Un nouvel individu

02/01/2015

Mes pas résonnaient sur le vieux plancher. Celui-ci craquait et laissait un grincement peu poétique dans les couloirs. Je faisais le tour de la maison. Nous n'avions plus le droit de sortir, je mangeais mes ongles un à un, tellement inquiète que j'oubliais ce qui m'entourait. En fait, une maison, donc des meubles et des habitants. Mais que William reste dehors, dans la foret, sans sécurité, rien, peut-être près d'un Estre ou d'un sepulcreux. J'allais en devenir malade si je ne le voyais pas. Et Ana ! Tu sais très bien qu'il sait se défendre. Un Estre n'arriverait pas à le toucher. Enfin je l'espérais. Si l'Oiseau revenait avec... Son corps ? Un frisson me parcouru. Je devais me changer les idées. Je devais penser à autre chose de ce qui était dehors. Je ne voulais plus lire, trop de lecture en quelques jours, tut la lecture. La technologie, il n'y en avait pas ici. Aucune activité. Et pour le peu de givrer un particulier, je ne préférais même pas utiliser mon don.
Je m'ennuyais comme pas possible. Les yeux rivés sur le sol, je fus culbutée par un individu. Je tombais au sol avant de regarder celui qui m'y avait mis.

26/03/2015

Je courrai dans le vieux couloir. Mes yeux étaient vitreux et mon cerveau en feu. Qu'est ce qui m'était arrivé, déjà ? Je ne me souvenais déjà plus des événements de la semaine précédente. Je savais juste qu'on m'avait emmené quelque part. Mais où ? Le bruit de mes chaussures grinçait sur le palier. On m'avait dit de m'installer chambre 13 mais je ne savais pas très bien où c'était, alors j'avais pris le couloir dans une direction en attendant de voir le numéro. Le cadre était rustique et vieillot. On voyait des bouts du mur non peints et des rideaux ornés de fleurs dans le couloir commun. J'étais habillé normalement, une chemise et un jean. Mes cheveux étaient décoiffés mais qui s'en préoccuperait ? Est ce qu'il y avait quelqu'un ? J'avais le teint pâle, et je respirais difficilement. Je repris mon souffle et continua à courir. Soudain, j'entendis un cri et je vis quelqu'un tomber. Je venais de lui rentrer dedans. Je marmonnais un petit remerciement puis je lui tendis la main pour la relever. Je fais déjà des gaffes.

02/01/2015

Celui qui m'avait culbuté était plutôt grand, brun aux yeux marrons, habillé comme une personne... Comme une personne du présent ! Je me relevais en m'aidant de sa main avant d'enlever de la poussière de mon pantalon. Tout de même surprise, je le dévisageais de haut en bas. Il était plutôt blanc, avec un rythme cardiaque rapide et des cheveux peu ordonnés. Pourquoi courait-il ainsi dans les couloirs ? Un Estre était à ses trousses ? Je remettais rapidement une mèche de cheveux en place avant de lui dire :

- Merci. Je fis une pause. Pourquoi tu cours comme ça ?

Il ne pouvait plus courir dehors alors il venait faire son jogging dans la maison ? C'etait idiot, il pourrait se faire mal, rentrer dans quelqu'un comme il venait de le faire, et puis la place manquait. Peut-être qu'il s'ennuyait tellement que... Je te signale que tous le monde ne veut pas voir quelqu'un qui est en dehors de la maison. Oui. La plupart des particuliers qui avaient trouvé quelqu'un... Eh bien se voyaient dans la maison. Restaient ensemble. Moi. C'etait juste impossible. Je devais sortir pour le voir, et puis ... Notre relation était quelque peu difficile.
Bref, revenons-nous à nos moutons. Il courrait point. Je n'avais rien à dire de plus. Mais la curiosité avait déjà opérée dans mes paroles. La question était posée.
J'attendais la réponse.

26/03/2015

La fille s'agrippa à ma main et se releva. Si je devais la décrire en un mot, j'aurais dit jolie. Elle était blonde, blond nuancé doré, et des yeux magnifiques mais la couleur était difficile à déterminer. Elle devait mesurer un mètre soixante-cinq, je n'étais vraiment pas doué pour estimer la taille des gens, et devait peser dans les cinquante kilos... Elle avait le teint plutôt pale, tout à fait à mon goût. Je ne savais pas encore son prénom. Je ne savais rien d'elle, à vrai dire. En tous cas, j'avais été un peu rassuré. Elle avait répondu gentiment, d'un ton posé alors que je venais de la faire tomber. Elle était un peu comme moi... Le moi du passé était un gentil garçon honnête et solidaire. Mais ce moi n'existait plus pour moi. Il s'était échappé quand j'avais onze ans. Deux ans après, j'étais toujours aussi blessé dans mon coeur et mentalement. Les images de mes parents se reformaient en moi. Je vois encore ma mère recroquevillée le jour de leur séparation. Et là, j'avais compris que tout avait une fin. Je croyais que leur amour était éternel, et il s'était terminé, en l'espace de quelques secondes et d'un message. Et j'étais encore plus blessé aujourd'hui car j'avais abandonné ceux qui me restaient : ma soeur et ma mère. Peut-être que la fille devant moi avait aussi perdu quelqu'un. Peut-être qu'elle pourrait m'apprendre à vivre avec cette amertume. Mais pour le moment, elle n'était qu'une inconnue, qu'une personne que j'avais fait tomber et qui m'avait répondu plus ou moins gentiment. Elle m'avait posé une question après le merci, le merci qui était une réponse bizarre d'ailleurs. Pourquoi je cours ? Est ce que je le savais moi-même ? J'avais pris l'habitude de courir, à Montréal, pour échapper à la police et aux autres. Mais ici...?

- C'est un réflexe, je suis nouveau, expliquai-je. avant, je courais toujours. Je voulais échapper aux gens. Je ne me suis pas encore habitué à ici... Alors je cours encore.

J'esquissai un léger sourire. La jeune fille m'avait l'air compréhensive et sympathique.

- Je sais juste qu'on m'a emmené ici parce que j'avais contrôlé le feu. On dirait que tu connais bien les environs, non ? Tu saurais où est la chambre 13 ?

02/01/2015

Echapper ? S'échapper de qui ? Il était en danger avant ? Ses dons de particuliers lui avaient posé des problèmes ? D'ailleurs, qu'avait-il comme don ? Sois patiente, la réponse arrive.
Cependant, ce que je trouvais étrange était que la plupart des habitants ici, voulaient perdre leurs habitudes, enlever de leur vie ce qui constituait leur passé. Oublier peu à peu ce qu'ils étaient avant. Or, lui, il continuait de courir. Bon, s'il était nouveau, il allait vite se rendre compte qu'oublier était la meilleure solution.
Lorsqu'il me parla du feu - qui était donc son don - j'us un léger mouvement de recule. Que pouvait-il faire sur moi étant donné que nous avions les éléments opposés ? Heureusement que William n'avait pas ça, je n'imaginais même pas les entraînements. J'avais déjà du mal avec des déplacements rapides alors carrément une flamme, mon don ne serait plus offensif, rien, juste une flamme et hop ! Plus de barrière de glace, plus de pic. Plus aucun moyen de se défendre.
Gênée par ma réaction, je souriais timidement et ma grattais derrière ma nuque. J'allais garder mes distance avec lui. Je ne savais même pas ce qui la pyrokinésie pouvait me faire, ou s'il influençait sur mon don. Sûrement pas, mais l'incertitude menait au doute, et le doute ne donnait pas de la confiance.
Quant-à la chambre 13, bien sur, il n'etait plus très loin. C'etait au bout du couloir, pas bien compliqué.

-Tu vais t'y amener.

Je me retournais avant de prendre ce couloir.

26/03/2015

Je remerciai la jeune fille d'un hochement de tête avant de la suivre dans le couloir. Ses pieds grinçaient sur le sol. Elle avait une voix douce et sympathique. Sauf qu'elle avait quelque chose d'angoissée. Qu'est ce que j'avais dit ? Peut-être qu'elle avait peur du feu, je sais pas. Elle tripotait nerveusement ses beaux cheveux. Si je n'avais pas observé très attentivement son comportement, je n'aurais pas remarqué qu'elle était stressée mais là, il y avait quelque chose qui clochait. Je m'approchai d'elle, auparavant j'étais à une soixantaine de centimètres d'elle. Nos mains se touchaient presque et je sentais sa respiration haletante. Putain, mec, t'es fier de toi ? Elle était à deux doigts de l'asthme. Je touchai sa main, sa main chaude et douce, je voulais faire tout sauf la lâcher. Mais ce n'était pas possible. Son contact m'avait donné plus de désir que je n'avais jamais ressenti. Je voulais juste rester indéfiniment à la regarder, à contempler ses beaux cheveux qui ondulaient dans le vent et à prendre sa main dont la chaleur me submergeait. Sam ! Elle est peut-être déjà en couple ! Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas la lâcher. Nous continuions notre chemin vers la chambre... quel numéro déjà, 12, 13 ? Un des deux. Elle poussa un gémissement et je lâchai sa main à regret, puis je plantai mon regard dans le sien.

- Au fait, on s'est toujours pas présenté. Je m'appelle Samuel Ambers, mais appelle moi Sam, et toi ?

02/01/2015

J'hoquetais en sentant sa main prendre la mienne. Gênée, incapable de savoir comment réagir, les pensées se bousculaient dans ma tête à tel point que ma main resta dans la sienne un long moment. Si William nous voyait il ... Il .... Je ne préférais même pas y penser. Je dus rougir comme jamais tandis que nous continuions à avancer. Je fixais le couloir qui s'étendait face à nous. Un grincement de plancher, je me retournais affolée. Il y avait quelqu'un ?! William ?! Je m'écartais rapidement, reprenant possession de mon corps et de mon de mon esprit. Si c'était lui ?!
Je reprenais mon souffle après ce court moment de panique. Il ne rentre pas dans la maison, tu ne vas pas le croiser, mais depuis quand tu tiens la main à un inconnu ? Oh ! C'est lui qui me l'avait pris ! Je n'avais rien ressenti d'autre que de la gêne ! Et si quelqu'un nous avait vu. Je me massais les tempe. J'allais devenir parano là. Je tenais trop à William ? J'avais si peur de le perdre ? Oui, sûrement. Je souriais timidement. Nous nous étions arrêtés, ses yeux dans les miens. Si seulement cela avait pu être la main de William. Je ne l'aurais pas lâché. Je ne l'aurais jamais lâché. Mais m'aurait-il tenu la main ? J'avais des doutes et je ne m'attendais pas que ce Samuel le fasse. Cela me gênait et me mettait horriblement mal à l'aise.

- Anaïs Young. Tu peux m'appeler Ana.

Incapable de savoir comment réagir, je reprenais ma route dans les couloirs avant d'atteindre une porte avec écrit en assez grand "13". Je m'arrêtais et la lui désignais avant de m'écarter un peu.

03/03/2015

Je la sentis se rétracter, hoqueter de stupeur. Je t'avais bien dit que c'était une mauvaise idée, Sam ! Son visage pâle (et joli) était devenu écarlate. Nous avions entendu un bruit quand elle se retourna. Elle était affolée, mais pourquoi ? Elle ne s'était pas montrée comme ça avant... Ses pensées avaient l'air de divaguer vers quelque chose... Elle craignait quelque chose... Parce que je lui ai pris la main ? Je commençais à me sentir coupable. Et... et si jamais elle était asthmatique ? Non ! Je ne voulais pas lui faire ça ! J'avais toujours été un garçon altruiste et... T'es plus un gamin, Sam ! Tu dois et peux faire des choix ! Je m'éloignais d'elle contre mon gré et elle poussa un soupir -de soulagement je suppose, où d'agacement.

- Désolé. Je dis ce mot à voix basse, je ne savais pas si elle m'avait entendu.

On continua à marcher jusqu'au fond du couloir où elle s'arrêta et me désigna une porte. Sur cette dernière étaient peints en gros les chiffres qui composaient 13, dans une écriture calligraphiée. La peinture jaune de la porte s'écaillait un peu. Je n'étais pas encore près à rentrer. Alors, je décidai de lui poser la question qui me hantait.

- Pourquoi t'es tu... affolée ? dis-je avec une voix hésitante.

02/01/2015

Pourquoi ? Pourquoi ? Je souriais amusée. Pourquoi donc aurais-je peur d'un inconnu avec le don du feu ? Je ne savais rien de lui, ni de son pouvoir, mais rien qu'avec le nom, un panneau avec écrit en gros DANGER. Apparaissait dans ma tête. Certes, c'était un préjugé. Mais je n'y pouvais rien. Je voyais les choses un peu comme ça, je me méfiais de lui et du fait qu'il m'avait pris la main. Ça, je ne comprenais toujours pas. Je devais l'amener à sa chambre comme un enfant perdu ? Quel âge avait-il ? Physiquement il ne faisait pas vieux, peut-être un an ou deux de plus que moi, et comme il serait arrivé il y a peu, il n'aurait pas pris des années.

- Je maitrise la glace et vois-tu, le feu n'est pas forcement ce que je préfère.

Je souriais avant d'appuyer sur la poignet de la porte pour l'ouvrir. Elle laissait une pièce aux couleurs ternes et froides. Rien de très sympathique au premier abord. Les ombrunes ne pouvaient pas refaire des travaux pour aménager des chambres plus "modernes" ? Surtout pour ceux qui venaient d'arriver. Un saut dans le passé pour eux. Comme moi en fait à mon arrivée ici. Et si certains voulaient de belle chambre du présent ? Ils ne pouvaient pas. Ils devaient s'habituer au passé. Pas de réseau. Pas d'Internet. Rien. Un retour à la nature et ... Au mode du vie du passé en fait.

- 1940 hein. Puis on peut même plus sortir ...

William. Mais dégage le de ton esprit bordel, il est grand.
Pas tout à fait tord cette petite voix. Je grinçais des dents avant de sourire de nouveau. Avec un peu de chance si je parlais à ce jeune homme je pourrais sortir William de ma tête, au moins quelques secondes ?

26/03/2015

1940 ? Ah, ça expliquait tout. Le style vieillot de la maison. La peinture des murs qui craquelait. Mais par quel diable m'étais-je retrouvé en 1940 ? J'avais à peu près compris le système de boucles temporelles, mais 1940, je n'avais pas compris pourquoi ! On aurait pu me mettre dans un endroit sympa, genre dans les années 80, ou à l'antiquité... C'était la guerre, en 1940, si je me souvenais bien ! Franchement, le meilleur moment de toute l'histoire. Anaïs appuya sur la poignée de la porte et se poussa pour que je puisse entrer. Ma chambre était une minuscule pièce composée d'un lit, d'une étagère et d'une toute petite table. Le sol était en parquet, un tant soit peu abîmé. Et surtout... Il n'y avait qu'une seule fenêtre, toute petite. Il devait être midi, le soleil au zénith, mais la chambre était sombre. Les murs d'un gris très foncé n'arrangeaient rien. Parfois, je me demandais si cette maison n'était pas une prison. Son aspect laissait à désirer. Je remerciai la jeune fille qui semblait compatissante. Elle avait du voir mon désarroi quand j'avais vu la chambre. Et puis elle avait vécu ça, forcément, elle ne pouvait pas être née ici, non ? Qu'est ce que c'était compliqué, ce truc... Non pas truc, boucle temporelle. Avec des particuliers comme moi. Et la fille, là... Ana, c'est ça ? Elle maitrisait la glace.

- Ah, j'imagine que si tu maitrises la glace, ce n'est pas le plus rassurant.

Je rigolai un peu, histoire de détendre l'atmosphère.

- Ne t'inquiète pas, je ne compte pas tuer tout le monde ici, hein, je suis un peu con mais pas un serial killer .

Remarque, elle devait s'en douter. J'avais peut-être l'air d'un intello, d'un mec étrange, et de plein d'autres trucs mais alors pas le moins du monde un serial killer. Je n'en avais jamais vu, mais je savais quand même.

- C'est sûr que 1940, c'est un peu... vieux ? fis-je, tout en comprenant que c'était évident. On devra bien s'habituer, de toute façon, c'était loin d'être le luxe chez moi.

En y réfléchissant, chez moi, ce n'était pas forcément en meilleur état. Mais j'aurais préféré y être. Mes mains commençaient à se déplacer dans l'air. Non, allume pas le feu, Sam ! Putain ! Fais pas ça !

02/01/2015

- Effectivement. Ajoutais-je en esquissant un sourire.

Chez lui ? Pire que ici ? Toujours bon à savoir. Mais où vivait-il, c'était aussi vieux ? Aucune idée, puis je n'avais pas très envie de lui poser une multitude de questions et peut-être que lui non plus. Ce n'était pas que je le trouvais inintéressant, loin de là, je n'avais juste... Pas envie. Penser à autre chose, comme ses mains qui commençaient à s'agiter dans l'air. Pardon ? Surprise, je fis immédiatement tomber la température de mes mains pour les poser sur les siennes, qui avaient déjà prises quelques degrés. Le léger grésillement se fit entendre, tandis que je plantais mes yeux bleus dans ceux du garçon. Toujours assurant. Il venait de faire ça par inadvertance ? Je l'espérais, et s'il faisait ça alors qu'il n'y avait personne ? La maison prendrait feu en trente secondes, voir moins. La boucle remettrait-elle tout à zéros ? Aucune idée, je ne préférais pas tenter le diable.

- Oh oh, le serial killer va tout de suite arrêter ces flammes, je suis pas aquakinesie moi.

Y en avait-il dans la maison, des aquakinesies ? Peut-être, enfin dans tout les cas s'il devait créer un feu, je devrais me débrouiller avec mon don pour l'arrêter, surtout dans la maison, en plein milieu d'un couloir avec plein de particuliers aux alentours. Je soupirais en rendant mes mains glacées. Je m'en fichais qu'il ait arrêté, ou pas. Je ne voulais pas d'incident dans ce genre, normal non ?

- Fais gaffe, c'est pas des murs qui résistent au feu, ni ce qui a dedans au passage.

26/03/2015

Comme si je ne le savais pas ! Même en 2015, les murs ne résistaient pas au feu, alors en 1940, dans un orphelinat paumé au milieu de nulle part ? Dehors, la guerre ravageait tout. Cette maison ne faisait pas exception à la règle. Elle n'était pas aquakinésie, j'avais remarqué, sinon elle n'aurait pas peur. De toute façon, pourquoi avait-elle peur ? Je ne faisais qu'une tête de plus qu'elle et à première vue, je n'avais pas l'air d'un costaud. Je ne l'étais pas. Je n'avais pas l'air non plus d'un mec suicidaire qui voulait mettre le feu à une maison pour, d'après ce que j'avais compris, enfants qui avaient un don et qui étaient persécutés. Enfin, d'enfants, ils n'étaient que leur physique. J'avais 37 ans, physiquement 16. J'imaginais que pour les autres, c'était pareil. De toute façon, on était bizarre.

- Je sais. Tu sais, j'ai pas fait exprès, je contrôle pas mon pouvoir comme t'as pu le remarquer, Anaïs. Au fait, t'as pas un p'tit surnom, genre Anai, Ananas, je sais pas ?

Elle avait déjà un prénom court, de toute façon, mais je voulais continuer à parler avec elle. C'était la seule que je connaissais bien si on peut dire, et je ne voulais pas passer l'après midi allongé sur un lit inconfortable en ruminant des pensées.

- Y a des trucs sympas à faire, ici ? Comme le ciné, les attractions, la piscine ?

Sûrement oui, ce n'était pas le 4ème siècle non plus. Mais en même temps, tout me semblait si... Déroutant?

02/01/2015

Je lâchais brusquement ses mains, avant de m'éloigner. Vexée, je fronçais les sourcils. Ananas ? J'avais une tête d'ananas moi ? J'avais la tête d'un fruit !? Sympathique. Un câble de son cerveau s'était débranché ? Le serial killer n'était pas des plus intelligents, m'enfin il m'avait mise au courant, mais je ne pensais pas qu'il l'était ... À ce point. Je levais les yeux au ciel avant de répondre sèchement :

- Ana.

Mes yeux finirent le reste de la phrase, pas la peine de la dire à haute voix, il comprendra tout : "Et rien d'autre, ok ?" Ce n'était pas long certes, mais j'avais des doutes sur le fait qu'il y arrive, au final.
Je m'en souviendrais toute ma vie de ça, et je risquais pas de l'oublier. Plutôt rancunière oui, enfin tout était relatif. Je n'avais pas choisi mon nom, qu'il ne me fasse pas de remarques dessus, qu'il aille voir mes parents - enfin s'ils se souvenaient de moi, ce qui était assez incertain, vous savez, ils devaient être âgés, la mémoire se perdait, tristes jours... - et ne se moque pas de moi. De plus, je ne trouvais rien à renvoyer, avec "Sam", avouez que ce n'était pas facile ! Je serrais les dents, avant de croiser les bras.
Sa question était idiote. 1940, il comprenait ça ?! Il n'avait pas appris ses cours au collège ?! Un cinéma dans une ville minuscule, et sûrement pauvre, ravagée par la guerre ? Mais il avait vraiment un câble de débranché, ce n'était pas possible.

- Mais oui ! Tu n'as pas vu la grande roue dans le jardin ? Le ciné est dans la cave, je suis sur que l'oiseau est au guichet.

J'aurais pu me faire taper sur les doigts avec ce que je venais de dire, mais elle n'était pas là, et ses oreilles ne passaient pas à travers les murs, sauf si elle apparaissait au coin du couloir. Je me retournais pour vérifier, mais rien, bien heureusement.
Bon maintenant, je devais lui expliquer ce qu'était une boucle ? Lui expliquer ce qui était arrivé en 1940 ? Je me passerais bien de ça, c'était ennuyeux à mourir, et je n'avais pas ma patience habituelle, il ne fallait pas faire cette remarque, c'était entièrement sa faute.

26/03/2015

- Eh, ça va ! Je voulais juste savoir, et puis, tu sais j'ai été à l'école moi aussi. Les cinémas existaient en 1940, que je sache. Après, ça m'étonne pas trop qu'ici même il n'y en ai pas. Et... je suis le seul qui maitrise le feu, ici ?
J'essayais désespérément d'engager la conversation, même si c'était sûrement peine perdue. Elle devait avoir vécu quelque chose de triste ces derniers temps, où alors elle était toujours comme ça. Je ne me souvenais pas trop de celui que j'étais avant mais je n'étais pas comme ça, je n'étais pas entrain de remballer tous ceux qui venaient me parler, qui insultaient ma famille, mes amis. Je ne choisissais pas ceux à qui je parlais, mais désormais si. Elle, je l'avais choisie, ou plutôt j'avais été obligé de la choisir, puisque je l'avais bousculée. Il me restait un minimum de politesse, quand même.
- Je sais que ça va être mal vu, c'est juste une question. Vous faites quoi de vos journées ?
Enfin, si j'avais bien compris ce que je ne sais pas qui m'avait expliqué quelques temps auparavant, quand j'étais arrivé, que la vie se résumait à une seule journée, mais le pluriel était évident. Je m'adossais au mur. Le ciel bleu me narguait, alors que j'étais coincé ici. Et puis, il n'y avait surement pas de terrain de basket, ou de quelque chose comme ça. J'aurais tout donné pour taper dans un ballon, à ce moment précis. Je voudrais pas poser trop de questions, mais quand même. Je décidai tout de même d'attendre la réponse d'Ana.

02/01/2015

Je haussais les épaules et m'appuyais contre le mur. Qu'ils existent ou pas, à ma connaissance, ici il n'y en avait pas. Ce n'était pas dans un petit village comme Cairnholm qu'ils iraient installer un cinéma. C'était coûteux, et sans véritable intérêt pour les gens.
Pour sa question, je n'en avais aucune idée, je ne connaissais pas tous les particuliers il m'était donc impossible de lui dire si oui ou non, il y avait une autre personne avec le don du feu.

- À ma connaissance, oui, mais je ne suis sûre de rien.

Une autre personne maîtrisant un don pareil devait faire du bruit, comme lui qui allait brûler les murs de la maison. Ce n'était pas très rassurant, mais il y avait pire, bien pire. Certains pourraient se demander comment nous faisons pour dormir que nos deux oreilles.
Surprise par sa question, je ne le pris pas mal. Je ne voyais pas pourquoi le je prendrais mal, nous n'avions rien à faire de nos journées. Vagabonder, s'amuser, se balader. Faire ce que ne voulions, tant que l'ombrune n'était pas là pour nous réprimander.

- Ce que tu veux, jouer avec les plus petits, ton don, parler avec des gens, aller au village, dans la foret. Évite le marais, c'est plutôt dangereux. Apres tu fais ce que tu veux, en quelque sorte.

Je pourrais faire encore une liste de chose à faire, mais ce serait ennuyeux. Je lui donnais des exemple banaux, je ne lui souhaitais pas de tomber de la falaise, croiser un estre en pleine nuit ou les événements précédents. Des activités tout-à fait normales, bien sur.

- Mais avec les estre qui rodent, on doit rester dans la maison, donc bon, la bibliothèque et le bavardage avec les particuliers.

L'ombrune avait eu la bonne idée de nous cloîtrer ici pour éviter à ces monstres. Les enfants ne savaient plus quoi faire de leur journée et l'humeur de la maison devenait maussade. J'étais peut-être une des seule qui continuait à sortir, sans que l'ombrune ne le sache. Et je ne pense pas que je supporterai de rester enfermée ici plus d'une semaine sans peter les plombs.

26/03/2015

Je soupirai en entendant ce qu'elle me disait. Déjà, en arrivant ici, on voyait bien que l'ambiance était morbide hein. Rien que le style de la maison, les fenêtres petites comme au moyen-âge, le manque d'agitation de gamins... Ca peut paraitre un peu bizarre, de trouver quelque chose morbide parce qu'il n'y a pas des gamins qui crient tout le temps et qui courent partout. La plupart des gens seraient ravis de passer ne serait-ce qu'une heure allongés sur un lit, à lire un bon bouquin et à manger un paquet de gâteaux, avec leurs enfants qui sont entrain de jouer aux jeux vidéos tranquillement -ou si les parents ne veulent pas qu'ils jouent aux jeux vidéos, entrain de faire leurs devoirs- dans leur chambre, sans venir déranger les parents. Eh bien ici, c'était l'inverse. Pour une fois, je voulais que des gamins viennent s'accrocher à mes épaules, ou me demandent si je voulais faire un foot avec eux. Avant, je les remballais tout le temps, quand je parcourais les rues de Vancouver, et que les élèves du primaire voulaient faire le tour de la ville avec nous. Mais là, si seulement des petits pouvaient se montrer, en chantant comme des casseroles et en rigolant... Ca me donnerait au moins l'impression d'être dans un endroit normal, même si la maison des Particuliers n'était pas normale.
Ana dit une autre phrase. On n'avait même plus le droit de sortir actuellement. Ils restaient cloitrés ici ? A obéir aux ordres de leur tutrice, à parler, à lire, à jouer à de malheureux jeux de société ? Et ils y parvenaient ? Ado, je n'aurais jamais pu passer deux jours sans sortir au moins une fois. En fait, ça m'était arrivé une fois, quand mon père était parti. Au tout début, moi et ma soeur, on était obligés de rester tous les deux à la maison, car ma mère était assez forte pour neutraliser un de nous deux. Elle était devenue hystérique, elle avait oublié qui nous étions... Enfin bref, ça ne m'avait pas du tout fait du bien, et c'était sûrement pour ça que j'avais ressenti le besoin de sortir tout le temps, jusque tard le soir. Ana m'avait l'air assez amoureuse de la liberté.

- Mais, euh... Tu survis ? Tu ne sors vraiment jamais ?

02/01/2015

Il me prenait pour une soumise ? Moi rester enfermée dans la maison ? Déjà que avant je n'aimais pas trop etre clôturée dans cette vieille bâtisse à longueur de temps, alors y être enfermée ? Même pas en rêve. Maintenant j'avais mes raisons de sortir, je m'inquiétais suffisamment pour lui, alors me dire que je ne pouvais pas le voir à cause d'un quelconque danger qui, sans nous mentir, était la cause de ses crises et de sa phobie... Un frisson me parcourut rien qu'en penssant à ça. Je relevais les yeux vers le jeune homme en esquissant un sourire. C'était comme au pensionnant ici - avec les avantages et peu d'inconvénient - tu devais tout faire dans le dos des surveillants, pour avoir un semblant de liberté. Évidemment, les risques n'étaient pas les même, entre se prendre des heures de retenues, et mourir tout simplement.... Mais tous le monde savait très bien que j'étais extrêmement têtue, et que même les plus gros risques ne me ferais pas osciller, enfin, tout dépendait de si la vie d'une personne était en jeu. Une personne en particulier.
Un léger sourire vint s'installer sur mon visage, je jetais des coups dans le couloir, avant d'être sure de pouvoir lui répondre sans avoir peur d'être prise par l'Oiseau,

- T'es taré ! Ne pas sentir l'air sans poussière, t'imagine ? Je vais dans la foret, je suis toujours sure que quelqu'un m'attend.

Oserait-elle venir nous attraper un jour ?
Qu'elle nous cherche tout cour. J'avais l'habitude de rester dans ma chambre à mon arrivée, ce n'était donc pas un problème de ne me montrer qu'une fois, c'est à dire le soir pour aller manger, et lui restait toujours dans la foret. Il y avait donc très peu de chance qu'elle s'amuse à jouer à se perdre dedans.

26/03/2015

C'est bien ce qu'il me semblait, elle sortait de temps en temps. Au moins, je n'avais pas eu affaire à une coincée pour ma première rencontre ici. Je sortirais aussi. Rester dans cette maison plus de deux heures horripilerait, je pense, n'importe qui. Mais j'avais pris l'habitude de passer mes soirées dehors et de sécher les cours. La liberté était comme une drogue pour moi. Indispensable. Alors encore plus que les autres, je ne pouvais pas passer mes journées ici. Mais est ce qu'il y avait des cours, ici ? J'entendis un grincement et vis un enfant sortir de sa chambre, d'environ 12 ans. Il nous ignora totalement et tant mieux, je n'avais pas envie de remarques de sa part sur mon style vestimentaire, ou alors sur ma "relation" avec Ana. Je venais d'arriver, je n'avais pas besoin de ça. Pour le moment, je préférais être solitaire, ou du moins parler à très peu de personnes. Parler, c'était mon point faible. Je disais toujours ce que je pensais, et ça m'avait valu beaucoup de problèmes dans mon ancienne vie. Je ne voulais pas recommencer ici. J'avais une chance de repartir de zéro, que personne ne sache ma réputation au collège et au lycée, qu'on ne sache pas de quel milieu je venais, que j'étais un "mauvais garçon" et tout ça. Changer d'identité, c'était possible ici. Et si je le voulais vraiment, il fallait que je fasse des efforts. Que je sois gentil avec les petits et avec tout le monde, que j'aide, que je les protège... Tout le contraire de ma personnalité, en somme. Tu le veux vraiment ? Au fond, je ne le savais pas.

- Ouais, je comprends. Je suis pareil, je ne supporte pas de rester enfermé.

Je m'apprêtai à rebondir sur ce qui se passait avant mais ce n'était pas une bonne idée. Sam, tu dois oublier. Ou alors tu ne dois pas leur en parler. C'est fini, tout ça !

- Enfin bref, et je suis plutôt solitaire... Pour les repas, c'est collectif ou pas ? Et on a des cours ?

02/01/2015

Je m'appuyais contre le mur et regardais la jeune fille qui sortait de la chambre. Soit elle était nouvelle et Miss Tit ne lui avait pas appris que la politesse était primordiale ici - donc un "bonjour" ou un "excusez-moi" serait la bienvenu - ou, c'était une asociale de nature, et Samuel avait une gentille voisine de chambre qui ne risquait pas de lui adresser la parole.
Quoi qu'il en soit, nous dérivions du premier sujet qui était de rester enfermer, des cours et de la nourriture. Et moi je devais répondre à ses questions sur la boucle et ses habitants. Il faudrait donner des plans aux nouveaux, entre tous les couloirs, les escaliers et les pièces importantes comme la salle de classe, la bibliothèque et tout le tralala, ils pourraient se perdre le premier jour, ou arriver à l'opposé du lieu convenu. Manque de bol.

- Repas collectif dans la salle à manger. Après pour les petits il y a des cours, c'est plus difficile pour les grands, il n'y a pas de vrai prof sauf quelque particulier qui sont du domaine et nous donne des leçons.

L'ombrune ne ne savait pas tout, malgré leur grosses études, elles n'avaient pas le temps en plus. C'était déjà bien qu'elles apprennent aux plus petits les choses importantes. Un atout tout de même, dans cette maison coupée du temps.

26/03/2015

Bon, je m'en doutais, je ne pourrais pas rester seul bien longtemps, je devrais de toute façon redescendre pour manger. Ça n'était pas si horrible, je pourrais le supporter, mais je n'avais pas très envie de m'exposer à la vue de tout le monde. Car, malgré ce qu'on pouvait en dire, j'avais gardé un air très "2015" et je n'avais pas envie de m'attirer les regards des petits, comme celle qui venait de passer sans un mot et avec un regard insistant et qui en disait beaucoup. Peut-être y avait-il des vêtements de l'époque à disposition ? D'ailleurs, Anaïs en avait marre de mes questions, ça se voyait, on devrait surement parler d'autre chose, mais de quoi ? Je me mis en quête d'un sujet de discussion, ses passions peut-être ? Je connaissais déjà sa particularité, mais pas ses goûts. Ses relations ici ? Mauvaise idée, je pensai, peut-être qu'elle le prendrait mal. Je me demandais si j'allais m'y faire, la vie ne pouvait pas être si horrible, j'avais au moins à manger et un endroit où dormir ! Et les estres disparaitraient sûrement un jour, enfin bref, parlons du moment présent. Les petits avaient des cours, plus nous, c'était pas mal, je n'aurais pas aimé devoir continuer mes études. Il n'y en avait pas besoin ici, si nous restions à la maison des particuliers, nous ne travaillerions pas plus tard et tout ce qu'on fait normalement. Bien sûr, je ne le niais pas, le savoir est important, mais à dix-sept ans -pour moi-, on connaissait déjà un bon nombre de choses. Où était la salle à manger, si ce n'était en bas ? Je ne voulais pas me perdre non plus, il faudrait que j'aille parler le plus vite possible à l'ombrune. Soudain je me rendis compte qu'il n'y avait que des nouveaux qui logeaient ici, puisque Anaïs ne les avait pas salués ni rien. Je me demandais où habitaient les autres.

- Merci beaucoup pour toutes tes réponses. Sinon... Je me trompe ou il n'y a que les nouveaux à cet étage ?

02/01/2015

Pas inintéressante comme question. Ce n'était pas que les nouveaux étaient sur un étage, et les plus vieux sur un autre. Ce serait idiot, nous devrions bouger ceux qui étaient là depuis des années juste pour date d'arrivée ? Inutile. Un nouveau pouvait très bien se trouver à côté de ma chambre alors que cela faisait longtemps que j'étais ici. Si son ancien propriétaire était parti pour je-ne-sais quelle raison, elle se retrouvait donc vide, elle pouvait avoir un autre occupant.
L'ombrune avait du commencer à donner les chambres d'un certain endroit de la maison, et donc de ce fait, tous les nouveaux étaient plutôt regroupés au même endroit. Question de logique, rien de plus compliqué. Pour toute réponse, je hochais la tête en regardant les portes aux alentours.

- C'est les chambres qui n'ont pas encore d'occupant en fait, tu aurais très bien pu te retrouver de l'autre côté de la maison. Expliquais-je.

De plus, les nouveaux pouvaient s'aider à s'intégrer dans la vie de particulier. Comme certains connaissaient ce monde avant d'arriver, ils pouvaient très bien apprendre aux autres - si l'Oiseau n'avait pas eut le temps de leur expliquer - le pourquoi du comment, et leur permettre ainsi de comprendre leur vie. Bon, savoir qu'elle était destinée à être enfermée ici pour l'éternité n'était pas des plus rassurant, surtout pour les derniers, venus du passé. La technologie et ce qui occupait leur vie avant leur manquerait, c'était normal. Mais c'était soit chambouler sa vie, soit, risquer à tout instant de se faire dévorer par un Creux, à eux de choisir.

» Nouvel event ?
» Absence Nouvel An