Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas...

03/01/2015

William ne savait même pas pourquoi il pleurait. Qu'est-ce que ça changeait ? ça ne ferait revenir aucun mort, ça ne pansait aucune blessure. Le monde n'allait pas s'arrêter parce que lui, malheureux parmi tant d'autres, se lamentait sur son sort. Il avait mieux à faire que de regarder derrière lui, mais pourtant à chaque fois qu'il fermait les paupières, des images horribles s'imprimaient dans son esprit, comme pour lui rappeler que non, il n'avait pas le droit au repos. Il n'en avait pas le droit parce que les autres étaient morts. Vince était un guerrier hors pair. Il aurait du survivre, bien sur que lui ou le gamin qu'il était à l'époque. Il n'aurait jamais pu s'en sortir sans lui. Depuis le début, il avait été son pilier, son ancre par rapport à un monde qui venait de changer radicalement, puisqu'il avait alors découvert son don. William avait besoin de lui pour qu'il lui montre la marche à suivre. Il l'avait toujours fait.

Mais Vince était mort. Juste un cadavre oublié.

Les larmes s'étaient taries d'elles-mêmes. William ne bougeait pas. Il était trop las pour le faire, épuisé physiquement mais surtout moralement. Il mit un moment à comprendre que Anaïs l'avait rejoint. Il n'avait même pas remarqué qu'elle s'était appuyé sur lui quelques minutes.

Les yeux grands ouverts qu'il ne pouvait plus fermer, William laissa aller sa tête en arrière, jusqu'à ce qu'elle repose contre le mur de bois. Une nouvelle fois, il se mura dans son silence.

02/01/2015

De longues minutes défilèrent dans un silence que je trouvais insupportable. Après 5 jours, 5 jours horribles mais agréables en même temps, 5 jours où la patience était de rigueur, 5 jours à essayer de garder son calme. Son etat, son silence. Fut la goutte qui fit déborder le vase. Le voir comme ça, divaguant totalement, perdu dans ses pensées ou ses souvenirs. Je ne savais même pas ! C'etait de ma faute, mais il avait acquiescé et eut la même idée. Alors pouvait-ton réellement dire que c'etait de ma faute ? En partie oui, mais pas totalement.
Je me levais rapidement, me plantais devant William. Après deux jours, malade à en crever, où j'etais restée à son chevet, maintenant il n'allait plus rien me dire ? Il allait rester dans son silence longtemps ?! Furieuse, contre moi, contre lui, contre ma réaction, je me sentais idiote.

- William ! C'est du passé ! Pense à autre je sais pas. PARLE ! DIS MOI QUE TU AS MAL, DIS MOI OÙ, DIS MOI QUE JE PEUX T'AIDER, DIS LE MOI QUE JE PUISSE T.AIDER, PARLE MOI MERDE !!

C'etait la première fois. Je ne savais pas moi même que j'etais capable d'etre si en colère. Peut-être que c'etait plutôt le fait d'avoir réussi à garder son calme jusque maintenant qui était exceptionnelle.
Je le regardais encore un peu dans son état végétatif avant de me sentir étouffée. Je devais sortir d'ici, je sentais déjà la baffe lui arriver et ce n'etait pas forcément le bon moment. Je grinçais des dents avant de m'approcher à grands pas de la porte, de l'ouvrir et de la claquer derrière moi.

Les poings serrés, je n'allais pas loin, juste m'appuyer sur le tronc d'un arbre, me calmer. Rester avec lui en étant si en rogne, n'etait pas bon signe. Pour moi, comme pour lui. Et évidement, c'etait à ce moment que le faim venait m'embeter. Elle venait au mauvais moment, il ne pouvait avoir pire. Cependant elle allait attendre. Je n'entrerais pas dans cette foutue maison temps qu'il ne serait pas sorti ou aurait décidé de parler.
Je croisais les bras sur ma poitrine, avant de clore à moitié les yeux. Cherchant tout simplement à oublier ce qui était arrivé.

03/01/2015

William leva les yeux vers Anaïs. Elle criait, tempêtait pour qu'il parle, pour qu'il lui explique ce qui lui arrivait. Mais lui-même ne savait pas. Enfin, il ne savait surtout pas comment arrêter de tourner en rond. Tout cela, il l'avait déjà vécu, son arrivée dans la boucle n'avait pas été des plus reposants. Il n'avait pas à le revivre, il était censé... Avoir traversé ça. L'expérience qu'ils venaient de mener venait de lui prouver le contraire. Ses blessures invisibles étaient bien plus profondes qu'il ne voulait bien l'admettre. Il ne pouvait plus le cacher, maintenant. Plus à Anaïs, en tout cas. Il n'avait rien traversé du tout, il s'était contenter d'oublier. Et cette constatation l'avait ébranlé bien plus qu'il ne le croyait. L'échec était cuisant, il se rendait compte que tout le chemin était à faire. Il n'avait pas évolué durant ces années de solitude. Comment espérer s'en sortir lorsqu'au bout d'années entières, rien n'avait changer ? Comment donc croyait-elle qu'il pouvait le faire ? La dernière fois, la dernière fois... Il valait mieux ne pas s'en souvenir.

Fais un effort, quoi. Pour elle.

Mais il en était incapable. Pour le moment en tout cas. Incapable de penser à autre chose, incapable d'en parler. Incapable d'avancer.

02/01/2015

Le temps passait, les minutes ressemblaient à des heures, tandis que j'essayais de me calmer. Je savais que William ne viendrait pas. Et tant mieux, je devais être seule, souffler, reprendre mes esprits. Pourquoi avais-je eu un excès de colère pareil ? C'etait rare, tellement rare. Je ne me souvenais même plus de la dernière fois où j'avais crié ainsi, où je m'étais senti tellement hors de moi... Et maintenant, je ne comprenais même plus ce qui m'etait arrivé.
Je contemplais le vide face à moi un long moment, avant de fixer mes mains. La faim me tiraillait de plus en plus les entrailles et je ne me sentais pas d'attaque pour affronter le regard sans expression de William.
Contre moi même, je me levais pour retourner dans la maison à contre cœur.
Pas un bruit, rien. Je rentrais sans regarder le jeune homme qui était au même endroit que tout à l'heure. Je prenais une grande inspiration pour garder ce calme que j'avais réussi à retrouver.
Les provisions de la malle baissaient petit à petit. Mais il restait toujours un peu de nourriture. Enfin nourriture que je ne supporterais plus longtemps. J'avais l'impression que tout était fait pour que je me remette en colère. Je soupirais en prenant une nouvelle tranche de pain et quelques fruits séchés. Demain je mange de la VRAI nourriture.
J'avalais en essayant de ne pas sentir le peu de goût que pouvaient me créer ces aliments. Une fois que ce fut fait, je regardais William et soufflais de nouveau.
Je me levais pour venir m'asseoir en face de lui.

- Sors toi de là. Je ne sais pas ce que tu as vu, ça doit être plus que horrible, juste à regarder ta tête. Mais tu es plus fort, tu ne vas pas te laisser abattre par des souvenirs ? Je peux t'aider. Je ne sais pas comment, mais je le ferais. Dis moi juste quelque chose, regarde moi, William je ne te laisserais pas dans cet état.

Qui était plus que pitoyable. Un vrai légume dans un hôpital qui ne demandait qu'a être débranché. Sauf que cette fois, pas besoin d'operation impossible pour l'aider. Quelque chose que je ne connaissais pas, mais quelque chose que je trouverais. Je prenais ses mains en plantant mon regard dans ses yeux éteints. Une lueur d'espoir et d'amour que je n'arrivais pas à enlever les faisaient briller tandis que je restais là, sans bouger.

03/01/2015

William cligna les yeux pour se concentrer sur le visage d'Anaïs. Elle était jolie. Pourquoi tout n'était-il pas plus simple ? Elle aurait pu trouver un mec qui pouvait la rendre heureuse, au lieu de devoir supporter celui qui, cassé de l'intérieur, ne pouvait même pas la toucher ?! Exaspéré par lui-même, il s'appuya sur sa colère pour sortir du drôle d'état de choc dans lequel il s'était muré. De toute façon, il y replongerait bien aussi tôt. La facilité avec laquelle il fit cela le surprit beaucoup. D'après les souvenirs qu'il avait eu lorsqu'il était revenu, il lui avait fallu des mois pour se remettre du choc. Il n'était même pas sur de sa version de la chose tant elle était chaotique et ponctuée de silences solitaires.

Alors oui, il la regarda. Vraiment, cette fois. Et récupéra ses mains pour se frotter sans y penser les poignets, puisqu'il n'avait aucun couteau sur lui.

"Je te crois quand tu dis ça, tu le penses vraiment. Mais ce qu'il faut faire, franchement, j'en sais rien."

Il s'écoula un instant avant qu'il reprenne, remarquant qu'il faisait presque nuit.

"Tu veux que je te ramène ?"

02/01/2015

Je voulais m'approcher, poser ma tête contre son épaule, rester comme ça des heures juste à écouter nos cœurs battrent dans un rythme simultané. Sentir son souffle, sa peau, être rassurée par sa présence, avoir quelqu'un prêt de moi qui me retenait si je chutais. Un bout de famille, mais avec un lien plus fort en quelque sorte. Ce que je recherchais, ce que j'avais perdu. Si seulement il n'avait pas ce problème, si seulement il n'avait pas vécu cet enfer, si seulement tout ça n'avait pas de répercussion sur son caractère ! Mais pour être heureux, à deux, nous devions affronter encore une chose. Plus que une pour pouvoir être heureux, pour vivre avec un véritable sourire collé au visage. Mais la vie n'allait pas nous aider là, un miracle ne pouvait pas se produire et le guérir. Nous devions trouver cette petite clé, bien cachée, qui nous délivrerait de tout. J'aurais de nouveau quelqu'un sur qui je pouvais compter autre chose qu'ami. Une personne qui j'aimais, un morceau de ce que j'avais avant ! Et lui, lui il pourrait être heureux, oublier ce sang et cette guerre. Ne plus penser aux sepulcreux, à ces morts, cet enfer, cette phase sombre de sa vie ! Nous pouvions ! Nous étions si prêt ! Mais il manquait une chose. Et c'etait sûrement la plus compliquée. Malheureusement, nous n'avions pas de joker pour passer la question. Il fallait affronter. Je savais déjà que cela allait être dur. J'en avais eu déjà un petit bout depuis 5 jours. Mais je voulais continuer, je n'allais pas m'arrêter alors que je frôlais ce que je recherchais depuis si longtemps. Ce n'etait pas son problème qui anéantirait la Anaïs butée que j'etais.

- On trouvera.

Je ne savais pas si cela devait l'aider ? Le rassurer ? c'etait sortit tout seul, c'etait ce que je pensais. Et je devais. J'allais trouver une solution. Mais pour ça, j'avais besoin de lui, de ce qu'il savait. Son rôle était aussi important que le mien dans l'histoire. Déjà, je l'aider à ne pas perdre espoir comme il l'avait fait depuis des années. Ensuite je cherchais une solution. Et lui, il me donnait des informations sur son problème, et cherchait avec moi. Et si il abandonnait, moi je continuerais.

- Je ne sais pas. En même temps j'aimerais rester avec toi, mais je ne voudrais pas te déranger. Si tu penses devoir réfléchir, ou au contraire oublier. À toi de voir.

J'aimerais tellement m'approcher ! Mais je ne pouvais pas. Je n'avais même pas le droit, et je devrais me contenter d'etre assise face à lui et de pouvoir le regarder. Cependant c'etait tellement fort. Je voulais. Je voulais tellement me mettre contre lui et m'endormir là, comme une enfant et oublier ainsi que le faire oublier le passé. Mais je ne devais pas. Pas maintenant. Il ne supporterait pas. Et j'avais déjà assez fait de connerie pour tout un mois en... Quelques jours.
Avec un simple sourire de coin, j'attendais de savoir si je dormirais ici, avec lui. Où dans ma chambre, seul. Si il préférait que je parte, je comprendrais.

03/01/2015

William secoua la tête, les sourcils froncés. C'était inutile. Elle n'allait pas supporter une nuit de plus confinée dans cette cabane. Lui, en tout cas, n'allait pas le supporter. Rien qu'à repenser à la panique dans ses yeux quand elle lui avait dit ce qu'il avait failli faire... Non, il n'était pas question qu'Anaïs reste avec lui là-dedans. Il n'allait pas pouvoir fermer les yeux de la nuit, et il aurait l'air bien, le lendemain matin. Et puis l'épisode des souvenirs... C'était juste trop douloureux pour le montrer à quelqu'un d'autre. Une barrière de silence en plus entre eux, un mur à briser supplémentaire, jusqu'où tout cela allait-il aller ? Ils étaient vraiment idiots de rester là. Elle était vraiment idiote de le suivre alors qu'il ne lui avait apporté que des ennuis, et c'était un euphémisme. Il ne parvenait toujours pas à comprendre où elle puisait sa détermination. Si elle voulait quelque chose, aucune chance qu'elle y renonce, y compris quand elle risquait sa vie.

Anaïs était folle à lier. Oui, ça devait être ça. Certainement. Elle l'avait prouvé à maintes reprises.

William était fatigué. Il fallait qu'il fasse le point sur la situation. Sans Anaïs qui venait parasiter ses pensées.

"Je vais te ramener," conclut-il en se levant.

Il se dirigea vers elle et n'eut qu'à lui toucher le bras pour qu'ils se retrouvent dans l'entrée de la maison des particuliers.

William sourit à Anaïs, et puis son sourire s'effaça complètement tandis qu'il se concentrait pour le voyage retour.

Et puis il disparut.

02/01/2015

Je hochais la tête. Aucun regret ne venait dans mon regard. Il avait fait son choix, je l'avais laissé me dire ce qu'il préférait. C'était fait, je n'irais pas à l'encontre de cela.
Il me toucha le bras, pour nous téléporter de nouveau. Une fraction de seconde à peine et nous étions juste devant la maison des particuliers. Il se faisait tard, le couvre feu était passé depuis longtemps. Avec un peu de chance je ne croiserais pas Miss Tit dans les couloirs, avec un peu de chance... Je souriais à William, avant de m'éloigner de lui pour rentrer dans le sorte de manoir. Je lançais un dernier regard au jeune homme qui disparaissait de nouveau.

Je montais les escaliers quatre à quatre, pieds nus. Mes chaussures n'etaient pas forcément très propres et la plupart du temps les ombrunes nous demandaient de nous déchausser pour ne pas salir la maison. Puis c'était plus discret quand même !
Je longeais les couloirs en faisant attention, si un bruit venait à résonner dedans, je devais me cacher, je restais le plus dans l'ombre possible.
Au moins d'un moment, j'arrivais enfin à ma chambre, sans encombre. Personne ne devait m'avoir entendu, tant mieux. La porte fit un léger grincement quand je l'ouvris et je la refermais à la hâte, mettant le verrou en même temps. Je soupirais avant de regarder mon lit. Mais je devais vérifier quelque chose avant. J'allumais une bougie avec les moyens du bord, avant de prendre un petit miroir. Je regardais mon cou, de belles traces rouges apparaissaient ici et là. Comment fais-je faire pour les cacher aux ombrunes ? Heureusement que mes cheveux étaient longs, sinon je serais dans la mouise. J'éteignais rapidement la lampe de fortune avant de ranger le miroir dans le tiroir de la commode. Je passais une main dans mes cheveux, il était trop tard, bien trop tard pour prendre une douche. Demain matin, ce serait plus simple et moins louche, par la même occasion.
Je m'affalais sur mon lit avant de fermer les yeux. Pas la peine de vous préciser où allaient mes pensées. Où était-il maintenant ?
Malgré tout ce qui était arrivé, je cherchais à comprendre le pourquoi du comment. Je gardais mon calme, que je ne pensais même pas avoir. Je fermais les yeux laissant la douceur des draps me caresser la peau. Un vrai lit, demain j'aurai de la vraie nourriture, car même là, j'avais faim, mais je ne me risquerai pas dans les cuisines. Même pour tout l'or du monde. Toute habillée, je m'assoupis tranquillement, savourant le confort, de cette vraie maison...

02/01/2015

Bien longtemps après...

L'après midi n'était pas très avancé. Il devait être environ deux heures, pas plus. Le soleil laissait ses rayons réchauffer les alentours et un vent frais faisait frémir docilement les feuilles des grands arbres. Tranquillement, je passais entre les arbres scrutant les alentours, souriante. Cette fois, il n'y aura pas d'arrivée en catastrophe de William - enfin déjà si je le trouvais -, j'etais seule, plus pour longtemps je l'espérais. Il n'etait jamais loin, comme s'il avait un œil partout sur la foret et que le moindre de mes pas retentissait pour l'alerter, même à des kilomètres !
Je ne l'appelais pas, c'était inutile, il devait déjà m'avoir vu.
Je levais les yeux au ciel pour observer la cime des arbres.

03/01/2015

Elle n'était pas venue ce matin-là. Ni le matin suivant.

Lui en voulait-elle d'être celui qu'il était ?

Peut-être. Il n'y pouvait rien. Peut-on changer ce qu'on est au plus profond de soi pour quelqu'un d'autre ? Il ne le savait pas. C'était une question qu'il se posait rarement, malgré l'importance de la chose. Après tout, Anaïs était entrée dans sa vie si naturelle et si brusquement à la foi. Il lui semblait qu'il la connaissait depuis toujours, et pourtant... Etait-il possible qu'une compagnie vous fasse oublier à ce point la réalité ? Peut-être que non, justement. Peut-être l'avait-il oublié depuis longtemps. Piégé dans un jour sans fin, à quoi rimait la réalité ? Le présent était loin, et emportait avec lui les derniers descendants de ses souvenirs.

La réalité était loin devant eux. Et ils ne la reverrait jamais. C'était comme ça qu'il résonnait depuis qu'il était ici. Comme ça et pas autrement, depuis des années.

Comment une tête de mule blonde pouvait avoir fait tout chavirer sans qu'il s'en rende compte ?

William espérait sa venue. Il jetait un coup d'oeil dans la clairière bien trop souvent pour s'y leurrer. Il l'attendait, comme toujours. Comme s'il l'avait toujours fait.

Alors qu'il se téléportait dans un coin de la clairière, comme ça, juste histoire de voir, il l'aperçut et ne put s'empêcher de lui faire un grand sourire.

"T'es là. Encore. Tu sais que tu es sacrément têtue ?"

02/01/2015

Je me retournais, sa voix venait de résonner derrière moi. Je n'avais pas besoin de vérifier, désormais, je saurai le reconnaître à des kilomètres. Sa voix, son allure, son caractère. J'arriverai à la reconnaître entre mille. Pas compliqué. Aviez vous déjà vu quelqu'un comme William ? C'etait sur qu'il était unique en son genre !
Lui aussi souriait derrière moi, je m'approchais avant de me stopper. Il avait l'air de bonne humeur, pas la peine de refroidir l'ambiance et le touchant, ou en faisant une énième gaffe. Tenir plus de deux heures sans dispute. C'etait possible ?

- Ça n'a pas l'air de te déranger, et puis cette fois tu peux m'avoir pour toi tout seul. Répondis-je en plaisantant.

Je le détaillais de haut en bas, comme si ces derniers jours sans sa présence m'étaient... Vides ? Dépourvus de quelque chose dont je ne saurais donner un nom, enfin peut-être le sien, cela résumerait de nombreuses choses. Je souriais de nouveau lorsque mes yeux se posèrent sur son visage. Comment pouvait-on manquer tant d'une personne ? Et si mon humeur dépendait de sa présence ? Tu deviens grave Ana. Et elle, elle était toujours là pour interrompre mes pensées. Enfin elle en faisait partie, forcément, bref.
Je me posais de plus en plus de question sur moi et lui. Mais je les repoussais pour ne penser qu'à maintenant, lui en face de moi, tout deux heureux de nous voir.

03/01/2015

William s'approcha, tout en gardant une distance raisonnable. Il se rendait de plus en plus compte du frein évident que constituait son... "Problème". Il avait une furieuse envie de la toucher, de la prendre dans ses bras. De gouter à cette bouche qui n'en finissait pas de le narguer. Mais il avait peur. Peur de lui faire mal comme c'était déjà arrivé. Peur de la faire souffrir. Peur de lui-même, en somme. Comment lui en vouloir ? La situation avait si souvent dérapé ! Les événements s'étaient bousculés, et puis tout le monde avait été touché d'une façon et d'une autre. C'était à ça que se résumait la vie, mais ce n'était pas parce qu'on le sait qu'on l'accepte. Et Anaïs n'acceptait pas sa phobie comme lui avait fini par l'accepter. Était-ce une bonne, une mauvaise chose ? Pour l'instant, leurs tentatives d'y mettre fin avaient été des échecs cuisants qui planaient encore dans les esprits. Enfin, surtout dans celui de William qui se renfrognait dès que le sujet revenait sur le tapis.

Le jeune homme se tint à l'écart, mais s'assit dans l'herbe, au soleil, en tapotant le sol à coté de lui pour lui dire de venir.

"Viens. Pour moi tout seul... Oui, jusqu'à ce que tu ailles voir ailleurs."

Il lui lança un regard malicieux.

"Mais même si tu le fais je continuerais."

De te suivre, de te regarder, de te protéger. Ou au moins, d'essayer.

02/01/2015

Je le dévisageais un moment. Pourquoi irais-je voir ailleurs ? Il n'y avait rien d'autre que lui, avec tout ce que j'avais fait, il devrait le comprendre. Comprendre que certes j'etais butée, mais que tout ça je ne le faisais pas que pour moi, mais pour lui, aussi. Je voulais le voir libéré de ce fardeau que constituait son passé. Le voir heureux tout cour. J'aimerais aussi qu'il puisse me toucher, m'enlacer, m'embrasser comme je voulais le faire en ce moment ! Je dus me mordre la lèvre en souriant pour m'en empêcher. Je m'asseyais à côté de lui, avant de m'allonger totalement en regardant le ciel. Si seulement tout pouvait être aussi simple, aussi beau que le bleu de celui-ci, juste une vue dégagée, sans encombre être ce que ne voulions tout les deux au final, non ?

- Je n'irai pas autre part, même si toi, tu allais voir ailleurs. Là, je t'en voudrai à vie.

Je me tournais de manière à ne plus contempler le plafond du bleu, mais Will. Je voulais me mettre à côté de lui, poser ma tête contre sa poitrine, sentir ses lèvres sur les miennes et ... Non. Impossible. Juste impossible. Tu cherches trop compliqué là.

- Mais je continuerai de penser à toi, sans te lâcher une seconde, là, tu pourras dire que je suis têtue. Ajoutais-je en riant.

Ma tête sur ma main, je venais de passer de contemplation de la nature à contemplation d'un garçon très beau en trois secondes si je comptais bien. Et la deuxième option était bien plus agréable...

03/01/2015

William sourit. Et puis se laissa tomber dos au sol. L'herbe vint lui titiller gentiment les omoplates tandis qu'il repliait ses coudes sous sa nuque, parfaitement détendu à même la terre. C'était comme si... Comme s'il faisait parti d'elle, d'un tout, qu'il avait trouvé sa place. Juste ici, affalé dans l'herbe sauvage au milieu de nul part, avec un soleil bienvenu et Anaïs. Oui, il y avait des instants où la vie semblait parfaite, des instants qu'on oubliait trop souvent de se remémorer. Des instants d'innocence, où on s'offrait le luxe de se laisser aller, de voir venir les choses sans rien faire. D'arrêter de courir et de contempler l'horizon, la beauté des lieux et de la nature. C'était qu'il l'enviait, mère nature. Tranquille, paisible, calme. Elle était dangereuse en même temps qu'accueillante, avec tellement de facettes qu'il était impossible de toutes les dénombrer.

William sourit. Il était bien, ici. Il ferma les yeux, laissant les rayons le réchauffer. Il entendait la respiration d'Anaïs, à coté de lui. Pas encore assez près, à une distance convenable et c'était tant mieux. Il voulait oublier, là, tout de suite, ce qui les reliait au monde.

Le silence s'installa durant quelques précieuses minutes de contemplation. William rouvrit finalement les yeux, seulement à moitié, et déclara d'une voix tranquile :

"Tu sais qu'on ne pourra pas aller plus loin tant que je n'aurais pas régler mes problèmes."

02/01/2015

Je m'étais rallongée au sol, fermant à mon tour les yeux. Le moment était si parfait. Personne ne penserait à venir se perdre dans le foret, personne sauf moi en fait. Je devais être la seule assez folle pour venir ici, et rester aussi longtemps avec William. Mais si cette folie se résumait à ce moment, elle ne me déplaisait pas, et je voulais bien le rester. Je dus bloquer ma respiration quelques secondes pour m'empêcher de m'approcher et de garder cette distance qu'il y avait entre nous.
Je pense qu'il avait deviné à moins que lui même désirait la même chose mais s'en empêchait. Puis au lieu de dire ça ! Trouve une solution, je ne connais pas ton problème ! Enfin si, un peu, mais je ne sais pas ce qui pourrait l'atténuer ou te le faire oublier totalement. Je hochais tout de même la tête en silence avant de finalement ajouter :

- Va falloir trouver une solution. Ça me démange de me mettre contre toi, tu le sais ?

Je refermais les yeux une nouvelle fois. Que pouvait-il me dire ? Serait-il gêné ? Si oui que ferait-il ? Je soupirais en sentant le soleil réchauffer ma peau et l'herbe me caresser mes bras à nus. Il manquait, une chose, une seule, la plus difficile et indispensable. C'etait lui, il était ce que je désirais, mais je ne pouvais même pas l'approcher, je ne pouvais pas espérer le toucher. La seule personne que je voulais, m'etait en fait, inaccessible.

03/01/2015

William arqua un sourcil, à demi-sérieux. Il tourna la tête vers Anaïs, à environ un mètre de lui, mais choisit de détourner son attention aussitôt. Il avait cru qu'il pouvait toucher quelqu'un, mais seulement pour lui faire mal. Il avait tort. Ce n'était pas ses intentions qui comptaient, seulement l'urgence. Le sauvetage dans la rivière en était un bon exemple : il l'avait arraché à l'eau sans préméditation. C'était ça qui clochait : la préméditation, la réflexion. Il pouvait faire mal parce qu'il ne pensait qu'à l'action, qu'au moment présent. Et qu'il se fichait bien de perdre le contrôle, de faire mal à son adversaire qui devenait automatiquement un ennemi. Il faisait attention lors d'un entrainement. Mais autrement... Pas question de trembler devant eux. Il avait bien plus peur de lui-même que de ses ennemis.

Le jeune homme referma les yeux, laissant le soleil calmer sa respiration trop rapide.

"Il faut trouver une solution," dit-il seulement.

Mais quoi ?.. Là était le problème.

02/01/2015

Falloir, c'était bien, mais trouver, était mieux. Trouver une solution, se creuser la tête jusqu'à ce qu'on n'en peuvent plus. Ne pas dormir de la nuit pour trouver une idée qui aboutirait à quelque chose, ou pas. Mais au moins une chose, qui nous permettait de ne pas abandonner, qui nous convaincrait que, oui, il y avait une chance, il pouvait sortir de ce cercle vicieux. Je ne savais pas comment, mais à tout problème, il y avait une solution, et si elle n'existe pas, nous l'inventerons.
Je me relevais, pour être assise et tenir mes genoux. Je fixais William qui avait déjà détourné le regard.

- J'ai une chose, une dernière. Mais elle risque de te plaire encore moins.

Je déviais à mon tour le regard. Il allait m'en vouloir de casser cette ambiance si sereine. Mais nous pourrions en vivre plus et peut-être meilleures si tout s'arrangeait. Et si son problème s'aggravait, ce qui était une des choses que je devais prendre en hypothèse à la suite de ce que j'allais dire, je m'en voudrais.

- Raconte moi ce qui est arrivé. Ce que tu as vu, senti, ressenti, la douleur, la haine, tout, je plantais mes yeux pour le regarder , et en t'approchant de moi. Je ne te demande pas d'etre à deux centimètres. D'abord deux voir trois mètres, puis tu t'arrêtes à face à moi. À toi de voir, je pense t'en avoir déjà fait beaucoup voir, je ne te forcerais pas.

Je posais mon menton sur mes genoux. Je n'attendais aucune réaction positive de sa part, même je n'attendais aucune réponse. Maintenant, c'etait moi qui m'en voulait, nous n'aurions jamais du aborder le sujet. Je voyais déjà son regard s'assombrir pour se plonger dans une bulle dont je ne trouvais pas la porte. Sans même le regarder, j'imaginais son air grave, ses yeux qui me dévisageaient, puis une silence ,lourd, pesant, étouffant presque. Et à la fin une réaction cinglante, cassante, digne de ce nom, quelque chose qui m'enfoncerait dans le sol, me giflerait même sans mouvement. Mais comme d'habitude je relèverai les yeux vers lui, et supporterait ce qu'il aurait à me dire. Avant de répondre quelque chose de très intelligent, comme d'habitude.
Je n'osais pas me retourner, je soupirais avant de regarder les arbres qui s'étendaient en face de moi. Avions nous juste une chance face aux cauchemars ?

03/01/2015

William ferma totalement les yeux, silencieux. Il écouta ce que disait Anaïs, sa fameuse... "idée" pour les sortir de cette impasse dans laquelle il peinait depuis plusieurs années. En avait-elle le pouvoir ? Le droit, bien sur, puisqu'il lui faisait confiance. Mais serait-elle assez bornée, assez têtue pour surmonter les échecs ? Apparemment, oui, puisqu'elle était encore là, ce qui était déjà une preuve importante de sa bonne foi, et pas des moindres. Il se demandait si souvent ce qui la faisait tenir qu'il venait à s'en demander s'il n'avait pas rêver de sa présence. De nombreuses fois.

Quand à ses propositions, hé bien... C'était clair et net pour lui.

"Non."

Il n'allait pas la laisser sans explications, non plus. Mais c'était hors de question qu'il en vienne à jouer avec sa colère. C'était dangereux.

"Je ne te raconterais rien de plus."

C'est mon passé. Mon enfer. Il m'appartient, et tu n'as pas besoin de le vivre.

"Par contre, la distance... C'est une bonne idée."

02/01/2015

Je hochais la tête. C'était comme il voulait, j'avais dis que je ne le forcerais pas et je tiendrai ma parole. Mais tout garder pour soit, n'était pas la meilleure solution, non plus. Alors que faire ? Un problème à la fois, le contact était plus important. Je lui avais promis de l'aider, je ne m'arrêterais pas, plus maintenant en tout cas. L'idée de lui enlever cette peur m'était désormais encrée dans la tête, et à part réussir, rien ne me la fera oublier. Après de longues minutes à garder le silence, je relevais la tête, me retournais un peu et le regardais. Lui, était toujours étendu sur le sol, yeux clos sans rien dire.

- Ce n'est pas en restant allongés au sol que nous y arriverons. dis-je en souriant. Par contre, enlève tes couteaux de tes poches, je te connais maintenant. Ajoutais-je en plaisantant.

Je n'avais jamais essayé de compter combien il y avait sur lui. Cinq ? Dix ? Plus ? D'où venait ce ... Truc d'en avoir toujours un sur soit ? De la guerre ? Aucune idée. Vous alliez me dire, comment la connaître ? Comment savoir ce qu'il avait vécu dans cette phase si sombre de notre terre ? La seule chose que je savais était de mes livres, ceux dans mon ancienne, dans mon établissement. Oui, il y a longtemps.
Nous n'étions pas du tout de la même époque. Quel âge avait-il ? Il ne me l'avait jamais dis. Si la boucle n'existait pas... Je ne l'aurais sûrement jamais connu.
Je souriais en m'approchant, mais en laissant toujours ce mètre qui nous séparait.
Quand pourrais-je enfin passer cette barrière ?

03/01/2015

William esquissa un sourire. Anaïs était vraiment une tête brulée dont la détermination ne faiblissait pas. Quelques rares nuages transparents moutonnaient au-dessus d'eux, balayés par une brise qui faisait tanguer les arbres et rendait la chaleur du milieu d'après-midi plus supportable. William ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter à propos de ce qui allait se passer dans quelques instants. Qu'est-ce qu'Anaïs comptait vraiment faire ? Il avait saisi une partie de l'idée mais peut-être qu'elle voyait les choses autrement, il suffisait qu'elle fasse un mauvais pas et... Il n'osait même pas imaginer ce qui arriverait s'il lui faisait une nouvelle fois du mal. A croire qu'il était très doué pour s'inventer les pires scénarios qui soient. Ou, pire : à déclencher les dits pires scénarios. Pour ça aussi il était très doué. Si les autres voulaient établir des records, il allait être difficile à battre.
Mais ça valait le coup d'essayer et puis il ne voulait pas gâcher l'idée d'Anaïs. Elle voulait aider, et si son appréhension n'était pas encore tout à fait présente elle le serait surement bientôt - et avec raison. Donc autant faire semblant de s'en foutre un peu, de toute façon ils ne pouvaient plus reculer. Revenir au point de départ, être prudent, et après ? Ils restaient dans une impasse, pour toujours ? ça ne rimait à rien.

"Tu commences à bien me connaitre, on peut dire ça..." sourit William.

Le jeune homme se redressa à contre cœur - il était bien, au soleil, à se soucier de rien - et les armes tintèrent l'une après l'autre sur le sol.

"Et maintenant ?.. On procède comment ?"

02/01/2015

Et je veux te connaître encore plus. Ne jamais dire ça à haute voix. Jamais.
Je fixais les lames qui tombaient une à une dans un bruit métallique. Comment faisait-il pour toutes les mettre sur lui ? Je lui demanderai plus tard pour l'instant, j'avais autre chose à faire que de poser des questions sur ces couteaux.
Je souriais de nouveau. Pourquoi tout n'était pas aussi simple ? Un sourire, deux sourire, et voilà. Ce serait trop parfait, ennuyeux à mourir. Bref, comme procéder ? Pourquoi "on" ? Tout reposait sur ses épaules. Je n'allais rien faire de spécial, c'était lui qui allait faire la majeure partie du travail.
Le pire, était que je ne doutais pas, je n'avais pas peur. Même après tout ce qui était arrivé. Je plaçais ma confiance en William. Certes, s'il devenait violent, je devrai l'arrêter. Mais je savais qu'il ferait tout pour rester maître de lui même. Il ne voulait pas me blesser, je me souvenais encore de ses yeux lorsque je lui avais dit ce qu'il c'était produit. Il ne serait pas capable de me tuer. Enfin je l'espérais, sincèrement.

- Je ne fais rien. Je reste assise. Toi tu t'approches à moins de un mètre de moi. Tu prends le temps qu'il te faut, je m'en fiche. Mais au final, tu devras te trouver non loin de moi. Répondis-je d'un ton sur.

J'esquissais un sourire encourageant en le regardant avant de poser ma main à quelques centimètres de moi. Mes yeux lui disaient qu'il devait arriver ici, au pire, juste à côté. Ce n'était pas un problème. Petit-à-petit, l'oiseau fait son nid. Nous avions tout notre temps, surtout ici, ce n'était pas ce qu'il manquait. Je pouvais attendre jusque ce soir - le regarder n'etait pas, mais alors pas du tout un inconvénient. Je ne me lasserai jamais de ses traits que je trouvais superbes. Enfin, pour le moment, je voulais surtout qu'il réussisse. Le contempler des heures, sera après.
À lui maintenant.

03/01/2015

    William se dit qu'il faisait vraiment confiance à Anaïs pour tenter un truc pareil. Après l'autre fois, elle ne devrait même plus lui adresser la parole. N'importe quelle personne saine d'esprit ne lui adresserait plus la parole. Là, elle lui demandait d'affronter ses démons devant elle. De lui montrer implicitement ses craintes les plus profondes et ses cauchemars devant elle. On ne faisait pas ça avec n'importe qui. S'il n'arrivait pas à faire face, elle pouvait y passer. Ce n'était pas parce qu'il était désarmé qu'il n'était pas capable de tuer quelqu'un. On s'en était assuré. Il ne voulait pas faire de mal à Anaïs. Mais s'il devait essayer, c'était avec elle et personne d'autre. D'ailleurs, qui donc serait assez fou pour entreprendre pareille chose ? Anaïs avait survécu dehors. Seule, rejetée par les siens. C'était une battante, une fille qui n'avait pas froid aux yeux. Mais ce n'était pas pour ça qu'elle devait risquer sa vie. Son idée paraissait si facile, si logique... Il avait peur que ce ne soit au bout qu'un échec de plus. Cela ne le tuerait pas, mais détruirait la possibilité d'une vie normale, de couple normal. Cela lui paraissait bien plus douloureux que de se blesser. Lui, il pouvait toujours en guérir. Mais eux-deux...
    William s'obligea à respirer calmement. Imaginer les pires scénarios avant d'être confronter à ses peurs n'allaient pas aider. Il était à quoi ? Trois mètres ? Deux était déjà la limite.
    Aller. Un essai, ce n'est pas trop demandé.
    William se décala pour être à environ deux mètres de la jeune fille. Il fixa le vide devant lui pendant quelques minutes, histoire d'étouffer son malaise et de se rapprocher. Un peu.
    Lorsqu'il remarqua qu'il tremblait, il se frotta les poignets, des tics nerveux sur le visage.

    "A partir de maintenant, tu me promets un truc : si je déraille, tu... Tu fais ce qu'il faut pour m'arrêter. Sans hésiter."

    Il ne la regardait même pas. Il dû s'arracher à sa torpeur pour trouver ses yeux qui ignoraient tous de la frayeur.

    "Promets-moi ça."

02/01/2015

Je le regardais sans le lâcher une seconde. Il venait de se rapprocher un peu, c'était déjà ça. Mais il semblait déjà ... Mal au point, nous allons dire ça. Son visage etait parcouru de tic nerveux, ses mains tremblaient, il tentait de le cacher. Et ce qu'il me dit... On m'aurait giflé, ça m'aurait fait le même effet. Il me demandait de ... ? Non. Il plaisantait, il n'était pas sérieux tout de même. Je n'aurais jamais le courage de faire ce qu'il me demandait, jamais. C'était juste impensable dans mon esprit. Juste l'idée qu'il meurt. Alors de ma main.... Je fis un non de la tête. Dans tous les cas je n'en serais pas capable.

- Je ne peux pas te promettre un truc pareil. Je ne m'en remettrais jamais.

Je prenais une grande inspiration pour soutenir son regard, qui en fait ne me regardait pas. Je savais pertinemment que ma réponse ne lui plairait pas. Mais je ne pouvais pas non plus lui promettre quelque chose que je ne tiendrais pas. C'était impossible. Inconcevable. Non. Je ne pouvais pas faire ce qu'il me demandait. Je préférais qu'il m'étrangle une fois de plus plutôt que de me redemander une chose pareille. Je préférais mourir que le tuer, que le voir mort. Je n'imaginais désormais plus ma vie sans revoir son visage, sans ressentir sa présence. Sans l'avoir à quelques mètres de moi. Je ne me l'imaginait pas, plus. J'avais trop perdu pour être capable de tuer. J'avais trop regretté les bons moment pour ne plus en passer. J'avais tellement eu mal lorsque j'étais toute seule. Je ne voulais plus l'être. Maintenant que je l'avais trouvé. Il me demandait d'en finir s'il le fallait ? Il me prenait pour une personne sans sentiment ? Quelqu'un ,qui ,avec tout ce qu'il avait vécu ne ressentait plus rien à par la douleur ? Non. Je faisais partie des gens qui malgré tout continuaient leur vie en ne pensant qu'au futur et l'avenir. Pas le passé et ses démons. Certes ils pouvaient remonter à de nombreux moment. Se rouvrir comme une plaie avec un couteau. Le sang coulerait, les larmes, puis la blessure se refermerait lentement, doucement pour réformer un coeur normal. Pour réformer la personne que j'étais. Une fille qui ne s'attristait pas sur le passé. Qui ne pensait qu'eu présent et fixait l'avenir d'un regard sur.
Mais l'avenir sans lui. Je ne pouvais même pas l'apercevoir, l'imaginer. Un vrai cauchemar.

- Je ne peux pas.

Murmurais-je. Je ne peux pas faire ce qu'il fallait. Je ne peux pas agir d'une telle façon même si tu me le demandais. Je ne peux pas t'oublier.

03/01/2015

William soupira. Il n'avait même plus la force de se mettre en colère contre elle. Quand comprendra-t-elle qu'elle ne peut pas résoudre tout d'un claquement de doigt ? Les blessures mentales mettent des années à cicatriser. Et même après tout ce temps, il n'était toujours pas capable de faire un pas vers les autres, c'est vous dire... Il fallait être patient. La patience n'était pas le fort de William, mais il n'avait plus le choix depuis longtemps. A choisir entre passer des heures avec Anaïs, en manquant certes de la blesser mais il espérait qu'il se contrôlerait à temps et qu'elle ne ferait pas d'idioties, et un combat contre une peur irrationnelle à chaque fois qu'il était avec elle, il préférait encore tenté de se rendre maître du jeu. Ce qu'elle disait était touchant, et avait bien plus d'impact sur lui qu'il ne le laissait paraître, mais la tendresse de ses paroles était balayée aussitôt par la simple idée qu'il pouvait lui faire du mal.

C'était complètement idiot de sa part de ne pas se défendre. Il l'aurait mérité, après tout. Elle ne pouvait pas dire le contraire.

"Je ne te demande pas de me tuer, juste de me neutraliser."

Il se frotta le visage d'une main.

"On risque d'attendre longtemps."

William se tourna vers elle avec malice, un sourcil arqué.

"Attends un peu que je puisse approcher tu verras le sort que je te réserve."

02/01/2015

Je souriais tout de même, un simple sourire. Celui que l'on prenait pour arrêter une discussion, faire croire que nous avions compris, alors qu'il n'était rien. Alors que tout était embrouillé dans notre tête, et que nous voulions poser des questions, au lieu de ça, on se taisait et observait. Je faisais la même chose. Je ne pipais mot et me contentais d'observer William avec un demi-sourire.
Puis le temps, ce n'était pas ce qui manquait, ici. On pouvait attendre des jours, des années sans que rien ne se passe. Nous ne prendrions pas une ride, la vieillesse ne nous atteindrait pas. Rien. Nous serions encore et toujours, deux adolescents dans une impasse. Bloqués dans un problème quelque peu étrange; du moins une chose peu habituelle.
Je riais un peu, dévoilant un véritable sourire ainsi qu'un regard aussi malicieux que le sien.

- Je veux bien voir, vas-y approche un peu.

Je lui tirais la langue pour l'embêter. Qui sait ? Le défi pouvait peut-être l'aider. Après tout il aimait ça, non ? Il voulait les relever ? Se surpasser comme il me disait de le faire. Bien voilà un défi, et de taille, il ne pouvait pas le refuser.
Cependant, j'espérais qu'il ne le prendrait pas mal. Qu'il comprendrait que je ne voulais que rire et l'inciter à continuer. À s'approcher encore et encore de moi. À l'aider à se sortir de là. Ce que j'essayais de faire depuis le début, en fait.