orion aussi, qui attendait patiemment notre retour. Et puis... puis j'allais mourir avec un enfant dans mon ventre. Mon cœur se serra. J'avais envie de pleurer, d'éclater en sanglot. Mais alors j'aurais respiré et aurais commencé à suffoquer. Je coulais encore. L'eau s'infiltrait dans tous les pans de ma robe et me forçait à couler. L'eau ne risquait pas de me rejeter, comme l'avait dit le marquis. Non, mais l'eau allait m'attirer si profondément que je n'en réchapperai pas. C'était étrange comment j'avais accepté la mort aussi facilement. Peut-être parce que sinon toute la mission serait gâchée, et j'aurais pu mettre William en danger. C'était comme quand le sépulcreux était entré dans le camp militaire. Je n'avais pas hésité à me mettre en danger, à me sacrifier. Et j'avais affirmé ne pas hésiter non plus si c'était à refaire. Alors j'avais simplement sauté. Qu'aurais-je pu faire de plus de toute façon ? Ils m'auraient mise au bûcher si le marquis avait vu mon don. Qu'est-ce que je préférais ? Mourir brûlée vive ou noyée ? C'était encore plus étrange de se poser la question alors que j'étais déjà entrain de mourir petit à petit. Les yeux fermaient, je refusais de voir ce qu'il y avait autour de moi. Alors tout était noir.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe sentis mon cœur se serrer de douleur. L'air commençait à me manquer. Mon envie de pleurer se fit intense. William n'allait pas me sauver, c'était irrémédiable. Je suffoquai. Mon sang battait à mes tempes. J'avais envie d'ouvrir la bouche, maintenant, immédiatement ! Mais je ne pouvais pas. Combien de temps allaient-ils me laisser là ? Non, ils n'allaient pas m'en sortir je je... Mes pensées se perdaient, et un réflexe instinctif me fit ouvrir la bouche. Mon corps n'en pouvait plus et l'air s'infiltra dans tout mon corps. Je remarquai à peine le mouvement de la corde qui tirait mes mains. Mais ils me remontaient. Oui, ils me remontaient. Peut-être trop tard, peut-être à temps. Je ne savais plus.


_____


L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbQuand je rouvris les yeux, j'étais étendue au sol. Enguerrand était au dessus de mon visage et s'exclamait :
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Elle est vivante! »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLe marquis s'avança vers moi, tandis que je retrouvais quelque peu mes esprits. Alors je n'étais pas morte .. ? Je me surpris à presque croire que Dieu y était vraiment pour quelque chose, mais ma rationalité et une certaine forme de pessimisme revint bien vite me rappeler que je n'avais eu que de la chance, encore une fois. Je toussai et vomis de l'eau – chose très peu digne d'une princesse – puis me rallongeais, les yeux rivés sur le ciel. Il n'avait jamais été aussi beau qu'en cet instant.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Dieu a entendu vos prières, et vous n'êtes point une sorcière.  »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe regardai le marquis au dessus de moi. J'avais l'impression de voir son visage pour la première fois. Il avait indéniablement un visage d'ange avec des yeux d'un bleu clair saisissant. Sa perruque me parut presque normale. Il s'accroupit et passa ses bras dans mon dos pour me relever.  
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Nous allons vous ramener,  » entendis-je avant de sombrer une seconde fois.


_____


L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe fus de nouveau dans mon lit. Mathilde, à côté de moi, était occupée à tricoter. Je clignai plusieurs fois des yeux et essayai de me relever. La domestique m'aida presque immédiatement, déposant son tricot à côté.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Vous avez faim ? Soif ? Vous avez besoin de quelque chose? »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe secouai la tête et posai mes yeux sur ce qu'elle était entrain de faire. C'était... quelque chose de très petit.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- «Qu'est-ce que c'est ça? », lui demandai-je en français et en pointant du doigt les aiguilles.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Oh ! C'est pour votre bébé, il doit faire froid chez vous, je me suis dit que ça vous ferez plaisir! »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe tressaillis. La volonté était infiniment bonne de la part de Mathilde, et je n'eus le cœur à répondre quoi que ce soit. Alors je lui fis un sourire crispée.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Le marquis va venir vous chercher dans l'après-midi pour aller chercher ce cher Louis.  »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJ'eus un léger moment de flottement, à me demander pourquoi elle me parlait de Louis, et je me rappelai subitement que William ne s'appelait pas William, comme je ne m'appelais pas Anaïs. Je lâchai un « Ah oui, » l'air hagard, avant de me rallonger, de tourner le dos à la servante, et de respirer calmement pour éviter de pleurer, comme mon corps l'exigeait depuis un moment déjà.


_____


L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJ'étais bien mieux habillée que ce matin. Mathilde avait ressorti une nouvelle robe, elle m'avait coiffé correctement, après m'avoir fait me laver, et les filles m'avaient maquillé à la perfection. Rien ne pouvait affirmer que ce matin, j'avais failli être noyée. Rien du tout. Pendant ce temps, je m'étais demandée si j'allais en parler ou non à William. J'avais d'abord envie de dire non, mais je ne pouvais pas lui cacher et ça, et le bébé. Alors j'allais simplement lui dire... mais plus tard. Il était d'ailleurs à côté de moi. Quand il entra dans la pièce, mon cœur faillit éclater, mais mon visage resta de marbre. Je répondis à peine à ses mots, me focalisant sur le marquis. Ce n'était pas le moment de perdre la face. Ce n'était pas le moment de craquer. Charles-Edouard allait engager la conversation, mais je le coupai brusquement, jetant néanmoins un regard à William pour m'assurer qu'il traduisait.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Marquis, je suis bien obligée de constater la faiblesse de mon serf. Il est dans un état misérable. Ce n'est qu'un affront de plus à ma personne.  Vous m'avez roulé dans la boue d'une manière qui n'est pas acceptable pour une femme de mon rang, comme vous l'avez si bien dit. J'exige réparation de ma couronne.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- «  Je comprends de telles réclamations. Mais voyez-vous, le peuple s'embrase, l'exemple des anglo-saxons leur donne des idées de révolutions. Je ne pouvais pas prendre le risque de souffler sur une flamme, aussi petit soit-elle.  »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe relevai un sourcil. Ce n'était pas le moins du monde mes affaires. Tant mieux si les anglais s'étaient révoltés, les français allaient faire de même et l'histoire prendrait un rythme bien plus intense. Je tapotai le coussin à côté de moi, de mes ongles parfaitement taillés, l'air agacée.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « J'exige un pan de vos terres. »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLe marquis hoqueta et porta une main à son cœur. Il trahit sa surprise, et je gagnai cet effet. Il était pris au dépourvu. Je souris. Mon regard demeura fixe.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Je (il se racla la gorge pour reprendre contenance) Je ne peux pas vous octroyer une telle commande. »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLoin d'abandonner, et encore moins de faiblir, je regardai mes doigts, puis celui du marquis.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Vous n'êtes point mariés il me semble? »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbSon regard brilla un instant, et je sentis William gesticuler à côté de moi. Je me refusai à le regarder. Plus vite j'en aurai fini avec le marquis, plus vite nous pourrions rentrer. Je ne savais pas s'il avait bougé par douleur, ou malaise, comprenant où je voulais en arriver. Et puis, je devais avouer prendre un malin plaisir à faire tourner le marquis. Peut-être que la politique m'allait plutôt bien.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Où voulez-vous en arriver ? », osa-t-il.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « J'ai cru entendre que les mariages arrangés étaient coutumes ici. Unissons nos royaumes et vous éviterez une guerre contre le tsar. Louis le Bien-Aimé n'apprécierait guère que vous ayez fait justice en votre royaume.  »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Le roi n'aurait guère apprécié avoir une sorcière en son royaume. »
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Dieu n'a-t-il pas témoigné de mon innocence ? » m'enquis-je, sans nier le moindre mot.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbLe marquis ferma la bouche. J'avais gagné cette joute verbale. Constatant sa défaite, et ma victoire, il esquissa un léger sourire pincé avant de se lever, de me tendre une main gantée de blanc et de demander :

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Offrez-moi la nuit pour réfléchir et revoyons-nous demain pour déjeuner. Cela vous convient-il? »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe hochai humblement la tête, sourit à mon tour. Il déposa un baiser sur ma main avant d'appeler ses serviteurs, qui m'accompagnèrent dehors.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbUne fois dans la calèche, je pris enfin le temps de me concentrer sur William, de faire enfin attention à lui. De toute évidence, ils lui avaient donné de nouveau vêtements. Il était cerné, et pâle. Je constatai bien vite qu'il avait aussi de la fièvre. Ses plaies s'étaient-elles infectées .. ? Je m'occupai de réguler sa température corporelle et, quand enfin les chevaux furent éloignés, je m'autorisai le droit de regarder son visage. Je lui souris, avec plus d'assurance que je n'en avais vraiment.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Je suis là maintenant, ça va aller, on va te soigner. »
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyDim 20 Oct - 11:40

         Anaïs l'ignora, et commença directement à parlementer avec le marquis. William n'attendit pas le consentement de quiconque pour s'asseoir sur l'un des sièges, très droit pour que son dos ne repose pas sur le dossier, retardant du même coup le début de la conversation. C'était à lui de traduire, comme le lui rappela l’œillade d'Anaïs, brève et efficace. William se concentra pour passer au mieux d'une langue à l'autre avec la qualité de traduction qu'impliquait de parler avec un marquis. Sa voix était rauque d'avoir peu parlé ces derniers jours. Et il découvrit à sa grande surprise ce qu'Anaïs avait derrière la tête. Il lutta pour ne laisser paraître aucun étonnement. Les femmes ne parlaient pas de situation politique, et marchandaient encore moins des terres sur un coin de table. Il y avait fort à parier que le marquis le voit comme un affront indécent. William faillit s'étrangler quand elle parla de mariage. C'était encore pire, parce que, de un, il était hors de question d'assister à une quelconque cérémonie parce qu'Anaïs était déjà prise, de deux, c'était d'ordinaire les pères de famille qui discutaient mariage, et en l'occurrence, le père d'Anaïs était censé être le tsar en personne, sans parler des possibilités d'alliance entre les deux pays qui devaient être approuvées par les deux partis. Cette histoire de mariage complètement bateau eut le mérite de clouer suffisamment le bec au marquis pour qu'il les laisse partir rapidement, promettant néanmoins un déjeuner ultérieur pour en discuter.
         Sidéré que le marquis ait osé caresser l'espoir d'épouser une princesse russe, William suivit le mouvement et fit monter Anaïs dans la calèche avant de s'y engouffrer à son tour. Lorsqu'ils se furent un peu éloignés, la jeune femme se tourna vers lui, inquiète. Elle ne sembla pas surprise des bleus qui constellaient son visage.

          "Merci, dit-il en sentant ses frissons se calmer, comprenant qu'elle régulait sa température. Alors comme ça on prévoie de se marier dans mon dos ?" demanda-t-il avec un sourire fatigué.

         S'ils avaient eu plus de temps, il lui aurait directement demandé ce qui s'était passé ces derniers jours, mais ils n'allaient pas tarder à revenir dans la demeure que leur avait prêté Victor. Il comptait bien obtenir tous les détails, sans être couper dans l'explication par une horde de serviteurs aux petits soins pour Anaïs. Il finit par se pencher en avant, les coudes sur les genoux, pour éviter que son dos ne heurte le dossier à chaque aspérité des pavés. Il bailla, puis s'autorisa un geste d'affection. Il saisit doucement la main gantée d'Anaïs et caressa distraitement ses petits doigts fins de sa main valide, l'autre demeura posée sur ses genoux. C'était tout ce qu'ils pouvaient se permettre de faire. Il lui tardait d'être au calme pour pouvoir parler librement.

          "En tout cas, on a pas fini de le voir. C'est lui qui a le collier que Victor cherche."

          La voiture s'immobilisa, et William enleva sa main de celle d'Anaïs. Juste à temps, la porte du carrosse s'ouvrait pour leur permettre de sortir, un marchepied ayant été disposé immédiatement devant la porte. Lorsqu'ils entrèrent, Anaïs au bras de William, Mathilde étouffa une exclamation en français en voyant William.

          "Monsieur ! Par le Christ, qu'est-il arrivé à votre visage ? Vous avez été battu !
          - Tout va bien, Mathilde. Quelques affaires qui sont maintenant réglées."

        Un échange de regard s'opéra entre la servante française et Anaïs, que William ne remarqua pas. Deux servantes se chargèrent de débarrasser Anaïs de son manteau qu'elle ne portait que pour préserver les apparences, étant insensible au froid. Un don qui prouvait encore une fois son utilité, puisqu'à la sortie du carrosse, William n'avait senti que la douceur de la brise alors qu'il n'avait que sa chemise sur le dos.
         Mathilde proposa à Anaïs un thé et suggéra à William de prendre un repas chaud. William déclina, non pas parce qu'il n'avait pas faim - on lui avait proposé un repas sommaire chez le marquis qu'il avait englouti - mais parce qu'il voulait vraiment savoir ce qui était arrivé à Anaïs, et se retrouver seul avec elle sans qu'on les dérange était impératif. Mais Mathilde insistait, prévoyant aussi d'appeler un docteur pour qu'il l'ausculte. Pour éviter qu'elle ne rameute tout le voisinage, William accepta qu'on lui monte un plateau plus tard dans la journée. Il finit par être convenu que William participe au thé d'Anaïs. Lorsqu'ils entrèrent dans le petit salon, un service à thé était déjà prêt et fumant, et une servante était encore là à leur demander s'ils avait besoin de quelque chose. Ce n'était pas possible, jamais ils ne seraient tranquilles ! William sentit l'énervement pointer son nez et retint de justesse une remarque acerbe, avant qu'Anaïs ne prenne les choses en main en congédiant gentiment ladite servante. Enfin seul ! William se laissa tomber sur le divan en poussant un soupir de soulagement, raide comme une planche à cause de son dos, son poignet droit encore contre son ventre, dans une tentative de calmer les élancements de douleur qui se diffusait dans son bras. Il avait froid mais ce n'était que psychologique.

        "Eh ben, c'est pas trop tôt !"

         Il leva les yeux vers Anaïs, laissant percer son inquiétude.

        "Anaïs, qu'est-ce qui s'est passé ?"

        Pourquoi as-tu utilisé ton don ? Qu'est-ce qu'ils t'ont fait subir ? Bon sang, est-ce que tu vas vraiment bien ?
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyMar 22 Oct - 23:06

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJ'avais bien vu l'énervement croissant de William vis-à-vis des domestiques, qui ne faisaient que leur rôle de domestique. Mathilde s'étonna de son état, et elle fut bien plus émotive que moi. Sa réaction me fit froncer les sourcils. Moi aussi j'étais aussi... transparente. Avant. Je m'en souvenais, nos débuts chez Miss Tit. William lisait en moi comme dans un livre ouvert, enfin, ce n'était pas bien compliqué. La moindre de mes pensées était traduite en mot alors que maintenant... Avais-je tant changé ? Que m'était-il arrivé ? Je ne m'étais pas posée pour réfléchir sur moi-même depuis un moment, mais cela m'apparut comme une évidence désormais. J'étais entièrement brisée en morceaux, comme William. Il m'aidait à en supporter les derniers morceaux, mais lui aussi était cassé. Nous pouvions nous entrechoquer et tout volerait en éclats si facilement... M'aimait-il toujours ? Je n'étais plus la Anaïs de notre rencontre, j'avais tant grandi, découvert tant de choses, subi dans de choses, perdu tant de personnes aussi. Qui préférait-il ? Celle que j'étais, ou celle que je suis aujourd'hui ..? Les sourcils toujours un peu froncés, je détournai mon regard et entrai dans le salon, conviant poliment les domestiques à quitter la pièce, pour nous laisser tranquille. Je savais qu'elles utiliseraient les passages dans les murs et les salles adjacentes pour nous écouter malgré tout, mais cela m'était bien égal, elles n'allaient rien n'entendre de plus qu'elles le savaient déjà. Et puis, elles étaient toutes au courant de l'épée de Damoclès qui planait au dessus de leur tête.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbWilliam se laissa tomber sur le fauteuil le plus proche, et je restai là, debout, les mains jointes sur ma robe un moment, pensive. Alors c'était le marquis qui possédait l'objet que nous devions voler ? La tâche allait être bien plus facile, bien que le plus dur soit encore à faire. Je ne savais pas où, ni comment trouver le collier, je ne savais pas comment... J'avais besoin de plus d'informations pour imaginer la marche à suivre, savoir que c'était le marquis qui le possédait n'était pas suffisant. Mais peut-être pouvais-je désormais jouer de ce que j'avais proposé tout à l'heure ? William me sortit de mes pensées en s'exclamant que ce n'était pas trop tôt. Je m'assis à mon tour. Et la sentence tomba. Il me demanda ce qui s'était passé. Évidemment. Il avait du entendre d'une manière ou d'une autre que quelque chose de grave s'était produit. J'avais réfléchi à cette question, et seule le mensonge m'avait paru être viable. Je m'assis sur le divan en face de lui. Je savais que je craquerais trop facilement en étant en contact avec lui. Il me rendait d'une faiblesse que je ne pouvais me permettre en cet instant. Alors mon regard se teinta d'une impassibilité presque froide.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- J'ai voulu aller voir Enguerrand, pour avoir de meilleurs soins pour toi, pour tes blessures. Mais il était au combat de coq, enfin, c'est ce qu'une voisine m'a dit. J'ai voulu y aller, et un groupe... d'hommes, m'est tombé dessus. J'ai utilisé mon don et je me suis enfuie. Mais pendant la nuit, le peuple est venu ici en hurlant que j'étais une sorcière. Alors le marquis a été obligé de prouver au peuple que je n'en étais pas une, avec l'appui de l'Eglise. Enguerrand fait semblant d'être un curé. Je pense que ce n'était pas très autorisé ce qu'il a fait, mais lui et le marquis avaient besoin de calmer la fureur du peuple, tu sais pourquoi.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe n'avais pas quitté ses yeux des miens, et je fis mine de lui accorder un léger sourire, l'air de dire « mais tout va mieux » bien que j'ai subtilement esquivé le sujet de « que m'ont-ils fait exactement ? »
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyMer 23 Oct - 18:17

             Le cerveau de William eut un peu de peine à assembler les mots ensemble pour comprendre les paroles d’Anaïs. Son dos lui faisait mal, il était fatigué, et il n’avait qu’une envie : sentir Anaïs contre lui et dormir. Ou qu’elle calme la douleur de son poignet, ou les deux. Il s’attarda pourtant sur le fait qu’elle ait été agressée dans la rue. Il en fallait plus que ça pour venir à bout d’Anaïs, surtout avec un don pareil. La plèbe devrait faire attention à ne pas provoquer son courroux, au lieu d’avoir l’imbécillité de s’attaquer à plus fort qu’elle. Anaïs avait eu raison de se défendre, et William aurait bien voulu voir la tête de ses agresseurs. Ce qui l’inquiétait plus, c’était ce qui avait suivi : quelqu’un l’avait forcément reconnue, et tous avaient crier à la sorcière. La question se posait maintenant : comment diable avaient-ils fait pour « prouver au peuple » qu’elle n’était pas une sorcière ? William avait beau fouiller sa mémoire, il ne se souvenait pas d’avoir compris ce qui s’était passé. Le marquis avait évoqué la notion de châtiment, mais il lui semblait qu’il n’en avait pas dit plus à ce sujet. Qu’avaient-ils tous à systématiquement se montrer évasifs au moment d’évoquer le sujet le plus important ?

           « Et qu’a-t-il fait exactement ? »

           La réponse d'Anaïs resta évasive, mais au moins William sut finalement ce qui était arrivé. Allons bon ils avaient apparemment essayé de la noyer. William resta impassible, imaginant la chose sans montrer grande émotion. Seuls ses doigts pianotaient sur sa cuisse tandis qu’il se disait que Dieu ne devait pas être un prétexte pour faire de telles horreurs. Combien de pauvres gens avaient été condamnés à mort de la même manière, finissant dans la tombe, même s’ils n’étaient pas des « sorcières » ? Non, décidément, les rites de l’époque commençaient vraiment à lui courir sur le haricot. En plus du constat que le mépris pour la différence ne datait pas d’hier. Il était triste qu’Anaïs ait eu à subir ça seule. La suffocation était un affreux moment à passer. Il finit par soupirer, las. Comment était-il censé réparer ce qui s'était passé pendant son absence ? En temps normal, il aurait peut-être tenté un trait d'humour pour dédramatiser la situation, mais il n'était pas certain qu'Anaïs le prendrait bien, c'était encore trop frais pour elle. Et de toute façon, il n'avait pas la motivation pour rafraichir l'atmosphère de cette façon. Il se sentait comme anesthésié. Tant de choses s'étaient passées depuis qu'ils avaient été séparés...

        « Viens là, » demanda-t-il en tapotant le divan à côté de lui.

          Après un instant de flottement, elle se leva et, entravée par ses jupes nombreuses et variées, fit le tour de la table où le thé reposait toujours pour arriver à sa portée. Au moment où elle allait s’asseoir à côté de lui, il l’attrapa par la taille et recula sur le siège pour qu’elle s’installe près de lui. Il lui fit des bisous dans le cou, content que sa coiffure lui dégage le haut des clavicules, savourant son contact en la serrant contre lui de sa main valide. Bon sang qu'elle lui avait manqué ! Il finit par poser son menton sur son épaule, en manque de tendresse.

         « Et tu vas bien ? »
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyLun 28 Oct - 22:07

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbWilliam me demanda de venir à côté de lui en tapotant le divan. J'hésitai un instant, puis me dis que ce serait vraiment trop louche que de refuser alors je finis par me lever et il m'attira automatiquement à lui. Je n'opposai pas de résistance et regardai le tableau au dessus de la cheminée en caressant sa main, le regard hagard. Si j'allais bien ? J'avais failli me faire tuée, je venais de me proposer de me marier avec un marquis du XVIIIème siècle, William s'était fait fouetté et je n'avais rien pu y faire, j'étais enceinte, je n'avais pas réussi à contacter Victor par le biais d'Enguerrand ! Alors est-ce que j'allais bien ? Il valait mieux juste ne pas y réfléchir. J'allais bien, tant que rien ne m'encombrait l'esprit. C'était ça. Je pris une grande respiration et fis un sourire, peu convainquant, mais c'était le mieux que je puisse faire.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Ne t'en fais pas, ça ira mieux quand on sera rentré. »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe me levai, sans lâcher sa main, et fis mine de le tirer un peu.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Allons dans la chambre, je dois m'occuper de tes blessures. »
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyMar 29 Oct - 22:29

          "Je te suis", fut tout ce que rajouta William. Comme d'habitude, Anaïs rejoint sa chambre et les servantes, toujours prêtes, filèrent à sa suite pour la préparer pour le coucher, pendant que William mangeait le repas qu'ils lui avaient monté, lentement mais sûrement, perdu dans ses pensées. Seul dans sa chambre qu'il avait rejointe, en tête à tête avec le mur. Malgré le feu allumé dans la cheminée, il avait froid sans Anaïs près de lui, ce qui était plutôt ironique quand on connaissait la nature de son don. Le tic-tac de la pendule était insupportablement long. Il se demanda quand la lumière allait enfin se pointer au bout du tunnel mais il était conscient que c'était la fatigue qui parlait pour lui. Demain tout irait mieux. C'était incroyable le temps qu'Anaïs passait entre les mains de ses dames de compagnie qui étaient aux petits soins pour elle, déposant une nouvelle robe lissée avec soin chaque matin, s'arrangeant pour qu'elle soit parfaite selon les critères de l'époque. William aimait la rejoindre le soir : délivrée de tous ces artifices, elle avait l'air beaucoup plus libre. Plus à l'aise, et plus facile à déshabiller, aussi... L'esprit de William dévia un instant sur des images pas très pudiques, et revint à la réalité lorsqu'on toqua pour débarrasser son plateau. Il remercia l'employée et lui souhaita bonne nuit, donnant implicitement l'ordre de ne pas le déranger. Anaïs devait encore en avoir pour une petite heure, et les élancements dans son poignet ne s'arrangeaient pas. Il aurait dû lui en parler tout de suite... William s'assit sur le tapis, appuyé sur un fauteuil, tout proche du feu qui lui transmettait sa chaleur, véritable antagoniste de la froideur des cachots qu'il avait connue ces derniers jours. Il se mit à somnoler doucement, et faillit plusieurs fois basculer en avant. Il finit par réaliser qu'Anaïs devait certainement l'attendre depuis une vingtaine de minutes quand la pendule sonna neuf heures du soir. Il se secoua un peu, se releva en se frottant les yeux en effaçant les brumes de divagations étranges, et se téléporta dans la chambre d'Anaïs.
         Effectivement, celle-ci, en chemise de nuit blanche, l'attendait.
        "Désolé, je me suis à moitié endormi, j'espère que t'as pas trop attendu," se justifia William en arrivant.
         Comme pour illustrer ses dires, un bâillement, qu'il étouffa à moitié et qui lui rappela que sa pommette portait encore les stigmates de la rixe dans la prison, vint pointer le bout de son nez. Le jeune homme s'assit sur le lit, cherchant à faire un état des lieux de son état physique.
         "J'ai suffisamment tanner ce qui sert de médecin au marquis pour qu'il lave bien ses mains et stérilise ses outils avec de l'alcool, et mon dos avec, pour qu'il accède à mes demandes. Il m'a pris pour un illuminé acariâtre, mais il voulait me faire une saignée, ce con. Donc, si on pouvait partir du principe qu'il a fait son boulot..."
        Il vit directement à la tête d'Anaïs qu'elle n'était pas pour cette option, faisant moyennement confiance à l'homme. Il fallait la convaincre, William n'avait absolument pas envie de revivre ce moment. Le désinfectant, quel qu'il soit, faisait un mal de chien, et ledit médecin avait dû rouvrir la plupart des plaies pour les laver. Et accessoirement, il ne rêvait pas non plus de montrer des plaies fraîches à Anaïs, qui déjà avait assisté à la flagellation.
        "Seulement pour aujourd'hui ?.. Et aussi..."
        La langue de William trébucha sur ses mots, il avait toujours beaucoup de mal à demander de l'aide parfois. Même à Anaïs, la personne la plus proche de lui à qui il confierait pourtant sa vie.
         "Si tu pouvais regarder mon poignet et utiliser ton don..." hasarda-t-il en désignant du menton son poignet droit.
        Qui était sérieusement gonflé, soit dit en passant, si on le comparait à l'autre. William avait jusqu'ici tenté de l'ignorer, sans grand succès cependant. Il leva les yeux vers Anaïs, se demandant si elle allait vraiment insister pour voir son dos. Il pria pour que ce ne soit pas le cas.
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyVen 1 Nov - 23:30

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbWilliam arriva dans la chambre en se téléportant. J'avais fermé la porte à clé dès que les servantes eurent fini leur travail, et je m'allongeai en faisant l'étoile de mer, dans le lit, en robe de nuit d'époque. Je fixai le plafond, et posai mes main sur mon ventre. Est-ce que j'avais réellement un enfant ? Est-ce que c'était possible ? Quand est-ce que ça aurait pu se produire ? Nous avions fait énormément de choses, énormément de fois, et j'étais incapable de définir quand et comment. Peut-être avais-je cet enfant depuis très longtemps, et qu'avec les boucles, il n'avait jamais grandi plus.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbEst-ce que je devais le dire à William ? Est-ce qu'il serait prêt à l'entendre ? La réponse était définitivement non. Jamais il ne se sentirait apte à éduquer un enfant. Nous n'avions pas des âmes de parents, et puis, nous étions trop jeune ! Théoriquement. Comment grandirait-il dans les boucles ? Faudrait-il l'envoyer dans le monde réel, pour qu'il grandisse ? Devait-il savoir ? Peut-être qu'il n'aurait pas de don, après tout, les gênes particuliers pouvaient sauter plusieurs générations... Mais alors devait-il vivre sans ses parents ? Je ne voulais pas d'un enfant qui soit malheureux à cause de nous. Je préférais encore aller vivre moi aussi en dehors d'une boucle, et recommencer à vieillir. Je savais ce que c'était que de ne plus avoir de parents, et je ne pourrais jamais faire subir ceci à mon propre enfant. William comprendrait. William n'aurait pas le choix, oui, c'était ça. Peut-être. Peut-être pas. Je ne savais pas. J'avais le sentiment de prendre une décision, et de changer d'avis la seconde d'après. C'était un sujet grave, et je ne pouvais pas lui en parler, ni à Hisoka non plus, ni à Louis. Lui aurait certainement eu des conseils, de vrais arguments pour être pour ou contre. Mais au fond, je le connaissais. Il m'aurait dit de le garder, il m'aurait soutenu oui...
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbPrise dans des souvenirs douloureux, c'est William qui m'en ressortit, en arrivant dans la pièce. Il bailla sans retenu, preuve de son épuisement et vint s'asseoir sur le lit à côté de moi, qui m'étais redressée. Au départ, j'avais eu la ferme intention de regarder son dos. Mais vu ses dires... Je baissai les armes, lui acceptant ce moment de répis pour ce soir.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- "D'accord. Mais demain je regarderai quand même pour voir si rien ne s'est infecté."
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbCe n'était pas une question, mais une affirmation, et il dut bien le comprendre à son regard. Il baissa les yeux sur son poignet. Celui-ci était rouge et gonflé. Mais, je ne compris pas d'où une telle blessure pouvait venir. Enfin, sûrement avec son oeil au beurre noir et le reste de ses blessures qui ne résultaient pas le moins du monde des coups de fouet.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe hochai la tête, glaçai mes mains et les déposai sur son poignet, de manière à l'entourer totalement.
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- "Il s'est passé quoi pour que tu reçoives ça ?", le questionnai-je.
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyDim 3 Nov - 21:09

          Une grimace de douleur passa furtivement sur le visage de William, alors qu'Anaïs manipulait avec précaution son poignet. Il regretta de ne pas pouvoir s'allonger directement à même le lit, quitte à dormir tout habillé s'il le fallait. Bon, ce plan avait à la base quelques défauts, en premier lieu celui de gêner Anaïs. En s'allongeant en travers comme un malpropre, il l'empêcherait de se mettre sous les couvertures comme le commun des mortels et la virerait donc de son propre lit. En second lieu le fait qu'il s'endorme tout de suite, alors qu'il n'avait pas beaucoup parlé avec Anaïs et que la soirée était le seul moment où ils pouvaient se retrouver en étant un peu près eux-mêmes. Demain par contre, la mascarade reprendrait, mais William n'était vraiment pas pressé de voir le jour poindre. Il se ferait certainement réveillé par Anaïs pour qu'il s'enfuie de la chambre avant que les servantes ne le voient. Il se mordilla la lèvre distraitement : il ne savait même pas s'il était autorisé à rester dormir, parce que son quota de sommeil, certes en général peu fourni, avait tout de même été bien entamé par ce séjour en prison. Il savait qu'il devait récupérer, mais sitôt il serait sur pieds, il retournerait chez le marquis avec Anaïs et aurait l'immense joie de côtoyer de nouveau Charles...
          Anaïs le sortit de ses pensées en calmant la douleur de son poignet. Un soupir de soulagement passa les lèvres de William et il sentit son corps se détendre presque subitement. Il s'appuya d'une épaule sur un pilier du lit à baldaquin pour ne pas basculer en arrière.

         "Longue histoire, tiens-toi prête. Pour faire court, j'ai retrouvé Léonard en prison, il a eu le temps de me délivrer son message, mais il était déjà aux portes de la mort quand je lui ai parlé. Après la petite séance à laquelle tu as assisté, Charles n'en avait pas assez et s'est mis en tête de me tabasser à mort avec l'aide de ses cousins. Je dormais, d'où l’œil au beurre noir."

         William fit une pause dans son discours, s'autorisant un mince sourire. Il y avait mieux que de se réjouir de la douleur des autres, mais il en avait tellement bavé qu'avoir le dessus un mince instant avait été une véritable libération pendant une poignée de minutes.

         "Je crois bien que j'ai cassé le bras de son cousin."

         Il essaya de déplier les doigts de sa main blessée en serrant les dents, et abandonna vite.

         "Comme je leur ai fait peur, Charles a changé de technique. Il a déplacé le cadavre de Léonard dans ma cellule."

          Son sourire avait disparu.

         "Je peux te dire qu'il n'était pas beau à voir. C'est moche de mourir comme ça dans ce trou. Paix à son âme."

         Et voilà que William redevenait chrétien, avec toutes ces histoires. En tout cas, il reprenait les expressions religieuses qu'il avait connues dans son enfance. Il ne savait pas trop quoi en penser. Peut-être que c'était simplement la fatigue.

          "Charles et son cousin encore entier était encore là. Je me suis énervé, je l'ai empoigné par le col. Son cousin m'a fait le lâcher en frappant avec un bâton. Je leur ai inventé une histoire de peste pour qu'ils ne viennent plus m'emmerder."

         William eut du mal à rester de marbre. Cependant, le fait qu'Anaïs ne soit pas devant lui lui permettait d'éviter plus facilement son regard. J'étais au fond du trou, princesse. L'enfermement c'est pas pour moi. Heureusement que j'en suis sorti.
         William arqua un sourcil, se rappelant d'un détail plutôt croustillant qui lui était sorti de la tête.

         "Ceci dit, je crois qu'il s'est littéralement fait dessus, cette fois-ci."
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyDim 17 Nov - 20:09

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbWilliam essaya de faire preuve d'une forme d'humour aussi particulier que d'habitude, au vu de la situation. Si, dans d'autres circonstances, j'aurais pu aller me laisser aller, sourire et me détendre, ce ne fonctionna pas cette fois-ci. Pensive, je gardai les yeux rivés sur son poignet gonflé et bleui d'hématomes, me contentant de secouer la tête de temps à autre à ses mots. C'était vraiment une rude époque, et le frère du Marquis n'allait pas s'en sortir à si bon compte, il en état hors de question, mais je ne pouvais pas réellement y faire quelque chose en cet instant. Quand William sembla ne plus rien avoir à ajouter, il y eut un instant de flottement, où je ne dis rien. Je ne relevai pas les yeux, et fronçai les sourcils, pour avoir l'air plus concentrée qu'inquiète s'il me regardait, et me retins de fermer les yeux de détresse, de fatigue. Il ne fallait pas qu'il prenne mon comportement pour autre chose que de l'inquiétude à son égard. C'était en partie le cas, enfin, c'était en partie parce que j'avais peur de sa réaction, donc c'était un peu ça quand même non .. ?
L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe finis par hocher lentement la tête, l'air d'acquiescer à son récit.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Le marquis ne va pas refuser mon offre, on est définitivement hors de danger d'eux de toute façon, » lui répondis-je, pour me convaincre moi-même.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbIl allait accepter, il ne pouvait qu'accepter. Je lui souris faiblement et retirai mes mains de son poignet en me levant.

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bb- « Aller, t'es fatigué. Et puis tu mérites un vrai lit, hein? » souris-je. « Viens là que je t'aide. »

L'an de grâce 1745, Paris. Alin-a-4b4f0bbJe posai mes mains sur sa chemise, et entreprit de la déboutonner, me doutant assez bien qu'il allait éviter de bouger son poignet.
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William O'Leary
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MessageSujet: Re: L'an de grâce 1745, Paris.   L'an de grâce 1745, Paris. EmptyLun 18 Nov - 22:24

        William la laissa faire, le sourire aux lèvres. Elle était toute proche de lui, certes occupée à défaire sa chemise, mais tout de même, elle était proche de lui. Malgré le peu de lumière, il voyait parfaitement les lignes régulières de son visage, jusqu'aux petites rides de concentration qui se formaient sur son front quand un des boutons lui résistait un peu trop à son goût. Concentré sur elle, William mit un peu de temps à retrouver la question qui lui avait brûlé les lèvres pendant la moitié du trajet du retour. C'était à propos de cette proposition de mariage qui sortait d'on-ne-sait-où qu'il avait un peu de mal à digérer. Il savait évidemment qu'en ces temps-là, les mariages étaient de véritables outils politiques, et c'était d'ailleurs le cas à son époque pour les aristocrates qui désiraient s'allier avec telle ou telle famille, mais de là à accepter qu'Anaïs joue à ce petit jeu d'alliance... Le jeune homme était d'ailleurs étonné que le Marquis ait été aussi conciliant avec eux et ne les ait pas jeté dehors après une telle proposition. Poliment, bien sûr. Cela avait certainement à voir avec l'aplomb d'Anaïs lors de ladite proposition, et de son apparence magnifique qui attirait tous les regards, surtout celui du Marquis, ce qui faisait grincer des dents à William mais qui arrangeait bien leurs affaires pour la suite.

         "Je peux savoir comment t'est venue l'idée de te marier avec un vieux type du XVIIIème ?"

         Les boutons étaient tous déboutonnés et William frissonna malgré le feu de la cheminée. Il était là, la chemise défaite, et elle simplement habillée d'une chemise de nuit qui laissait entrevoir ses formes. La lueur chaude du feu se reflétait sur son visage, lui donnant une teinte cuivrée. Il avait diablement envie de la prendre dans ses bras pour combler ce vide contre lui, peut-être même en lui. Histoire d'effacer totalement les traces de la prison qui lui collaient à la peau.
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L'an de grâce 1745, Paris.
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