Un fin faisceau de lumière passait par les fenêtres. J'entrais dans la salle, grande et silencieuse, on entendrait presque mes pas résonner sur le vieux parquets. Cela faisait un bon bout de temps que je n'étais pas venue ici. Des livres s'amoncelaient sur des tables, des particuliers étaient plongés dans la lecture et ne levaient même pas les yeux vers ce qui se passait autour d'eux. Je m'avançais en essayant de faire le moins de bruit possible, en vain. Désolée de ne pas être la plus discrète sur un plancher qui grinçait à chaque fois que mon pied touchait le sol ... Je m'avançais discrètement dans les allées, caressant les couvertures de livres ainsi que leurs annotations. Cette sensation était tellement agréable, se dire que finalement, tout notre savoir était écrit sur du papier, les ordinateurs n'étaient pas à l'ordre du jour en 1940, les humains remettaient donc tout ce qu'ils savaient sur des choses faciles à brûler, à faire disparaître. Mais c'était peut-être cette sensation sous la paume de notre main, qui nous donnait envie de continuer à les utiliser.
Je n'étais pas de 1940 moi, j'étais bien jeune, bien plus jeune, des années après ! J'avais connu les ordinateurs, et je connaîtrais la technologie nouvelle, je pourrais revivre dans le vrai monde si je le voulais. Mais pourquoi donc ? Personne ne m'attendait plus là-bas, au contraire de ici. Ma vie était fait dans la boucle, l'idée de retourner dans le présent ne m'effleurait même pas l'esprit.
Je pris un des rares livres venant du présent et allais m'asseoir sur une des chaises. Je regardais les particuliers assis en solitaire, finalement je me relevais pour aller me mettre à côté d'une jeune fille devant avoir à peu près mon âge physiquement.
- Salut ?