Promenons-nous dans les bois pendant que le loup n'y est pas...

03/01/2015

L'herbe lui chatouillait les doigts : William avait décalé ses bras en arrière, fixant les rares nuages qui balayaient le ciel. Heureusement qu'une brise soufflait, sinon ils auraient brulé au soleil qui tapait dur. Le jeune homme accueillit la réponse de la jolie blonde avec un grand sourire.

Les yeux de William étincelèrent. Elle voulait une punition ? Elle allait l'avoir, et tout de suite ! Il se jeta sur elle, les fit tous les deux tomber et commença à la chatouiller au niveau des cotes. Anaïs se débattit en riant et ils roulèrent dans l'herbe, seuls dans la forêt au milieu des arbres immobiles. A la fin de la pente douce, il avait naturellement le dessus, et le visage fragile d'Anaïs était à quelques centimètres du sien.

Brutalement, il se rendit compte de sa proximité. William eut un temps d'arrêt, ferma les yeux en tentant de se résonner. Peine perdue. Il les rouvrit et s'écarta avant de faire quelque chose qu'il regretterait. Il s'assit à quelques mètres, furieux contre lui-même et déchiré. C'était un instant si magique, volé à l'éternité ! Pourquoi sa phobie devait-elle encore tout gâcher ? Brusquement, la chaleur du soleil semblait s'être changé en glace. Il attendit de se calmer en se massant les tempes, en espérant qu'Anaïs ne lui en veuille pas.

02/01/2015

Lorsqu'il me regarda, je vis immédiatement que je devais m'attendre à quelque chose. Je pensais à tout, sauf à une correction pareille. Surprise, je n'us même pas le temps d'essayer de lui échapper, qu'il était déjà sur moi. Et nous roulions dans l'herbe. Mon rire devait résonner dans toute la forêt, j'imaginais même les oiseaux s'envoler pour trouver un endroit plus calme. Mais que faisait-il du contact ? Il venait de l'oublier, comme ça. Ses doits qui me chatouillaient sur mes cotes, semblaient me brûler la peau. Je ne pouvais pas ressentir souvent ça. Lorsqu'il me touchait j'étais soit inconsciente soit à demie-morte noyée. Même si ça devenait fréquent en ce moment, je n'avais jamais beaucoup de souvenir de ma fatigue. C'était simple, je dormais, je ne m'attardais donc pas sur ce qui m'entourait, ou me touchait.
Je me débattais pour qu'il cesse de me chatouiller, mais certes, je voulais qu'il arrête, mais je ne voulais pas qu'il me lâche. Je voulais qu'il me garde dans ses bras, que ses mains restent posées contre ma peau. Et... Et... Et.
Nous nous arrêtâmes, William au dessus de moi, je sentais son souffle me caresser la peau, son visage était à quelques centimètres de mien. Moi qui pensais une telle situation impossible. J'allais m'approcher encore plus lorsqu'une petite voix vint intercepter mon geste. Arrête toi ! Regarde sa tête, là ! Maintenant tout de suite !
Effectivement. Son visage sembla se décomposer tandis qu'il s'écarta rapidement. Les cauchemars venaient de reprendre le dessus sur l'humain. Même les bonnes choses avaient une fin. On ne peut pas juste réclamer un peu de temps, en plus ? Juste un peu ?
Non évidement. Ça aurait été trop beau.
William était désormais assis non loin, entrain de se masser les tempes comme pour se calmer. Je me redressais, essayant de remettre un peu d'ordre dans mes cheveux désormais désordonnés. Je souriais en regardant William et je vins m'asseoir non loin.

- C'est pour que des moments pareils durent et ne s'arrêtent pas, que nous devons trouver une solution. Je fis une pause avant d'étendre mes jambes et de regarder le ciel. Depuis quand n'avais-tu pas vécu un moment comme ça ?

Moi ? Un bon bout de temps. J'étais sûre que cela ne datait pas de la boucle, mais de bien avant, dans mon ancienne vie, lorsque j'étais encore une enfant normale et que ma particularité ne s'était pas dévoilée. Donc oui, cela datait. Comme lui dire que j'avais adoré ces deux minutes ? Que finalement c'était peut-être le meilleur moment que je n'ai jamais vécu ? Que même si c'était le cour, le simple fait qu'il était là rattrapait le tout ?

03/01/2015

William ferma les yeux. Il était en colère, tellement en colère ! Cette fureur qu'il connaissait si bien, qui l'empêchait de penser pleinement. Il avait réussi à la tenir à distance, mais elle était invariablement liée à sa peur. Lorsque elle se transformait en rage, en rage de vivre, il n'était plus mettre de lui-même. La peur en paralysait certains. A lui, elle déclenchait des réflexes de défense meurtriers, destinés à le protéger de toute menace extérieure. De tout contact. Et que faisait-il si c'était justement lui, la menace ? Ses pulsions menaçaient tous ceux qui l'approchaient, et ça le mettait en rogne de savoir qu'Anaïs était justement à proximité. Pire, elle s'exposait volontairement.

Le jeune homme gardait le silence pour éviter de s'énerver. Il ne voulait pas lui hurler dessus, mais ce n'était pas l'envie qui manquait. Elle n'avait rien fait, elle n'avait rien fait... Mais si bordel bien sur qu'elle avait fait quelque chose ! Elle était tout le temps avec lui ! ça la mettait en danger, et elle ne voulait pas le reconnaitre ! S'il était resté trente secondes de plus, il n'aurait pas donné cher de sa peau !

"J'en sais rien."

En vérité, il n'avait même pas cherché. Mais il avait écouté la question, ce qui était déjà un effort.

"N'approche pas," marmonna-t-il sans la regarder.

02/01/2015

Tout finissait mal, encore une fois. Une nouvelle fois il rentrait dans sa colère. Encore une fois j'étais à côté. Une énième fois je devais m'éloigner. Je devais, j'aurais dû, mais je ne le fis pas. Je ne bougeais pas d'un poil. Il ne m'avait pas dis "Dégage", "Va t-en", ou autre. Juste : "n'approche pas." C'était plus simple. Je me rallongeais doucement dans l'herbe incapable de faire autre chose. Je ne savais pas si je devais rester et attendre que ça passe, ou partir et revenir plus tard. Dur dur.
Je hochais la tête, s'il me demandait de ne pas le faire, je ne vois pas pourquoi je m'y risquerais. Enfin, ce ne serait pas la première fois que j'irais à l'encontre de ce qu'il disait. Mais je décidais que le moment était peu propice pour faire un coup pareil. Autant me tenir à carreau.

- Pour une fois que ce n'est pas ma faute, grommelais-je tout bas.

Mais aviez vous trouver un moment propice ? Non. Jamais. À chaque fois je risquais gros soit : de le voir partir. De le mettre en colère. De devoir affronter ses foudres. Ouais. Je vais rester sagement au sol. Je n'avais aucune envie d'être seule et de le voir revenir un couteau dans l'épaule. Merci bien.
Après de longues minutes de silences -où j'avais longuement hésité sur que dire et que faire - je décidais de le briser.

- Tu m'en veux d'être aussi butée ?

Question idiote.
Bien sur. Si tu ne l'étais pas il ne se serait rien passé de tout ce qui était arrivé. Et que pouvait-il arriver, plus tard ? Dans quelques jours ou mois ? Qu'est ce qui pourrait encore se produire ? De pire ? Aucune idée. Une bonne ou une mauvaise surprise ? Je soupirais avant de fermer les yeux, attendant sa réponse, au moins, elle m'aidera à déterminer si je devais partir.

03/01/2015

William respira lentement, le menton sur les mains, puis rouvrit les yeux. Est-ce qu'il lui en voulait vraiment ? ça dépendait. En général, cette détermination était un atout précieux, que ce soit dans la vie quotidienne ou dans le cadre d'une opération, comme dans un commando militaire. Anaïs dans un commando militaire ? Mais à quoi pensait-il ? Il aurait massacrer ceux qui voulaient faire d'elle leur jouet si ç'aurait été vrai. Ce n'était pas qu'il n'avait pas confiance en elle et ses capacités, mais plutôt en celles de ses supérieurs, de ceux qui tiraient la ficelle, des politiciens, des gouvernements, des commandants, des... En fait, il ne faisait pas confiance à grand monde. Etait-il paranoïaque ? Peut-être. Surement. Cette méfiance pouvait s'avérer salutaire, voir nécessaire à la survie, de son point de vue. Mais peut-être pas de celui d'Anaïs. En tout cas, la détermination de la jeune femme avait au moins un bon aspect : c'était elle qui faisait qu'elle ne s'était pas enfuie en courant dès le premier jour. Et il la louait pour ça.

"Non. répondit-il après un moment, une fois que sa colère fut retombée. Et toi ? Tu penses que je suis parano ?"

Ma foi, c'était une discussion intéressante, et elle avait le bienfait de le faire penser à autre chose. Malgré lui, il se détendit, relâchant la tension de ses muscles.

02/01/2015

A vrai dire, je ne voulais pas entendre sa réponse. Si cela le gênait, que devrais-je faire ? Arrêter de revenir semaine après semaine ? Le laisser dans la forêt et moi, rester dans la maison des particuliers ? C'était ce qu'il voulait ? J'us vite la réponse, et je ne pus m'empêcher de soupirer une nouvelle fois, soulagée. J'allais rire à sa question avant de m'arrêter. Ce n'était surement pas une bonne idée, surtout dans une conversation sérieuse comme celle-ci. Nous étions en fait entrain de demander si nos défauts déplaisaient à l'autre. Si oui, pouvions nous changer notre personne ? Modifier ce que nous étions ?
Je mis un moment à répondre. Je ne voulais pas faire de gaffe, ni le vexer, mais sans pour autant mentir. Allez chercher quelque chose comportant tout ces critères en un temps record. Je me souvenais bien que la dernière fois, il avait pété les plombs parce que je n'avais rien répondu.

- Spécial. Je me relevais pour le regarder en souriant. Tu sais que je m'en fiche. Tu t'inquietes parfois pour un rien, tu as des réactions étranges, et alors ? Tu as un charme indéniable.

Il m'aurait demandé s'il me faisait peur ça aurait été pareil mais avec un "non" catégorique.
Puis nous avions tous un petit quelque chose qui nous différenciait, qui faisait que nous étions diffèrent de notre voisin, que nous étions unique en fait. Or William était bien unique, on ne pouvait pas dire le contraire. Enfin, tous les particuliers étaient différents, chacun à leur manière. Mais certains, plus que d'autres. Bref.
Je crus rougir. Tu avais dis que tu avais réfléchis ? Laisse moi en douter. Je dus détourner le regard pour pas qu'il ne me voit comme ça. Pourquoi j'avais dis ça !? J'étais débile ou quoi ? Gênée, je cherchais comment éviter la conversation, en vain. Pas d'issus, rien. Quand tu te mettras à réfléchir avant de parler, tu me le diras.

03/01/2015

William la dévisagea, étonné de recevoir un compliment dans cette situation. De toute façon il était toujours étonné de recevoir un compliment en général, mais dans ces circonstances c'était pour le moins... Inattendu ? Oui, c'était le mot. Une nouvelle fois, le jeune homme était sidéré de la spontanéité avec laquelle Anaïs s'exprimait parfois. comme si elle disait exactement ce qu'elle pensait en temps réel, que ses paroles lui échappaient durant quelques secondes le temps d'une ou deux phrases. Ça la rendait d'autant plus attirante, plus mignonne, plus naturel. Plus innocente, aussi. Comme s'ils étaient deux gamins normaux à se prélasser tout simplement au soleil après le lycée. Ce phénomène lui était quant à lui totalement étranger : il ne parlait pas assez pour avoir l'occasion de laisser échapper quelque chose de trop. Quand au compliment, hé bien... Il avait tant de défauts qu'il se demanda comment la jeune fille faisait pour mettre le doigt sur une de ses rares qualités, et en général comment elle faisait pour penser ce qu'elle venait de dire.
William était censé être en colère après lui-même, mais il ne put s'empêcher de sourire en voyant qu'elle rougissait comme une collégienne. C'était adorable.

"C'était pas la réponse à laquelle je m'attendais, résuma-t-il. Euh, merci ? Et comment ça, je m'inquiète pour rien ?"

Il ne s'inquiétait pas souvent, selon lui. Jamais, même.
Ou plutôt, jamais pour lui-même.

02/01/2015

Incapable de le regarder, je laissais mon regard bleu sur la foret en face de nous. Je fis passer mes mains, que je venais de refroidir, sur mon visage, comme pour me réveiller d'un mauvais rêve. J'avais toujours le chic pour me placer dans des situations gênantes, et souvent, William n'était pas loin. Comme pour bien lui prouver que j'étais idiote et mal habile avec mes parolesx. Génial. À ses mots, je me forçais à me retourner. Il souriait. Comme si c'était la chose la plus naturelle à faire. Pour lui, oui sûrement après ce que je venais de dire, mais moi ? Un léger sourire vint se dessiner sur mon visage. Le voir ainsi me donna encore plus envie de me rapprocher, je dus me pincer le bras pour me faire revenir sur terre et m'en empêcher. Un jour, tu pourras, mais pas aujourd'hui, sinon tu risques de tout briser, et tu pourras lui dire adieu. Lui dire adieu ? Impossible. Inimaginable.

- Tu sais, je me surprends moi même. Dis-je en souriant. Dès que je suis à côté de quelqu'un, tu déboules pour l'écarter. Ou quand tu ne voulais pas me ramener à la maison, que tu voulais que je reste avec toi. Tu t'inquiétais hein ?

Cette fois ce fut un large sourire qui vint prendre place sur mon visage. Plus j'y repensais, moins j'avais tord. Comme s'il avait peur que quelqu'un dégaine un couteau et vienne nous poignarder dans le dos, la nuit. Alors que c'était sûrement lui qui avait le plus d'arme dans la boucle !
Mes yeux dans les siens, j'us du mal à retenir cet élan qui voulait me rapprocher de lui. C'était peut-être dur de me voir approcher, mais ça l'était aussi pour moi de ne pas pouvoir venir. Si seulement il pouvait savoir à quel point je voulais me mettre contre lui et y rester. Cependant je n'aurais pas le courage de lui dire. Et cela ne mènerait à rien. Il me dévisagerait avant de dire qu'il faudra trouver une solution, alors que lui même ne trouvait pas grand chose.

- Tu aurais aussi peur que je disparaisse que moi pour toi ? Au fond, on serait tout les deux parano en fait. Je riais aux éclats avant de reposer mon regard sur lui. Et si je n'avais pas tord ? Si nous devenions réellement paranos ?

03/01/2015

Si elle était très gênée au départ, elle reprit bien vite le dessus sur ses émotions. Tant mieux, il préférait la voir sourire que rougir. Et puis, elle l'avait vu dans bien plus de situations étranges, la pire étant sans doute lorsqu'il était malade et prêt à vomir. Ou lorsque... Il préférait ne pas y penser, ça ne servirait à rien, ce qui était fait était fait, on ne pouvait rien y changer. Mais tout de même... Voir le regarde hanté d'Anaïs qui le regardait en pleurant... Elle avait dû être terrorisée, croire qu'elle allait mourir cette nuit-là. Rien que cette pensée ranimait le désir ardent qu'il avait de la protéger. Par réflexe comme à chaque fois que sa nervosité refaisait surface, il voulu prendre un de ses couteaux pour jouer avec mais ne trouva que du vide à son emplacement. Il soupira en se rappelant qu'il les avait abandonné en haut de la petite pente. Heureusement qu'ils étaient perdus dans la forêt, sinon n'importe qui pourrait tomber dessus et alerter une ombrune ou, pire, les gens du village, qu'il y avait un coupeur de tête dans la forêt. Bon, ils n'étaient plus au temps où les gens croyaient aux mythes affabulateurs, mais tout juste. Il fallait se méfier, surtout qu'ils étaient considérés comme des étrangers durant ce jour qui se répétait sans cesse.

William observait les arbres en se frottant le poignet, là où des traces rouges témoignaient encore de ses récentes écorchures. Mines de rien, à force d'être attaché, la peau mettait de plus en plus de temps à cicatriser et il allait finir par garder les marques permanentes. ça ne le dérangeait pas trop, mais que penseraient les autres particuliers ?

Ce n'était pas trop le moment de s'en préoccuper, il avait d'autres chats à fouetter.

Il haussa les épaules.

"Tu l’interprètes comme tu veux. Va pas me dire que pour le nécromancien j'avais tort. Et non, parano c'est voir des ennemis partout."

Il voyait des ennemis partout. Ou plutôt, il se méfiait de tout le monde. Est-ce que c'était de la paranoïa ? Il n'était pas assez objectif pour décider que non. Et apparemment, Anaïs non plus.

"N'empêche que... Maintenant qu'il y a des Estres partout, tu devrais peut-être rester dans la maison."

02/01/2015

Rien que le don était étrange et gore. Ressusciter des morts. Il y avait de quoi sombrer dans le folie ou être atteint là haut. Voir être dépressif. Être bon dans le vie à faire revivre quelque instant un défunt, joyeux. On raconte que ces morts souffraient énormément lorsque le cœur prenait place un certain temps. Mais il ne durait jamais très longtemps, un cauchemar pour ces personnes déjà décédées. Non, l'organe était toujours celui d'un animal, incapable de jouer le même rôle que celui de l'humain éternellement. Ils duraient donc quelques minutes, avant de se flétrir et de devenir inutile. Le mort, lui, retournait dans sa tombe et le nécromancien n'avait plus qu'à chercher un nouvel organe de la bonne taille s'il voulait lui parler de nouveau. Enfin c'était gore, sanglant, étrange, cauchemardesque non ? Si une personne n'était plus, c'est qu'il y avait une raison. Pourquoi vouloir lui redonner vie ? À par peut-être pour une enquête criminel avec des questions, mais dans le monde des humains, ces particuliers seraient pris pour Lucifer en personne, enfermés, assassinés peut-être.
Je haussais les épaules. S'il ne l'avait pas balancé au sol comme une vieille chaussette, Alec ne se serait pas mis dans une rage pareille. Enfin je ne savais pas. Mais après la lame sur mon cou, je m'en souvenais très bien. Encore une fois c'était William qui m'avait sortit de là, je ne pouvais que le remercier. Mais les choses auraient-elles pu se dérouler autrement ? Aucune idée, et je ne préférais même pas le savoir.
Quant aux Estres, je haussais simplement les épaules .

- Je pourrais te demander la même chose, mais je sais très bien que tu n'accepteras pas. Si je suis dans le foret c'est pour être avec toi, donc je ne risque pas grand chose, m'étonnerait que tu laisses un estre approcher.

Je me rallongeais au sol, avant de clore les yeux et de respirer profondément, comme pour me détendre. Et puis de toute façon, je préférais risquer ma vie en dehors de la maison plutôt que d'y passer mon éternité et de finalement moisir là bas.

03/01/2015

William esquissa un sourire. Elle n'avait pas tort, là. Il ne laissait déjà pas les particuliers l'approcher, alors un estre... Ce qui l'inquiétait c'était lorsqu'il n'était pas là, justement. Lorsqu'elle vadrouillait dans la forêt à sa recherche, semble-t-il à la merci du premier venu. Le jeune homme ferma les yeux, savourant la chaleur du soleil sur sa peau. Du calme. Anaïs n'était pas une petite chose fragile et sans défense qu'on pouvait briser d'une simple pichenette, sinon, il y aurait longtemps qu'elle serait morte. Elle avait vécu des choses pas très drôles, elle avait survécu, et elle n'était pas idiote, loin de là. Ses pouvoirs étaient efficaces et elle savait plus ou moins s'en servir. En tout cas, elle serait réagir face à un ennemi. Cela devrait suffire à le rassurer, mais il avait beau se le répéter à longueur de journée, il n'arrivait pas à s'en persuader. Cette nouvelle d'estres dans les environs n'arrangeait pas les choses. Son sentiment d'insécurité grandissait. C'était idiot, puisqu'il était préparer à cette éventualité depuis longtemps. Depuis qu'il s'était reconstruit une vie. Enfin, avait essayé.
Il étaut prêt depuis des années, mais il n'avait pas prévu qu'Anaïs s'immisce dans ses plans. Il craignait moins pour lui que pour elle. C'était peut-être pour ça qu'il tentaut systématiquement d'éliminer tous ceux qui l'approchaient.
Ça et sa jalousie maladive qu'il niait avec mauvaise foi.

"C'est pas faux," répondit-il.

Totalement calmé, il se laissa retomber dans l'herbe, les bras en croix. Il ramena bien vite ceux-ci derrière sa tête et jeta un coup d'oeil en direction d'Anaïs.

"Tu te rapproches ?.."

Simple proposition. Si elle ne voulait pas ils pouvaient arrêter, après le faux espoir de tout à l'heure c'était tout à faut légitime.

02/01/2015

Un sourire vint doucement apparaître sur mon visage cependant, il disparut comme s'il venait de se désagréger en moins de quelques secondes. Surprise je dévisageais le jeune homme. Il était sérieux ? Enfin, il voulait retenter le coup ? Pour une fois que c'etait lui qui le demandait, et non moi. Je regardais les cinq mètres qui nous séparaient. À combien étions-nous tout à l'heure ? Deux ? Je savais très bien que me rapprocher plus serait dangereux, pour moi, et lui sûrement aussi. Je hochais la tête pour lui dire que j'allais le faire, je me relevais pour m'approcher, doucement. Lorsque les trois mètres furent derrière moi, je m'assis, enlaçant mes genoux de mes bras. Et maintenant ? J'allais attendre. Attendre qu'il me propose de me rapprocher, ou de m'éloigner. Peu importe. Je posais mon menton sur mes genoux.

- C'est suffisant ?

Quand on regardait bien, l'humain gardait toujours une trace de son passé. Qu'il le veuille, ou pas. Des personnes gardaient un bijou, quelques choses qui les ramenait dans le passé - enfin plutôt le présent - et pour d'autre... C'etait différent. Encré en eux comme un tatouage. William en était la preuve. La vie ne l'avait pas laissé indemne. Pourquoi s'en prendre à lui plutôt qu'à un autre ? Allez lui demander, allez demander à cette vie pourquoi elle tuait cette personne ci, et non son voisin, pourquoi elle laissait des personnes dans le malheur et les enfonçait un peu plus chaque jour. Alors que lorsque cette personne tourne la tête, elle voit une famille heureuse, elle se demande pourquoi elle. Pourquoi donc devait-elle arriver dans une vie pareille ?
Pourquoi le destin s'acharnait-il sur des humains sans histoire et en laissait d'autres tranquilles ? La vie ne pouvait pas être équitable ? Fallait-il vraiment créer un triste passé à ceux qui n'en avaient peut-être pas jusque là ?
Oui. Vous répondra t-elle sûrement. Mais elle ne vous donnera pas d'explications, pas d'arguments, rien. Elle n'en a peut-être tout simplement pas. Le vie serait emplie de hasard ? Sur tous ces hommes habitants sur terre, il fallait que ça tombe sur lui ? Les horreurs de la guerre n'était pas suffisantes pour les gens de cette époque ? Apparemment non. Non et non. La vie n'en a jamais assez de voir les gens pleurer, de les voir triste et emplis de douleur. La vie devait ricaner en nous voyant, les yeux embués de larmes, profondément blessés par ce que nous avions vu ou vécu. Mais si nous nous relevons, supplice après supplice, douleur après douleur, nous lâchera t-elle ? Si seulement, si seulement... Malheureusement, même après avoir relevé la tête en entrant ici, de nombreuses choses continuaient de frapper mon existence. Et je ne pouvais rien faire, à par continuer d'avancer, quelque soit l'obstacle. Et William devra faire pareil. Passer au dessus, traverser, se rebeller contre ce que la vie lui avait infligé. Il n'avait en quelque sorte pas le choix. En premier lieu, j'étais là, à le pousser pour avancer. Et de deux, je savais très bien que lui aussi avait le caractère pour continuer. De se battre contre la douleur, d'avancer en relevant la tête, et de tuer petit à petit ce qui faisaient qu'il se coupait du reste du monde.

03/01/2015

William esquissa un sourire. Si c'était suffisant ? Bien sur que c'était suffisant ! Sa simple présence était déjà un miracle ! Il ne pouvait pas s'empêcher de se demander si leur entreprise n'était pas une vaine tentative de plus. Après tout, il s'agissait d'étouffer cette partie de lui contrôlée par la peur, enfouie au plus profond de son esprit et qui ne ressurgissait que lorsqu'il y avait contact. Ces réflexes de "défense" érigées pour le protéger l'isolaient du reste du monde. Ils détruisaient sa vie, même s'il avait longtemps ignoré ce fait. Volontairement ou inconsciemment ? Il ne le savait pas, toujours était-il que quand il s'était aperçu qu'à présent il ne pouvait plus rester avec les autres, le mal était fait. Et qu'à priori, cela ne l'avait pas dérangé jusqu'à il y a quelques semaines. Il s'était habitué à cette vie en solitaire, elle lui convenait. Du moins en était-il persuadé avant qu'Anaïs croise sa route.

Il se força à détendre ses muscles lorsqu'elle franchit la limite. Il devait se contrôler, il était là pour ça.

Pouvait-il tuer son côté obscur ? Mettre ces réactions incontrôlables au placard une bonne fois pour toute ?

"Oui, c'est bon."

Il leva la tête vers elle, curieux.

"Dis-moi à quoi tu penses."

02/01/2015

Je hochais la tête. Si je continuais le cour de mes pensées, je pourrais dériver à des milliers de questions, malheureusement sans réponse. Et, ce qui traversait mon esprit en ce moment, n'était pas des plus joyeux. Je tressaillais, surprise de sa question. Je me retournais en esquissant un sourire avant de reposer mon menton sur mes genoux. Devais-je lui dire ? Oh, de toute façon il n'y avait rien de spécial. Il me posait cette question, il avait tout à fait droit à une réponse.
Mais, coment lui expliquer ce qui me passait par la tête maintenant ? Devais-je lui énumérer chacune de mes pensées et questions ? Non, ce serait bien trop long, et il n'aurait peut-être pas de réponse à ma donner. Pensive, je le regardais un cour instant avant de fixer la foret.

- Je me demande pourquoi la vie est aussi injuste. Pourquoi nous vivons dans la douleur alors que d'autres personnes n'ont jamais rien vécu. Pourquoi nous, nous endurons et que eux ont la belle vie. Ou font en sorte de l'avoir.

Avoir peur de quelque chose, et s'en débarrasser pour ne pas avoir de problèmes, par exemple. C'était tellement plus simple de se débarrasser plutôt que de réfléchir à une solution. Mes mains se crispèrent, et je sentis mes ongles s'enfoncer dans ma peau. Je mettais mes bras en arrière pour m'appuyer dessus, au moins, de cette manière, je pouvais me détendre sans me transpercer la paume. Je soupirais avant de regarder le ciel et de fermer les yeux, profitant de la douce brise qui faisait voler doucement mes mèches blondes.

- Rien de très joyeux tu vois, ni d'important.

03/01/2015

William leva les yeux vers Anaïs qui ne le regardait pas, occupée à tenter de déballer ce qui lui passait par la tête, le contenu de sa réflexion, bien philosophique au passage. Le jeune homme ne pouvait pas en dire autant. Il voyait l'aspect pratique de la situation avant tout autre, et ce la plupart du temps. Oh, il lui arrivait quand même quelques fois de réfléchir à sa condition, mais il devait être calme et reposé pour le faire, ce qui n'arrivait plus si souvent que ça. Y penser le rendait, comme beaucoup d'autres personnes, mélancolique, et il n'y voyait pas d’intérêt puisqu'il ne pouvait rien y changer. A quoi ça sert de se dire ça ? Il faut bien se faire une raison au bout d'un moment, renoncer tout à fait à avoir une vie normale. Mais peut-être que renoncer ne fait pas parti du cerveau humain. Que, d'une façon ou d'une autre, on ne peut s'empêcher d'espérer et d'envier le monde d'à coté même lorsque notre propre situation est parfaitement vivable.

Il sourit, amusé.

"Et alors ? Ils n'ont pas l'éternité, eux."

Et puis enleva un brin d'herbe de ses cheveux, le faisant tourner entre ses doigts.

"Je te signale que sans connaître le pire on ne peut pas vivre le meilleur."

02/01/2015

L'éternité ? Nous l'avons certes, mais à un certain prix. Si certains voulaient ressortir un jour, eh bien... Ce serait impossible. Ils se transformeraient en poussière en quelques secondes. Ils sont piégés dans la boucle, pour toujours. Ah moins de croiser un estre sur sa route ou d'avoir envie d'en finir... Joyeux tout ça.
Je me tournais pour pouvoir le regarder, et sourire. Il était philosophe maintenant ? Une nouvelle facette de sa personne tient.
Je me rapprochais de façon à ce qu'il ne reste que un mètre trente entre nous deux, avant de m'arrêter et de le détailler pour voir si son expression se modifiait.

- Tu n'as pas tord. Je fis une pause en regardant le ciel. Apres de longues minutes de silence, je demandais : De quoi as-tu peur ?

Pour changer de sujet - ce n'était pas que je ne l'aimais pas, plutôt que je désirais penser à autre chose - et aussi pour lui faire oublier la distance. Je me rendis compte après que ce n'était pas une si mauvaise question, finalement. Il fallait me comprendre, avec ce que je disais sans réfléchir parfois... En espérant que cette question ne nous mette pas dans la mouise.

03/01/2015

William dévisagea Anaïs, amusé. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle avait le chic pour passer du coq à l'âne, parce qu'il avait beau chercher, il ne voyait pas le lien entre la discussion précédente et sa question. Surtout que, pour lui, elle savait déjà tout, non ? Ou alors elle trouvait que fuir les autres comme la peste ça ne suffisait pas et qu'il devait sûrement avoir une ou deux peurs en plus pour lui rendre la vie impossible ? Et puis tant qu'on y était, pourquoi pas une phobie du soleil ou de la lune, ou des ananas trop cuits ? Il ne pouvait pas avoir des peurs normales, du genre le noir ou hurler en voyant la plus petite araignée (quoique, pour un mec, y'avait plus virile, comme réaction, mais bon comme on dit on ne choisit pas ses peurs), non non il fallait qu'il tape sur le premier qui approchait un peu trop son nez de lui. Gare au nez en question, il n'allait pas s'en sortir indemne. Vivre sans nez, y'a plus pratique.
William préféra stopper ici ses prévisions funestes et répondit d'un ton léger feint - sans trop s'y attarder, son interlocutrice ne décèlerait rien de sa lassitude et de sa tristesse, de toute façon que pourrait-elle faire de plus ? -

"De quoi j'ai peur ? Bah, de moi. Et de ça..."

Il tendit la main vers Anaïs, comme pour la toucher du bout des doigts. Tremblant, il contempla son impuissance tout en la fixant droit dans les yeux. La main retomba, sans suite. Il rompit le contact visuel, avec un mélange de dégout et de honte. Il me pouvait pas faire autrement. Pour l'instant.

"De moi quand je suis confronté à ça."

Il y eut un silence. Finalement, ils revenaient toujours à ça. William soupira, et tenta vainement d'égayer la situation, mais son sourire sonnait faux, et il finit par poser la même question à Anaïs.

"Et toi ? À part le vertige et... La peur d'être abandonnée ?"

Mais j'imagine que toute personne saine d'esprit a la même peur de la solitude.

02/01/2015

Je hochais la tête sans rien dire. En fait, il n'y avait rien à dire. Je regardais sa main tremblante, avant relever les yeux. Sa peur était tellement étrange et... Forte, terrée au fond de lui, que les miennes semblaient minables, pourtant elles me vrillaient l'estomac lorsque j'étais confrontée à ces choses. Elles me terrorisaient, le vide sous mes pieds, l'abandon de mes parents et la peur de l'échec. Ne pas atteindre mon but, devoir m'arrêter, être incapable d'arriver là où je le désirais. Me sentir minable et nul.
Mais ne confondez pas tout, je ne suis pas mauvaise joueuse, perde, ne fait pas parti de l'échec pour moi. La défaite dans un jeu n'est rien, je m'en fiche éperdument. Ces deux choses sont totalement différentes. Et puis vous croyez que je la tenais de où cette ténacité à rester avec et contre tout avec lui ? Comme j'étais têtue de nature, pas la peine de chercher plus loin. Maintenant, si j'étais avec lui, c'était pour une tout autre raison.

- L'échec.

Oui, revenons nous en à nos moutons. Sinon, j'avais d'autres peurs, bien évidement. Mais ces trois étaient les plus importantes. Surtout le vertige. Dans mes cauchemars - même si c'était assez rare que j'en fasse - elle apparaissait ainsi que la sensation de tomber. Je me raccrochais aux draps du lit, comme s'ils pouvaient ralentir ma chute. C'était idiot, je le savais, mais je n'étais pas surhumaine, je n'étais pas consciente lorsque je rêvais. Tout avait l'air tellement vrai, que je me tenais à ce que j'avais.
Au moins, le vertige ne me donnait pas la sensation d'etre épiée. De voir quelque chose qui n'était pas. Au moins un avantage.

- Mais le vertige est sûrement le pire.

03/01/2015

William avait retrouvé sa bonne humeur. C'était surprenant cette faculté de penser à l'instant présent en étant parfois en total désaccord avec l'instant précédent, d'être contrôler à ce point par ses émotions, d'entrer dans une colère noire et l'instant d'après d'être aussi détendu que s'il bavardait avec son meilleur ami. Il fallait le suivre, parfois, même s'il ne s'en rendait pas compte. Anaïs lui apportait la stabilité dont il manquait invariablement, tant au niveau émotif que physiquement. Elle était déterminée, sûre d'elle, un véritable phare au milieu de la tempête bien décidé à ne pas se laisser impressionner une seule seconde. Cela ne voulait pas dire qu'elle ne ressentait rien, loin de là : elle pleurait et riait comme n'importe quel être humain, elle possédait une intelligence rare et une témérité qui se rapprochait de la sienne, ce qui n'était pas peut dire. Mais ce trait de caractère se manifestait de façon plus discret chez elle, plus nuancé. Elle jugeait les choses là où William fonçait sans hésiter.

Ah, le vertige... Il ne pouvait pas comprendre la terreur qui la saisissait à la simple idée de tomber, puisqu'il n'y était pas sujet, et heureusement, d'ailleurs. Vivre dans la forêt sans pouvoir utiliser les arbres, ce serait tout de même ballot.

Ils essayaient la manière forte pour lui, parce que sa peur du contact s'était transformé en véritable phobie, c'était nécessaire pour la suite. Mais le vertige pouvait se guérir plus aisément, non ?

William se leva brusquement.

"Hé ben on va voir si c'est aussi terrible que tu le dis."

C'était cruel, mais il ne s'en rendait pas compte, obéissant comme d'habitude à ses pulsions qui n'étaient jamais de bonnes conseillères.

Il ne laissa pas à Anaïs le loisir de choisir et se téléporta avec elle au bord de la falaise. Il se sépara d'elle, alors qu'ils n'étaient qu'à peine un mètre du bord. Le paysage était splendide, et la soudaine clarté provoqué par le reflet du soleil sur l'eau loin en contrebas éblouissante.

02/01/2015

Avant même de pouvoir contredire ce qu'il venait d'annoncer, je me retrouvais sur le bord de la falaise. Ouais, le truc qui fait plus de 20 mètres de hauteurs. Horrifiée face à ce qu'il y avait devant moi, je déglutissais avec difficulté. La panique s'empara rapidement de moi, je sentais mes mains trembler avant de prendre possession de tout mon corps. Je tremblais de haut en bas, sans réussir à m'en empêcher. Mais pourquoi donc avais-je demandé ça ?! Je prenais une grande inspiration en remettant mes cheveux en arrière. J'étais juste au bord, rien de plus, ce n'était pas comme s'il me demandait de sauter -ce serait un peu suicidaire en fait - je n'avais qu'à rester là. Je voyais tres bien le vide s'étendre devant moi, l'eau de l'océan, le ciel. Tout en fait. Je voulais reculer, rentrer dans la maison ou retourner dans la forêt. Aller me terrer loin d'ici, loin de ce lieu. Mais il pensait à quoi en me faisant venir ici comme ça ?! Meme pas prévenu je débarquais en haut de cette foutue cote ! Il voulait me tuer ?!
La tension augmentait, je me sentais de plus en plus mal, mon cœur battait à la chamade. Incapable de continuer, je fixais le vide qui semblait tanguer et accompagnait le monde avec lui désormais. Comme condamnée à ne plus bouger, j'essayais de respirer normalement, impossible. Je n'arrivais plus à faire autre chose que fixer le vide. Livide, les yeux écarquillés par la peur, je tentais un pas en arrière sans réussir. Je me ratatinerais au sol, tellement je tremblais.
Je n'aurais pas dû poser cette question stupide, le vertige etait de naissance, depuis toujours. Je ne pouvais peut-être rien y faire. Ce n'était pas la mort comme peur. Enfin, je lui demandais de faire ça aussi, en quelque sorte. Il voulait me prouver ce que cela faisait ? Me rendre la pareille ? D'une voix chevrotante, je réussis à sortir quelques mots :

- Will.... Ai... Aide moi à re...reculer, je t'en supplie.

Une seconde ou deux après avoir finie ma phrase, ce fut le noir.

03/01/2015

William remarqua bien son malaise, mais il cru qu'il allait passer, que c'était juste la surprise qui oeuvrait et qu'il fallait laisser le temps à Anaïs de s'habituer au vide tout prêt. Il n'avait saisi qu'à moitié combien c'était dur pour elle d'affronter sa peur. Pourtant, logiquement, il devrait être le premier à la comprendre, le premier à la protéger. Il avait la mémoire courte. Le jeune homme la regarda tituber jusqu'au bord, comme pour regarder en bas. Cela ne l'alerta pas, il y avait du vent, un vent frais marin qui venait de l'horizon. L'horizon si beau, comme s'ils étaient debout au bord du monde. William soupira. De l'autre côté, il y avait une terre, invisible et pourtant si proche. Si inaccessible...
Durant un instant, il avait quitté Anaïs des yeux. Elle balbutiant quelque chose qu'il ne comprit pas, il s'approcha, inquiet, mais ne s'attendait pas du tout, mais alors pas du tout à la voir tomber.
Et évidemment, il fallait que ça se passe ici.
William se jeta en avant et attrapa in extremis le bras inerte de la jeune fille. La falaise n'était pas totalement à pic, tout au bord une pente parsemée de sable et de touffes d'herbe menait droit à l'abîme. À plat ventre, ils laissaient inexorablement vers le vide. Durant les courtes secondes qui défilèrent, William chercha désespérément une prise à laquelle se raccrocher. Puis, sentant qu'il n'y en avait pas, il tira de toutes ses forces Anaïs vers lui, stoppant sa chute mais s'entraînant avec elle. Ils étaient à la même hauteur, lorsque enfin ils s'immobilisèrent. William, toujours à plat ventre, du sable partout, n'osait plus respirer. Il compta jusqu'à trois et tourna la tête vers Anaïs qui ne bougeait pas. Son visage était enfoui dans ses cheveux blonds. William sentait la panique le gagner, il ne pouvait pas bouger par peur d'ébranler le terrain instable qui pouvait les amener à s'écraser en bas à tout moment.
Il fallait qu'elle se réveille. Et tout de suite.

"Ana, oh, Ana, répond, fais pas l'imbécile, bordel."

Il eut le malheur d'amorcer un mouvement vers elle. Le sable s'effrita sous lui, il glissa vers le gouffre.

"Non non non NON !"

Le jeune homme faillit s'accrocher à Anaïs mais s'en empêcha au dernier moment. C'était un cauchemar, le sol se dérobait sous lui. Ses jambes étaient déjà au-dessus du vide, puis ce fut le tour de son bassin et de son torse. Sa main droite trouva miraculeusement une prise et la descente s'acheva brutalement, ses muscles hurlèrent méchamment leur mécontentement, un rocher vint gentiment à sa rencontre et il ne put l'éviter, il se le prit dans la tête. Il lui fallu toute sa volonté pour ne pas lâcher tout. Du sable plein la bouche, il resta inerte durant quelques secondes avant de tousser comme un dératé.

02/01/2015

Une douleur dans les côtes me fit revenir à moi. Un caillou s'était niché dans mon t-shirt et j'avais du sable un peu partout. Les pièces du puzzles me revinrent doucement en mémoire tandis que je restais allongée au sol, en clignant quelque fois des yeux. Puis la réalité revint totalement comme une gifle. Le vide était là, tout proche. Je compris vite que le terrain n'était pas des plus solides. Je me retournais pour voir si William était là. Non. Panique. J'allais me relever en vitesse avant de me rendre compte que je risquais de tomber. Et soudain, la voix du jeune homme m'alerta totalement. Horrifiée, je remarquais sa main qui se retenait à une pierre. Paniquée, je ne faisais plus attention au sable glissant, je sautais presque pour attraper sa main, et le vide s'offrait à moi. C'était sûrement la plus belle vue, le sable tout en bas, là mer et son écume ainsi que ses rochers. Le monde se remit à tanguer, je luttais pour rester concentrée sur lui, mais le vide semblait prendre toute ma concentration, et j'étais incapable de faire un mouvement. Je fermais les yeux, refoulant les larmes de terreurs qui menaçaient de glisser le long de mes joues. Les dents serrées, j'essayais de reporter mon attention sur William, qui soit d-y-t-en passant était toujours suspendu dans le vide. Mes mains glissaient, moites et chaudes, je les refroidissais en un instant pour qu'il ne glisse pas. Mais sa prise ne tiendrait pas longtemps, et je ne ferais pas long feu si je devais le soutenir, seule. J'allais essayé de le remonter, lorsque le sable sous mes genoux bougea. Ce geste brusque pour me relever avait était idiot. Si je ne trouvais pas une solution... Nous étions condamnés ? Rangeant cette idée bien au fond de mon esprit, je fixais William, pour oublier le vide, sur lequel j'étais penchée.
Je ne pouvais plus rien faire. Si je bougeais, le sol allait s'effondrer, si je le lâchais, je le perdais. Doucement, je voulus attraper une racine d'un arbuste ou quelque chose dans le genre, non loin de moi. Elle se cassa immédiatement lorsque je me mis à me retenir dessus. Le sol s'effondra de nouveau. Le vide se rapprochait, la peur augmentait, j'allais paniquer, j'allais pleurer, j'allais mourir si je ne faisais rien !
Mais la panique m'empêcher de faire fonctionner mon cerveau correctement, à mon plus grand désespoir.
Mes yeux regardaient partout et nul part à la fois, affolée, je voulais me rattraper à une simple pierre ou quelque chose, mais il n'y avait rien.
Le sol céda.
Nous ne pouvions pas finir comme ça ?! Par d'une manière aussi stupide ! Les larmes coulèrent, j'avais déjà eu ma dose de peur, là, c'était le pompon, je craquais. Je sentais le sable se dérober sous mes genoux, et l'apesanteur me faire venir vers le sol. Je vivais ma plus grande peur, j'allais en mourir à cause d'une simple question, je n'avais pas lâché la main de William, je ne voulais pas, et j'étais tellement crispée que je n'y arriverais surement pas.
S'il mourrait, c'était de ma faute, je n'aurais pas dû me lever comme ça. J'étais tellement désolée. Mais l'air me manquait pour lui dire. Dans un élan de panique, je mettais mes bras autour de son cou pour y poser ma tête. Je fermais les yeux mais sentais les larmes couler. Elles ne voulaient plus s'arrêter. Je n'osais plus regarder quoi que ce soit. Je voulais juste profiter des ces instants - qui étaient surement les derniers - et oublier le reste. Je pris une grande inspiration avant de poser ma joue humide contre celle de William, et de rouvrir les yeux, pour affronter ce qui arrivait.

03/01/2015

William ravala la peur qui le prit à la gorge lorsqu'il fit la bêtise de regarder en bas. La mer capricieuse se défoulait sur les rochers acérés qui surgissaient des abysses de l'océan, comme des dents prêtes à avaler tout ce qui passerait à leur portée. L'écume blanche et la violence des vagues lui donnèrent la nausée. S'il tombait et avait la chance d'éviter les crocs effilés de la mer, il s'assomerait certainement en tombant dans l'eau, qui le rejeterait contre la falaise. Sans parler du courant...
Il valait mieux ne pas tomber. Mais il fallait avouer que la situation était des plus critiques. Il avait beau d'arc-bouter sur le rocher, il ne voyait pas comment il pouvait remonter. Ce qui le consolation un peu, c'était que Anaïs était en sécurité, et... Il sentit une main fraîche lui attraper le poignet, et il leva la tête. Anaïs était là, mais elle ne le regardait pas. Après une seconde de réflexion, il en vint à penser qu'elle regardait... Le vide. Oula non, ce n'était pas une bonne idée du tout ça, il fallait qu'elle. cesse tout de suite. En plus, elle s'était aventurée au bord du précipice pour lui porter secours. Il avait envie de lui hurler de reculer immédiatement mais la brusquer n'allait pas arranger les choses. Face à ses yeux terrorisés qui ne le voyaient plus, William tenta la solution diplomatique:

"Anaïs, ne regarde pas en bas, tu m'entends?.."

Non, elle ne l'entendait pas. Comme un automate, elle chercha quelque chose auquel se raccrocher. C'était une mauvaise idée, elle devait foutre le camp !

"Anaïs, non, NE BOUGE PAS."

Parler à un mur reviendrait au même. William vit avec horreur la jeune fille glisser vers lui à toute vitesse, lui envoyant rochers et sable qu'il n'évita pas. Il agrippa le bras d'Anaïs avant qu'elle ne tombe tout à fait, mais entendit un craquement sourd qui n'augurait rien de bon. Sa prise céda, et ils tombèrent tous les deux, aspirés par le gouffre.
L'air sifflait dans ses oreilles tandis qu'ils tombaient comme des pierres, Anaïs l'emprisonna dans ses bras. William péta les plombs. Non, ils n'allaient pas mourir comme ça. Sa colère ravagea tout et ils disparurent.
Les deux adolescents se retrouvèrent perchés sur un rocher, tout en bas. Sains et sauf, certes, mais plus pour très longtemps : une vague énorme se profilait dans leur champs de vision.

02/01/2015

Le cauchemar disparut en quelque seconde. Le vent dans mes vêtements, la chute en elle même s'etait arrêtée. Nous étions sur un rocher, tout en bas de la falaise. Je relâchais William, et tombais à quatre pattes, m'écorchant la main sur la pierre. J'essayais de reprendre le souffle qui me manquait, de me remettre de cet épisode. Mais c'était bien plus compliqué que ce que je pensais. Surtout avec cette suites d'événements catastrophiques. Les yeux embués, je vis avec horreur la vague s'avancer vers nous. Les éléments se déchaînaient sur nous ? Le prochaine fois la forêt prendrait feu non ? Ils voulaient notre perte ? Nous n'avions rien fait !
Mes yeux s'agrandirent sous la peur - une nouvelle fois - tandis que je reculais jusqu'au bord du rocher. La vague approchait vite, il n'était plus question de minutes, mais de secondes avant qu'elle ne vienne heurter le rocher, et nous emporter au passage. Mon regard passait de William, au monstre d'eau qui s'avançait vers nous. 5 mètres, elle était rapide, mon cœur battait à la chamade, mon teint était de plus en plus pâle. Ce fut la panique qui prit le dessus, je mettais une main dans l'eau et fermais les yeux. L'eau se transforma doucement en glace, mais pas assez vite, bien trop lentement. Le froid affluait de ma main jusqu'à la mer avec un rythme imposé, fatiguant, épuisant. L'immense vague se stabilisa doucement pour finir en statue irréelle, qui menaçait pourtant de s'abattre sur nous il y a quelques secondes.
Vidée, prête à craquer, je reculais du bord de l'eau, comme si elle pouvait m'arracher de la pierre et me faire couler. Non merci, la noyade était déjà fait. Je ne m'y risquerais pas. Je me relevais doucement, pour éviter une mauvaise chute. Oubliant la barrière de distance, je me rattrapais à son bras. Je voulais rentrer. Pas dans la maison, dans la forêt. Là où il n'y avait pas de vague immense, ou de falaise de sable. Ramène-nous.

03/01/2015

William n'avait pas réfléchi à l'endroit où il les avait téléporté. Ce qu'il avait fait état dangereux, très dangereux: il aurait pu laisser des morceaux de son corps en l'air, ou même Anaïs toute entière. C'était inconsidéré et totalement irresponsable de sa part de la mêler à une téléportation ratée. Heureusement qu'il n'en était pas à son coup d'essai, et que son corps avait suivi le mouvement. En arrivant, William lâcha Anaïs. Le temps qu'il maudisse son action et qu'il comprenne où il les avait amené, une vague se dirigeait droit vers eux. Il n'eut même pas le réflexe de fermer les yeux. Anaïs, elle, se précipita vers l'eau, et il regarda la vague avancer, avancer... Finalement, au dernier moment, la jeune fille réussit à l'arrêter, alors qu'elle n'était plus qu'à un mètre de la paroi. La vague n'était pas seule, il fallait partir, sinon ils allaient être balayer en un rien de temps. Mais William ne pouvait pas se téléporter sans Anaïs et elle était encore sur le rebord du rocher. Lui, contre la falaise, cherchait à prévoir les prochains mouvements des flots en suppliant mentalement la jeune fille de se dépêcher. Elle le rejoint, et il sentit sa main froide sur son bras. Enfin ! Il n'y avait plus qu'à...
William fut projeté contre les rochers et l'eau se referma autour de lui. Il en avait plein la bouche, le nez, les oreilles. Tant qu'il sentait encore la main d'Anaïs qui ne l'empêcherait pas longtemps d'être emporté, tout irait bien. Aller, concentre-toi...
Une nouvelle fois, il les téléporta.

Ils étaient de retour en haut de la falaise, cette fois à bonne distance du bord. William lâcha Anaïs qui s'écroula dans l'herbe. Elle n'était pas mouillée et avait été protégé par sa vague gelée, dont la fabrication avait dû lui coûter de l'énergie. Lui tomba à genoux et recracha l'eau et le sable qu'il avait avalé, parcouru de haut-le-cœur.
Finalement, les bras croisés sur son estomac qui faisait encore de sérieuses embardée, il releva la tête.

"Ça... - mince, se noyer dans l'eau de mer c'est vraiment pas terrible, il avait la gorge en feu - Ça va?"

» « Il est des rêves qui nous bordent et nous bercent, et d'autres qui nous froissent et nous blessent. » {Evan H. Caster • Alex Smith}
» PREMIER EVENT - Les estres sont parmi nous ! [rp : 2/2]
» Dans la foret.
» [TERMINÉ]Dans l'histoire d'une vie.
» Perdus dans la jungle